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INDU Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie


NUMÉRO 089 
l
1re SESSION 
l
42e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 7 décembre 2017

[Enregistrement électronique]

  (1100)  

[Traduction]

    Bonjour, tout le monde. Bienvenue à la 89e séance de notre comité. Qui porte le numéro 89 sur son chandail de hockey?
    J'ai le numéro 99.
    Non. Mes excuses, mais cela ne convient pas.
    Aujourd'hui, conformément aux articles 110 et 111 du Règlement, le Comité entame son étude de la nomination par décret de Mona Nemer au poste de conseillère spéciale de la ministre des Sciences, qu'il sera convenu d'appeler conseillère scientifique en chef, renvoyée au Comité le vendredi 20 octobre 2017. Le Comité se penchera sur les qualités et les compétences de l'intéressée lui permettant d'exécuter les fonctions du poste auquel elle a été nommée.
    Nous recevons donc aujourd'hui Mme Mona Nemer.
    Nous allons maintenant entrer dans le vif du sujet. Vous avez 10 minutes pour vous présenter.

[Français]

[Traduction]

    Merci, monsieur le président.
    Bonjour, tout le monde.

[Français]

    Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui.

[Traduction]

    Je suis très honorée de m'adresser à vous en tant que nouvelle conseillère scientifique en chef du Canada.
    Comme vous, je suis convaincue que la science et la technologie permettent de faire progresser notre économie et d'améliorer notre bien-être collectif.

[Français]

    J'occupe mon poste depuis une dizaine de semaines. J'ai été bien occupée à mettre sur pied ce bureau à partir de zéro, comme vous le savez.

[Traduction]

    J'aime dire à la blague que je suis une entreprise en démarrage au sein du gouvernement, et je vous laisserai juger de ce que cela signifie.
    Comme vous le savez, mon rôle est de fournir des avis scientifiques au premier ministre, à la ministre des Sciences et au Cabinet pour les aider dans les décisions politiques qu'ils ont à prendre. Je tenterai de trouver des façons de permettre au gouvernement de renforcer la science, et de veiller à ce que les travaux scientifiques soient pleinement accessibles au public, et à ce que les scientifiques fédéraux puissent parler librement de leurs travaux.

[Français]

    Je crois fermement en l'importance de la science pour notre société. J'agirai à titre de championne de la science ouverte et accessible.

[Traduction]

    Permettez-moi de profiter de l'occasion qui m'est donnée pour me présenter brièvement et vous parler de mon parcours et de l'expérience que j'apporte à cette fonction. Je vous décrirai aussi ce que nous avons fait depuis le 26 septembre, mon premier jour en poste, et l'orientation générale de nos activités au cours des prochains mois.
    Comme certains d'entre vous le savent, je suis née et j'ai grandi à Beyrouth avec des parents aimants et travailleurs. Ma mère était institutrice et mon père, technicien en mécanique. Ils étaient tous deux très activement engagés dans les réformes sociétales progressistes. L'éducation et le fait de redonner à la société ont toujours été très importants dans notre famille.
    J'ai fait mes études à l'Université américaine de Beyrouth. J'ai choisi la chimie, car, dès cet âge, j'étais très attirée par les sciences et je voulais faire quelque chose d'utile pour aider les gens, comme trouver de nouveaux traitements pour combattre les maladies.
    Cependant, la guerre a éclaté peu après au Liban, et les études sont devenues extrêmement difficiles. À vrai dire, je passais plus de temps dans les abris que dans les salles de classe et les laboratoires. Après avoir longuement réfléchi, j'ai quitté Beyrouth pour l'Amérique du Nord, où j'ai poursuivi mes études à Wichita, au Kansas, figurez-vous. J'ai ensuite déménagé dans la belle ville de Montréal en 1977, où j'ai fait un doctorat en chimie à l'Université McGill.
    Après mon doctorat, j'ai travaillé dans une nouvelle entreprise de biotechnologie. Même si c'était très agréable, j'ai vite réalisé que, pour faire quelque chose de révolutionnaire, je devais vraiment mieux comprendre la biologie et la physiologie.
    Je suis donc retournée suivre une formation dans le domaine en plein essor de la biologie moléculaire et de la biotechnologie. Il y avait très peu de laboratoires dans le monde qui faisaient ce genre de travail. L'un d'entre eux se trouvait à Montréal, où je suis allée, après quoi j'ai complété ma formation à l'Université Columbia de New York.
    Quand j'ai terminé cette formation, qui m'a pris de nombreuses années — vous pouvez les compter —, je n'imaginais toujours pas que mon intérêt pour la compréhension de la régulation des gènes me conduirait à une carrière dans le domaine de la santé cardiovasculaire, encore moins au poste que j'occupe devant vous aujourd'hui. Si je vous raconte mon histoire personnelle, c'est parce qu'il est important de comprendre que bon nombre de chercheurs n'ont pas une idée claire de ce qu'ils feront après leurs études supérieures. Quand de jeunes étudiants me demandent des conseils pour l'orientation de leur carrière, je leur réponds toujours qu'il est important de saisir les occasions lorsqu'elles se présentent. C'est une responsabilité partagée des éducateurs, des établissements et des gouvernements que de préparer nos jeunes à diverses possibilités de carrière — je vous assure qu'il y en a certaines que nous ne saurions même pas imaginer encore. C'est une responsabilité que j'ai toujours prise à coeur en tant qu'éducatrice et en tant que directrice en milieu universitaire.
    J'en parle aussi parce que, en un certain sens, mon parcours est une analogie de la recherche elle-même. Chercher signifie ne pas savoir à l'avance ce qu'on va découvrir. Pourtant, beaucoup de découvertes issues de la recherche fondamentale ou appliquée ont d'importantes retombées socioéconomiques, allant du développement des technologies à la prévention et au traitement des maladies.

  (1105)  

    Fait important, c'est grâce à la recherche axée sur la découverte, qu'elle soit fondamentale ou appliquée, que nous formons les travailleurs, les innovateurs et les dirigeants de demain. Il est essentiel d'appuyer la recherche axée sur la découverte, car, sans elle, il n'y a pas de développement des talents, pas de nouvelles connaissances, et pas d'innovation.

[Français]

    C'est une chose que j'ai apprise tout au long de ma carrière universitaire, en tant que professeure d'abord, puis comme directrice de l'Institut de recherches cliniques de Montréal, et enfin, plus récemment, comme vice-rectrice à la recherche à l'Université d'Ottawa.
    Pendant ces années, j'ai eu le privilège d'interagir avec des chercheurs et des professeurs brillants, dynamiques et passionnés par leur science qui se préoccupaient de leurs étudiants ainsi que de leur communauté. Je considérais mon rôle comme celui d'une facilitatrice, d'une rassembleuse et d'une ambassadrice. Je suis fière de ces 20 années passées à l'Institut de recherches cliniques de Montréal et à l'Université d'Ottawa, qui m'ont bien préparée à occuper mon poste actuel.
    Le potentiel scientifique du Canada est un immense atout. Une collaboration plus étroite entre les chercheurs internes et externes ne peut qu'être bénéfique pour le rayonnement scientifique de notre pays et pour sa capacité d'innovation globale.

[Traduction]

    Nos plus grands défis mondiaux, de la santé aux transports en passant par un environnement sécuritaire et des sociétés résilientes, sont complexes et comportent de multiples facettes. Pour y faire face, nous devons de plus en plus travailler de façon transversale, interdisciplinaire, interministérielle et intersectorielle. Et c'est ce que j'ai l'intention de faire et de promouvoir.
    Alors, qu'avons-nous fait depuis le 26 et le 27 septembre? Eh bien, ces 10 semaines ont été assez occupées; nous avons tenu des réunions, nous avons échangé avec le public et fait de la sensibilisation, tant au pays qu'à l'international. J'ai rencontré des intervenants du milieu scientifique de divers endroits au Canada et à l'étranger.
    Je peux vous affirmer que la communauté scientifique est très enthousiaste à l'idée que la ministre des Sciences et le gouvernement accordent la priorité à des politiques fondées sur des données probantes. En fait, cet enthousiasme ne provient pas uniquement de la communauté scientifique. J'ai reçu près de 1 000 lettres et communications de la population, dont au moins 200 ou 300 ne proviennent pas de scientifiques. Tout le monde est emballé par mon poste et par l'attention accordée à la prise de décisions fondées sur des données probantes. Partout où je vais, les gens communiquent leur enthousiasme à l'égard du fait que la science soit à l'avant-plan de la prise de décisions.
    J'ai donc cherché des moyens de canaliser et de mettre à profit l'appui enthousiaste de la communauté pour l'un des aspects clés de mon mandat: promouvoir un dialogue positif et productif entre les scientifiques, ainsi qu'avec la population, tant au Canada qu'à l'étranger. Le gouvernement est engagé dans des programmes de recherche très importants, et nous devons tisser davantage de liens entre les chercheurs du gouvernement et ceux des universités.
    J'ai déjà amorcé ce processus avec des intervenants du gouvernement et du milieu de la recherche postsecondaire. J'ai rencontré mes homologues du gouvernement du Québec et des gouvernements territoriaux, ainsi que les principaux conseillers scientifiques du gouvernement fédéral.

  (1110)  

[Français]

    J'ai communiqué avec tous les ministères à vocation scientifique pour leur demander de me fournir les directives et les pratiques exemplaires qui aident leurs scientifiques à communiquer avec les médias. Nous évaluerons ces pratiques et nous recommanderons des lignes directrices à adopter par tous les ministères fédéraux à vocation scientifique.
    Je travaillerai aussi avec le Secrétariat du Conseil du Trésor en vue de promouvoir une consultation publique sur le gouvernement ouvert, ce qui comprend des initiatives sur les sciences, mais aussi sur les données ouvertes. Ce sont des mesures importantes à l'aide desquelles nous pouvons nous assurer que le public peut accéder librement aux données scientifiques produites par les chercheurs du gouvernement fédéral.

[Traduction]

    J'ai aussi reçu la rétroaction de groupes d'étudiants qui souhaitent contribuer à l'élaboration de nos politiques scientifiques, et nous cherchons des façons d'intégrer leurs suggestions à nos processus. Je trouve formidable que nos jeunes se réapproprient l'arène publique.
    En plus de tous les intervenants rencontrés partout au pays, j'ai également communiqué avec la communauté scientifique internationale. Le message que je leur ai transmis est que le Canada est encore ouvert à la collaboration scientifique. Surtout, ce que j'entends en retour, c'est qu'ils s'attendent à ce que le Canada fasse preuve de leadership sur plusieurs fronts, notamment la recherche dans l'Arctique, la santé du cerveau, la médecine régénérative, l'intelligence artificielle, les sciences du climat et des océans et l'information quantique, pour ne nommer que ceux-là.
    À Washington, à Boston, à Paris, au siège social de l'Union européenne, en Australie, en Nouvelle-Zélande — enfin, partout —, le message est le même: le Canada est un partenaire de choix. Le moment est venu d'agir; j'en suis convaincue. Les défis mondiaux du XXIe siècle exigeront des réponses mondiales. Et le Canada est très bien placé pour diriger au moins certaines de ces initiatives. Nous avons les talents, les installations, la réputation et l'expertise nécessaires.
    J'ai hâte de collaborer avec les membres du Comité dans les semaines et les mois à venir en vue de promouvoir le leadership du Canada dans les sciences et l'innovation.
    Merci, monsieur le président.

[Français]

    C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité.

[Traduction]

    Je vous remercie infiniment de votre présentation inspirante. Nous allons sans plus tarder passer à la période de questions. Je veux m'assurer que tout le monde ait le temps d'intervenir, de sorte que nous allons commencer le premier tour de cinq minutes.
    Monsieur Longfield, vous avez cinq minutes.
    Madame Nemer, je vous remercie d'être avec nous. Il est agréable de vous revoir.
    Je suis ravi de constater ce que vous comptez faire pour relever le défi consistant à promouvoir la science, plus particulièrement à intégrer les données à l'élaboration des politiques. J'ai discuté hier soir avec un citoyen qui était très inquiet de la harde de caribous boréaux, et qui voulait s'assurer que nous prenions des décisions fondées sur la science. Une grande partie de la société civile estime que nous devons faire attention à la manière dont nous prenons les décisions ayant trait à cette harde. Le citoyen veut s'assurer qu'il y ait des scientifiques à la table lorsque nous aurons ces discussions, pour qu'on se fie à de véritables fondements scientifiques plutôt qu'aux données trouvées sur Internet. Pourriez-vous nous dire brièvement comment votre bureau peut nous aider à faire participer des scientifiques à ce genre de discussions déterminantes, comme celles ayant trait à la harde de caribous boréaux?
    La même question peut s'appliquer à de nombreux autres domaines.

  (1115)  

    Bien sûr.
    Avec la multiplication des sites qui font la promotion de données scientifiques fiables ou non, ou encore de véritables nouvelles par rapport à de fausses nouvelles, je pense qu'il est très important d'avoir des voies normales. À l'heure actuelle, mon bureau est en train de concevoir un plan de travail, mais une des choses que nous avons très hâte de faire est d'échanger avec le public sur la culture scientifique, ainsi que d'inciter les scientifiques à échanger davantage avec le public. Une des solutions consiste à créer des blogues qui présenteront des informations scientifiques documentées et pertinentes. Bien sûr, si le gouvernement nous demande d'examiner des questions particulières sur cet enjeu ou d'autres, nous réunirons les experts scientifiques compétents et répondrons aux questions.
    C'est formidable. Merci.
    Je sais que vous n'avez pas encore terminé ni vos produits livrables ni vos consultations. Un rapport annuel s'en vient sur l’état des travaux scientifiques menés à l’échelle fédérale. Est-ce une chose dont vous devez parler à notre comité?
    Dans le cadre de mon mandat et de mon engagement personnel, je présenterai un rapport annuel qui sera rendu public. Dans ce document, nous répondrons bien sûr aux questions que nous avons le mandat de traiter, mais nous fournirons également de l'information sur nos activités, ainsi que tous les rapports ou documents de prévisibilité que nous aurons créés. En ce moment même, il est vrai que mon bureau se penche sur la structure du rapport final.
    L'Université de Guelph compte de nombreux scientifiques. Nous collaborons avec plusieurs scientifiques du gouvernement à Agriculture Canada. Ces gens sont très enthousiastes d'apprendre que vous êtes en poste.
    Voici une des questions qu'on me pose en tant que député: maintenant qu'il y aura le rapport Nemer, cette conseillère scientifique en chef pourra-t-elle aider les gens à obtenir des fonds? Pourriez-vous nous dire ce que votre bureau peut faire ou non en matière de financement?
    D'accord. Certains scientifiques m'ont peut-être confondue avec le ministre des Finances.
    En tant que scientifique et vice-présidente de la recherche, j'ai connu le rapport Naylor. J'ai contribué à l'examen du soutien fédéral aux sciences. J'ai dis avec une grande franchise être en faveur d'une augmentation du financement au Canada, parce que les données existent, et en raison de ce que je vous ai dit tout à l'heure dans mon discours, à savoir que la recherche est au fondement du perfectionnement des talents, sans parler des nouveaux renseignements.
    Bien sûr, comme je l'ai dit à mes collègues scientifiques, je ne suis pas lobbyiste en chef au sein du gouvernement. Le mandat qui m'a été confié par décret est très explicite et, lorsqu'on me demandera mon avis sur des questions précises, je le fournirai.
    Merci beaucoup.
    Monsieur Jeneroux, vous avez cinq minutes.
    C'est excellent. Merci, monsieur le président.
    Madame Nemer, je vous remercie d'être avec nous et de nous dresser un portrait complet de votre poste.
    Dans le dossier scientifique, nous constatons souvent que le gouvernement en place a été critiqué parce qu'il préfère les séances de photos à la véritable science. Jusqu'à maintenant, vous a-t-on demandé d'intervenir dans une décision du premier ministre ou de la ministre des Sciences?
    J'entretiens des liens de travail étroits avec la ministre des Sciences. Elle m'a demandé mon avis sur un certain nombre de sujets. Je la rencontre fréquemment.
    Après ma rencontre initiale de deux ou trois heures avec le premier ministre lors de ma première journée, celui-ci a proposé de me revoir. J'ai demandé d'attendre un peu que je prenne le pouls de la situation et que j'aie quelque chose de plus concret à discuter avec lui. Je suis persuadée que, s'il y avait eu une urgence, ou si j'avais eu l'impression qu'il devait savoir quelque chose, je l'aurais contacté, ou il m'aurait contactée.

  (1120)  

    Vous communiqueriez avec la ministre ou le premier ministre. Comment envisagez-vous le fonctionnement de cette structure? Vous relevez essentiellement du premier ministre, mais vous travaillez main dans la main avec la ministre. Vous la rencontrez régulièrement. Parlez-vous toutes les deux au premier ministre? Veuillez nous aider à comprendre.
    Comme je l'ai dit, j'ai rencontré le premier ministre à ma première journée en poste, mais je ne l'ai pas revu, de sorte que je ne peux pas vous dire qui va m'accompagner. J'ai collaboré avec d'autres ministres, et je ne voudrais pas vous donner l'impression que personne d'autre ne m'a contactée. J'ai été très heureuse de la réception que j'ai reçue. D'autres ministres ont aussi communiqué avec moi. Je m'attends à ce que les ministres qui auraient besoin de me parler le fassent. De même, si j'ai besoin de parler à la ministre des Sciences ou au premier ministre, je vais leur faire savoir.
    Je vais maintenant vous donner l'occasion d'éclaircir ce que vous avez dit lors d'une entrevue accordée à la chaîne TVO. Vous avez affirmé que vous alliez laisser le gouvernement s'occuper de l'opposition; je suppose que vous vouliez dire que vous n'allez pas traiter avec l'opposition. Vous et moi avons eu une réunion. Il était agréable de vous rencontrer. J'espère que ces échanges se poursuivront, que cette remarque était peut-être prise hors contexte, et que vous êtes bel et bien ouverte à discuter avec les membres de l'opposition.
    Oui. Merci infiniment de me donner l'occasion de préciser cette remarque. Comme vous le savez, vous et moi avons eu une rencontre très agréable et productive, et ce sera un grand plaisir d'avoir des échanges semblables avec vous ou d'autres parlementaires.
    Ce que je voulais dire, c'est que j'ai l'intention de mener mes activités et celles de mon bureau de manière non partisane. Je ne voudrais pas me mêler de la politique. Mes fonctions ne portent pas sur les politiques: si l'opposition n'est pas d'accord avec le gouvernement à propos de certaines politiques, je ne vais pas préconiser l'un ou l'autre des points de vue. Je vais fournir des avis scientifiques impartiaux. La science n'a rien à voir avec la partisanerie, et j'ai l'intention d'agir en conséquence.
    Excellent. Je suis ravi de l'entendre.
    Compte tenu du temps qu'il me reste à ce tour-ci, ce sera ma dernière question. L'examen du soutien fédéral aux sciences dont mon collègue, le Dr Longueville, a parlé appelle à la création d'un nouveau conseil consultatif national sur la recherche et l'innovation, ou CCNRI, afin d'assurer une vaste surveillance des écosystèmes fédéraux de recherche et d'innovation.
    Que pensez-vous de ce CCNRI?
    Tout d'abord, je crois fermement qu'il faut adopter une approche harmonisée et intégrée à l'égard de la science, de la recherche et de l'innovation. Avoir un groupe qui fournit des conseils sur l'ensemble du portefeuille est évidemment une bonne nouvelle, et je pense que c'est dans l'intérêt supérieur du pays.
    Je suis en faveur de la création d'un conseil consultatif. Je pense que c'est important pour éviter que tout le monde ne se marche sur les pieds, et pour s'assurer que chacun connaît son mandat et ses responsabilités. Je pense qu'une harmonisation est de mise, parce que la modération a parfois bien meilleur goût.
    Merci beaucoup.
    Il est bon de voir que Dr Longfield a été promu.
    Monsieur Masse, vous avez cinq minutes.
    Je vous remercie d'être ici, madame Nemer.
    Une des choses que j'ai appréciée dans votre présentation était d'entendre parler de votre expérience. Dans ma municipalité de Windsor, nous avons une population libanaise dynamique. Je pense que cela s'intègre parfaitement à une de mes questions. Nous savons par exemple qu'à l'heure actuelle, il y a 1 000 scientifiques en moins sous le gouvernement actuel que sous le gouvernement précédent. Comme la ministre l'a mentionné dans son témoignage, c'était principalement attribuable à des postes laissés vacants. De plus, puisque nous voulons augmenter notre capacité, les postes sont offerts. J'aimerais savoir si vous avez un échéancier afin de pourvoir les postes vacants, et s'il y aura une augmentation du nombre de postes de scientifiques et au sein de la fonction publique.

  (1125)  

    Je veux seulement préciser que je ne suis pas la lobbyiste en chef. Je ne suis pas non plus à la tête du recrutement des scientifiques au gouvernement.
    Je vous dirais simplement que je crois fermement à l'importance des activités scientifiques intra-muros. Les scientifiques fédéraux jouent un rôle primordial au Canada, que ce soit à l'appui des processus décisionnels fondés sur des données probantes, de nos processus réglementaires, etc. Mon mandat consiste entre autres à évaluer l'état des activités scientifiques intra-muros et à faire des recommandations. Je vais m'attaquer à cette tâche prochainement.
    J'imagine que votre question porte sur les activités scientifiques à l'interne.
    Elle porte sur les postes vacants. Et pas seulement dans ce ministère. Il y a beaucoup de postes non dotés à l'heure actuelle au gouvernement. J'aimerais savoir quelle est la priorité accordée à ce dossier.
    Je sais que vous êtes favorable aux conclusions du rapport Naylor, mais de toute évidence, il faut avoir le personnel nécessaire pour être en mesure d'appliquer ces recommandations. Pour une collectivité comme la mienne, quels conseils pourriez-vous nous donner concernant la dotation de ces postes? Allons-nous avoir du soutien pour rapatrier les scientifiques canadiens qui se sont exilés aux États-Unis, par exemple?
    J'ai bien aimé vos commentaires. Avec les investissements appropriés dans le secteur scientifique au Canada, beaucoup de gens qualifiés originaires de Windsor et des environs et qui travaillent maintenant aux États-Unis pourraient revenir de ce côté-ci de la frontière. Souvent, ce sont des candidats étrangers qui ont des diplômes non reconnus au Canada. En fait, il arrive même que des patients canadiens soient envoyés aux États-Unis pour se faire soigner. Ils reçoivent des soins de médecins, d'infirmiers, d'infirmières et d'autres professionnels de la santé qui, techniquement, ne sont pas qualifiés pour pratiquer au Canada. On leur interdit de pratiquer ici, et on paie plus cher pour obtenir leurs services là-bas.
    Parallèlement, dans le secteur scientifique, les candidats profitent des occasions offertes à Detroit, au Michigan, et en périphérie. Si nous investissions dans les sciences, par exemple à l'Université de Windsor, nous pourrions élargir notre base scientifique. J'aimerais savoir si des stratégies seront mises en oeuvre afin de réembaucher ces scientifiques.
    L'Université de Windsor est un excellent établissement. En fait, son président est un bon ami à moi. Il a fait un travail incroyable à la barre de l'université au cours des 10 dernières années.
    Dès le premier jour de mon mandat, j'ai affirmé que j'étais prête à tout pour que le Canada devienne un chef de file mondial en matière de science et d'innovation. Je ne ménagerai aucun effort pour y arriver. C'est une occasion unique qui s'offre à nous. Honnêtement, je crois que le contexte international favorisera grandement le Canada. Nous devrons tous nous serrer les coudes pour nous assurer d'avoir l'infrastructure et le soutien nécessaires. Nous voulons tous attirer les grands esprits au Canada, les expatriés et les autres. Cela nous permettrait d'asseoir notre position de chef de file mondial pour les 50 prochaines années.
    Je suis d'accord, et je suis heureux de vous l'entendre dire. C'est une occasion en or qui s'offre à nous, surtout avec l'adoption récente de certaines politiques aux États-Unis. Le Canada devra se munir d'un plan, d'une stratégie et d'une structure d'investissement pour tirer profit de cette occasion.
    Puisque tout est une question de mesure dans le domaine scientifique... En ce qui a trait aux postes vacants et à l'application des recommandations du rapport Naylor, allez-vous mesurer les progrès réalisés en ce sens?
    C'est un des aspects intéressants de cet examen de la recherche fondamentale: il nous donne un cadre de référence. Nous pourrons tous mesurer les progrès réalisés, et j'espère bien voir une réelle amélioration de ce côté.
    Pendant mes 11 années à l'Université d'Ottawa, mon objectif a été d'accroître le nombre de chercheurs, la quantité de recherche effectuée et de formation donnée, et le nombre d'étudiants exposés à la recherche. Nous avons fait du bon travail. Et cela a probablement contribué à ma nomination.
    J'espère en faire autant à l'échelle nationale. J'ai peut-être une vision romanesque des choses, mais croyez-moi, je vais tout mettre en oeuvre pour y arriver.
    Merci.
    La parole est à M. Jowhari.

  (1130)  

    Bonjour, madame Nemer. Félicitations et bienvenue au Comité.
    Votre exposé m'a permis de mieux comprendre le rôle qu'on vous a confié. Vous aidez le Canada à devenir un chef de file mondial. Vous avez clarifié pour moi vos objectifs relativement à la recherche sur l'Arctique, à la neuroscience et à la médecine régénératrice. Vous avez également parlé des nombreux intervenants avec lesquels vous collaborez et discutez, et tout cela contribue à l'établissement du cadre de référence dont vous avez fait mention.
    Dans votre allocution, vous avez également dit que votre ministère préparait actuellement un plan de travail. Selon mon expérience en tant que consultant, un plan de travail comporte des livrables, des jalons et des activités clés, des indicateurs de rendement, et j'en passe. Pourriez-vous nous dire en quoi consiste votre plan de travail? À quoi devons-nous nous attendre et quelle est l'échéance visée?
    Notre plan de travail est exactement comme vous l'avez décrit. Nous examinons actuellement le mandat et le décret, qui font état d'éléments précis. Pour chacun d'eux, nous décidons des mesures à prendre au cours des prochaines semaines. Nous espérons avoir terminé le plan de travail pour le début de l'année qui vient. Je suis en poste depuis moins de trois mois. Nous allons définir les jalons clés et les livrables pour la première année, la deuxième, et ainsi de suite. C'est précisément là-dessus que nous travaillons.
    Nous allons aborder le vaste éventail de secteurs que j'ai le mandat de surveiller. Par exemple, nous allons examiner le système en place pour fournir des avis au gouvernement et recommander des améliorations. Nous allons aussi nous pencher sur les interactions entre les chercheurs à l'interne et les chercheurs à l'externe, la sensibilisation du public et la littératie scientifique. C'est vaste, mais pour chacune de ces questions, il y a des éléments précis qui font déjà partie du décret émis par le gouverneur en conseil.
    Et pour ce qui est de l'échéance, quand pouvons-nous espérer voir le plan de travail?
    Comme je le disais, nous y travaillons. Nous voulions avoir ces consultations. Je devais être mise au courant de ce qui se passe au gouvernement, notamment en ce qui concerne le programme scientifique du gouvernement et les grands dossiers. Je ne suis pas là pour remplacer qui que ce soit ni pour faire les choses en double. Mon rôle est de faciliter le tout et de coordonner les efforts. Je devais donc savoir où nous en sommes. Et pour répondre clairement à votre question, vous pouvez vous attendre à voir le plan de travail au début de 2018.
    Vous avez également envoyé un message à la communauté internationale, si je puis dire. Vous voulez que le Canada soit un chef de file mondial, mais vous avez aussi invité nombre de chercheurs et de scientifiques de renom d'un peu partout à venir au Canada. J'ai accès à beaucoup d'étudiants étrangers qui font leurs études doctorales et postdoctorales au Canada, et ils comprennent notre culture et le fonctionnement de nos systèmes universitaires et scientifiques. Comment peuvent-ils vous aider et aider le gouvernement dans la réalisation de vos mandats respectifs?
     Vous parlez des étudiants étrangers?
    Oui.
    D'abord, comme le Comité l'a sans doute remarqué, il y a eu une hausse marquée du nombre d'étudiants des cycles supérieurs qui viennent au Canada. Et c'est très bien, car cela témoigne de l'excellence de nos établissements postsecondaires et de notre réputation à l'échelle mondiale.
    Je suis très encouragée par l'accueil que me réservent les étudiants, surtout les étudiants étrangers, partout où je me rends pour les rencontrer. Vous l'avez dit, ils sont très heureux au Canada et ils veulent apporter leur contribution. Et vous savez quoi? Ils me disent que je suis un modèle pour eux et qu'ils aspirent à suivre mes traces. Ils veulent aider le pays et ils veulent qu'on leur en donne l'occasion. Tout cela est très positif pour le Canada.

  (1135)  

    Merci. Mon temps est écoulé.
    Monsieur Eglinski, vous avez cinq minutes.
    Madame Nemer, j'ai fait un peu de recherche sur vous. Vous avez un parcours très impressionnant. Bienvenue dans vos nouvelles fonctions.
    Merci.
    Quand vous étiez vice-rectrice à la recherche à l'Université d'Ottawa, vous avez affirmé, en 2011, je crois, dans un article ou en réponse à une question qui vous avait été posée: « Les défis que doit relever l'industrie chevauchent souvent plusieurs disciplines et nécessitent une approche pluridisciplinaire. Or, les programmes fédéraux et provinciaux actuels comportent l'inconvénient d'être souvent axés sur des disciplines spécifiques et de fonctionner de manière cloisonnée. » Ce sont les propos que vous avez tenus.
    J'ai remarqué que vous en aviez un peu parlé dans votre déclaration, que vous alliez... Je me demande si vous pouvez brièvement me dire comment vous comptez faire cela, car il y a certainement des affrontements entre les disciplines, parfois.
    J'aurai une deuxième question après cela.
    Les disciplines se sont historiquement développées en vase clos. Je vous donne un exemple. Les gens du secteur manufacturier n'ont jamais pensé avoir à parler avec des philosophes, des mathématiciens ou autres. Maintenant, toutes les disciplines collaborent.
    Quand nous avons des programmes fondés sur les disciplines, ou des programmes au fédéral qui visent une partie du tableau complet, mais qui négligent l'autre partie, par exemple, si nous nous intéressons au talent, mais pas à l'infrastructure, ou si nous nous penchons sur l'infrastructure sans nous occuper du talent, il n'y a aucune harmonisation entre les divers ordres de gouvernement et les autres secteurs. L'industrie a un rôle très important à jouer. Le secteur privé a un rôle très important à jouer, de même que les organisations philanthropiques.
    Nous voulons tous la même chose. Nous voulons que la société en tire profit. Nous voulons tous être plus heureux, en meilleure santé et plus résilients, ainsi qu'avoir des emplois, et ainsi de suite. Je crois que la collaboration est la seule avenue.
    Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
    Je comprends.
    Dans la lettre de mandat que vous avez eue après votre nomination à titre de conseillère scientifique en chef, je vois que vous devez entre autres veiller « à ce que les travaux scientifiques du gouvernement soient entièrement accessibles au public et à ce que les scientifiques fédéraux puissent librement parler de leurs travaux »; vous devez vous assurer que les analyses et les documents scientifiques sont mis à la disposition du public. Je crois que c'est excellent.
    Dans ma circonscription de Yellowhead, qui se trouve dans le centre-ouest de l'Alberta, nous avons une épidémie de dendroctones. Ils se sont attaqués aux forêts, passant de la Colombie-Britannique au parc national Jasper, puis aux forêts de pin de l'ouest de l'Alberta. Nous voyons de la réticence du côté du gouvernement fédéral, et cela ressemble presque à un conflit entre divers groupes scientifiques concernant la façon de s'attaquer au problème du dendroctone. Nous ne cessons d'entendre qu'on fait des recherches scientifiques à ce sujet, mais personne ne nous dit de quoi il s'agit précisément.
    J'aimerais vous demander une faveur. Dans six mois, peut-être, quand vous aurez eu le temps de vous installer dans votre poste, pourriez-vous fournir au Comité un rapport sur ce qui s'est fait au cours des deux dernières années en matière de recherche scientifique au sujet du problème du dendroctone, et sur ce qui a été fourni et diffusé à l'industrie, pour que nous en ayons une meilleure idée? C'est un très gros problème dans notre partie du monde.
    Je vous remercie de votre commentaire.
    Je suis désolée de ce qui se passe là-bas. Je suis aussi récemment allée au Manitoba et j'y ai visité nos laboratoires de niveau 4. On m'a aussi parlé de certains des problèmes que nous avons concernant l'environnement et le secteur agricole, à cause des changements climatiques et d'autres facteurs. Comme vous le savez, mon mandat est de fournir au premier ministre, à la ministre des Sciences et au cabinet des conseils d'ordre scientifique. Malheureusement, j'aimerais discuter de ces choses avec vous, mais je ne serais pas en mesure de vous présenter un rapport détaillé à ce sujet. Je peux très certainement essayer de vous mettre en contact avec certains scientifiques de l'Alberta ou d'ailleurs au pays qui seraient en mesure de vous aider.

  (1140)  

    Merci.
    Je vais céder le peu de...
    C'est tout. Il n'y a plus rien à céder.
    J'ai une question de 15 secondes, si vous me permettez de la poser.
    Je suis sûr qu'il me restait 15 secondes.
    Je suis sûr que M. Bernier peut vous céder cela.
    Merci de me donner la parole, monsieur le président. Est-ce que...
    Le président: Rapidement.
    M. Matt Jeneroux: Au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, 12 des 15 sièges sont vacants en ce moment. Au CRSNG, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, 80 % des sièges sont aussi vacants. Est-ce que la ministre vous a contactée pour avoir vos conseils sur les nominations à ces postes?
    Pas encore. Elle l'a fait pour d'autres dossiers, mais je n'y suis que depuis trois mois, comme vous le savez. Le temps que je commence et que je réponde aux demandes, je suis sûre qu'ils vont me contacter au besoin.
    Merci.
    Monsieur Baylis, vous avez cinq minutes.

[Français]

    Monsieur le président, je vais partager mon temps de parole avec M. Fragiskatos.
    Dans votre témoignage, madame Nemer, vous avez touché à un point très important en disant qu'il était essentiel d'appuyer la recherche axée sur la découverte. Vous avez même mentionné quelques domaines dans lesquels le Canada est très fort, notamment la recherche portant sur l'Arctique, les neurosciences, la médecine régénératrice et l'intelligence artificielle.
    Pouvez-vous développer votre pensée là-dessus? Comment prévoyez-vous utiliser cette avance que le Canada a déjà pour faire la promotion de la recherche, particulièrement dans les domaines que vous avez mentionnés?
    Le Canada est fort dans certains domaines parce qu'il a investi pendant plusieurs années non seulement dans la découverte, mais aussi dans le développement de talents. Les plateformes Google et Facebook de ce monde sont intéressées à venir s'établir à Montréal ou à Toronto parce qu'elles savent qu'il se développe des talents dans les universités et les collèges canadiens qui peuvent répondre à leurs besoins.
    Vous me demandez comment faire fructifier au maximum nos avancées. Eh bien, nous pouvons mettre au point une stratégie qui englobe la recherche, les entreprises et le développement de talents. Le développement de technologies a des répercussions très importantes sur la législation. Il y a des aspects sociétaux très importants à considérer. Il faut qu'il y ait des tables rondes et des consultations nationales mettant à contribution tous les secteurs dans ces différents aspects.
    Par exemple, nous sommes en train d'élaborer une telle stratégie concernant l'Arctique, comme vous le savez déjà. Nous avons commencé à mettre au point une stratégie en matière d'intelligence artificielle. Il faut prendre les domaines un à un et faire le nécessaire.
    C'est excellent.

[Traduction]

    Je trouve fantastique de vous avoir ici avec nous aujourd'hui. Le gouvernement a beaucoup de chance de vous avoir à ce titre, et j'oserais dire les Canadiens aussi.
    Madame Nemer, je veux vous interroger sur l'importance de la recherche fondamentale, mais je veux le faire en vous demandant ce que vous pensez exactement de la façon dont on peut galvaniser la population canadienne afin qu'elle appuie la recherche fondamentale et l'investissement dans la recherche fondamentale. Personnellement, je pense qu'il faut communiquer l'enjeu en termes économiques. Quand nous pensons aux choses essentielles sur lesquelles les gens comptent de nos jours, dans une économie moderne, nous ne pouvons pas passer sous silence le téléphone intelligent ou l'automobile. Le téléphone intelligent et les technologies qu'il utilise, comme vous le savez très bien, sont le résultat de ce qui a commencé par une recherche fondamentale motivée par la curiosité. Pour les voitures, les capteurs des coussins gonflables, les pare-brise résistant à l'éclatement et les pneus à durée de vie prolongée découlent tous de la recherche fondamentale.
    Si c'est présenté de cette manière et qu'on fait le lien entre la recherche fondamentale et le développement et la croissance économiques, je me demande si une approche de ce genre serait utile, quand il s'agit de communiquer avec le public l'importance d'investir dans la recherche fondamentale.

  (1145)  

    Je vous remercie beaucoup de votre question. C'est vraiment crucial. Nous parlons de littératie concernant les chiffres, et je parle de littératie pour la science. La littératie relative à la science, c'est en fait comprendre ce qu'il y a derrière votre nourriture, derrière les décisions que vous prenez quand vous achetez une voiture ou un réfrigérateur sur lequel est collée une étiquette donnant de l'information sur l'économie d'énergie. Pour ce qui est d'expliquer les effets de la recherche fondamentale, nous pouvons manifestement parler de ce que la physique nous a donné, comme l'IRM — l'imagerie par résonance magnétique —, le diagnostic, bien des choses que les gens ont connues, et je pense que le public comprendrait.
    Souvent, avec la recherche fondamentale, l'enjeu est le temps qu'il faut. Sommes-nous assez patients pour attendre 20 ans afin d'en voir les effets, ou 10 ans? C'est ce qui explique la grande importance d'avoir une source ininterrompue. En attendant qu'une chose soit prête à être mise en application et qu'on puisse en voir les avantages, eh bien, nous travaillons à quelque chose d'autre qui va aussi venir et contribuer à l'amélioration constante.
    Je peux vous dire que j'ai vraiment eu beaucoup de chance avec mes propres recherches, car mes travaux ont mené à des applications de mon vivant. Ce n'est pas toujours le cas, mais c'est formidable, n'est-ce pas, quand cela se produit? Je ne crois pas avoir rencontré de chercheur qui n'est pas impatient de voir les résultats de ses travaux profiter à l'humanité — qu'il s'agisse de technologie, de meilleures pratiques, d'innovations sociales ou d'autre chose.
    La chose dont nous négligeons aussi toujours de parler, c'est la formation. Au début de ma carrière, je ne savais pas si j'allais faire des découvertes révolutionnaires. Je l'espérais, c'est sûr. Ce dont j'étais certaine, c'est que j'allais former des personnes formidables qui deviendraient des chefs de file et qui feraient elles-mêmes des découvertes. Je crois que c'est une chose qu'il est bon de se rappeler constamment, en tant que pays et société: ce n'est pas nécessairement nous ou les scientifiques, mais ceux qu'ils forment, la génération suivante qui est formée à la recherche fondamentale, comme je l'ai mentionné.
    Les Canadiens sont conscients de l'importance de la science, mais il faudrait qu'ils y attachent une plus grande valeur encore. Je vous remercie.
    Merci beaucoup.
    Nous n'avons pas beaucoup de temps, et nous allons en avoir encore moins.
    Monsieur Bernier.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Madame Nemer, je tiens à vous féliciter grandement d'avoir accepté ce poste. En tant que député de l'opposition et son porte-parole, c'est très rare que je félicite le gouvernement, mais je le fais ici. J'ai lu votre biographie et je crois, tout comme mes collègues, que c'est un très bon choix. Je n'ai pas de question, mais je tiens à vous féliciter et à vous souhaiter bon succès dans vos nouvelles fonctions.

[Traduction]

    J'aimerais proposer la motion que vous avez devant vous et la mettre aux voix. La motion se lit comme suit:

[Français]

Que le Comité examine la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et la Loi sur Investissement Canada; et que le Comité invite les intervenants compétents à témoigner d'ici la fin de 2017 afin d'informer les...

[Traduction]

    Monsieur Bernier, je veux avoir la certitude que chacun a sa copie.
    D'accord.
    Soyez patient.
    Je ne veux rien faire de contraire au Règlement, mais pendant qu'on distribue le document, j'aimerais dire une chose.

[Français]

    Monsieur Bernier, je suis vraiment heureuse de vous revoir. Vous ne vous souvenez peut-être pas de moi, mais moi, je me souviens très bien de vous. Vous étiez le premier ministre avec qui j'ai fait une annonce quand je suis arrivée à l'Université d'Ottawa, en 2007. Je suis très heureuse de vous revoir et vous remercie de vos gentilles remarques.
    Merci.
    Je me sens vieux.
    Je recommence la lecture de la motion:

Que le Comité examine la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et la Loi sur Investissement Canada; et que le Comité invite les intervenants compétents à témoigner d'ici la fin de 2017 afin d'informer les membres du Comité des conséquences, pour les pensionnés, des procédures de faillite entreprises par des compagnies comme Sears Canada et U.S. Steel.

  (1150)  

[Traduction]

    Ce que je demande au Comité, c'est de voter sur la motion. Merci.
    Allez-y, monsieur Longfield.
    J'aimerais qu'il soit consigné que je me suis tenu la tête à deux mains. J'aimerais discuter de cette motion, mais je veux vraiment discuter avec Mme Nemer du travail qu'elle fait. Je crois qu'il nous faut du temps pour discuter de cette motion et que nous ne devons pas simplement la mettre aux voix. J'aimerais que nous trouvions du temps pour en discuter. Je ne trouve pas que nous pouvons le faire dans les trois minutes qu'il reste au temps de M. Bernier.
    M. Baylis, suivi de M. Jeneroux.
    Je propose l'ajournement du débat.
    Nous votons sur la motion visant l'ajournement du débat.
    (La motion est adoptée.)
    Nous allons trouver le temps.
    Nous passons maintenant à M. Sheehan. Oh, attendez. Vous avez...
    Matthew.
    Merci, monsieur le président.
    Dans votre document, à la page 6, vous dites que ce que vous entendez, c'est que les intervenants s'attendent à ce que le Canada fasse preuve de leadership sur plusieurs fronts. Vous avez premièrement mentionné la recherche dans l'Arctique, madame Nemer. Il y a eu de la controverse récemment en raison de la fermeture prévue du PEARL, le laboratoire canadien de recherche sur l'environnement polaire. Puis on a miraculeusement trouvé du financement à la dernière minute pour le maintenir ouvert.
    Je suis curieux à propos de votre rôle dans cela. Est-ce que la ministre vous a demandé conseil, peut-être sur l'étape suivante, pour le financement du CCRA, le Comité canadien de recherches antarctiques?
    Je pense que le PEARL est un exemple de ce qu'on pourrait appeler une installation de recherche majeure, au pays, une installation unique que de nombreux scientifiques de divers endroits au pays peuvent utiliser. Nous devons réfléchir ensemble et vraiment établir une stratégie pour l'infrastructure scientifique importante du pays. En ce moment, c'est une des recommandations découlant de l'Examen du soutien fédéral aux sciences fondamentales, et j'ai vraiment très hâte de m'y attaquer. En tant que scientifique et vice-présidente de la recherche, je sais à quel point c'est important, et nous allons nous pencher là-dessus.
    Est-ce que la ministre vous a demandé si ce financement temporaire de 18 mois était une bonne idée ou pas?
    Je ne participe pas vraiment aux décisions de financement. J'estime évidente la réponse à la question de savoir s'il faut maintenir les importantes installations scientifiques situées dans des lieux stratégiques du pays.
    La transition du gouvernement Martin au gouvernement Harper a été une période fantastique.
    C'est tout ce que je voulais dire.
    Désolé. Nous allons passer au prochain intervenant. Nous avons très peu de temps.
    Monsieur Sheehan, vous avez cinq minutes.
    Je vous remercie beaucoup de votre exposé.
    C'était vraiment un honneur d'être présent à l'édifice du Centre quand votre nomination a été annoncée. Il y avait là un groupe de scientifiques venus de partout au pays, et il y avait de l'excitation dans l'air. Ils étaient ravis de constater l'engagement de la plateforme et de voir que nous nommions une conseillère scientifique en chef.
    À ce titre — compte tenu de ce jour et de votre discours —, certaines des choses que vous êtes censée faire sont de contribuer à démuseler les scientifiques et de mettre les données scientifiques à la disposition du public, et c'est quelque chose que nous étudions.
    Pouvez-vous nous parler de la façon dont vous songez à procéder pour ce faire et pour conseiller le gouvernement?
    Merci. C'est une question très importante.
    Je vous remercie de rappeler à mon souvenir ce premier jour. C'est un grand jour, dans ma vie, et je suis vraiment touchée par cette nomination et la responsabilité qu'elle comporte, ainsi que par les attentes du pays.
    J'estime que par défaut, les données scientifiques doivent être à la disposition du public. Cela étant dit, ce n'est pas tout de simplement mettre les données à la disposition du public. Nous avons parlé de littératie scientifique, et le public doit être en mesure d'accéder aux données de manière conviviale et de les comprendre.
    Ce que j'essaie de dire, en fait, c'est que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais nous allons y arriver. Il y a déjà beaucoup de données accessibles, mais encore là, il s'agit de vraiment s'assurer de... Le stockage des données et l'accès aux données sont des choses très compliquées.
    Comme je l'ai mentionné, j'ai déjà demandé aux divers ministères de nous faire part de leurs pratiques afin de voir si nous pouvons établir et mettre en commun les meilleures pratiques, entre autres choses. Le stockage des données, je le répète, était quelque chose d'énorme pour moi, à l'Université d'Ottawa. C'est énorme pour toutes les universités. Je suis impatiente de travailler à cela avec l'ensemble de la communauté.

  (1155)  

    C'est vraiment excellent. Vous avez beaucoup fait en très peu de temps. L'annonce est récente, alors je vous félicite.
    Aussi, concernant la demande que vous a faite le gouvernement de promouvoir la diversité dans les sciences et la recherche, en ce moment même, Dre Roberta Bondar reçoit son étoile sur l'Allée des célébrités canadiennes. Elle est la première Canadienne à être allée dans l'espace, il y a 25 ans, et elle est aussi la première neurologiste du Canada à être allée dans l'espace. C'est une amie. Elle parle toujours de la façon dont le système scolaire a cherché à l'éloigner des sciences, quand elle était jeune. Il a vraiment fallu qu'elle se pousse pour aller en science.
    Comme les membres du Comité le savent aussi, j'ai une fille, toute jeune, qui vient de commencer à étudier les sciences. Quel conseil avez-vous à donner au Canada pour qu'il encourage en particulier les jeunes filles et les femmes à se diriger vers les STGM?
    C'est bien sûr une question qui me tient à coeur. Pendant ma carrière, je suis allée dans des écoles, des collègues et des universités pour encourager les filles à choisir les sciences et le génie et à demeurer dans ces domaines, car nous avons de la difficulté à les y attirer, et à les garder aussi.
    Je pense que de nombreuses organisations font de l'excellent travail au Canada, et il faut leur donner encore plus les moyens de le faire.
    Je crois qu'il faut plus de modèles. Il est important d'avoir des modèles. C'est important pour les minorités, et pour les femmes. Je peux le voir chaque fois que je suis en public et que de jeunes filles viennent me dire à quel point il est important pour elles de voir une femme scientifique dans mes fonctions.
    Comme je l'ai mentionné à vos collègues, c'est la même chose qui se produit avec les immigrants et les membres de minorités visibles. Je pense qu'encourager la diversité dans des postes visibles est déjà un grand pas en avant, mais cela ne finit pas là. Nous devons continuer de communiquer, de faciliter tous les programmes et d'être vigilants.
    Merci beaucoup.
    Pour les deux dernières minutes, ce sera M. Masse.
    Merci, monsieur le président.
    J'espère que nous pourrons trouver du temps, le 12 décembre, pour parler de la motion de M. Bernier au sujet de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. Je serai particulièrement intéressé par certaines des motions du NPD sur la protection en cas de faillite des pensions des travailleurs et leurs droits dans la loi actuelle, que les conservateurs ont rejetées. Je suis impatient de revenir sur certaines des batailles perdues alors qu'elles auraient dû être gagnées.
    Je vais consacrer mon temps restant à parler de l'Université de Windsor et du Canadian Centre for Alternatives to Animal Methods qu'elle est en train de mettre sur pied, concernant les tests au Canada. En général, quand on s'instruit sur la question et qu'on découvre tant de choses concernant l'investissement perdu, si je puis dire, en raison des tests réalisés sur les animaux pour arriver à des traitements pour les humains, à des médicaments, et ainsi de suite, et la baisse de 95 % de la valeur, quand nous recourons aux tests sur les animaux, par rapport à la biométrie pour les citoyens...
    Avez-vous des commentaires sur la valeur de cela, sur ce que cela pourrait accomplir, et sur la place du Canada dans le monde? Quelle est votre perception générale de ce qui se déroule là-bas?
    Avant qu'un traitement puisse être utilisé sur des humains, il faut respecter les processus réglementaires en place afin de veiller à ce que la substance que nous administrons ou le dispositif que nous utilisons soient sûrs. Ce sont les processus réglementaires de Santé Canada. Ils comportent diverses étapes de tests in vitro, de tests in vivo sur des espèces inférieures aux humains, puis de tests sur des humains. Je n'ai pas de commentaires particuliers à émettre, outre que nous devons respecter ces règles.

  (1200)  

    Je ne dis pas que nous ne devons pas les respecter, mais je pense bien que d'autres pays s'éloignent des tests sur les animaux, en vue des essais cliniques sur des humains. Je me demande quel rôle vous voyez à cet égard pour le Canada.
    Ce qui est formidable, entre autres, du génie tissulaire, par exemple, et des cellules souches, c'est précisément la capacité de développer des cellules très semblables à celles des humaines, de sorte que vous n'avez pas nécessairement à franchir les autres étapes de mise à l'essai. Je crois que c'est une excellente avenue qui offre de grandes possibilités à l'avenir.
    À mesure que nous progressons dans ce sens, à mesure que la science et la technologie vont évoluer, nos processus réglementaires et nos lois devront aussi évoluer, et je ferai assurément bon accueil à tout ce que nous pouvons faire pour accélérer la conception et l'utilisation de nouveaux traitements des maladies.
    Merci beaucoup. C'était formidable. Merci de nous avoir consacré de votre temps. C'était un honneur de vous accueillir aujourd'hui.
    Sur ce, nous allons nous arrêter pour deux minutes, le temps de passer à huis clos.
    [La séance se poursuit à huis clos.]
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