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RNNR Rapport du Comité

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De l’exploration minérale à la fabrication de pointe : Développer les chaînes de valeur pour les minéraux critiques au Canada

Introduction

En février 2021, le Comité permanent des Ressources naturelles de la Chambre des communes (le Comité) a décidé d’entreprendre une étude sur les minéraux critiques et les chaînes de valeur associées avec comme objectif de fournir des recommandations au gouvernement du Canada pour développer le plein potentiel de cette industrie au Canada.

Durant six réunions, le Comité a entendu les témoignages d’un large éventail d’experts sur le rôle des minéraux critiques dans la fabrication de nombreuses technologies de pointe et dans la transition énergétique, les enjeux économiques, environnementaux et d’approvisionnement liés aux minéraux critiques, le développement des chaînes de valeur associées aux minéraux critiques au Canada et les défis actuels pour réaliser le plein potentiel de ce secteur. Le Comité est heureux de présenter son rapport final, qui résume les constatations découlant de son étude et propose des recommandations au gouvernement du Canada.

Les minéraux critiques : des ressources pour une économie en transformation

Plusieurs avancées technologiques récentes, que ce soient les énergies à faible émission de gaz à effet de serre (GES)[1], les véhicules électriques ou les secteurs de pointe tels que la médecine, l’électronique, l’aérospatiale et la défense, ont toutes en commun de dépendre d’un secteur industriel « traditionnel », à savoir l’industrie minière[2]. En effet, ces technologies de pointe sont composées de plusieurs types de minéraux, notamment certains minéraux critiques dont ces industries en transformation ont besoin.

Le Comité a appris que certains minéraux critiques ne sont exploités que par quelques pays. Le Canada possède des réserves de ces minéraux, mais peu de gisements sont actuellement exploités[3]. La demande croissante en minéraux critiques à l’échelle mondiale offre au Canada l’occasion de développer une industrie nationale des minéraux critiques et les chaînes de valeur connexes. Les emplois et les retombées économiques pourraient jouer un rôle important dans la reprise économique après la pandémie de COVID-19[4]. Tel que présenté dans ce rapport, plusieurs témoins ont décrit la situation actuelle au Canada et suggéré des mesures que les gouvernements[5] devraient prendre pour que les secteurs canadiens de l’exploration et de l’exploitation minière, de la transformation des minéraux et de la fabrication de pointe puissent se développer et profiter de cette demande mondiale en minéraux critiques.

L’importance stratégique des minéraux critiques

Le terme « minéraux » comprend les minéraux non métalliques et métalliques (appelés aussi métaux). Les minéraux sont considérés comme « critiques » en vertu de divers critères : leur rôle dans l’économie moderne, notamment dans la fabrication de technologies de pointe comme celles nécessaires à la transition énergétique; leur approvisionnement limité et concentré dans certains pays; et leur importance pour la sécurité énergétique et nationale[6].

Le Canada possède plus de 60 minéraux sur son territoire, dont plusieurs sont considérés comme critiques[7]. Selon Jeff Labonté, sous-ministre adjoint du secteur des terres et des minéraux à Ressources naturelles Canada, le Canada est « le seul pays dans l’hémisphère occidental qui possède tous les minéraux et les métaux nécessaires à la fabrication avancée pour les véhicules électriques ». Cela comprend le cuivre, le cobalt, les éléments des terres rares, le graphite, le lithium, le manganèse et le nickel[8]. Ces ressources sont réparties dans plusieurs régions du pays.

Comme l’illustre la figure 1, le gouvernement du Canada a publié en mars 2021 une liste de 31 minéraux critiques disponibles au Canada, dont certains sont déjà exploités. Ces minéraux revêtent une importance stratégique pour le Canada parce qu’ils sont essentiels à la sécurité économique du pays, qu’ils sont nécessaires à la transition vers une économie à faible émission de GES et qu’ils constituent une source durable de minéraux essentiels pour les partenaires économiques du Canada. D’autres pays ont également dressé leur liste de minéraux critiques essentiels à leur économie, tels que l’Australie, la Corée du Sud, les États-Unis, le Japon et l’Union européenne[9]. Par exemple, les États-Unis ont identifié 35 minéraux critiques pour des raisons comparables à celles utilisées par le Canada, en y ajoutant les questions de sécurité nationale[10].

Figure 1 – La liste des minéraux critiques au Canada (2021)

La figure présente la liste des 31 minéraux critiques du Canada en 2021: Aluminium, Antimoine, Bismuth, Césium, Chrome, Cobalt, Cuivre, Éléments des terres rares, Étain, Fluorine, Gallium, Germanium, Graphite, Hélium, Indium, Lithium, Magnésium, Manganèse, Métaux du groupe platine, Molybdène, Nickel, Niobium, Potasse, Scandium, Tantale, Tellure, Titane, Tungstène, Uranium, Vanadium et Zinc.

Source : Ressources naturelles Canada, Minéraux critiques – Liste des minéraux critiques du Canada.

Le Comité a entendu que le Canada produit déjà certains minéraux critiques, mais que le niveau de production peut varier considérablement selon les minéraux. Par exemple, le Canada est un important producteur de minéraux critiques comme l’aluminium, le cobalt, le cuivre, le graphite, le nickel et l’uranium. En revanche, d’autres minéraux dits « émergents » sont soit à un stade avancé d’exploration, soit à un stade embryonnaire. C’est le cas du lithium, pour lequel plusieurs projets d’exploration sont en cours[11]. Les éléments des terres rares ne sont pas encore produits au Canada, mais les réserves connues sont importantes sur le territoire et certaines sociétés minières ont lancé des projets d’exploration[12]. Le Comité a pris connaissance de quelques projets qui sont à un stade plus avancé de préparation, par exemple, les projets de Métaux BlackRock pour le vanadium et de Métaux Torngat pour les éléments de terres rares au Québec. Toutefois, selon Ian London, directeur exécutif de la Canadian Critical Minerals and Materials Alliance

malgré la grande richesse du Canada en matière de ressources, nos matériaux essentiels restent largement sous-développés et ne font pas l’objet d’une exploitation stratégique. C’est surtout parce qu’on ne comprend pas suffisamment leur importance pour le climat, la sécurité nationale et les retombées économiques.

Des utilisations multiples et une demande mondiale croissante

Le Comité a entendu plusieurs témoins évoquer les multiples utilisations des minéraux critiques dans la fabrication de technologies de pointe[13]. Comme l’illustre la figure 2, il s’agit notamment de technologies utilisées dans les secteurs de la production et du stockage d’énergie, de la médecine, de l’électronique, de la défense, de l’aérospatiale et de l’automobile. Il convient de noter que la composition minérale de ces technologies peut varier selon le modèle, la taille et l’utilisation. En effet, il existe par exemple plusieurs types de batteries pour les véhicules électriques, chacune ayant une composition différente.

Figure 2 – Exemples d’utilisations de minéraux critiques

Cette figure présente des exemples d’utilisations de différents minéraux critiques : les batteries pour les véhicules électriques, l’énergie solaire, l’énergie éolienne, la radiothérapie, l’électronique et les produits d’alliage.

Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement.

Une utilisation accrue des technologies de pointe, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’électrification des transports, entraînera une croissance de la demande mondiale pour les minéraux critiques. Selon des prévisions de la Banque mondiale présentées par Jeff Labonté,

la production de minéraux, tels que le graphite, le lithium et le cobalt, connaîtrait une augmentation de 500 % d’ici 2050, et ce, pour répondre aux seuls besoins de la transition vers l’énergie propre. [La Banque mondiale] a également prévu que plus de trois milliards de tonnes de minéraux et de métaux seront nécessaires pour les besoins mondiaux en énergie propre et la transition vers un avenir plus sobre en carbone.

Simon Moores, directeur général de Benchmark Mineral Intelligence, a mentionné que la demande pour les minéraux critiques « augmente à un rythme jamais vu. Sur une période de 10 ans, on peut parler d’une demande de 4 à 10 fois plus forte selon le minéral dont vous avez besoin pour votre batterie ». Par ailleurs, Jeffrey B. Kucharski, de Royal Roads University, a souligné qu’

[a]u cours des prochaines décennies, la région indo-pacifique, stimulée par une croissance économique et démographique continue, fera augmenter la demande mondiale d’énergie et de minéraux critiques. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la région sera responsable d’environ 60 % de la croissance mondiale de la demande en énergie d’ici 2040, ce qui nécessitera des investissements annuels en infrastructures énergétiques de plus de 1 billion de dollars américains.

Les technologies de pointe, composées de nombreux minéraux et permettant, entre autres, de produire de l’électricité sans émission de GES et d’électrifier les transports, sont en cours de développement dans le monde entier. Selon des statistiques de Bloomberg New Energy Finance présentées par Daniel Breton, président et directeur général de Mobilité électrique Canada, la croissance des véhicules électriques (voitures, camions légers, camions lourds et autobus électriques) serait « exponentielle » au cours des prochaines années. M. Breton a précisé que les ventes annuelles mondiales de nouvelles voitures électriques « devraient atteindre les 8,5 millions en 2025 et 26 millions en 2030. Si les ventes de nouveaux véhicules électriques représentent 2,7 % des ventes en 2020, elles devraient représenter 28 % des ventes en 2030 et 58 % des ventes en 2040 ».

La demande mondiale croissante en minéraux critiques présente donc de nouvelles possibilités pour les pays producteurs, mais soulève également des défis en matière d’approvisionnement et sur le plan environnemental.

Afin de produire différentes technologies, les pays cherchent à sécuriser leur approvisionnement en minéraux critiques soit en se procurant des ressources à l’étranger ou en développant leur production nationale lorsque les minéraux sont disponibles sur leur territoire. Le Comité a appris que certaines chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques sont dominées par quelques pays. Ce contrôle sur les niveaux de production peut créer une instabilité du marché avec des périodes de pénuries, mais également d’importants surplus qui auraient pour effet de faire fluctuer les prix des ressources et de poser plusieurs risques liés à l’offre et la demande[14]. Jeffrey B. Kucharski a expliqué au Comité que

[l]es risques sont liés à la stabilité et à la sécurité des chaînes d’approvisionnement en matière de ressources stratégiques. Dans le cas des minéraux critiques, l’offre mondiale limitée, la révolution numérique et les efforts de décarbonisation entraînent la rareté des ressources et, par conséquent, une concurrence pour l’obtention d’un accès ininterrompu à ces minéraux. Le principal risque réside dans l’interruption des approvisionnements, que ce soit en raison de pénuries, d’embargos, de guerres commerciales, de conflits ou, comme on l’a vu récemment, d’une pandémie mondiale.

Un approvisionnement instable et dominé par certains pays

Une concentration de la production par un ou quelques pays peut poser des risques pour la capacité d’autres pays, dont le Canada, à accéder à un approvisionnement stable et prévisible de ces minéraux. Le Comité a entendu que cette situation créait un environnement « d’incertitude » et que de nombreux pays dépendent souvent de sources d’approvisionnement précaires[15].

Plusieurs témoins ont souligné l’importance actuelle de la Chine dans l’approvisionnement mondial en minéraux critiques. Pierre Gratton, président et chef de la direction de l’Association minière du Canada, a indiqué que la Chine exerce « un contrôle de type monopolistique sur la production et la distribution de minéraux critiques, ce qui a rendu le reste du monde dépendant de l’approvisionnement et ce qui a créé un niveau de risque qui dissuade les investisseurs de pénétrer ces marchés ». Robert Fung, président de Métaux Torngat Ltée, a notamment mentionné que, « la Chine répond à plus de 80 % de la demande mondiale » pour les éléments des terres rares. D’autre part, Jamie Deith, directeur général de Eagle Graphite Corporation, a fait part des difficultés rencontrées par son entreprise d’extraction de graphite en Colombie-Britannique pour trouver des investisseurs potentiels afin d’accroître ses activités, car « les chaînes d’approvisionnement semblaient s’accommoder d’une forte dépendance à l’égard d’une seule nation », à savoir la Chine.

Cette concentration du marché pour certains minéraux critiques pourrait également être utilisée comme « outil d’influence économique » ou « levier politique contre les pays avec lesquels elle a des désaccords », comme l’a souligné Jeffrey B. Kucharski en rappelant l’arrêt d’approvisionnement en éléments des terres rares de la Chine au Japon en 2010. Il a également déclaré :

Les minerais critiques peuvent servir de levier politique, on le sait, mais la demande à l’intérieur de la Chine même risque de tarir l’offre à plus ou moins long terme. C’est donc d’autant plus important que le Canada, en collaboration avec ses partenaires et ses alliés, se dote de ses propres chaînes d’approvisionnement, car autrement, les entreprises d’ici, y compris dans les secteurs de la défense et des énergies propres, risquent d’en manquer, ce qui pourrait compromettre jusqu’à leur survie.

Pierre Gratton a indiqué que le secteur privé canadien pourrait être désavantagé dans un contexte où il doit traiter avec des sociétés d’État dont les investissements peuvent être faits pour des raisons stratégiques. En ce qui concerne la Chine, M. Gratton a déclaré:

Notre secteur a une relation compliquée avec la Chine. C’est le plus grand consommateur de minéraux et de métaux. Notre industrie bénéficie d’une hausse des prix des matières premières plus ou moins généralisée en ce moment, et c’est en grande partie parce que l’économie a rebondi, mais il est également vrai que les Chinois ne respectent pas nos règles lorsqu’il s’agit d’investir dans le secteur minier. Ce n’est pas une économie de marché. Ce sont des sociétés d’État qui investissent pour des raisons stratégiques. Nous avons des membres qui leur font concurrence dans le monde entier, et il difficile de rivaliser avec eux. Beaucoup de nos membres m’ont dit à quel point c’est difficile, parce que dans d’autres régions du monde, c’est une relation de gouvernement à gouvernement qu’ils entretiennent, alors que nous sommes le secteur privé qui essaie de soutenir la concurrence en utilisant les règles du secteur privé.

D’autre part, ces investissements chinois se font également à l’étranger, et selon Simon Moores,

[l]a Chine procède toujours de la même manière. Elle achète des parts dans la mine ou prend le contrôle de l’entreprise, ou encore signe des contrats à long terme avec l’État lui fournissant les matières premières. Il s’agit essentiellement pour les Chinois d’investir dans l’exploitation de ces ressources ailleurs dans le monde pour garantir à sa propre économie un approvisionnement en matières premières.

Si certains témoins ont exprimé des inquiétudes quant à ces investissements étrangers dans le secteur minier canadien, d’autres ont également mentionné que certaines entreprises étrangères ont un esprit de type entrepreneurial et sont ouvertes à la collaboration avec des entreprises canadiennes[16]. Jeffrey B. Kucharski a suggéré que la liste des 31 minéraux critiques publiée par le gouvernement fédéral pourrait servir de « filtre » lorsque les demandes d’investissements provenant d’industries critiques étrangères sont examinées.

Développer une chaîne d’approvisionnement canadienne et continentale

Afin de réduire cette dépendance à l’égard des marchés extérieurs, Jeffrey B. Kucharski estime que « [l]a mise en place d’une chaîne d’approvisionnement viable pour les minéraux critiques au Canada sera la priorité absolue ». Il a ajouté que « [l]’accès aux ressources minérales critiques est une question de sécurité pour de nombreux pays et est de plus en plus essentiel à la croissance économique, à la paix et à la sécurité ». Plusieurs éléments pourraient permettre à l’industrie minière canadienne de bien se positionner auprès des consommateurs et sur les marchés mondiaux, notamment ses normes élevées en ce qui a trait aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (appelés aussi « normes ESG »)[17]. Cependant, certains témoins ont indiqué que la concurrence vient souvent de pays où ces normes ESG sont moins respectées, ce qui peut leur permettre de maintenir des coûts de production plus bas[18]. Par exemple, Ken S. Coates, de l’Université de la Saskatchewan, a fait remarquer que :

le Canada n’est pas le seul joueur dans ce domaine et qu’il existe plusieurs options d’approvisionnement, particulièrement dans les pays en développement, des régions dans lesquelles les enjeux sont plus complexes et les environnements sont parfois moins favorables à la protection des droits de la personne, de l’environnement, etc.

D’autres témoins ont suggéré d’envisager une approche « continentale » pour assurer l’approvisionnement en minéraux critiques, c’est-à-dire de favoriser une collaboration entre les provinces et les territoires, mais également avec les États-Unis[19]. Dale Austin, chef des relations gouvernementales chez Cameco Corporation, et Jeff Labonté ont mentionné les travaux déjà en cours dans le cadre du Plan d’action conjoint pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques entre le Canada et les États-Unis. Cette approche contribuerait selon M. Austin

à améliorer la sécurité de l’approvisionnement en minéraux critiques, à minimiser les effets des acteurs étatiques dans le secteur des minéraux critiques et à assurer la compétitivité des industries minières canadiennes et américaines [et] devrait contribuer à attirer des investissements dans les projets d’exploration et d’exploitation minière canadiens, et à stimuler la création d’emplois et la croissance économique après la pandémie.

Cette collaboration entre le Canada et les États-Unis pourrait également inclure, selon Roderick G. Eggert, de la Colorado School of Mines, des volets portant sur la formation de la main-d’œuvre, la recherche et la valorisation des résidus miniers.

Les retombées et les occasions de croissance

Une augmentation de la demande de minéraux critiques pourrait avoir un impact positif sur la croissance économique et les emplois dans le secteur canadien de l’exploitation minière et de la transformation des minéraux. En effet, il s’agit déjà d’un secteur important de l’économie canadienne[20]. Selon des données présentées par Lisa McDonald, directrice exécutive de l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs,

[l]’exploration et l’exploitation des minéraux sont un pilier de notre économie, le secteur employant plus de 700 000 Canadiens et contribuant plus de 100 milliards de dollars au PIB en 2020. Il s’agit de l’employeur industriel du secteur privé qui emploie le plus d’Autochtones, toutes proportions gardées, au Canada, et un partenaire clé des entreprises autochtones d’un océan à l’autre.

La Saskatchewan Mining Association a d’ailleurs informé le comité que les Autochtones représentaient 21 % de tous les employés des mines de la province et que le secteur minier était également « le plus grand client des entreprises autochtones en Saskatchewan, achetant annuellement plus de 650 millions de dollars en biens et services ».

Plusieurs témoins ont affirmé que le secteur minier canadien possède de nombreux avantages pour devenir un fournisseur important de minéraux critiques pour la fabrication de pointe, y compris celles utilisées dans le secteur de l’énergie et l’électrification des transports. Il s’agit notamment de l’abondance des ressources minérales sur son territoire, du potentiel de nouvelles découvertes, de l’expertise reconnue et de la main-d’œuvre qualifiée, de la sécurité des opérations minières, des technologies (automatisation et électrification), de la disponibilité d’énergie renouvelable et à faible émission de GES, d’un cadre de gouvernance efficace et rigoureux et d’un environnement géopolitique stable et prévisible[21].

Au Canada, selon Pierre Gratton, l’initiative « Vers le développement minier durable » de l’Association minière du Canada a stimulé des pratiques minières durables sur le plan environnemental, social et de gouvernance auprès des sociétés minières actives au Canada et favorisé « la confiance à l’égard du fait que l’exploitation minière canadienne est un chef de file mondial en matière de pratiques minières durables ». Des représentants de sociétés minières ont également déclaré au Comité que ces principes sont, ou seront, intégrés aux pratiques minières et que cela permettra aux sociétés opérant au Canada de se distinguer sur la scène mondiale[22].

Une participation significative des communautés et des gouvernements autochtones

« Nous sommes la population qui demeurera sur place même après la fermeture de la mine. Il est dans notre intérêt de voir non seulement les répercussions à court terme, mais aussi à long terme. »

Grand chef Abel Bosum

Les activités du secteur minier canadien, principalement dans les régions éloignées, ont des répercussions importantes sur les communautés qui habitent ces régions. C’est particulièrement le cas pour de nombreuses communautés autochtones à travers le pays. Plusieurs projets de minéraux critiques sont situés sur le territoire traditionnel de nations autochtones. Le grand chef Abel Bosum, du gouvernement de la Nation crie, a décrit les divers projets d’extraction de lithium en cours sur le territoire traditionnel. Il a mentionné que sa « région pourrait devenir la batterie du Nord », c’est-à-dire qu’elle pourrait fournir des minéraux qui jouent un rôle important dans la production de batteries.

La consultation des communautés et des gouvernements autochtones pouvant être affectés par un projet minier est un aspect fondamental du processus d’élaboration d’un projet et repose sur l’obligation des gouvernements au Canada de consulter et éventuellement d’accommoder les peuples autochtones si le projet est susceptible d’avoir des effets préjudiciables sur des droits ancestraux ou issus de traités, établis ou potentiels[23]. Samson Hartland, directeur général de la Yukon Chamber of Mines, a indiqué que cette consultation doit être « efficace et significative ». Selon Nigel Steward, chef du groupe technique (traitement) de Rio Tinto, « renforcer la confiance entre toutes les parties prenantes » est un élément qui facilite les projets, notamment par l’obtention de permis en temps opportun. Cette relation de confiance et de collaboration avec les communautés et les gouvernements autochtones est essentielle pour l’exploitation minière au Canada[24]. Par ailleurs, le grand chef Abel Bosum a résumé sa vision comme suit : « la pleine reconnaissance des droits des Autochtones n’est pas un obstacle au développement [… mais] la condition nécessaire pour réaliser un développement ordonné et durable ». Pour sa part, Ken S. Coates a rejeté certaines idées préconçues selon lesquelles le blâme pour les retards de certains projets miniers serait attribuable aux communautés autochtones.

Selon M. Coates, les retards sont plutôt occasionnés par le « fardeau réglementaire et le temps requis pour réaliser des projets de développement », qui entraînent également des coûts supplémentaires. Cet argument a été soutenu par d’autres témoins qui ont déclaré que les retards seraient plus susceptibles d’être causés par la complexité associée aux processus d’évaluation des projets dont les responsabilités peuvent être partagées par différents niveaux de gouvernement. Pierre Gratton a expliqué pour sa part que « [l]es délais nécessaires pour soumettre les mines aux procédures fédérales et provinciales présentent un risque réel pour notre capacité de saisir cette occasion ». Des témoins estiment que ces délais varient de trois à dix ans au Canada, et jusqu’à 15 ans dans certains cas, pour obtenir un permis[25].

Le grand chef Abel Bosum a expliqué que « la nation crie d’Eeyou Istchee a passé de nombreuses décennies à lutter avec la province et le gouvernement fédéral pour obtenir la reconnaissance de ses droits autochtones et de ses droits issus de traités ». Il a informé le Comité que la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, signée en 1975, est le traité qui a permis à la Nation « [d’]accroître peu à peu le rôle et la compétence de[s] collectivités sur [son] territoire traditionnel, tout en améliorant les conditions de vie de [son] peuple ». Tout projet de développement des ressources naturelles doit désormais être examiné dans le cadre du processus d’évaluation des répercussions sociales et environnementales prévu par le traité et doit être socialement acceptable pour la communauté. Les consultations doivent avoir lieu très tôt dans le processus, dès le stade de l’exploration, ce qui encourage un partage d’informations et de connaissances et contribue à instaurer la confiance entre les parties[26]. Une fois le projet accepté, en plus d’assurer une surveillance environnementale, les membres de la communauté peuvent obtenir des emplois, suivre des formations, participer aux octrois de contacts et obtenir des avantages financiers. La Grande Alliance, signée en 2020 entre la Nation crie et le gouvernement du Québec, vise à mettre en œuvre certaines exigences convenues dans le traité et à permettre un équilibre entre le développement et la protection du territoire traditionnel[27].

Au Canada, plusieurs ententes ont été signées entre des sociétés minières et des communautés et gouvernements autochtones sur les répercussions et les avantages des projets miniers, y compris le partage des revenus et la participation des communautés autochtones aux projets[28]. Bien qu’il reste de nombreux défis à relever pour assurer une participation accrue et significative des communautés autochtones, le développement durable et responsable des minéraux critiques pourrait représenter une occasion pour favoriser cette collaboration et assurer le partage des retombées[29]. Selon Donald S. Bubar, président-directeur général d’Avalon Advanced Materials Inc., « [l]es nouvelles chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques offrent une occasion en or d’obtenir la participation active des collectivités autochtones du Nord dans [leur] mise sur pied ». Dale Austin a renchéri qu’« il est important de reconnaître que les partenariats autochtones seront essentiels à l’essor du secteur des minéraux critiques au Canada ».

Les défis de l’industrie minière au Canada

L’industrie minière canadienne fait face à de nombreux défis économiques et environnementaux. Le contexte de la pandémie de COVID‑19 a également eu un impact sur l’ensemble du secteur, perturbant les opérations et la capacité de production, entraînant même la fermeture de certaines mines pour éviter la propagation du virus[30]. Les témoignages entendus dans le cadre de cette étude mettent en lumière la situation actuelle et les défis auxquels est confronté le secteur des minéraux critiques, du point de vue de l’exploration et de l’exploitation minière.

L’identification du potentiel en minéraux critiques

Plusieurs témoins ont souligné l’importance d’avoir une bonne compréhension de la disponibilité des minéraux critiques au Canada et de leur potentiel d’exploitation[31]. Les minéraux critiques sont souvent plus difficiles à découvrir, se trouvent dans des régions éloignées dont l’accès est limité et les gisements peuvent être de moindres envergures avec de petites concentrations[32]. Jovette Godbout, directrice administrative de l’Institut de recherche en mines et environnement, a fait remarquer que si le potentiel des minéraux critiques n’est pas encore développé au Canada, l’industrie n’a pas les moyens financiers de soutenir la recherche dans ce domaine.

Des programmes fédéraux dont le programme de géocartographie de l’énergie et des minéraux (GEM) et l’Initiative géoscientifique ciblée (IGC) fournissent déjà une base de connaissances géoscientifiques à l’industrie minière[33]. Cependant, Jeff Killeen, directeur des politiques et programmes à l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, a déclaré qu’il existe un réel besoin d’approfondir les travaux géoscientifiques, en assurant une plus grande collaboration avec les provinces afin de mieux identifier les endroits les plus prometteurs « pour le développement de l’infrastructure qui pourrait aider à regrouper certains de ces petits gisements et à créer le potentiel de production en amont qui fait peut-être défaut à l’heure actuelle ». D’autre part, les gouvernements auraient un rôle important à jouer selon Ken S. Coates en identifiant les « zones à éviter » où certains enjeux pourraient créer des conflits, comme les territoires de chasse ou des sites culturels.

Le manque d’infrastructures dans les régions éloignées et nordiques

L’exploration et l’exploitation minière au Canada procurent des avantages économiques et des emplois à de nombreuses communautés du pays, y compris dans les régions éloignées et nordiques[34]. Malgré des dépenses de 15 milliards de dollars par les entreprises d’exploration des minéraux au cours de la dernière décennie, Lisa McDonald a déclaré au Comité que « l’exploration minérale dans les trois territoires avait chuté de 50 % en 2020 par rapport à l’année précédente, alors que les dépenses en Ontario et au Québec ont augmenté pendant la même période ». Pourtant, comme l’a souligné Pierre Gratton, les minéraux des régions au sud du pays sont exploités depuis des décennies et le potentiel de trouver de nouveaux gisements « de calibre mondial » se trouve dans le Nord.

Certains témoins ont souligné que le manque d’infrastructures, notamment le réseau routier et autoroutier essentiel pour assurer le transport efficace vers ces ressources enclavées, et les délais liés à leur construction sont des facteurs qui limitent le développement de l’exploration minière dans les régions éloignées et nordiques[35]. Samson Hartland a fait état d’une initiative financée conjointement par les gouvernements fédéral et du Yukon et l’industrie qui a été mise en place il y a trois ans, le Projet d’accès aux ressources du Yukon. Ce projet visait à remédier au manque d’infrastructures pour accéder aux ressources, mais selon M. Hartland « très peu de fonds ont été dépensés » à ce jour. Le grand chef Abel Bosum a énoncé que pour résoudre ces défis, le gouvernement de la Nation crie « travaille […] de concert avec le gouvernement [du Québec] pour mettre en place un plan d’infrastructure de 30 ans ». Entre autres choses, ce plan à long terme offrirait une plus grande certitude pour le développement de projets de ressources naturelles.

Les risques liés à l’investissement

Malgré les perspectives de nouveaux débouchés, le secteur minier est également confronté à des défis économiques, dont plusieurs obstacles à l’investissement. Tout d’abord, la volatilité des prix des ressources, mais surtout la faiblesse persistante des prix, peut freiner les investissements dans de nouvelles mines[36]. Cela a pour effet de décourager l’investissement, car il n’y a aucun « prix d’incitation à l’origine d’une nouvelle offre sur le marché », selon Simon Moores. Nigel Steward a également déclaré qu’un facteur important pour Rio Tinto est de ne pas investir « dans les mines à moins de savoir qu’elles sont de longue durée et à faible coût [… car] la mine ne survivrait pas durant une chute des prix des matières premières ». Pour éviter d’être confrontée à cette volatilité des prix, Rio Tinto cherche plutôt à déterminer si les minéraux critiques se trouveraient dans les gisements existants et pourraient être extraits comme sous‑produits.

Le développement de nouveaux gisements nécessite des capitaux considérables et il peut y avoir un long délai entre la découverte d’un gisement viable et sa production commerciale, comme l’a souligné Juan Merlini, chef du marketing et ventes chez Vale Canada Limitée. La concurrence pour les capitaux avec les exploitations de minéraux critiques établies dans d’autres pays a également été citée comme un enjeu[37]. Pierre Gratton a dit pour sa part qu’« [a]u cours de la dernière décennie, nous avons constaté une diminution progressive de [la] part [du Canada] en pourcentage des dépenses de prospection minière ». Il a également fait remarquer que l’Australie, l’un des concurrents du Canada, « a accru son pouvoir d’attraction » notamment grâce à la mise en œuvre d’un programme de crédit d’impôt ciblant les petites entreprises d’exploration minière du pays[38]. Certains témoins ont expliqué que ce sont généralement de petites sociétés qui se lancent dans l’exploration de nouveaux gisements et que peu de projets voient le jour. Selon Lisa McDonald,

l’exploration minérale est un processus complexe dont les chances de succès sont faibles. Environ une concession minérale seulement sur 10 000 atteindra le stade de l’exploration avancée, et un projet au stade avancé seulement sur 1 000 deviendra une mine. Ce sont les petites sociétés d’exploration qui s’occupent principalement de ce travail à haut risque et à forte capitalisation et qui sont responsables de plus de 70 % des découvertes minérales au Canada. Les nouvelles découvertes sont toutefois en baisse au pays, l’exploration en surface ayant chuté d’environ 75 % au cours de la dernière décennie.

Sean Cleary, président-directeur général de Métaux BlackRock Inc., a également fait état du fait que les projets de minéraux critiques « n’intéressent pas beaucoup les marchés de capitaux [et] ils doivent être financés au privé et dans le cadre de partenariats public-privé ». Le Comité a entendu qu’un soutien gouvernemental accru serait nécessaire pour encourager les investissements dans l’exploitation des minéraux critiques[39]. Par exemple, la portée du crédit d’impôt pour exploration minière au Canada (le CIEM) et du régime des actions accréditives[40] pourrait être élargie ou revue pour tenir compte de la situation particulière des sociétés minières qui explorent de nouveaux gisements de minéraux critiques, d’autant plus qu’ils « peuvent être plus difficiles à découvrir, et ils peuvent être de moindre envergure », selon Jeff Killeen. Liz Lappin, présidente de Battery Metals Association of Canada, a souligné que des mesures incitatives ou des avantages fiscaux contribueraient à attirer des capitaux au Canada pour des projets canadiens, précisant que cela devrait être pour des projets qui auraient été « validés ».

Pour d’autres, il est préférable de commencer l’exploitation à plus petite échelle lorsqu’il s’agit de minéraux émergents[41]. Selon, Donald S. Bubar, « il est préférable de commencer à une échelle plus modeste et de s’assurer que le schéma des opérations fonctionne », puis d’augmenter progressivement la production.

Vers un développement durable et responsable

Plusieurs témoins ont indiqué que le secteur des minéraux critiques du Canada sera essentiel pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de GES fixé par le gouvernement du Canada pour 2030 et celui d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050[42]. Les objectifs de l’industrie minière canadienne sont conformes à ces cibles gouvernementales fédérales et à l’Accord de Paris[43].

Comme indiqué plus haut, le secteur des minéraux critiques joue un rôle important dans la fabrication de technologies de pointe qui permettent une transition vers une économie à faible émission de GES. Pour réaliser les avantages environnementaux de l’utilisation de ces technologies, telles que les panneaux solaires, les éoliennes ou les batteries pour le stockage d’énergie ou les véhicules électriques, il faut également tenir compte du bilan environnemental découlant du cycle de vie des mines et de la production des technologies, incluant les processus d’extraction des minéraux[44].

En effet, l’exploitation minière et le traitement des minéraux peuvent nécessiter d’importantes quantités d’eau et d’énergie, et certains résidus miniers toxiques peuvent être rejetés dans le sol et dans l’eau. Le Comité a appris qu’une plus grande utilisation d’énergie renouvelable et à faible émission de GES, l’électrification des véhicules utilisés dans les opérations et l’augmentation du recyclage et de la réutilisation de certains minéraux pourraient contribuer à améliorer la performance environnementale de l’industrie minière, en plus d’une meilleure gestion des ressources[45].

Un élément essentiel permettant d’assurer la durabilité du cycle de vie du secteur des minéraux critiques est le déclassement final et la remise en état des mines et des installations de traitement des minéraux. Il est important que les coûts de nettoyage de ces sites n’incombent pas aux Canadiens. Comme l’a dit Raphael J. Heffron devant le Comité, une pratique courante consiste à obliger les entreprises à se constituer une réserve financière, « de sorte que si elles font faillite, elles pourront quand même s’acquitter de leurs obligations de déclassement ».

Une utilisation accrue d’électricité renouvelable et à faible émission de GES

Le secteur minier peut réduire ses émissions de GES en augmentant son utilisation d’électricité renouvelable et à faible émission de GES. Certaines mines ont déjà accès à ce type d’électricité, notamment l’hydroélectricité et les énergies éolienne et solaire, disponibles dans de nombreuses régions du pays[46]. Cela permet à certaines productions minières d’avoir les plus faibles émissions de GES au monde, comme certaines mines de nickel en Ontario ou la production d’aluminium et ses sous-produits d’oxyde de scandium au Québec[47]. Cependant, l’industrie minière canadienne est principalement située dans des régions éloignées hors des réseaux électriques du pays[48]. Pierre Gratton a indiqué que

[p]our le moment, les mines isolées hors réseau dépendent presque exclusivement du combustible diesel pour l’alimentation et le fonctionnement des flottes de transport. Les options de remplacement du diesel étant très limitées et actuellement non rentables, le projet de règlement sur les combustibles propres et le prix du carbone prévu de 170 $ par tonne vont éroder la compétitivité et la longévité de ces exploitations.

Tout en étant favorable à la tarification du carbone, Pierre Graton a suggéré que cette mesure devrait être accompagnée d’un soutien gouvernemental, alors que son collègue Brendan Marshall, vice-président, Affaires économiques et du Nord, à l’Association minière du Canada, a précisé qu’il est important de « reconnaître qu’une solution unique ne peut pas être appliquée de la même manière à tous les niveaux ».

D’autres facteurs économiques, tels les coûts associés à certaines sources d’énergie à faible émission de GES pourraient également entraver cette transition énergétique. Selon Jeffrey B. Kucharski, « des mesures fiscales [pourraient être prises pour] réduire les coûts de l’énergie pour l’industrie, s’il s’avère que c’est un facteur important ou un obstacle au développement de l’industrie ». Néanmoins, des projets innovants émergent dans le pays comme l’utilisation par Métaux BlackRock de l’hydrogène dans sa production minière et métallurgique. Sean Cleary a expliqué que Métaux BlackRock « est un utilisateur commercial d’hydrogène et un pionnier en la matière. L’entreprise mise sur un procédé de conception unique à base d’hydrogène gris, qui permettra de le convertir en hydrogène vert dès sa commercialisation ».

L’électrification des opérations minières pourrait également contribuer à réduire les émissions de GES du secteur. Samantha Espley, présidente de l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole, a expliqué au Comité que son organisation a créé une directive pour l’exploitation minière mondiale qui encourage l’utilisation de véhicules électriques à batterie pour les opérations souterraines, dans le but de soutenir une exploitation minière « écologique » et une « économie verte ». Jamie Deith a toutefois déclaré que l’électrification des opérations de sa mine de graphite ne « pourra être complète [que] lorsque la technologie des véhicules de transport aura assez progressé ».

Une utilisation accrue des résidus miniers et du recyclage

L’industrie minière dispose de nouvelles méthodes d’extraction des minéraux critiques qui présentent un potentiel de développement et pourraient réduire l’impact des pratiques minières sur l’environnement. Outre la méthode d’extraction par la roche, les minéraux critiques peuvent être extraits d’autres façons, par exemple dans la saumure des champs pétrolifères, les déchets des sites miniers fermés ou les sous-produits existants actuellement considérés comme des résidus[49].

L’exploitation des déchets ou résidus, qui ne représentait auparavant aucune valeur, présente plusieurs avantages, car elle permet d’extraire toute la valeur ajoutée possible des gisements déjà exploités. Qualifiée « d’exploitation minière à valeur ajoutée » par Nigel Steward, l’utilisation de ces déchets représente désormais une valeur économique et peut réduire l’empreinte environnementale du secteur. Ian London a expliqué au Comité que la Chine est déjà active dans le domaine de l’extraction de sources secondaires alors que les éléments des terres rares extraits par ce pays « proviennent en fait de leurs gisements les plus importants et les plus riches [et …] sont un produit dérivé de l’extraction du minerai de fer ».

Au Canada, ces méthodes d’extraction pourraient également représenter des possibilités économiques et environnementales. Selon Donald S. Bubar, « il est maintenant possible de revenir sur un grand nombre de ces sites pour créer un nouveau plan qui viserait à traiter à nouveau les résidus qui contiennent des minéraux critiques et à assainir complètement le passif environnemental à long terme du même coup ». Toutefois, il reste plusieurs défis à relever pour soutenir ces méthodes d’exploitation minière : l’accès aux sites miniers fermés, la gestion du passif environnemental d’une mine et les exigences de garantie financière pour les sociétés, ainsi que les nouvelles technologies minières qui réduisent désormais la production de déchets[50].

Pour sa part, Jeff Labonté a souligné les possibilités qui s’offrent au secteur minier pour développer une « économie circulaire », qui inclurait notamment l’utilisation des résidus miniers et le recyclage des minéraux. M. Labonté a informé le Comité que le ministère des Ressources naturelles du Canada travaille avec ses homologues provinciaux et territoriaux pour déterminer « où cette valeur peut être extraite des activités de recyclage » et qu’il existe des programmes de recherche pour tirer parti de la valeur en minéraux critiques de certains déchets miniers actuellement rejetés par les exploitations minières. Selon Nigel Steward, il est très important de considérer le cycle de vie d’une mine lorsque l’on considère un permis d’exploitation; l’impact environnemental doit être considéré d’une « manière holistique ».

De l’exploitation des minéraux critiques à la transformation à valeur ajoutée

En plus de développer sa capacité nationale de production de minéraux critiques et ses chaînes d’approvisionnement, le Comité a entendu que le Canada pourrait également transformer les minéraux critiques en produits à valeur ajoutée et ainsi développer ses propres chaînes de valeur. Cela créerait de la richesse au Canada grâce à la création d’entreprises canadiennes de transformation secondaire (ou intermédiaire) et tertiaire, au développement d’une expertise nationale en matière de transformation des minéraux critiques et de fabrication de pointe, à la création d’emplois qualifiés et bien rémunérés, ainsi qu’à la réduction de la dépendance de l’approvisionnement en produits à valeur ajoutée et en technologies de pointe produites à l’étranger[51].

Plusieurs chaînes de valeur peuvent être développées à partir des minéraux critiques : certaines technologies de production d’énergie à faible émission de GES (telles que les éoliennes, les panneaux solaires photovoltaïques et l’énergie nucléaire), les batteries et les puces électroniques pour les véhicules électriques, les batteries pour le stockage de l’énergie, et l’utilisation des minéraux critiques dans de nombreux autres secteurs de pointe tels la médecine, l’électronique, l’aérospatiale et la défense.

De la mine à la mobilité : La fabrication de batteries

La chaîne de valeur nécessaire à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques a été citée par plusieurs témoins comme un moyen de décarboner l’économie canadienne et mondiale par l’électrification des transports[52]. Cette chaîne pourrait devenir importante pour le Canada, qui possède tous les minéraux nécessaires à la fabrication de ces batteries[53]. Cependant, certaines des étapes de cette chaîne de valeur ne sont pas actuellement en place au Canada.

Plusieurs témoins ont fait référence au concept « de la mine à la mobilité » ou « de la mine au transport » pour décrire tous les segments de la chaîne de valeur associés à la fabrication de batteries[54]. Comme l’illustre la figure 3, la chaîne de valeur est compartimentée en fonction des nombreuses étapes nécessaires pour leur fabrication, avec certaines variations.

Figure 3 – La chaîne de valeur associée à la fabrication de batteries

Cette figure présente un aperçu des principales étapes de la chaîne de valeur associée à la fabrication de batteries : l’exploration, l’extraction, la transformation intermédiaire, la fabrication de pointe et le recyclage.

Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement

Cette série d’activités doit être réalisée par différents secteurs d’expertise afin de fournir au marché un produit à valeur ajoutée, tel que les batteries pour les véhicules électriques[55]. Cela comprend l’exploration des minéraux, leur extraction et leur traitement (comme la fusion et le raffinage[56]), leur transformation en produits pouvant servir à la fabrication de batteries (produits chimiques, anode, cathode), l’assemblage des composantes de la batterie jusqu’à la fabrication d’un produit fini[57]. Bien qu’encore à un stade de développement, le recyclage des minéraux utilisés dans la fabrication des batteries permettrait de compléter le cycle de vie de la batterie et de mettre en place dans ce secteur une « économie circulaire »[58]. Selon plusieurs témoins, le développement d’une telle chaîne de valeur pourrait représenter de nombreuses occasions d’affaires pour les entreprises canadiennes, contribuer à la sécurité économique et nationale du Canada, et favoriser l’adoption de technologies permettant de réduire les émissions de GES[59].

Dans certaines régions du monde, la capacité du secteur de la fabrication de batteries augmente rapidement. Simon Moores a indiqué au Comité que plusieurs « méga-usines » ou « giga-usines » de fabrication de batteries se sont construites en Chine et en Europe ces dernières années, favorisant une production à grande échelle et à moindre coût. M. Moores a également souligné que plusieurs pays investissent considérablement dans leurs chaînes de production de batteries et que la Chine devrait contrôler près de 67 % de la capacité mondiale de batteries d’ici 2030, contre 18 % pour l’Union européenne et 12 % pour l’Amérique du Nord. L’Union européenne a d’ailleurs lancé une stratégie en matière de batteries et annoncé un investissement de 3 milliards d’euros pour soutenir la recherche et l’innovation dans le domaine des batteries pour véhicules électriques à toutes les étapes de la chaîne de valeur[60].

Les batteries et les véhicules électriques représenteront un marché mondial très important dans les prochaines années et décennies[61]. À ce sujet, Nancy Concepcion, directrice exécutive et responsable du marketing mondial des produits chez Vale Canada Limitée, a déclaré que

l’industrie des véhicules électriques a clairement franchi le point de non-retour pour l’industrie automobile. Plus de 300 milliards de dollars ont été investis dans la production de modèles de véhicules électriques et les producteurs de batteries ont versé environ 130 milliards de dollars en investissements […].

Certains témoins ont signalé que si le Canada devenait une source d’approvisionnement importante et prévisible en minéraux critiques, cela aurait pour effet d’attirer au pays les entreprises qui transforment ces minéraux et fabriquent diverses technologies[62]. D’autres ont souligné que pour créer l’écosystème qui permettrait d’accroître la fabrication de ces technologies, il était essentiel de stimuler d’abord la demande pour ces produits au Canada[63].

Une occasion à saisir pour le Canada malgré les défis actuels

« Nous avons les matières premières nécessaires. Nous ne devrions pas les vendre pour les racheter ensuite sous forme de produits transformés. »

Ian London

Le Comité a entendu que de nombreux avantages pourraient être tirés du développement de chaînes de valeur associées aux minéraux critiques au Canada, mais que pour ce faire, certains défis devront être relevés. Les témoignages entendus dans le cadre de cette étude mettent en lumière certaines lacunes dans l’écosystème industriel actuel pour le développement d’une industrie de la valorisation des minéraux critiques au Canada.

Un maillon faible de la chaîne de valeur : La transformation intermédiaire

Entre l’exploitation minière et la fabrication d’une technologie, il existe des processus de transformation qui affinent le minerai et fabriquent des produits à valeur ajoutée qui seront utiles dans la fabrication de pointe. Cette valorisation peut inclure le traitement des minéraux par la fusion et le raffinage, la transformation des minéraux raffinés en produits chimiques et en intrants, tels que des cathodes, des anodes ou des oxydes, utilisés dans les technologies de pointe, comme pour les batteries des véhicules électriques (voir la figure 3)[64].

Cette transformation dite « intermédiaire » (aussi appelée transformation secondaire ou en aval) a été identifiée par plusieurs témoins comme l’un des éléments clés des chaînes de valeur associées aux minéraux critiques qui n’est pas développé au Canada[65]. Jamie Deith a souligné que dans le secteur du graphite, « pour l’instant, il ne se fait pas de transformation au Canada; il n’y a pas de transformateurs auxquels nous pouvons vendre la matière pour qu’ils y ajoutent de la valeur ». De plus, comme l’a rapporté Karim Zaghib, conseiller stratégique chez Investissement Québec, la machinerie nécessaire à cette transformation n’est pas fabriquée au Canada et doit plutôt être achetée dans d’autres pays, dont la Chine ou le Japon.

Pour remédier à cette situation, plusieurs témoins ont indiqué que la priorité devrait être accordée au développement de cet écosystème de valorisation des minéraux critiques et à la fabrication de la machinerie nécessaire à ces processus, deux éléments qui manquent actuellement pour effectuer la transformation au pays[66]. Cette transformation ne fait pas seulement défaut pour les minéraux critiques dits émergents. Nigel Steward a donné l’exemple du secteur de l’aluminium où la capacité de production pour les produits à haute valeur ajoutée n’est pas développée au Canada parce que celle-ci doit se faire près des clients, qui sont principalement aux États-Unis. Certains témoins ont suggéré que les gouvernements ont un rôle à jouer en soutenant les initiatives qui encouragent le développement d’installations de transformation des minéraux critiques au Canada, considérant qu’elles exigent beaucoup de capitaux, ce qui décourage certains acteurs de l’industrie d’investir au Canada[67].

Les différentes étapes du secteur des chaînes de valeur sont toutefois bien développées en Europe et en Asie; plusieurs pays seraient en avance sur le plan de la valorisation des minéraux critiques[68]. Cela est vrai malgré le fait que certains d’entre eux ne disposent pas ou peu de ressources primaires sur leur territoire[69]. Ce n’est pas le cas de la Chine qui dispose des ressources, dont certaines en quantités importantes, et domine également le secteur de la transformation à toutes les étapes des chaînes de valeur[70]. Selon les données de Bloomberg New Energy Finance présentées par Daniel Breton, « la Chine contrôle actuellement 80 % du raffinage » des matériaux nécessaires à la production de véhicules électriques, de pièces électroniques, de véhicules à essence, d’équipement militaire et « 77 % de la capacité mondiale de fabrication d’éléments de batteries ». Ce contrôle passe à 96 % en Asie si l’on inclut la capacité de production de batteries de la Corée du Sud et du Japon. À titre d’exemple, Jamie Deith a mentionné l’exemple du

graphite naturel pour les batteries au lithium-on [où] la totalité de la transformation intermédiaire se faisait et se fait toujours en Chine. Ce positionnement est intentionnel [car] la Chine investit dans les véhicules électriques depuis 2009, au moins, et cherche ouvertement à dominer le secteur à l’échelle mondiale.

Les éléments des terres rares sont un autre exemple du contrôle du marché par la Chine, avec 75 à 80 % du traitement des oxydes de terres rares selon Robert Fung. Dans la même veine, Ian London a rappelé que la Chine a développé un écosystème complet pour la transformation de ce minerai depuis l’extraction de la ressource primaire, en passant par la fabrication d’aimants et jusqu’à la fabrication de produits commercialisés utilisant des moteurs électriques (réfrigérateurs, moteurs de voitures, ou encore des machines à laver) qui sont achetés par les consommateurs canadiens. Simon Moores a toutefois précisé que

[c]ontrairement à ce qu’on pourrait croire, seulement 23 % des matières premières des batteries sont extraites en Chine. Toutefois, 80 % des produits chimiques pour batteries y sont raffinés. L’énorme capacité du secteur intermédiaire de Chine garantit que ces matières premières essentielles y sont acheminées pour y être valorisées, ce qui entraîne aussi la création de milliers de milliards de dollars de valeur dans les industries en aval.

Malgré une avance de certains pays dans ce secteur, le Canada dispose également de plusieurs avantages pour développer des chaînes de valeur nationales. Tout d’abord, le pays dispose d’importantes réserves de minéraux critiques et d’un approvisionnement considérable en électricité renouvelable et à faible émission de GES[71]. Citant l’exemple du secteur de l’aluminium, Robert Fung a mentionné que les procédés de transformation de certains minéraux critiques en produits à valeur ajoutée, comme les éléments de terres rares, peuvent également être énergivores. Une énergie à faible émission de GES et à faible coût, comme l’hydroélectricité, est un atout pour développer cette industrie[72]. D’ailleurs, le projet des éléments des terres rares de Métaux Torngat au Québec mise sur une extraction « durable » sur le plan environnemental en utilisant autant que possible l’énergie éolienne[73]. Enfin, un autre avantage du développement des diverses activités des chaînes de valeur au Canada est la proximité des ressources primaires et les avantages logistiques qui en découlent[74].

Des pistes de solutions pour développer des chaînes de valeur au Canada

Malgré les lacunes du Canada, notamment en ce qui concerne la transformation intermédiaire des minéraux critiques et les capacités de production des technologies de pointe utilisant les minéraux critiques, il existe encore une occasion à saisir pour le Canada de développer une industrie des minéraux critiques et de transformation à valeur ajoutée[75]. Sarah Houde, présidente-directrice générale de Propulsion Québec, a qualifié cette occasion de

chance unique de rebâtir notre économie sur de nouvelles bases porteuses pour l’avenir en y intégrant les meilleures pratiques en matière de responsabilité environnementale et sociale, en matière de circularité, notamment en ce qui concerne le recyclage de ces batteries et la mise en valeur des résidus industriels, ainsi qu’en matière de transparence, par exemple, en intégrant la traçabilité des chaînes d’approvisionnement des batteries.

Plusieurs témoins ont fait les suggestions suivantes pour maximiser le potentiel du Canada dans les différents secteurs utilisant les minéraux critiques.

Élaborer une stratégie pour la valorisation des minéraux critiques au Canada

Pour maximiser le potentiel de l’industrie des minéraux critiques au Canada, plusieurs témoins ont suggéré d’identifier les éléments clés qui seraient nécessaires à son développement. Il pourrait s’agir de mettre en place une chaîne d’approvisionnement viable et intégrée; de créer une économie circulaire; d’avoir des capacités de traçabilité quant à la provenance et aux émissions de GES; de développer de la capacité et de l’expertise; d’appliquer le cadre réglementaire nécessaire pour assurer une gestion durable et efficace des ressources d’un point de vue économique, environnemental et social; et de se doter de politiques et programmes gouvernementaux qui soutiendraient l’industrie[76].

Certains témoins ont indiqué qu’une stratégie canadienne sur les minéraux critiques pourrait énoncer les possibilités et définir les besoins de cette industrie pour développer son potentiel[77]. D’ailleurs, certains acteurs du secteur se mobilisent déjà pour déterminer la voie à suivre au Canada. Par exemple, Ian London a mentionné que le Conseil sur la stratégie industrielle « a récemment publié un rapport et a créé un plan de mise en œuvre, c’est-à-dire une feuille de route qui explique comment le Canada peut favoriser le développement de chaînes de valeur de matériaux essentiels ».

Des mesures pour faciliter et attirer les investissements devront également être considérées pour assurer la réussite d’une stratégie coordonnée et intégrée. Le Canada pourrait s’inspirer d’initiatives mises de l’avant dans d’autres régions du monde qui sont en avance dans ce domaine, comme l’a fait l’Australie avec sa stratégie sur les minéraux critiques[78] et la mise sur pied d’un bureau gouvernemental spécialisé pour s’occuper des minéraux critiques et faciliter l’obtention de fonds par les entreprises australiennes du secteur[79]. Robert Fung a expliqué au Comité que : « [t]oute petite entreprise australienne peut s’adresser à ce bureau gouvernemental, qui l’aidera à obtenir des fonds ». Il a ajouté : « [l]es Australiens, qui sont en concurrence avec le Canada, ont très rapidement mis en place leur chaîne d’approvisionnement. »

Il conviendrait également d’encourager la collaboration et les partenariats entre les différents acteurs du secteur qui pourraient stimuler l’innovation et l’investissement. Il s’agit notamment des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, des communautés et des gouvernements autochtones, des universitaires, des institutions de recherche, des fabricants de produits à valeur ajoutée et de technologies ainsi que leurs clients[80]. Certains témoins ont même évoqué la mise en place d’une « alliance pancanadienne » qui permettrait d’exploiter les avantages de chaque région du pays; d’ailleurs certaines intégrations existent déjà et pourraient être mises à profit, notamment dans le secteur automobile[81].

Une « approche continentale » avec les États-Unis serait également nécessaire pour pouvoir concurrencer d’autres régions bien établies dans ce secteur, à savoir l’Asie et l’Europe[82]. Les bases de ce cadre collaboratif sont déjà en place avec l’établissement de la Feuille de route pour un partenariat renouvelé États-Unis–Canada, dans laquelle les dirigeants se sont engagés à travailler ensemble

afin d’instaurer les chaînes d’approvisionnement qui feront du Canada et des États-Unis des chefs de file mondiaux dans tous les aspects du développement et de la fabrication de batteries. À cette fin, ils ont convenu de revitaliser le Plan d’action Canada–États-Unis dans le domaine des minéraux critiques en vue de favoriser une transformation industrielle carboneutre, le développement de batteries pour véhicules sans émission et l’entreposage d’énergie renouvelable.

Roderick G. Eggert a suggéré que cette collaboration entre le Canada et les États-Unis pourrait inclure les éléments suivants :

Des échanges de renseignements, des analyses stratégiques générales et prospectives liées aux matières premières, des programmes de coopération entre universités et des échanges d’étudiants et de professeurs [… ainsi que] des partenariats entre gouvernements pour évaluer les ressources primaires non conventionnelles, le potentiel de récupération de minéraux précieux à partir de flux de déchets traités provenant d’une ancienne mine ou d’une mine actuelle, et la possibilité de rendre circulaire les cycles de vie des matériaux.

Soutenir le développement de la transformation intermédiaire au Canada

Identifié comme le maillon faible de la chaîne de valeur des minéraux critiques au Canada, il serait opportun de se concentrer sur le développement du secteur de la transformation intermédiaire. Selon Simon Moores, ce secteur se situant entre les mines et la fabrication de pointe offre les « gains de valeurs les plus importants ». Il donne l’exemple de la batterie au lithium-ion, qui représente 25 % du coût d’un véhicule électrique, mais dont 80 % du coût d’une batterie est associé aux minéraux et produits chimiques qui entrent dans sa fabrication[83].

Afin de développer la transformation intermédiaire, plusieurs témoins ont suggéré que des mesures incitatives soient mises en place par les gouvernements[84]. Par exemple, cela permettrait, selon Samantha Espley, de soutenir la recherche et le développement de nouvelles technologies et trouver des méthodes de transformation innovatrices, comme des technologies modulaires qui pourraient être utilisées par plusieurs entreprises. Certains pays ou régions ont déjà mis en place certains plans de soutien à leur industrie, comme c’est le cas de l’Union européenne avec sa stratégie et son investissement de trois milliards d’euros pour établir une chaîne de valeur des batteries dans les pays membres, ou de l’Australie dont le secteur des minéraux critiques a accès à son fonds manufacturier moderne (« Modern Manufacturing Initiative ») de 1,3 milliard de dollars australiens dont l’objectif est d’aider les fabricants australiens à passer à une production à l’échelle et de commercialiser leurs produits[85]. Robert Fung a expliqué qu’en Australie, le secteur de la fabrication dans le domaine des minéraux critiques a accès à ce fond, et il a laissé entendre que le Canada devrait adopter une approche similaire.

La création d’installations de démonstration serait également nécessaire pour développer l’industrie de transformation à valeur ajoutée des minéraux critiques. Comme l’a souligné Donald S. Bubar,

c’est l’une des principales raisons pour lesquelles ces chaînes d’approvisionnement n’ont pas encore été créées au Canada. Il nous manque les installations de transformation en aval permettant, d’abord et avant tout, de réaliser les projets pilotes nécessaires à l’établissement d’un schéma de production efficace en fonction des besoins du marché. Dans la plupart des cas, vous devez être capables de produire un certain nombre d’échantillons que vous soumettez à vos clients qui déterminent s’ils satisfont à leurs exigences.

Un projet d’installation de démonstration a été mis de l’avant par le conseil de recherche de la Saskatchewan, mais M. Bubar estime que « le gouvernement fédéral a encore un rôle à jouer en permettant l’établissement d’un plus grand nombre de ces installations d’essai auxquelles les aspirants producteurs auront accès pour mettre leurs processus à l’épreuve ».

D’autre part, le développement d’une nouvelle industrie au Canada permettrait d’établir de nouvelles bases qui tiendraient compte des facteurs économiques, sociaux et environnementaux[86]. En ce sens, Dan Blondal, directeur général de Nano One Materials Corp., a mentionné que le fait que le Canada n’ait pas d’industrie de transformation des minéraux critiques représente une occasion de développer des chaînes de valeur qui n’utilisent pas des « procédés dépassés » ayant un impact environnemental important, mais plutôt de « privilégier une meilleure technologie et d’établir une chaîne de valeur modèle ».

Privilégier les filières industrielles qui permettent de décarboner l’économie

Pour stimuler la demande et l’offre de technologies de pointe au Canada, notamment celles qui produisent de l’énergie à faible émission de GES, il serait nécessaire de soutenir des stratégies visant à « décarboner l’économie »[87]. Christian Brosseau, vice‑président, Investissements (Capital structurant, énergie et environnement) au Fonds de solidarité des travailleurs du Québec, a souligné qu’en plus des technologies qui permettent l’électrification des véhicules légers, une telle stratégie devrait également inclure le transport lourd et les processus industriels qui sont « de grands consommateurs et émetteurs de GES ». Une telle stratégie pourrait encourager des projets comme celui mentionné par Sarah Houde d’un prototype d’un camion 100 % électrique qui sera testé l’année prochaine sur le site minier de Nouveau Monde Graphite. Selon elle, c’est un exemple intéressant, car il s’agit « d’un camion 100 % canadien, fabriqué localement, développé localement avec le savoir-faire du Québec, qui sera testé ici et qui pourrait ensuite être exporté dans le monde entier ».

Une telle stratégie d’électrification aurait également plusieurs avantages sur le plan environnemental, social et économique. Cela permettrait d’accroître l’énergie à faible émission de GES produite localement, de réduire les émissions de GES provenant d’autres sources d’énergie et de diminuer la pollution ayant un impact sur la santé humaine[88]. En ce qui concerne les avantages économiques et les emplois, Daniel Breton, président et directeur général, Mobilité électrique Canada, a cité une analyse réalisée par son organisation en 2020 selon laquelle

une stratégie canadienne d’électrification des transports inspirée de celles de la Colombie-Britannique, du Québec ou de la Californie pourrait générer jusqu’à 200 milliards de dollars de revenus entre 2021 et 2030, et créer des dizaines de milliers de nouveaux emplois.

Par ailleurs, certains témoins ont soulevé des défis que l’industrie risque de rencontrer durant la mise en place de cette chaîne de valeur au Canada. D’une part, le secteur minier canadien pourrait ne pas être en mesure d’avoir un approvisionnement suffisant en minéraux et en intrants nécessaires à la production de technologies de pointe, comme les batteries et l’infrastructure de recharge[89]. Dans ces circonstances, l’industrie automobile pourrait devoir se tourner vers des sources d’approvisionnement extérieures pour répondre à ses besoins[90]. Pour faire face à ce défi, Roderick Eggert a suggéré d’« établir des partenariats publics-privés pour encourager et accélérer le déploiement de technologies et l’activité commerciale dans une chaîne d’approvisionnement particulière qui est plus étroitement définie ».

L’électrification des transports pourrait également entraîner une demande supplémentaire en électricité dans tout le pays. Cependant, certains témoins estiment que cela ne devrait pas entraver l’introduction d’un plus grand nombre de véhicules électriques ni l’approvisionnement et le coût de l’électricité[91]. De plus, de nouvelles opportunités pourraient s’ouvrir grâce aux véhicules électriques, notamment par le stockage d’énergie provenant de ces véhicules, qui pourrait être utile pour répondre à la demande durant les heures de pointe[92]. Karim Zaghib a noté que cette transition vers l’électrification des transports devrait se faire de façon à ne pas « bousculer » les consommateurs.

Développer une expertise et former une main-d’œuvre qualifiée

Ces chaînes de valeur associées aux minéraux critiques nécessiteront de nouvelles expertises et des programmes de formation[93]. Selon Jovette Godbout, le développement d’une industrie des minéraux critiques et stratégiques au Canada va augmenter les besoins en formation à toutes les étapes de la chaîne de valeurs :

Il va certainement y avoir un plus grand besoin de formation pour ces gens qui vont travailler dans notre industrie et nous aider à développer le domaine, particulièrement en ce qui a trait aux technologies et aux processus propres permettant de faire l’extraction, le traitement, la transformation et le recyclage de ces substances de façon verte.

Pour Simon Moores, « il importe surtout de se donner une capacité concrète dans les secteurs intermédiaires de la chaîne d’approvisionnement pour servir de base à l’apport de nouvelles expertises ». Il pourrait également être possible d’utiliser l’expertise d’autres industries possédant des compétences similaires[94]. À cet égard, Daniel Breton a mentionné que les travailleurs dans les usines d’assemblage de Ford, Chrysler et GM au Canada « vont se réoutiller et se recycler pour pouvoir commencer à assembler des véhicules électriques ». L’électrification des transports présentera une nouvelle gamme d’emplois dans de nombreux secteurs comme la recherche, l’extraction minière, la vente, l’entretien et les infrastructures et le recyclage des matériaux[95]. Roderick G. Eggert estime que la formation pourrait se concentrer « sur les intrants importants des activités commerciales ». Selon Daniel Breton, l’appui du gouvernement serait nécessaire pour soutenir les travailleurs qui souhaitent s’orienter vers ces nouveaux secteurs. Enfin, certains témoins ont également souligné des efforts déployés pour encourager une plus grande diversité de la main-d’œuvre, notamment le nombre de femmes et de personnes issues de la diversité dans les sociétés minières, en leur offrant une formation technique et en augmentant leur représentation dans les conseils d’administration[96].

Conclusion

À la lumière des témoignages entendus durant cette étude, le Comité estime que le Canada possède bon nombre des atouts nécessaires pour développer une industrie des minéraux critiques concurrentielle à l’échelle mondiale. La demande mondiale croissante pour les technologies de pointe offre au Canada l’occasion de devenir un fournisseur de choix de minéraux essentiels à la transition énergétique et les technologies modernes et de développer son industrie de la transformation à valeur ajoutée.

Pour ce faire, le Canada devra combler les retards dans le développement d’une chaîne d’approvisionnement et des chaînes de valeur associées aux minéraux critiques par rapport à d’autres pays. Un certain nombre de défis devront être relevés, notamment pour identifier le potentiel minéral du Canada, attirer les investissements nécessaires au développement d’un secteur canadien des minéraux critiques, développer les infrastructures requises pour soutenir l’industrie, réduire l’empreinte environnementale des procédés miniers et de transformation, mettre en place un secteur de la transformation à valeur ajoutée des minéraux critiques, et développer l’expertise et former une main-d’œuvre qualifiée.

Enfin, il est essentiel de mettre l’accent sur la collaboration et les partenariats entre les divers intervenants du secteur des minéraux critiques pour assurer une intégration réussie des chaînes de valeur. En particulier, il est important d’assurer une participation significative des communautés autochtones – un élément clé du succès de l’industrie des minéraux critiques au Canada.


[1]              Selon l’Agence internationale de l’énergie [disponible en anglais seulement], les sources d’énergie à faibles émissions sont notamment l’énergie solaire, l’énergie éolienne, la biomasse dans son usage traditionnel, la bioénergie moderne, l’énergie hydraulique, les autres énergies renouvelables ainsi que l’énergie nucléaire, et peuvent également inclure le gaz naturel, le pétrole et le charbon, à condition que les installations soient équipées de technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone.

[2]              Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des Communes [RNNR], Témoignages, 2e session, 43e législature [Témoignages] : Ian London (directeur exécutif, Canadian Critical Minerals and Materials Alliance) et Karim Zaghib (conseiller stratégique, Investissement Québec).

[3]              RNNR, Témoignages : London (Canadian Critical Minerals and Materials Alliance).

[4]              RNNR, Témoignages : Dale Austin (chef, Relations gouvernementales, Cameco Corporation).

[5]              Au Canada, les provinces sont responsables de légiférer en matière de ressources naturelles non renouvelables, dont les ressources minières. Certaines exceptions s’appliquent aux mines d’uranium, qui sont soumises à la fois aux lois minières provinciales d’application générale et à des exigences réglementaires fédérales. Les activités minières des sociétés d’État fédérales, sur les terres fédérales et dans les zones extracôtières sont aussi de ressort fédéral. Le gouvernement fédéral peut néanmoins soutenir l’industrie minière de plusieurs façons, incluant la recherche et le développement, la formation de la main‑d’œuvre, les aspects internationaux et interprovinciaux de la gestion des ressources minières et certaines questions environnementales.

[6]              RNNR, Témoignages : Austin (Cameco Corporation); Robert Fung (président, Métaux Torngat Ltée); Raphael J. Heffron (professeur, Droit de l’énergie mondiale et durabilité, titulaire de la Chaire Jean Monnet sur la transition juste, à titre personnel); Jeffrey B. Kucharski (professeur, Royal Roads University, à titre personnel); London (Canadian Critical Minerals and Materials Alliance); Nigel Steward (chef, Groupe technique – traitement, Rio Tinto) et Zaghib (Investissement Québec).

[7]              RNNR, Témoignages : Jeff Labonté (sous-ministre adjoint, Secteur des terres et des minéraux, ministère des Ressources naturelles [RNCan]).

[8]              RNNR, Témoignages : Simon Moores (directeur général, Benchmark Mineral Intelligence).

[9]              RNNR, Témoignages : Labonté (RNCan) et Zaghib (Investissement Québec).

[10]            RNNR, Témoignages : Zaghib (Investissement Québec).

[11]            RNNR, Témoignages : Le grand chef Abel Bosum (gouvernement de la Nation crie); Donald S. Bubar (président-directeur général, Avalon Advanced Materials Inc.) et Liz Lappin (présidente, Battery Metals Association of Canada).

[12]            RNNR, Témoignages : Fung (Métaux Torngat Ltée).

[13]            RNNR, Témoignages : Austin (Cameco Corporation); Ilan Bahar (directeur général et cochef, Mines et métaux mondiaux, BMO Marchés des capitaux); Bosum (gouvernement de la Nation crie); Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.); Fung (Métaux Torngat Ltée); Labonté (RNCan); London (Canadian Critical Minerals and Materials Alliance); Juan Merlini (chef, Marketing et ventes, Vale Canada Limitée); Steward (Rio Tinto) et Zaghib (Investissement Québec).

[14]            RNNR, Témoignages : Nancy Concepcion (directrice exécutive, responsable du marketing mondial des produits, Vale Canada Limitée); Moores (Benchmark Mineral Intelligence) et Steward (Rio Tinto).

[15]            RNNR, Témoignages : Ken S. Coates (École d’études supérieures en politique publique Johnson-Shoyama, University of Saskatchewan, à titre personnel) et Pierre Gratton (président et chef de la direction, Association minière du Canada).

[16]            RNNR, Témoignages : Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.); Deith (Eagle Graphite Corporation) et Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[17]            RNNR, Témoignages : Gratton (Association minière du Canada); London (Canadian Critical Minerals and Materials Alliance) et Zaghib (Investissement Québec).

[18]            RNNR, Témoignages : Coates (à titre personnel) et Deith (Eagle Graphite Corporation).

[19]            RNNR, Témoignages : Austin (Cameco Corporation); Roderick G. Eggert (professeur, Colorado School of Mines, à titre personnel) et Zaghib (Investissement Québec).

[20]            RNNR, Témoignages : Austin (Cameco Corporation); Bahar (BMO Marchés des capitaux); Lisa McDonald (directrice exécutive, Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs) et Ressources naturelles Canada, 10 faits clés sur le secteur des minéraux au Canada, 2020.

[21]            RNNR, Témoignages : Bahar (BMO Marchés des capitaux); Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.); Gratton (Association minière du Canada); Samson Hartland (directeur général, Yukon Chamber of Mines); Sarah Houde (présidente-directrice générale, Propulsion Québec); Labonté (RNCan); Lappin (Battery Metals Association of Canada); McDonald (Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs); Moores (Benchmark Mineral Intelligence) et Steward (Rio Tinto).

[22]            RNNR, Témoignages : Gratton (Association minière du Canada); Merlini (Vale Canada Limitée) et Steward (Rio Tinto).

[23]            RNNR, Témoignages : Coates (à titre personnel).

[24]            RNNR, Témoignages : Austin (Cameco Corporation).

[25]            RNNR, Témoignages : Coates (à titre personnel); Jamie Deith (directeur général, Eagle Graphite Corporation); Gratton (Association minière du Canada) et Hartland (Yukon Chamber of Mines).

[26]            RNNR, Témoignages : Le grand chef Abel Bosum (gouvernement de la Nation crie).

[27]            RNNR, Témoignages : Bosum (gouvernement de la Nation crie).

[28]            RNNR, Témoignages : Sean Cleary (président-directeur général, Métaux BlackRock Inc.) et Coates (à titre personnel).

[29]            RNNR, Témoignages : Cleary (Métaux BlackRock Inc.).

[30]            RNNR, Témoignages : Austin (Cameco Corporation).

[31]            RNNR, Témoignages : Labonté (RNCan).

[32]            RNNR, Témoignages : Jeff Killeen (directeur, Politiques et programmes, Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs) et Steward (Rio Tinto).

[33]            RNNR, Témoignages : Killeen (Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs).

[34]            RNNR, Témoignages : McDonald (Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs).

[35]            RNNR, Témoignages : Coates (à titre personnel); Gratton (Association minière du Canada); Hartland (Yukon Chamber of Mines) et McDonald (Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs).

[36]            RNNR, Témoignages : Gratton (Association minière du Canada) et Lappin (Battery Metals Association of Canada).

[37]            RNNR, Témoignages : Gratton (Association minière du Canada) et Lappin (Battery Metals Association of Canada).

[38]            Le Junior Minerals Exploration Incentive (JMEI) « favorise les investissements dans les petites sociétés d’exploration minière qui font de l’exploration minérale sur de nouveaux sites en Australie. Le programme permet à ces sociétés de convertir une partie de leurs pertes fiscales en crédits pouvant être transférés à ceux qui investissent dans des actions nouvellement émises, sous forme de crédits d’impôt ou de compensation fiscale remboursable. Il s’agit d’un incitatif permettant d’attirer de nouveaux investissements » [traduction]. Environ 100 millions de dollars australiens ont été consacrés à cette initiative depuis son lancement, en 2018. Le 5 mai 2021, le gouvernement australien a annoncé qu’il investira 100 millions de dollars australiens supplémentaires sur quatre ans pour prolonger l’IMEJ jusqu’à la fin juin 2025 [disponible en anglais seulement].

[39]            RNNR, Témoignages : Fung (Métaux Torngat Ltée); Killeen (Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs); Gratton (Association minière du Canada) et Lappin (Battery Metals Association of Canada).

[40]            Selon Ressources naturelles Canada, le « Crédit d’impôt pour l’exploration minière est un crédit non remboursable de 15 % des dépenses d’exploration admissibles. Les investisseurs peuvent appliquer le crédit à l’impôt fédéral sur le revenu pour l’année d’imposition durant laquelle l’investissement est fait ». Il existe également les actions accréditives : « Une action accréditive permet à une société exploitant une entreprise principale de financer ses frais d’exploration et d’aménagement d’une mine au Canada. »

[41]            RNNR, Témoignages : Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.) et Lappin (Battery Metals Association of Canada).

[42]            RNNR, Témoignages : Gratton (Association minière du Canada) et Steward (Rio Tinto).

[43]            RNNR, Témoignages : Samantha Espley (présidente, Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole [ICM]) et Steward (chef, Groupe technique – traitement, Rio Tinto).

[44]            RNNR, Témoignages : Cleary (Métaux BlackRock Inc.); Roderick G. Eggert (professeur, Colorado School of Mines, à titre personnel); Moores (Benchmark Mineral Intelligence) et Steward (Rio Tinto).

[45]            RNNR, Témoignages : Christian G. Brosseau (vice-président, Investissements, Capital structurant, énergie et environnement, Fonds de solidarité des travailleurs du Québec) et Merlini (Vale Canada Limitée).

[46]            RNNR, Témoignages : Houde (Propulsion Québec) et Zaghib (Investissement Québec).

[47]            RNNR, Témoignages : Gratton (Association minière du Canada) et Steward (Rio Tinto).

[48]            RNNR, Témoignages : Gratton (Association minière du Canada) et Hartland (Yukon Chamber of Mines).

[49]            RNNR, Témoignages : Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.) et Steward (Rio Tinto).

[50]            RNNR, Témoignages : Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.).

[51]            RNNR, Témoignages : Austin (Cameco Corporation); Breton (Mobilité électrique Canada); Deith (Eagle Graphite Corporation); Labonté (RNCan) et London (Canadian Critical Minerals and Materials Alliance).

[52]            RNNR, Témoignages : Breton (Mobilité électrique Canada); Brosseau (Fonds de solidarité des travailleurs du Québec); Deith (Eagle Graphite Corporation); Houde (Propulsion Québec); Lappin (Battery Metals Association of Canada); Moores (Benchmark Mineral Intelligence) et Zaghib (Investissement Québec).

[53]            RNNR, Témoignages : Labonté (RNCan).

[54]            RNNR, Témoignages : Bahar (BMO Marchés des capitaux); Labonté (RNCan) et Lappin (Battery Metals Association of Canada).

[55]            RNNR, Témoignages : Blondal (Nano One Materials Corp.) et Labonté (RNCan).

[56]            Selon le Plan canadien pour les minéraux et les métaux : « La fusion et le raffinage font partie des activités de traitement des minerais en aval qui ajoutent de la valeur aux produits miniers ».

[57]            RNNR, Témoignages : Fung (Métaux Torngat Ltée) et Labonté (RNCan).

[58]            RNNR, Témoignages : Brosseau (Fonds de solidarité des travailleurs du Québec); Labonté (RNCan) et Zaghib (Investissement Québec).

[59]            RNNR, Témoignages : Brosseau (Fonds de solidarité des travailleurs du Québec); Lappin (Battery Metals Association of Canada) et Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[60]            RNNR, Témoignages : Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[61]            RNNR, Témoignages : Concepcion (Vale Canada Limitée); Deith (Eagle Graphite Corporation) et Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[62]            RNNR, Témoignages : Concepcion (Vale Canada Limitée) et Fung (Métaux Torngat Ltée).

[63]            RNNR, Témoignages : Concepcion (Vale Canada Limitée) et Labonté (RNCan).

[64]            RNNR, Témoignages : Dan Blondal (directeur général, Nano One Materials Corp.) et Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[65]            RNNR, Témoignages : Blondal (Nano One Materials Corp.); Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.); Deith (Eagle Graphite Corporation); Fung (Métaux Torngat Ltée); Simon Thibault (directeur, Réglementation et Politique publique, Propulsion Québec) et Zaghib (Investissement Québec).

[66]            RNNR, Témoignages : Blondal (Nano One Materials Corp.); Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.); Fung (Métaux Torngat Ltée); Lappin (Battery Metals Association of Canada) et Zaghib (Investissement Québec).

[67]            RNNR, Témoignages : Deith (Eagle Graphite Corporation) et Zaghib (Investissement Québec).

[68]            RNNR, Témoignages : Blondal (Nano One Materials Corp.); Cleary (Métaux BlackRock Inc.) et Deith (Eagle Graphite Corporation).

[69]            RNNR, Témoignages : Deith (Eagle Graphite Corporation) et Houde (Propulsion Québec).

[70]            RNNR, Témoignages : Concepcion (Vale Canada Limitée) et Fung (Métaux Torngat Ltée).

[71]            RNNR, Témoignages : Fung (Métaux Torngat Ltée).

[72]            RNNR, Témoignages : Blondal (Nano One Materials Corp.); Breton (Mobilité électrique Canada); Eggert (à titre personnel); Fung (Métaux Torngat Ltée) et Zaghib (Investissement Québec).

[73]            RNNR, Témoignages : Fung (Métaux Torngat Ltée).

[74]            RNNR, Témoignages : Bubar (Avalon Advanced Materials Inc.); Deith (Eagle Graphite Corporation) et Lappin (Battery Metals Association of Canada).

[75]            RNNR, Témoignages : Houde (Propulsion Québec); Lappin (Battery Metals Association of Canada); London (Canadian Critical Minerals and Materials Alliance); Moores (Benchmark Mineral Intelligence) et Zaghib (Investissement Québec).

[76]            RNNR, Témoignages : Blondal (Nano One Materials Corp.); Cleary (Métaux BlackRock Inc.); Houde (Propulsion Québec); Kucharski (à titre personnel); Labonté (RNCan); London (Canadian Critical Minerals and Materials Alliance); Moores (Benchmark Mineral Intelligence) et Zaghib (Investissement Québec).

[77]            RNNR, Témoignages : Deith (Eagle Graphite Corporation); Fung (Métaux Torngat Ltée); Kucharski (à titre personnel); Lappin (Battery Metals Association of Canada) et Mémoire soumis par Saskatchewan Mining Association.

[78]            Le gouvernement de l’Australie a publié en mars 2019 une stratégie sur les minéraux critiques [disponible en anglais seulement] qui cible des actions dans trois domaines clés : promouvoir l’investissement dans le secteur australien des minéraux critiques et le traitement en aval; fournir des mesures incitatives à l’innovation pour réduire les coûts et accroître la compétitivité; et relier les projets relatifs aux minéraux critiques au développement des infrastructures.

[79]            RNNR, Témoignages : Fung (Métaux Torngat Ltée).

[80]            RNNR, Témoignages : Houde (Propulsion Québec); Labonté (RNCan); Lappin (Battery Metals Association of Canada) et Merlini (Vale Canada Limitée).

[81]            RNNR, Témoignages : Houde (Propulsion Québec); Labonté (RNCan) et Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[82]            RNNR, Témoignages : Labonté (RNCan).

[83]            RNNR, Témoignages : Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[84]            RNNR, Témoignages : Concepcion (Vale Canada Limitée); Merlini (Vale Canada Limitée); Thibault (Propulsion Québec) et Zaghib (Investissement Québec).

[85]            RNNR, Témoignages : Fung (Métaux Torngat Ltée) et Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[86]            RNNR, Témoignages : Blondal (Nano One Materials Corp.) et Houde (Propulsion Québec).

[87]            RNNR, Témoignages : Brosseau (Fonds de solidarité des travailleurs du Québec).

[88]            RNNR, Témoignages : Zaghib (Investissement Québec).

[89]            RNNR, Témoignages : Brosseau (Fonds de solidarité des travailleurs du Québec); Breton (Mobilité électrique Canada) et Merlini (Vale Canada Limitée).

[90]            RNNR, Témoignages : Merlini (Vale Canada Limitée).

[91]            RNNR, Témoignages : Breton (Mobilité électrique Canada) et Deith (Eagle Graphite Corporation).

[92]            RNNR, Témoignages : Breton (Mobilité électrique Canada).

[93]            RNNR, Témoignages : Breton (Mobilité électrique Canada); Eggert (à titre personnel) et Lappin (Battery Metals Association of Canada).

[94]            RNNR, Témoignages : Breton (Mobilité électrique Canada).

[95]            RNNR, Témoignages : Breton (Mobilité électrique Canada) et Moores (Benchmark Mineral Intelligence).

[96]            RNNR, Témoignages : Merlini (Vale Canada Limitée) et Steward (Rio Tinto).