Madame la présidente, je vais d'abord formuler quelques brèves observations, mais je consacrerai ensuite la plupart de mon temps de parole à poser des questions au ministre.
Nous savons tous que nous demandons aux membres des Forces armées canadiennes de faire pour nous un travail difficile et dangereux, jour après jour, au Canada et à l'étranger. En tant que parlementaires, nous avons la responsabilité de veiller à ce qu'ils reçoivent l'entraînement, le matériel et le soutien dont ils ont besoin, durant et après leurs années de service. Par conséquent, lors du débat de ce soir, que nous parlions de dépenses réelles, d'approvisionnement ou de déploiement, les militaires et leur famille doivent toujours être au coeur de nos discussions.
Comme nous en sommes tous conscients, les Forces armées canadiennes ont bien du mal à recruter et à maintenir les effectifs. Il est indispensable de régler ce problème pour que les Forces armées canadiennes puissent refléter les différents visages du Canada. Les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale ont assurément beaucoup de travail à faire pour résoudre certains problèmes graves, comme les agressions sexuelles au sein de l'armée et les problèmes de santé mentale. Il ne s'agit pas seulement d'une question de justice, mais aussi d'une question d'investissement dans les personnes qui servent notre pays. Il faut absolument remédier à ces problèmes si nous voulons atteindre un jour les objectifs en matière de diversité qui ont été fixés.
Comme le savent les députés, la façon dont les Forces armées canadiennes s'occupent des problèmes de santé mentale est l'un des points qui me préoccupent. Il y a eu des améliorations, certes, mais le nombre de décès par suicide au sein des Forces canadiennes m'inquiète fortement. Le suicide emporte encore un militaire par mois. Plus de 160 militaires se sont suicidés depuis 2005, une tragédie pour leur famille et pour notre pays. À noter que ces chiffres ne tiennent pas compte des réservistes, puisque nous n'avons même pas de statistiques solides à propos des décès par suicide parmi les réservistes. Bien entendu, les chiffres ne tiennent pas compte non plus des vétérans qui souffrent de stress post-traumatique.
Il y a des progrès, puisque nous prenons davantage conscience que les blessures des militaires ne sont pas nécessairement visibles. Il reste toutefois beaucoup à faire. Nous avons eu l'occasion d'apporter un changement significatif plus tôt cette année. Pendant les débats à propos du projet de loi C-77, sur la réforme de la justice militaire, j'ai proposé un amendement qui visait à retirer l'automutilation de la liste des infractions disciplinaires en vertu du Code de conduite des Forces canadiennes.
Nous avons tenu des audiences et nous avons entendu des témoins, comme Sheila Fynes, dont le fils s'est suicidé pendant qu'il était dans l'armée. Nous avons aussi reçu des spécialistes de la santé mentale et des hauts gradés des Forces armées canadiennes. Tout me portait à croire que la majorité des membres du comité appuyaient mon amendement. Je tiens d'ailleurs à remercier les conservateurs d'avoir soutenu dès le début les efforts que j'ai déployés pour supprimer cet obstacle, à la fois symbolique et concret, au traitement des problèmes de santé mentale.
Pourtant, 30 minutes avant la mise aux voix de l'amendement qui aurait fait en sorte que l'automutilation ne soit plus considérée comme une infraction militaire, le ministre a envoyé un courriel à tous les membres du comité pour leur demander de ne pas l'appuyer. Les libéraux ont donc voté contre mon amendement. Ils ont prétexté qu'il était non recevable, puisqu'il s'agissait d'un projet de loi sur la réforme de la justice militaire. C'est extrêmement étrange, car le projet de loi modifiait déjà plusieurs passages du code de discipline militaire.
J'aimerais que le ministre réponde à une question directe: pourquoi a-t-il demandé au comité de ne pas supprimer cet obstacle au traitement des troubles de santé mentale? Le suicide chez les militaires constitue un véritable fléau, alors pourquoi le ministre a-t-il demandé aux membres du comité de ne pas supprimer l'alinéa 98c) du code de discipline militaire?