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SINT Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 19 février 2003




¹ 1535
V         Le président (M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.))
V         Le président
V         M. John Wiebe

¹ 1540

¹ 1545

¹ 1550

¹ 1555
V         Le président
V         M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne)
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan

º 1600
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan
V         M. John Wiebe
V         Le président
V         M. John Duncan
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan
V         Le président
V         M. Bob Speller (Haldimand—Norfolk—Brant, Lib.)

º 1605
V         M. John Wiebe
V         M. Bob Speller
V         M. John Wiebe
V         M. Bob Speller
V         M. John Wiebe
V         M. Bob Speller
V         M. John Wiebe

º 1610
V         M. Bob Speller
V         M. John Wiebe
V         M. Bob Speller
V         Le président
V         M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.)
V         M. John Wiebe
V         M. Raymond Simard
V         M. John Wiebe
V         M. Raymond Simard
V         M. John Wiebe
V         M. Raymond Simard
V         M. John Wiebe
V         M. Raymond Simard
V         M. John Wiebe

º 1615
V         M. Raymond Simard
V         M. John Wiebe
V         M. Raymond Simard
V         Le président
V         M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ)
V         M. John Wiebe

º 1620
V         M. Stéphane Bergeron
V         M. John Wiebe
V         M. Stéphane Bergeron

º 1625
V         M. John Wiebe
V         Le président
V         M. John Duncan

º 1630
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan
V         M. John Wiebe
V         Le président
V         M. Tony Valeri (Stoney Creek, Lib.)
V         M. John Wiebe

º 1635
V         M. Tony Valeri
V         M. John Wiebe
V         Le président
V         M. John Duncan
V         M. John Wiebe
V         M. John Duncan
V         Le président

º 1640
V         M. John Wiebe
V         Le président










CANADA

Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international


NUMÉRO 004 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 19 février 2003

[Enregistrement électronique]

¹  +(1535)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Mac Harb (Ottawa-Centre, Lib.)): Je déclare ouverte cette séance du Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux. En conformité du paragraphe 108(2) du Règlement, l'ordre du jour porte que nous faisons une étude pour le renforcement des relations économiques entre le Canada et l'Asie.

    Nous accueillons le président et directeur général de la Fondation Asie-Pacifique du Canada, M. John Wiebe.

    Au nom du comité, je vous souhaite la bienvenue, John. Nous entendrons d'abord votre exposé, après quoi nous aurons une période de questions. Cela vous convient?

+-

    M. John Wiebe (président et directeur général, Fondation Asie-Pacifique du Canada): Tout à fait.

+-

    Le président: Très bien. Vous avez la parole.

+-

    M. John Wiebe: Merci, monsieur le président, et merci, mesdames et messieurs les membres du comité, de m'accueillir ici. Je tiens aussi à vous féliciter d'avoir décidé d'aller en Asie, parce que je pense que c'est important. J'espère réussir à vous convaincre que c'est une région importante pour le Canada.

    Je suis venu vous parler des relations entre le Canada et la région de l'Asie-Pacifique, région dynamique qui est en train de changer profondément et à laquelle le Canada dans son ensemble accorde à mon avis trop peu d'attention. Je suis convaincu que c'est un problème pour nous et je veux vous démontrer aujourd'hui pourquoi c'est un problème et pourquoi l'Asie est importante pour nous.

    Je pourrais reprendre les raisons les plus souvent invoquées pour expliquer l'importance de l'Asie. Les deux tiers de la population mondiale y habitent; environ 60 p. 100 des immigrants canadiens viennent d'Asie aujourd'hui; on y trouve une économie dynamique; et il est certain que les questions de sécurité là-bas sont importantes. Mais je voudrais m'attarder un peu plus aujourd'hui sur l'aspect économique. Je vous fais d'abord observer que la part de marché du Canada en Asie n'a cessé de diminuer depuis dix ans. Comme l'un de mes diagrammes le montre, notre part du marché asiatique n'est plus aujourd'hui qu'environ 65 p. 100 de ce qu'elle était il y a dix ans. L'Asie est en pleine croissance, mais le Canada perd du terrain.

    Des raisons apparemment anodines peuvent expliquer ce déclin. Par exemple, le recours croissant par les fabricants asiatiques à des centres de production régionaux à l'étranger et la croissance conséquente des sources d'approvisionnement régional ont naturellement grossi les importations asiatiques globales sans nécessairement se répercuter sur les importations du Canada. Mais si l'on examine de plus près comment les choses évoluent dans les marchés asiatiques, on constate que si très peu de pays à l'extérieur de la région augmentent de façon marquée leur part du marché, la plupart réussissent au moins à la maintenir.

    À la Fondation Asie-Pacifique, nous avons maintenant examiné l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, la Suède et la Norvège. Nous avons comparé les parts de marché asiatique de ces pays en 1991 et en 2001, et nous avons constaté que tous ces pays ont essentiellement réussi à maintenir leur part de marché, tandis que le Canada ne l'a pas fait. Dans ce groupe de comparaison, le pire bilan était celui de la Nouvelle-Zélande, qui a maintenu 80 p. 100 de sa part de marché, en comparaison de notre proportion de 65 p. 100. Vous pouvez donc voir que parmi ce groupe, nous sommes certainement au dernier rang. Nous avons calculé que si nous avions maintenu notre part de marché, cela se traduirait probablement par une augmentation d'au moins six milliards de dollars d'exportations. Donc, de notre point de vue, il est important de consacrer plus de temps à renforcer nos relations économiques avec cette région.

    L'Asie représente environ 38 p. 100 du commerce de marchandises du Canada avec des pays autres que les États-Unis. C'est plus que l'Europe occidentale et c'est deux fois et demie notre commerce avec l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, y compris le Mexique. Le Japon est notre deuxième partenaire commercial depuis de nombreuses années. En fait, le seul pays qui semble avoir le potentiel pour supplanter le Japon est la Chine.

    Passons maintenant à la diapositive suivante. Vous pouvez constater que notre commerce extérieur se fait de façon prépondérante avec les États-Unis. Mais voyez le reste de notre commerce, en particulier avec la Chine, la Corée du Sud et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, ou ANASE; comme vous le voyez, l'Asie est le deuxième groupe en importance. En particulier, pour une province comme la Colombie-Britannique, d'où je viens, c'est encore plus important que pour le reste du Canada. Si l'on regarde nos dix premiers partenaires commerciaux, les États-Unis sont évidemment au tout premier rang; je ne les ai même pas mis sur le graphique, parce que la disproportion serait flagrante. Le Japon et la Chine sont ensuite nos deux principaux partenaires commerciaux, et nous avons aussi la Corée et Taïwan dans les dix premiers.

    L'Asie change rapidement. Vous vous rappelez probablement qu'il y a des années, on disait que le prochain siècle serait celui du Pacifique et que tout cela a ensuite été oublié à cause de la crise de 1997. Mais voyez l'Asie d'aujourd'hui; elle est de retour. Elle est en pleine croissance, elle est dynamique et elle est beaucoup plus impressionnante que n'importe quelle autre région du monde. Le changement est à l'ordre du jour, à la fois à l'intérieur des principaux pays commerçants asiatiques, et entre ces pays.

    Comme toujours, le changement est riche de possibilités et d'embûches. Si l'on examine notre commerce avec les pays que vous allez visiter, vous pouvez voir que ce commerce est dominé par la Chine et le Japon. En termes de relations commerciales, ce sont les deux principaux pays que vous allez visiter. Vous voyez aussi que l'Inde, la Malaisie, la Thaïlande et l'Australie sont tous assez près du bas de la liste, avec des échanges bilatéraux d'environ 2,5 milliards de dollars. Si l'on regarde notre balance commerciale avec ces pays-là, vous voyez que nous sommes essentiellement en déficit avec chacun d'eux. Je n'ai pas mis l'Australie sur le tableau, parce que je n'ai pas pu obtenir l'information en temps voulu, mais vous pouvez voir que nous avons un déficit commercial important avec la Chine et le Japon en particulier, et aussi avec l'Inde, la Malaisie et la Thaïlande.

    La Chine est au beau milieu de l'une des transformations économiques les plus profondes de l'ère moderne. La croissance réelle du PIB en Chine est relativement forte, à 7 p. 100, et l'on prévoit qu'elle continuera de tourner autour de 7 p. 100 à 8 p. 100 en 2003-2004, et l'inflation est très faible et l'on prévoit même une certaine déflation. La Chine a connu la déflation ces dernières années et cela se poursuivra probablement en même temps que la lutte pour la concurrence interne et l'élan pour occuper une plus grande part du marché intérieur.

    La Chine ne dépend pas du commerce extérieur autant qu'on pourrait le croire. Environ 10 p. 100 de son PIB repose sur le commerce extérieur. Leur marché intérieur est vraiment très important. L'intérêt du gouvernement est de créer des emplois; par conséquent, il continuera d'appliquer une politique monétaire assez souple et l'on continuera probablement d'observer une certaine déflation. Le renminbi, ou RMB, est aligné sur le dollar américain. Tant que ce sera le cas, on verra la concurrence interne et une certaine déflation, mais une assez bonne croissance. Donc, ce qui les intéresse, c'est la création d'emplois et le marché intérieur.

    Au Japon, la croissance réelle du PIB est assez faible et la déflation est encore présente alors que le Japon s'efforce de surmonter ses problèmes de réorganisation. En fait, la réorganisation des entreprises au Japon progresse assez bien, mais le secteur bancaire est encore en difficulté. Le gouvernement ne peut pas faire grand-chose de plus pour stimuler l'économie. Les taux d'intérêt sont déjà à zéro, sinon même un peu plus. Les Japonais ont encore un grave problème parce que leur régime politique n'arrive pas à enrayer leurs problèmes économiques. Mais pour ceux qui ne sont jamais allés là-bas, vous ne remarquerez pas de récession au Japon. Les magasins sont encore pleins et il y a beaucoup d'activité, quoique le chômage soit toujours relativement élevé pour le Japon ces temps-ci, autour de 4 p. 100 à 5 p. 100.

    L'Inde vient tout juste de commencer à récolter les fruits de ses réformes économiques. L'Inde a libéralisé son économie. Elle est en train de se réorganiser puisque l'on vend les entreprises d'État. Air India sera probablement coté en bourse et la compagnie d'aluminium, Indal, l'est déjà. Nous prévoyons une croissance assez forte. La pierre d'achoppement là-bas est bien sûr le conflit entre l'Inde et le Pakistan. Dans l'ensemble, on prévoit cependant une assez bonne croissance du PIB et la poursuite de l'inflation, en grande partie à cause de la réduction des subventions au secteur agricole et d'autres. Le gouvernement a réduit ses subventions, ce qui a fait monter les prix.

¹  +-(1540)  

    Ailleurs en Asie, on prévoit une croissance qui ne sera pas aussi forte pour la plupart des tigres du Sud-Est asiatique, en comparaison avec la période antérieure à 1997, mais c'est quand même une croissance raisonnablement positive. Hong Kong éprouve certains problèmes qui continueront de se poser dans une certaine mesure car la ville est en train de se faire dépasser par Shanghai, mais les autres pays sont en assez bonne posture. La Thaïlande est à 4 p. 100 ou 5 p. 100, de même que la Malaisie. Dans les pays que vous allez visiter, cela va raisonnablement bien.

    L'une des dynamiques fondamentales en Asie est la prise de conscience et l'acceptation croissante des avantages de la coopération régionale dans les domaines du commerce, de l'investissement et des affaires financières. Beaucoup de facteurs ont contribué à cela. Il y a l'élan vers une régionalisation encore plus poussée en Europe et en Amérique du Nord, avec la Zone de libre-échange des Amériques et le système de l'Union européenne, de sorte que l'Asie elle-même commence à se demander ce qu'elle pourrait faire sur le plan régional. On prend de plus en plus conscience de l'importance de la libéralisation du commerce et des investissements pour promouvoir la réforme intérieure. On commence à comprendre en Asie que les dossiers d'importance régionale appellent des réponses régionales. Et l'on est conscient que des institutions régionales plus solides faciliteront l'adaptation régionale.

    On voit qu'il y a toute une série d'initiatives commerciales intra-asiatiques. L'entente CER (Closer Economic Relations) entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande a été achevée en 1983. La ZLEA, c'est-à-dire la Zone de libre-échange de l'ANASE, a été vraiment lancée en 1992 et continue d'évoluer. Singapour et la Nouvelle-Zélande ont complété un accord commercial en 2000, et le Sri Lanka et le Pakistan l'ont fait en 2002, de même que Singapour et le Japon—c'était le tout premier accord de libre-échange du Japon—tandis que Singapour et l'Australie viennent tout juste d'en compléter un en 2003. Et si vous examinez ce dont on discute et qui est sur la table, il y a énormément de discussion dans la région sur des accords de libre-échange ou autres arrangements semblables.

    Qu'est-ce qui fait obstacle à des relations plus riches avec l'Asie? C'est clairement l'allure du marché des États-Unis. Si l'on regarde où en sont nos relations commerciales avec les États-Unis, par rapport aux autres grandes régions du monde, la comparaison est assez spectaculaire. L'Asie est numéro deux, suivie de l'UE. Si vous prenez le Mexique et l'Amérique latine, cette région viendrait au troisième rang.

    Il y a peu de doute que l'attirance du marché des États-Unis détourne l'attention des autres marchés. C'est absolument naturel. En fait, les intérêts commerciaux canadiens sont extrêmement chanceux de pouvoir partager une langue continentale, une même philosophie commerciale, et un accord de libre-échange assez complet. Mais tout comme notre proximité des États-Unis nous a donné un précieux avantage pour assurer notre sécurité physique et notre prospérité économique, cela nous a du même coup rendu beaucoup plus facile de négliger les autres marchés. Ce que nous espérons faire et ce que nous cherchons à faire, à la Fondation Asie-Pacifique, c'est de faire ressortir le potentiel de l'Asie.

    Nous nous sommes demandé quelles étaient les autres questions liées à notre potentiel de commerce et d'exportation avec l'Asie, et nous voulions vraiment voir où se situent exactement nos affaires avec ces pays. Le résultat est illustré ici. Vous vous rendez compte que nous sommes encore passablement dépendants de nos exportations de ressources naturelles vers la région. En conséquence, notre image en Asie est très désuète, bien que ce ne soit pas la seule raison. Notre image en Asie est encore celle d'un pays qui fournit des ressources naturelles, qui a beaucoup de grands espaces, qui est un magnifique endroit à visiter, mais qui n'a pas une économie de pointe. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise image, mais c'est une image qui est dépassée et que nous espérons commencer à changer, à laquelle nous voulons travailler.

¹  +-(1545)  

    À cause de cette image, les entreprises canadiennes ne sont pas toujours inscrites sur les courtes listes, parce que les acheteurs pensent au sirop d'érable et au ski au lieu de penser aux avions à réaction et aux commutateurs optiques. La solution proposée est que le Canada doit se refaire une image de marque en Asie. Je pense qu'il faudra y consacrer un effort considérable. Le repositionnement commercial n'est pas aussi simple que l'on pourrait le croire. L'image que nous voulons présenter doit être acceptable pour les Canadiens. Elle doit être exacte et doit refléter la réalité d'un nombre suffisamment important de Canadiens, pas seulement de quelques-uns. Cette image ne doit pas embrouiller le message disant que le Canada est un endroit sûr et magnifique à visiter. L'image ne doit pas être trop temporelle.

    Un autre problème qui se pose dans la région est que nos mesures ne sont pas particulièrement exactes. Je soulève cette question non pas parce que c'est un dossier à la mode, mais parce que c'est un aspect important de l'approfondissement de nos relations avec la région. Nous sous-estimons notre commerce avec cette région. En conséquence, à la lecture des chiffres que je vous ai montrés tout à l'heure, vous pourriez dire que l'Asie n'a pas l'air tellement importante. Mais si vous examinez les chiffres sur les échanges commerciaux japonais, vous verrez que, d'après les Japonais, les exportations vers le Canada sont de 10,6 milliards de dollars. Nous, nous disons que nos importations sont de 14 milliards. Ils disent que leurs importations du Canada sont de 12 milliards de dollars, tandis que nous disons que nos exportations vers eux sont de huit milliards de dollars. Il y a quelque chose qui cloche. Cela s'explique en partie parce que certaines de nos exportations passent par les États-Unis avant d'aboutir au Japon, mais c'est aussi en partie parce que nous n'avons tout simplement pas de très bonnes données. Deuxièmement, nous n'avons pas de très bons chiffres sur nos exportations de services, de sorte que nous sous-estimons nos relations commerciales avec la région, à notre avis.

    Des statistiques commerciales faussées peuvent donner aux gens d'affaires, au grand public et aux décideurs politiques une vision faussée de la situation du Canada dans le monde, et peuvent influer sur l'affectation de maigres ressources, détourner l'intérêt des gens d'affaires et des médias du consommateur ultime, et compliquer le processus de contrôle et d'ajustement pour absorber les chocs externes. Comme je l'ai dit, les statistiques sur le commerce des marchandises ne sont qu'un des éléments du problème. Les autres éléments cruciaux des flux commerciaux et d'investissement du Canada sont le commerce des services et les investissements directs. Ni l'un ni l'autre ne sont bien mesurés, parfois même pas du tout. Ce que nous savons du commerce des services nous apprend que les échanges commerciaux Canada-Asie sont beaucoup plus importants dans le secteur des services que pour les marchandises. Je vais donner un exemple.

    Dans le domaine de nos exportations de services d'éducation, il y a un marché important qui reçoit beaucoup moins d'attention qu'il n'en mérite, nommément les séjours de courte durée au Canada de gens venus apprendre l'anglais langue seconde. Les rares données que nous avons donnent à penser que ce secteur est prospère au Canada. Malheureusement, les avantages à court et à long terme de cette activité pour le Canada sont camouflés par la difficulté d'obtenir des données fiables sur le nombre d'étudiants étrangers dans les écoles qui offrent ces services, à partir des sources existantes. Beaucoup d'étudiants arrivent grâce à des visas de touriste et suivent des cours assez brefs qui ne nécessitent pas de visa d'étudiant, mais cela n'enlève rien à l'impact de cette activité sur notre économie.

    L'Association canadienne des écoles de langue privées, qui affirme avoir plus de 100 écoles membres et des inscriptions annuelles supérieures à 50 000 étudiants, soutient que l'apport économique de ces écoles est de l'ordre de 450 millions de dollars par année. Les étudiants ne sont pas tous asiatiques, mais la majorité le sont. Tant et aussi longtemps que nous continuerons à mal mesurer cet élément de notre économie, on aura tendance à négliger l'afflux constant de ces étudiants, tout comme on a tendance à le faire pour l'afflux constant de touristes. Nous ne mesurons pas vraiment bien le tourisme, pas plus que le phénomène des gens qui viennent étudier chez nous. En somme, nous mesurons mal notre secteur des services.

¹  +-(1550)  

    Que devrions-nous faire pour enrichir nos relations économiques avec l'Asie? Un élément de notre programme de recherche porte sur les répercussions de l'intégration nord-américaine toujours plus poussée sur les relations Canada-Asie. Il y a quelques années, nous avons dit que le temps était venu de consacrer le même effort à la libéralisation à l'extérieur de l'Amérique du Nord. À ce moment-là, comme nous nous spécialisons dans l'Asie, nous avons proposé de mettre l'accent sur le Japon et la Corée, étant donné leur importance pour nous à titre de partenaires commerciaux et parce que nous avions le sentiment de plus en plus vif que ces pays pourraient être intéressés à écouter des offres dans la foulée des problèmes que l'OMC avait connus à Seattle. Bref, nous avons recommandé d'amorcer des pourparlers en vue de conclure un accord de libre-échange Canada-Japon.

    Nous persistons à croire qu'une telle initiative serait un signal aux pays asiatiques, en particulier au Japon, et aussi à la Chine, en fait, que le Canada est intéressé et que le Canada est déterminé. J'ai montré tout à l'heure une diapositive énumérant toutes les initiatives intra-asiatiques. Je dois dire aussi que les États-Unis et le Mexique poursuivent très énergiquement des initiatives en vue de conclure des accords de libre-échange avec les pays d'Asie.

    Je voudrais faire une dernière observation. On entend souvent dire, dans le contexte de nos démarches en Asie, que le gouvernement suivra le secteur privé et que si le secteur privé manifeste son intérêt, nous allons certainement lui emboîter le pas. Je soutiens que, dans la conjoncture et étant donné la prépondérance de nos relations avec les États-Unis, peut-être que le temps est venu pour le gouvernement de prendre l'initiative, parce que l'industrie va lui emboîter le pas.

    En conclusion, je voudrais dire que nous sommes en train de perdre de vue l'importance et la pertinence d'un marché et d'une région qui sont importants pour nous, et qu'il nous faut une intervention au niveau politique pour modifier cette trajectoire. Nous ne devons pas nous détourner des États-Unis, pas plus que nous ne devons fermer les yeux sur les dossiers urgents et importants concernant la frontière. Cependant, si nous voulons relancer nos relations commerciales avec l'Asie, nous devons leur montrer, leur donner les signaux indiquant que nous sommes intéressés.

    Au niveau le plus élémentaire, on pourrait commencer par un programme très peu ambitieux consistant simplement à mieux contrôler, cataloguer et comprendre nos relations. Cela veut dire qu'il faut faire plus de mesures, mieux fouiller le dossier, prendre moins de choses pour acquis. Je soutiens et j'invite le comité à considérer que le Canada doit se réengager, le Canada doit faire savoir à cette région toute l'importance qu'elle revêt pour notre économie et notre population.

    Ma dernière diapositive sert simplement à établir le contexte. Vous vous rendez dans une région où la radicalisation de la majorité musulmane dans beaucoup de pays est de plus en plus poussée, surtout en Malaisie et en Thaïlande, où le groupe radical Jemaah Islamiah acquiert une certaine force. Il y a une vague d'anti-américanisme qui se fait jour dans la région. Mindanao est en train de devenir un refuge terroriste. Les frontières sont poreuses avec la Malaisie et l'Indonésie, et le groupe JI semble s'y être installé. Il y a aussi de l'inquiétude et un sentiment anti-américain en Corée, principalement à cause du conflit nord-sud. En Asie du Sud, le Pakistan est sur le fil. Il y a une vague montante de nationalisme en Inde et au Pakistan et cela pourrait déboucher sur de graves inquiétudes. Et il y a la peur de la Chine partout dans le Sud-Est asiatique et ailleurs en Asie, non pas sur le plan militaire et en termes de sécurité, mais dans le sens économique, car la Chine attire la plus grande partie des investissements étrangers directs. Comme beaucoup de gens d'affaires de cette région me l'ont dit, si la Chine veut construire quelque chose ou lancer un projet quelconque, les autres ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec les Chinois.

    Voilà la région où vous allez vous rendre. C'est une région en train de changer, une région dynamique, une région où ce ne sont pas les dangers qui manquent, si l'on peut dire. Mais c'est aussi une région qui est importante pour le Canada.

    Merci, monsieur le président.

¹  +-(1555)  

+-

    Le président: Merci beaucoup pour cette excellente présentation, John. Nous allons vous poser quelques questions, et espérons que l'on pourra vous renvoyer chez vous avant 16 h 30.

    Nous allons commencer par M. Duncan.

+-

    M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Alliance canadienne): J'ai beaucoup aimé la présentation. Je vais essayer de mettre cela dans le contexte. Si je comprends bien, environ 70 p. 100 de la croissance économique mondiale depuis cinq ans, par exemple, se situe dans la région Asie-Pacifique. C'est bien ce que vous dites?

+-

    M. John Wiebe: Non, ce n'est pas ça. [Note de la rédaction: Inaudible]...de la croissance mondiale. Je n'ai pas les chiffres, mais cela m'étonnerait que ce soit aussi élevé.

+-

    M. John Duncan: Mais c'est un chiffre important.

+-

    M. John Wiebe: Oui, c'est un chiffre important.

+-

    M. John Duncan: J'ai fait partie d'un panel à Taipei le mois dernier sur le commerce international. Deux membres du Congrès des États-Unis en faisaient partie également. Vous avez fait allusion au fait que le gouvernement américain poursuit activement des initiatives visant à conclure des accords de libre-échange avec l'Asie. Pour corroborer votre déclaration, j'ai été très frappé par le fait que les gens là-bas tiennent beaucoup à conclure des accords de libre-échange avec la Chine et le Vietnam et qu'ils visent également d'autres pays, notamment Taïwan. Il m'apparaît que nous avons vraiment du retard dans ce dossier.

    Je me demande pourquoi vous avez choisi le Japon. Il me semble que ce serait un accord très compliqué. Pourquoi choisir une cible aussi compliquée comme premier choix? Il me semble que le monde entier veut signer un accord de libre-échange avec Singapour, parce que ce serait évidemment plus facile à obtenir.

º  +-(1600)  

+-

    M. John Wiebe: C'est une bonne question, et je vais y répondre en trois partie. Premièrement, le Japon est encore notre principal partenaire commercial. Deuxièmement, nous croyons que le Japon fourmille de possibilités que nous pourrions saisir si nous avions un tel arrangement. Troisièmement, nous sommes conscients du problème agricole.

    Quand nous disons «accord de libre-échange», nous voulons dire en fait un nouvel arrangement quelconque. Leur accord avec Singapour ne comprend pas l'agriculture. En fait, ce n'est pas un véritable accord de libre-échange. C'est un partenariat économique renforcé. Voilà la cible que nous devrions viser dans le cas du Japon, compte tenu de la difficulté d'inscrire l'agriculture dans un tel scénario.

    Notre argument est qu'en discutant simplement de l'idée d'un accord de libre-échange avec le Japon, nous ouvrons des portes. Que nous arrivions à nos fins ou non, cela n'a pas vraiment d'importance, ce n'est pas une fin en soi. Le but est d'ouvrir des portes au Japon, d'obtenir l'ouverture de leur réseau de distribution, l'ouverture d'une série de débouchés potentiels pour nos marchandises et notre technologie de pointe, plutôt que pour notre charbon et nos produits agricoles. En ce sens, nous pensons que le Japon est un très bon objectif.

+-

    M. John Duncan: Du point de vue politique ou du point de vue des pays asiatiques, est-ce qu'il y a dans les pays dont vous avez parlé aujourd'hui des gouvernements qui ont fait savoir qu'ils étaient prêts à conclure un quelconque accord commercial avec le Canada?

+-

    M. John Wiebe: Il me faudrait me tourner vers mes collègues du ministère des Affaires étrangères pour répondre à cette question. Je l'ignore, parce que je ne traite pas nécessairement avec les gouvernements là-bas. J'ai traité avec le gouvernement du Japon et j'en ai discuté à un niveau élevé là-bas, et ils ont manifesté leur intérêt. Je n'en ai pas parlé avec d'autres gouvernements et je ne pourrais donc pas vous le dire.

+-

    Le président: Si quelqu'un veut prendre place à la table, n'hésitez pas. Faites comme chez vous.

    John.

+-

    M. John Duncan: Personne ne peut donc me répondre.

+-

    M. John Wiebe: À titre d'organisation privée à but non lucratif, nous n'avons pas toujours des contacts dans les officines gouvernementales.

+-

    M. John Duncan: Pour autant que vous le sachiez, est-ce qu'un représentant officiel quelconque des autorités canadiennes a déjà fait des démarches dans l'un des pays dont vous nous avez parlé, pour essayer de conclure un accord de libre-échange ou du moins pour essayer de lancer des pourparlers en vue d'une quelconque entente commerciale?

+-

    M. John Wiebe: Je pense qu'il y a eu des discussions avec Singapour.

+-

    M. John Duncan: Pour autant que nous le sachions, cela n'a...

+-

    M. John Wiebe: Cela n'a débouché nulle part.

+-

    M. John Duncan: ... n'a pas débouché.

    Je n'ai pas d'autres questions pour l'instant, monsieur le président.

+-

    Le président: M. Speller, M. Simard, et ensuite M. Bergeron.

+-

    M. Bob Speller (Haldimand—Norfolk—Brant, Lib.): Merci d'être venu aujourd'hui, monsieur Wiebe. Malheureusement, j'ai raté la plus grande partie de votre exposé, mais je connais l'organisation que vous représentez. Je suis certain que dans votre exposé sur l'Asie-Pacifique et les difficultés pour les entreprises canadiennes qui font des affaires dans ce coin du monde, vous avez évoqué les problèmes de l'image de marque du Canada et de dossiers comme la gouvernance et des problèmes qui se posent dans certains pays sur le plan juridique et en termes de protection des entreprises canadiennes là-bas.

    Qu'est-ce que le gouvernement peut faire de plus pour aider à régler ces problèmes? À votre avis, le gouvernement consacre-t-il suffisamment d'efforts à ces dossiers?

º  +-(1605)  

+-

    M. John Wiebe: Non, certainement pas dans le dossier de l'image de marque, mais je dois admettre que c'est une question difficile. Je ne pense pas que nous ayons jamais eu de débat dans notre pays sur l'image que nous voudrions que les Asiatiques aient de nous. Nous avons fait un certain nombre de sondages en Asie, et nous sommes perçus comme un pays adorable et anodin, et franchement, certains trouvent que nous sommes un peu naïfs. Ils voient le Canada comme un merveilleux endroit pour passer des vacances, mais pas un pays où ils veulent acheter de l'équipement, par exemple. J'admets que c'est affaire de perception, mais ce sont des sondages que nous avons faits avec des entreprises et des gens d'affaires dans ces pays-là.

    Le problème qui se pose pour nous, c'est que ce n'est pas une mauvaise perception quand les gens pensent que nous sommes un grand pays, un pays bien propre, un bel endroit à visiter. Mais comment refaire notre image là-bas, surtout quand 86 p. 100 à 87 p. 100 de notre commerce se fait avec les États-Unis, surtout que la plupart de nos produits de technologie de pointe s'en vont vers le sud? Nous n'en vendons pas tellement, en fait, en Asie-Pacifique. Au Japon, par exemple, nous vendons encore pas mal de charbon. Nous vendons encore beaucoup de ressources naturelles dans ces pays-là. Nous vendons encore plus de ressources naturelles en Chine que nous n'en achetons. Ils nous envoient des produits finis et nous leur envoyons des ressources.

    En un sens, c'est l'image qu'ils auront de nous tant que nous ne commencerons pas à changer nos relations commerciales. Si nous n'y parvenons pas, s'il n'est pas si facile de changer les relations économiques, comment changer cette image dans l'esprit des Asiatiques? Nous pouvons le faire par l'éducation. Je trouve que c'est important de continuer à faire venir au Canada des étudiants asiatiques. Cela leur donne du Canada une image qu'ils n'auraient jamais eue autrement. Ces gens-là retournent ensuite chez eux.

    Dans le passé, nous avions des programmes consistant à faire venir des chefs de file asiatiques au Canada pour qu'ils puissent se rendre compte de leurs propres yeux de ce qui se passait au Canada. Nous avons supprimé tout cela depuis dix ans à cause des compressions budgétaires. Je pense que nous devrions reconsidérer la question. Nous devons réamorcer le dialogue avec l'Asie à de multiples niveaux, parce qu'il n'y a aucun doute dans mon esprit que dans 10, 20 ou 30 ans, l'Asie sera de nouveau le centre du monde. On ne peut pas laisser de côté les deux tiers de la population mondiale. Un pays comme la Chine bouge très rapidement. L'Inde commence à peine à s'ébranler et je soupçonne que dans 20 ans, l'Inde sera...

    Il y aura des obstacles en cours de route et beaucoup de pierres d'achoppement, mais je soupçonne que l'on verra en Asie deux grandes puissances qui n'existent pas aujourd'hui. Le Canada pourrait très bien se retrouver laissé pour compte, surtout s'ils ont du Canada l'image d'un pays qui n'est pas à la fine pointe, d'un pays qui n'est pas développé... En fait, ils savent bien que nous sommes un pays développé, puisque nous sommes membres du G-8. C'est simplement qu'ils ne se tournent pas vers nous pour acheter les produits que nous aimerions leur vendre.

+-

    M. Bob Speller: Est-ce simplement que nous ne sommes pas doués pour l'image de marque?

+-

    M. John Wiebe: Nous ne sommes pas doués en marketing.

+-

    M. Bob Speller: Nous ne sommes pas doués en marketing? Nous envoyons partout dans le monde des Équipes Canada qui semblent avoir beaucoup de succès. Faut-il donc envoyer plus d'Équipes Canada?

+-

    M. John Wiebe: Les Équipes Canada, c'est très bon, mais il faut y donner suite. On entend dire notamment—je reconnais que c'est anecdotique et que ce sont des généralisations—que les Équipes Canada vont, viennent, et s'en vont, après quoi il ne se passe rien jusqu'à la prochaine visite. Nous devons faire un suivi. Nous devons mettre en place des arrangements, des ententes, des relations pour nouer des liens entre les visites d'Équipes Canada.

+-

    M. Bob Speller: Est-ce par manque d'intérêt parmi les gens d'affaires? Ou bien est-ce parce que le gouvernement ne consacre pas vraiment assez de ressources à cette tâche?

+-

    M. John Wiebe: C'est une très bonne question. La communauté des gens d'affaires a mis sur pied ce que l'on appelle le Réseau d'affaires Asie-Pacifique, dont les membres sont des compagnies canadiennes intéressées à faire des affaires dans la région. Nous avons entre 60 et 70 membres. Si j'en avais la liste, je pourrais vous la montrer pour vous donner une idée; vous verriez qui est intéressé et qui ne l'est pas.

º  +-(1610)  

+-

    M. Bob Speller: Il y a probablement de l'intérêt partout dans le monde, au niveau international, dans les milieux européens...

+-

    M. John Wiebe: Absolument, mais je parle précisément des gens qui s'intéressent à l'Asie. Par exemple, la Banque de Nouvelle-Écosse est la seule banque membre. Les autres banques se sont retirées. La Banque Scotia est encore présente en Asie. Parmi les compagnies d'assurance, Sun Life et Manulife sont les seules présentes. On peut presque faire le tri entre les compagnies qui s'intéressent à la région et celles qui ne s'y intéressent pas. La plupart des gens d'affaires sont tellement braqués sur les États-Unis et les liens nord-sud qu'ils ne s'y intéressent pas, pour une foule de raisons, et je ne peux pas les blâmer. Je ferais comme eux. Si je pouvais faire des affaires aux États-Unis, pourquoi prendrais-je la peine d'aller ailleurs?

    Pour cette raison, nous soutenons qu'il faut une intervention gouvernementale quelconque. Nous ne disons pas nécessairement que le gouvernement doit mettre de l'argent dans ce dossier, mais plutôt qu'il doit faire preuve de leadership, comme vous le faites vous-mêmes par ce voyage. Veillez à ce que les gens soient au courant et amenez tout le monde à s'y intéresser. L'une des raisons pour lesquelles nous préconisons la négociation d'un accord de libre-échange avec l'un de ces pays, c'est que cela ne coûterait pas très cher et donnerait le signal que nous sommes intéressés. Voilà ce que nous voulons dire quand nous parlons de leadership du gouvernement.

+-

    M. Bob Speller: Merci.

+-

    Le président: Monsieur Simard et ensuite monsieur Bergeron.

+-

    M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): Je voulais poser les mêmes questions que Bob, en fait, mais pour revenir à votre graphique, monsieur Wiebe, si vous examinez l'an 2001, diriez-vous que les deux dernières années ont été dans la même ligne et que rien n'a changé, que nous n'avons pas plus d'activités là-bas?

+-

    M. John Wiebe: Il y a eu un accroissement des échanges commerciaux avec l'Inde.

+-

    M. Raymond Simard: Serait-ce très différent par rapport aux chiffres que nous avons actuellement?

+-

    M. John Wiebe: Non, pas tellement différent.

+-

    M. Raymond Simard: Pouvez-vous me parler un peu de votre organisation, en quelques phrases? Quel est votre mandat? Qui représentez-vous?

+-

    M. John Wiebe: Nous avons été créés par le Parlement en 1984, par une loi intitulée Loi sur la Fondation Asie-Pacifique du Canada. La fondation a pour objet d'amener les Canadiens à mieux connaître et comprendre la région Asie-Pacifique. Notre mandat est de faire l'éducation des Canadiens.

    Le mandat énoncé dans la loi est long. On y fait mention d'un peu de tout, depuis la recherche jusqu'à la diffusion de l'information, et c'est un mandat qui va dans les deux sens. Il faut amener les Canadiens à mieux connaître et comprendre l'Asie, et les Asiatiques à mieux connaître et comprendre le Canada. Nous mettons l'accent sur le volet canadien simplement parce que nous n'avons pas l'argent pour l'autre volet, ce qui fait d'ailleurs partie du problème, si vous voulez. Les Asiatiques ont une image différente de nous parce que nous ne le faisons pas. Et ce n'est pas seulement nous, parce que les autres ne le font pas non plus.

    Nous avons donc un mandat assez étendu. Nous sommes financés par les Affaires étrangères et par l'Agence canadienne de développement international, à hauteur de deux millions de dollars par année au total, montant qui est diminué à chaque trimestre, au point où nous devons nous serrer la ceinture assez considérablement.

    Et la loi adoptée par le Parlement stipule aussi que notre siège est à Vancouver. La loi stipule que nos bureaux doivent être situés à Vancouver.

+-

    M. Raymond Simard: Avez-vous un rôle à jouer pour ce qui est d'informer les entreprises canadiennes sur ce qui se passe en Asie?

+-

    M. John Wiebe: Oui. J'ai parlé du Réseau d'affaires Asie-Pacifique. Nous avons environ 70 membres. Ces gens d'affaires nous payent des frais annuels—il faut bien trouver de l'argent quelque part—et ils obtiennent de nous toute une série de publications. Nous publions une fiche quotidienne sur l'Asie, nous faisons une analyse hebdomadaire des principaux dossiers, nous avons aussi un commentaire mensuel, nous faisons des mises à jour économiques trimestrielles pour chaque pays, et nous faisons un examen annuel Canada-Asie. Nous avons toute une série de produits qui mettent l'accent sur l'économie, mais qui comprennent aussi des volets plus étendus.

+-

    M. Raymond Simard: Vous avez dit qu'il était très facile pour le Canada de faire des affaires avec les États-Unis. Je pense que c'est probablement l'un de nos plus grands défis pour ce qui est d'attirer les gens vers l'Asie, mais il y a aussi des obstacles culturels et tout le reste. Voyez-vous des avantages quelconques pour les compagnies canadiennes à conclure des partenariats avec, disons, des compagnies australiennes ou de Nouvelle-Zélande? Ces gens-là ont évidemment une certaine expérience pour ce qui est de faire des affaires dans les marchés asiatiques.

+-

    M. John Wiebe: On en parle beaucoup, surtout chez les Australiens, qui sont convaincus que ce serait avantageux à la fois pour eux et pour nous. L'avantage qu'ils voient pour eux serait qu'ils comprendraient mieux le marché américain, et ils pensent qu'ils comprennent le marché asiatique mieux que nous et qu'ils pourraient donc nous aider.

    Traditionnellement, nous percevons l'Australie comme un concurrent. C'est la réaction de la plupart des compagnies quand on les invite à discuter avec des Australiens pour faire équipe. Nos gens d'affaires disent que les Australiens sont leurs concurrents dans certains domaines. Ce ne serait donc pas une mauvaise idée, car les Australiens ont des racines plus profondes que nous en Asie, mais les compagnies doivent réfléchir et se demander s'ils les voient comme des concurrents ou des partenaires.

º  +-(1615)  

+-

    M. Raymond Simard: À vos yeux, il est donc possible de prendre pied sur le marché là-bas.

+-

    M. John Wiebe: Ça l'est, et l'Australie est également un tremplin logique pour certaines compagnies qui pourraient ouvrir un bureau là-bas au lieu de, disons, Hong Kong ou Singapour. Cela a une certaine logique pour certaines compagnies.

+-

    M. Raymond Simard: Merci.

+-

    Le président: Monsieur Bergeron.

[Français]

+-

    M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ): Merci, monsieur le président. Dans un premier temps j'aimerais m'excuser auprès de M. Wiebe de mon retard. J'ose espérer que vous aurez l'occasion de nous envoyer les acétates, de telle sorte que je puisse les consulter plus en détail.

    J'aimerais revenir sur la dernière question posée par M. Speller concernant les relations économiques avec l'Asie-Pacifique comparativement à celles que nous entretenons avec les États-Unis.

    Dans un communiqué de presse de la Fondation Asie Pacifique du Canada, vous rapportiez les propos évoqués dans la Revue Canada-Asie, et je cite:

Le Canada paiera le prix s'il manque l'occasion de renforcer ses liens avec l'Asie en intégration, juste à cause de préoccupations de libre-échange en Amérique du Nord.

    Ma question est fort simple: comment pourrait-il en être autrement compte tenu du fait qu'actuellement, près de 80 p. 100 des produits que nous exportons vont sur le marché américain, dans un premier temps, et dans un deuxième temps, que le Canada occupe une part congrue sur les marchés asiatiques? Depuis l'an dernier, par exemple, la part du Canada dans les marchés d'importation des 10 principaux clients en Asie a diminué de 1,32 p. 100 à 1,24 p. 100. Alors vous demandiez de la part de ce gouvernement plus de leadership pour convaincre, si je puis dire, les milieux d'affaires canadiens de l'importance de l'Asie-Pacifique comme marché. Mais à la lumière de chiffres comme ceux-là, comment pourrait-on convaincre le gouvernement de faire preuve d'un tel leadership? Je vous demande plus un avis parce que nous, évidemment, nous aurons comme objectif par la suite de refaire des recommandations au gouvernement. Et d'autre part, quelles seraient les suggestions que vous nous proposeriez de faire au gouvernement canadien quant au leadership qu'il devrait manifester pour indiquer aux entrepreneurs, aux investisseurs canadiens, que le marché asiatique, le marché du Pacifique, est un marché dans lequel il vaut la peine d'investir?

[Traduction]

+-

    M. John Wiebe: Ce sont là de très bonnes questions. Je vais commencer par celle qui porte sur les États-Unis.

    Toute compagnie qui devient trop dépendante envers un marché en particulier a un problème potentiel à long terme. Nous soutenons que si nous nous engageons dans la trajectoire de la dépendance canadienne envers les États-Unis sur le plan économique, il nous incombe de chercher des solutions de rechange en terme de marchés. Je répète qu'il ne faut pas fermer les yeux sur ce que nous faisons aux États-Unis, mais simplement ajouter à nos débouchés. À bien des égards, c'est comme la monoculture; quand on pratique la monoculture, on est beaucoup plus vulnérable aux problèmes que si l'on a des cultures diversifiées. De la même manière, si l'économie américaine pique du nez et que nous en sommes dépendants à hauteur de 87 p. 100 ou 90 p. 100, nous avons un problème.

    Le Canada a une dépendance commerciale beaucoup plus marquée que celle de la plupart des pays que je connais. Notre ratio commerce/PIB est beaucoup plus élevé que ceux du Japon, des États-Unis ou même de la Chine. En Chine, le commerce représente 10 p. 100 du PIB, mais ici c'est 50 p. 100 ou 60 p. 100. Notre économie repose donc sur le commerce. Le dossier du bois d'oeuvre, du moins en Colombie-Britannique, montre bien à quel point cette dépendance peut être dangereuse pour notre économie. Nous utilisons cet argument sur le plan économique global parce que notre intérêt se situe en Asie. Nous utilisons cet argument pour poser des questions. Pourquoi pas l'Asie? Pourquoi ne pas envisager d'accentuer nos échanges commerciaux avec l'Asie?

    Quant à ce que le gouvernement peut faire, il est clair que les gouvernements ne peuvent pas dire aux compagnies où elles doivent s'installer ni ce qu'elles doivent faire. Ce n'est absolument pas ce que nous proposons. Mais ce que le gouvernement peut faire, c'est de donner de l'information à l'industrie, et il peut aussi donner aux acheteurs le signal que vous êtes prêts à faire des affaires et que leurs marchés vous intéressent.

    Ce que je disais tout à l'heure au sujet de l'image du Canada qui empêche peut-être certaines compagnies canadiennes de devenir des fournisseurs en Asie repose sur des données non scientifiques, comme par exemple mes impressions sur Taïwan. Nous avons traité avec un groupe de Taïwanais qui sont venus au Canada avec l'intention d'acheter des élevages de porcs. Quand nous leur avons montré le secteur de la technologie de l'information de Vancouver, ils n'en revenaient pas. Ils ne se doutaient pas que le Canada pouvait même fournir ce genre d'équipement. Ils étaient venus ici pour acheter des fermes où ils pourraient faire l'élevage du porc. Telle était leur vision de notre pays. Comment changer cela? Il faut conjuguer les efforts des gouvernements et de l'industrie. Je ne prétends pas que nous avons toutes les réponses, mais je pense que nous devons faire un effort et réfléchir à tout cela.

    En ce sens, nous disons que le gouvernement peut être un chef de file. Je répète qu'il ne doit pas dire aux compagnies où aller, mais plutôt être un leader en matière d'information, en faisant connaître aux pays asiatiques les richesses que nous avons. En ce sens, les missions d'Équipes Canada sont très bonnes, parce que c'est justement ce qu'elles font. Je pense que nous devons faire un suivi plus étoffé de ces missions.

º  +-(1620)  

[Français]

+-

    M. Stéphane Bergeron: J'aurais peut-être une brève question avant de passer à une autre sur ce même point. Dois-je comprendre que vous avez le sentiment que les agents, les délégués commerciaux qui sont en poste un peu partout en Asie, ne font pas correctement ou suffisamment le travail d'indiquer aux investisseurs, aux partenaires commerciaux asiatiques, ce que l'économie canadienne peut offrir? Il y aurait un effort additionnel à faire à ce niveau-là, si je comprends bien.

[Traduction]

+-

    M. John Wiebe: Je pense que nos délégués commerciaux font du très bon travail en Asie. Le problème est qu'ils sont surchargés. Nous affirmons que, depuis dix ans, notre présence dans la région a été diminuée au point où ces gens-là ne peuvent plus tout faire.

    En plus, ce ne sont pas seulement les délégués commerciaux ou les missions à l'étranger qui doivent assumer ce fardeau. Nous devons établir des relations qui vont au-delà des relations de gouvernement à gouvernement. Il nous faut des relations comme celles que nous avions entre les universités et les instituts de recherche, des relations au niveau individuel, si vous voulez. En ce sens, souvent, il faut que le gouvernement prenne l'initiative d'établir des relations de ce genre.

    Je ne dis pas qu'il faut simplement augmenter les effectifs du gouvernement sur le terrain ou que les gens ne font pas leur travail. Ils font du très bon travail, mais nos relations dans cette région ne sont plus aussi profondes et étendues, et c'est là que les gouvernements doivent prendre l'initiative.

[Français]

+-

    M. Stéphane Bergeron: Me reste-t-il encore un peu de temps, monsieur le président? Merci.

    Tout à l'heure, vous parliez du bois d'oeuvre et du conflit que nous vivons avec les États-Unis à cet égard. La semaine dernière, j'ai eu l'occasion de poser une question aux officiels du gouvernement sur les efforts qui étaient déployés pour investir le marché chinois, par exemple, qui fait un grand usage de bois d'oeuvre. Selon les chiffres que vous donnez vous-même, il semblerait que le Canada fournit quelque 33,2 p. 100 des maisons importées au Japon, des maisons à ossature de bois. On sait également que le 9 juillet prochain, les barrières tarifaires qu'applique la Chine sur les importations de papier journal vont être levées.

    En posant la question au secrétaire d'État Kilgour, on a appris que le gouvernement n'avait pas encore entrepris quelque démarche que ce soit pour tenter d'investir le marché chinois du papier en prévision de cette levée des barrières tarifaires. Selon vous, qu'est-ce qui devrait être fait? Vu l'importance de l'industrie du bois d'oeuvre, de l'industrie des pâtes et papiers au Canada et au Québec, qu'est-ce qui devrait être fait, selon vous, notamment au niveau gouvernemental, pour permettre une meilleure pénétration de nos produits sur les marchés asiatiques, particulièrement en Chine?

º  +-(1625)  

[Traduction]

+-

    M. John Wiebe: Beaucoup d'efforts sont déployés actuellement pour commercialiser le bois d'oeuvre canadien en Chine en particulier. Diverses missions commerciales sont allées là-bas. Vous devez toutefois vous rappeler que si ces marchés ont un potentiel énorme, ils sont encore minuscules en comparaison de celui des États-Unis, en termes de ventes réelles. Les chiffres ne sont pas très impressionnants, mais nous verrons une pénétration lente et graduelle. Au Japon, il a probablement fallu 20 ans pour en arriver au taux de pénétration actuel de ce marché, et il faudra encore du temps pour aller plus loin. La Chine a probablement le plus grand potentiel, mais c'est aussi le marché le plus compétitif. Le problème est que les Chinois ne peuvent pas encore se permettre de payer le prix pour acheter du bois d'oeuvre canadien pour construire leurs maisons.

    Quant à ce que le gouvernement pourrait faire, je ne vois rien de très précis. Je pense qu'il y a là-bas un certain nombre de missions. Je sais que le COFI, c'est-à-dire le Conseil des industries forestières, à Vancouver, travaille avec les compagnies pour les aider à se rendre là-bas. Mais sinon, à part multiplier les encouragements, fournir de l'information, et continuer de faire ce que l'on fait actuellement...

    Je dois admettre que je ne connais pas très bien le dossier du bois d'oeuvre en Chine ou au Japon. Je pense que cela va assez bien. Le gouvernement s'est penché sur la question des codes du bâtiment. Ils ont aidé le COFI au Japon et la même chose en Chine, et je pense que ce n'est pas mauvais comme orientation.

+-

    Le président: Monsieur Duncan.

+-

    M. John Duncan: Puisque l'on parle de bois d'oeuvre, je voudrais faire quelques observations. D'abord, certaines compagnies côtières de Colombie-Britannique réagissent en fait très bien aux défis du différend commercial avec les États-Unis dans le dossier du bois d'oeuvre. Interfor vient tout juste d'annoncer ses profits pour le dernier trimestre, et seulement 25 p. 100 de ses ventes sont faites aux États-Unis. Sachant ce que je sais au sujet de cette compagnie, le reste, soit 75 p. 100 des ventes, sont allés surtout en Asie. Il y a donc des éléments positifs.

    La Coast Forest & Lumber Association a en fait pris en charge la plupart des fonctions du Conseil des industries forestières en date du 1er janvier. Même avant cela, ils avaient fait d'importantes propositions prévoyant le financement fédéral pour nous aider à conserver notre part du marché au Japon. Le gouvernement fédéral ne les a jamais pris au mot et nous avons perdu d'énormes parts de marché au Japon, au profit des producteurs de bois séché et d'autres produits, surtout des compagnies scandinaves, qui se sont emparé de nos marchés traditionnels au Japon. Je pense donc que le gouvernement a un rôle important à jouer, si seulement il est à l'écoute.

    Ce qui est très évident—je pense que c'est probablement manifeste, bien que vous ne l'ayez pas dit... Je suis de Colombie-Britannique. Dans votre exposé, vous avez décrit l'Asie comme le deuxième marché commercial pour nous, mais pourtant, toutes les activités parlementaires, toute l'énergie du gouvernement canadien, tous les efforts du ministre du Commerce convergent vers nos autres partenaires commerciaux. Que ce soit l'Europe, l'Amérique latine ou le Mexique, c'est avec ces pays que nous cherchons à conclure des ententes de libre-échange. Même notre comité a commencé par étudier ces régions-là. On dirait que l'Asie vient toujours en dernier, et je comprends votre message, quand vous dites que nous devons changer cela.

    Les gens de Colombie-Britannique et d'Alberta et de tout le bassin du Pacifique doivent vraiment se réveiller, eux aussi. Bien des gens dans mon patelin commencent tout juste à prendre conscience des possibilités en Asie. J'ai commandité avec plaisir une mini-mission commerciale en Asie l'année dernière. Ce fut vraiment un plaisir d'accueillir des gens d'affaires et des politiciens asiatiques dans ma circonscription. Nous avons commencé à faire de l'éducation.

    Vous avez dit qu'il fallait établir des relations, mais quand on ne connaît personne, on n'a personne avec qui faire des affaires. C'est là qu'à mon avis, le gouvernement pourrait aider, parce que cela coûte très cher d'aller là-bas. Vos observations sont donc très appréciées.

    Nous avons des compagnies comme Rocky Mountaineer Railtours qui font du très bon marketing. Vous avez dit que les Canadiens sont très mauvais en marketing, et nous le sommes, mais Rocky Mountaineer a fait du marketing avec succès. Ils sont allés en Asie et ils réussissent à attirer au Canada des Asiatiques qui viennent voir ce qu'on a à leur offrir, et je suis certain que d'autres entreprises ont du succès là-bas.

    J'ai invité les membres du comité à rencontrer les gens de Rocky Mountaineer. Connaissez-vous d'autres compagnies dont vous pourriez nous parler?

º  +-(1630)  

+-

    M. John Wiebe: Je dois vous dire que je connais très bien Peter Armstrong.

+-

    M. John Duncan: C'est le nom que j'ai proposé, en effet.

+-

    M. John Wiebe: Je répète que ce que nous disons au sujet du marketing est une généralisation. Nous avons des gens qui se débrouillent très bien là-bas. Mais je pense que la perception générale parmi les entreprises canadiennes—cela change, mais je dis cela pour renforcer mon argument—a toujours été que nous sommes des vendeurs au prix du marché, parce que les gens viennent ici pour acheter ce que nous avons à vendre. Aujourd'hui, nous devons aller le vendre là-bas, mais nous ne connaissons pas très bien le fonctionnement des marchés étrangers. Dans le secteur du tourisme en particulier, nous avons probablement nos meilleurs spécialistes en marketing. Dans d'autres secteurs, notamment pour les marchandises, nous ne sommes pas aussi bons.

+-

    Le président: Monsieur Valeri.

+-

    M. Tony Valeri (Stoney Creek, Lib.): Merci, monsieur le président.

    J'ai une brève question qui porte sur le financement de votre organisation, parce que vous avez piqué ma curiosité tout à l'heure.

    Je pense que personne autour de la table ne conteste le bon travail que vous faites et le soutien que vous donnez aux compagnies canadiennes, mais pouvez-vous me dire quel devrait être votre budget? Si nous, au comité, cherchons un moyen d'améliorer les relations, l'information est d'une importance critique si nous voulons attirer les compagnies et leur faire découvrir les possibilités qu'offre le marché. Si le gouvernement devrait prendre l'initiative, quel devrait être le montant du budget? Si vous aviez un budget plus important, qu'est-ce que vous feriez que vous ne pouvez pas faire aujourd'hui faute d'en avoir les moyens?

+-

    M. John Wiebe: C'est une excellente question. Je vais vous donner quelques explications pour établir le contexte.

    Le budget de la Fondation Asie-Pacifique était de deux millions de dollars en 1984. Il n'a donc pas changé depuis 16 ans. Cependant, en 1992, il était de huit millions de dollars. Nous avons donc commencé à deux millions en 1984, sommes passés à huit millions en 1992 pour revenir ensuite à deux millions en 2002. Dans mon esprit, cela reflète l'intérêt envers la région et ce qui s'est passé.

    Pour répondre à votre question quant à ce dont nous avons besoin, à notre avis, je dirais que nous nous débrouillerions très bien avec cinq millions de dollars. Que pourrions-nous faire? Nous pourrions faire tout ce dont j'ai parlé pour aider les Canadiens à nouer là-bas des relations, chose que nous n'avons pu faire jusqu'à maintenant.

    Nous avions auparavant un programme de jeunes chefs de file, par lequel nous faisions venir au Canada de jeunes Asiatiques qui montent pour leur faire passer deux semaines au Centre de gestion de Banff et faire ensuite une tournée du Canada. Ils retournaient ensuite dans leur pays d'origine, où ils occupaient des postes élevés au gouvernement et dans l'industrie. Ils s'intéressaient évidemment au Canada à cette époque, mais il a fallu arrêter le programme en 1990 faute de budget.

    Nous avions aussi un programme appelé Programme des bourses de recherche pour journalistes, dans lequel nous envoyions des journalistes canadiens en Asie pour les aider à mieux comprendre l'Asie et à écrire des articles à ce sujet dans nos médias. Si les Canadiens connaissent mal l'Asie de nos jours, c'est en partie parce qu'ils n'ont jamais rien lu à ce sujet puisque l'on ne publie plus rien dans nos journaux. Nous n'avons plus de bureau à Tokyo. Nous en avions un, et nous avions coutume d'envoyer les journalistes là-bas. Il a fallu supprimer cela faute de budget.

    Nous n'avons plus la capacité de faire grand-chose en Asie parce que, comme un membre du comité l'a signalé, le billet d'avion coûte cher pour aller là-bas et cela coûte cher aussi d'y travailler. Nous n'avons plus assez d'argent, de sorte que nous devons nous limiter à faire l'analyse et la diffusion de l'information à partir de nos bureaux. Mais nous ne pouvons plus établir de relations. Quelqu'un a dit que l'on fait des affaires avec les gens que l'on connaît et en qui l'on a confiance, des gens que l'on comprend, mais nous ne contribuons plus à renforcer cette compréhension.

º  +-(1635)  

+-

    M. Tony Valeri: Une brève question supplémentaire. J'ignore s'il est juste de vous poser cette question, mais quand les budgets étaient plus élevés qu'ils ne le sont aujourd'hui, est-ce que la Fondation Asie-Pacifique faisait un suivi quelconque de ses activités, pour voir si vous obteniez les résultats espérés? On fait un suivi des succès obtenus. Êtes-vous aujourd'hui en mesure de dire quels sont les succès que vous n'obtenez plus faute d'avoir les moyens de faire certaines activités?

+-

    M. John Wiebe: On peut faire un certain suivi et mesurer l'influence que l'on peut avoir. Ce que nous avons pu observer, c'est la couverture de l'actualité asiatique dans les journaux. Par exemple, nous avons suivi l'intérêt des étudiants canadiens pour ce qui est d'apprendre les langues asiatiques. Nous avons suivi l'évolution du commerce, évidemment, mais quant à savoir si l'on peut s'en attribuer le mérite dans un sens ou dans l'autre...nous ne pouvons pas nous attribuer directement le mérite de l'un ou l'autre de ces résultats, mais tout est en baisse partout. Il y a une tendance au déclin dans tous les domaines. Comme vous l'avez vu, nos parts de marché sont en baisse. Même si certains chiffres absolus remontent, la part de marché diminue. Donc, en général, nous pouvons dire qu'il y a eu un désengagement de l'Asie.

    Le secteur dans lequel nous avons le plus grand potentiel ou dans lequel nous sommes encore tout à fait engagés en Asie, c'est le tourisme et le transport aérien. Air Canada a encore des vols vers l'Asie. Je dois vous dire que nous pouvons nous attribuer le mérite d'avoir amené Air Canada à s'intéresser à l'Asie. J'ai personnellement amené le président de l'époque à Hong Kong; c'était son premier voyage là-bas. Nous travaillons encore avec eux et ils sont encore commanditaires de la Fondation Asie-Pacifique, et l'on peut donc dire que c'est un certain succès. C'est également le cas de la compagnie Alcan.

    Nous avions aussi des bureaux à Montréal, Toronto, Winnipeg, Regina et Vancouver. Nous les avons fermés, parce que nous ne pouvions plus nous le permettre. Nous ne pouvons pas rejoindre les gens dans le reste du Canada comme nous le faisions avant.

+-

    Le président: Monsieur Duncan.

+-

    M. John Duncan: Une brève question dans la même veine. Nous avons des journaux chinois à Vancouver, comme Ming Pao, World Journal et d'autres journaux asiatiques. Avez-vous la capacité de lire les journaux écrits en chinois, par exemple, et de les traduire? Avez-vous cette capacité?

+-

    M. John Wiebe: Parmi notre personnel, nous avons des gens capables de les lire et de les traduire. Même si nous ne les traduisons pas comme tel, nous les lisons et en prenons connaissance et nous en extrayons des textes que nous utilisons à nos propres fins.

    La moitié du personnel de la fondation est asiatique, et la moitié n'est pas asiatique. Mon vice-président et économiste en chef, Yuen Pau Woo, est originaire de Singapour. Nous avons à la fondation des gens qui parlent chinois, japonais, hindi et coréen, ce qui nous permet de couvrir raisonnablement bien tous les coussins. Mais nous n'avons pas de traducteurs professionnels à proprement parler.

+-

    M. John Duncan: Vous arrivez à peine à couvrir les coussins.

    Merci pour cette précision.

+-

    Le président: John, au nom de mes collègues, je tiens à vous remercier beaucoup, mais je veux aussi vous poser une question. Je sais que vous avez fait un excellent exposé et vous avez répondu à nos questions avec franchise et concision. Au cours des prochaines semaines, je me demande si vous pourriez nous faire parvenir des recommandations précises quant aux mesures que vous aimeriez que le gouvernement prenne. En étudiant ce dossier, nous pourrions alors revenir sur ces recommandations pour voir si nous pouvons dégager un consensus au comité, afin de présenter un rapport à la Chambre des communes et ensuite au gouvernement du Canada.

    Nous avons trouvé très intéressantes vos observations sur votre fondation et sur ce que vous avez fait dans le passé. Je sais que votre budget a été réduit dans le cadre de ce que l'on a appelé à l'époque l'examen de programme. Ce qui vous est arrivé n'est pas différent de ce qui s'est passé partout ailleurs. Mais ce qui est vraiment étonnant, c'est que tous les autres ministères ont réussi à revenir à la situation antérieure. Je suppose que vous n'avez pas fait suffisamment de bruit dans le passé pour attirer l'attention que vous méritez, mais je pense que le moment est bien choisi pour vous pour témoigner devant notre comité.

    Je vous remercie donc beaucoup et j'espère que vous nous ferez parvenir des recommandations précises.

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    M. John Wiebe: Merci de m'avoir accueilli, monsieur le président.

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    Le président: Comme il est 16 h 45, la séance est levée.