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SPER Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Sous-comité de la condition des personnes handicapées du comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mardi 27 mai 2003




¿ 0940
V         La présidente (Mme Carolyn Bennett (St. Paul's, Lib.))
V         Mme Madeleine Dalphond-Guiral (Laval-Centre, BQ)
V         La présidente
V         M. Vernon Short (lauréat de la Bourse de recherches de la flamme du centenaire 2002)
V         La présidente
V         La présidente
V         M. Vernon Short

¿ 0945

¿ 0950

¿ 0955

À 1000

À 1005

À 1010

À 1015

À 1020

À 1025
V         La présidente
V         M. Vernon Short
V         La présidente
V         M. Reed Elley (Nanaimo—Cowichan, Alliance canadienne)
V         M. Vernon Short
V         M. Reed Elley

À 1030
V         La présidente
V         Mme Madeleine Dalphond-Guiral
V         M. Vernon Short

À 1035
V         La présidente
V         M. Vernon Short
V         La présidente
V         M. Vernon Short

À 1040
V         La présidente










CANADA

Sous-comité de la condition des personnes handicapées du comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées


NUMÉRO 014 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 27 mai 2003

[Enregistrement électronique]

¿  +(0940)  

[Traduction]

+

    La présidente (Mme Carolyn Bennett (St. Paul's, Lib.)): La séance est ouverte.

    Vern Short est lauréat de la Bourse de recherches de la flamme du centenaire. Il est allé avec le photographe faire prendre sa photo à la flamme du centenaire. Le photographe reviendra ici avec lui pour que Vern se fasse photographier avec le comité.

    Vern m'a demandé si la Bourse de recherches de la flamme du centenaire a déjà été remise à une personne de l'Ouest. Nous allons donc nous renseigner pour voir si nous pouvons lui obtenir une réponse.

    La partie intéressante de cette séance, c'est que j'ai ici un chèque.

+-

    Mme Madeleine Dalphond-Guiral (Laval-Centre, BQ): Pour faire quoi?

+-

    La présidente: C'est la partie la plus importante de la séance. Comme vous le savez, la Bourse de recherches de la flamme du centenaire est financée à même l'argent qui est lancé dans la fontaine et chaque année, nous avons le plaisir de présenter le chèque. Nous sommes très heureux que M. Short ait été choisi comme lauréat cette année.

    Je vais m'arrêter ici et vous donner la parole, Vern. Nous aimerions entendre votre exposé, et que vous nous parliez du genre de travail que vous faites à Kamloops dans le domaine de la promotion des droits et de l'accessibilité.

    Merci.

+-

    M. Vernon Short (lauréat de la Bourse de recherches de la flamme du centenaire 2002): Bonjour, madame la présidente, et bonjour aux autres honorables membres du sous-comité. Je m'appelle Vernon Short et je suis de Kamloops, en Colombie-Britannique. Je considère mon rôle à Kamloops comme étant essentiellement celui de défenseur des personnes handicapées, que leur handicap soit visible ou non.

    On a tellement besoin de gens pour défendre les intérêts d'autres personnes qui ne peuvent exprimer leurs propres besoins. En plus d'intervenir à titre personnel, je me considère comme étant un défenseur systémique. J'estime que c'est une partie très importante de la société aujourd'hui, car on oublie parfois les personnes handicapées avec le rythme effréné de la société.

    Je suis aveugle au sens de la loi. Je suis membre bénévole du conseil d'administration pour le district de l'Intérieur-Sud de la Colombie-Britannique de l'INCA. Je suis également pair conseiller à Kamloops. Comme je l'ai dit, je défends les droits de toutes les personnes handicapées, que leur handicap soit physique ou mental.

    L'an dernier, j'ai réussi à obtenir un ordinateur avec un grand moniteur pour le collège universitaire local à Kamloops, afin que toutes les personnes handicapées puissent y avoir accès.

+-

    La présidente: Je m'excuse de vous interrompre, mais nous allons suspendre la séance quelques secondes pour faire prendre notre photo.

¿  +-(0942)  


¿  +-(0944)  

+-

    La présidente: Nous reprenons la séance. Vous pouvez continuer.

+-

    M. Vernon Short: C'est au cours d'une conférence des collectivités rurales qui s'est tenue en 2001 à Vernon que j'ai décidé de devenir défenseur. C'était la première conférence régionale de ce genre à se tenir au Canada. Puisque je viens d'une région de la Colombie-Britannique où la plupart des collectivités sont rurales, il est très important de faire entendre la voix des personnes handicapées dans les collectivités rurales et d'exprimer leur bien-être. Il est très important pour ces personnes d'avoir accès à l'éducation et à la formation, au transport, à une couverture médicale abordable, et je ne voudrais certainement pas oublier non plus le logement abordable.

    J'aimerais revenir à une citation à laquelle les gens n'ont pas toujours la chance de réfléchir. C'est une citation de Joseph P. Shapiro.

Le groupe des personnes handicapées [...] est la minorité à laquelle n'importe qui peut se joindre à n'importe quel moment, à la suite d'un accident d'automobile, d'une chute dans un escalier, du cancer ou d'une maladie [...]

    Donc si on y réfléchit un instant, on s'aperçoit que parfois on tient pour acquis nos capacités de personnes non handicapées.

    On oublie comment on peut perdre rapidement toutes ses capacités lorsqu'on se retrouve avec une maladie comme une bonne amie à moi à Fort St. John qui a une multitude de maladies mais qui souffre surtout d'une forme de sclérose en plaques. Sa mobilité est très limitée. Ensuite, il y a naturellement le cancer qui est une maladie souvent fatale.

    Dans le milieu des handicapés, nous utilisons le terme temporairement non handicapé. Aujourd'hui, nous aimerions vous informer, vous inspirer et vous faire participer.

    Lorsque nous parlons d'incapacité, il faut avoir une définition bien claire de ce terme. L'incapacité se divise en trois segments. La déficience est une perte ou une anomalie d'une structure ou d'une fonction anatomique, physiologique ou psychologique.

¿  +-(0945)  

    L'incapacité désigne toute restriction ou absence due à une déficience, de la capacité d'exécuter une activité de la manière ou dans la plénitude considérée normales pour un être humain.

    Puisque je suis aveugle au sens de la loi, je ne peux pas lire un journal imprimé dans un caractère normal sans une aide à la lecture. Il est impossible pour moi de lire, donc j'ai une déficience physique, qui est une déficience de la vue. Mais cela devient un handicap pour moi de lire le journal ou, très souvent, de lire les plaques de rue ou les adresses, de sorte que cela devient un handicap social.

    Un handicap est une incapacité qui désavantage l'individu concerné en restreignant ou en empêchant l'exercice d'un rôle normal pour lui, compte tenu de son âge, de son sexe, et de facteurs sociaux et culturels.

    Si vous me le permettez, j'aimerais énumérer certains droits internationaux garantis aux personnes handicapées : le Document universel des droits de la personne de 1948; la Déclaration des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées de 1975; le Programme d'action mondiale concernant les personnes handicapées de 1983; les Règles pour l'égalisation des chances des handicapés, de 1994; et la Déclaration de Copenhague sur le développement social de 1995.

    Dans le cadre du projet de la Bourse de recherches de la flamme du centenaire, j'ai choisi un ami à moi de Kamloops qui, à mon avis, correspondait le mieux aux critères du sous-comité. Aujourd'hui, je veux vous informer, vous influencer et vous faire participer en vous parlant d'une personne qui est un employé d'une agence du gouvernement fédéral que l'on appelle Développement des ressources humaines Canada.

¿  +-(0950)  

    Son nom est Todd Harding, il est agent de programme et il est aveugle. Il apporte également une contribution importante à sa collectivité en tant que bénévole. En tant qu'agent de programme et en tant que bénévole, il est en mesure d'offrir un point de vue unique à son employeur et à ses clients, et d'inspirer ses collègues bénévoles au sein de la collectivité. Pour moi, Ted personnifie un handicapé qui est en mesure de fonctionner et d'avoir du succès au travail, et de faire du bénévolat au sein de sa collectivité.

    Il est temps que les personnes handicapées reprennent la place qui leur appartient dans la société. Les personnes handicapées sont d'abord des personnes et seules leur personnalité et leurs capacités font qu'elles sont différentes. Par conséquent, les personnes handicapées, lorsqu'on leur donne l'occasion d'occuper un emploi intéressant avec un salaire égal pour le travail effectué, peuvent être considérées comme un atout pour leur employeur, puisqu'elles offrent aux clients un point de vue qui leur est unique dans le cadre de leur travail.

    Dans la population active, aujourd'hui, l'inclusivité est un principe qui s'impose, ce qui permet aux personnes handicapées de développer leur plein potentiel de façon à ce qu'elles puissent être maîtres de leur propre destinée dans un pays et dans un monde où les conditions économiques et sociales changent rapidement.

    Je remercie les membres du comité d'avoir été patients pendant que je lisais.

    Ma thèse de travail s'appuie sur quatre points que je voulais porter à l'attention des membres du comité. Le premier consistait à examiner le profil professionnel et communautaire de M. Todd Harding. Le deuxième était de faire comprendre que les personnes handicapées devraient reprendre la place qui leur revient dans la population active. Le troisième était que les personnes handicapées devraient être considérées comme un atout pour les employeurs car elles offrent un point de vue unique aux clients. Le quatrième était que les personnes handicapées devraient être considérées comme pouvant apporter une contribution valable à titre de bénévoles au sein de la collectivité et de la société.

    Trop souvent, l'attitude qui prévaut dans les collectivités de notre grand pays c'est qu'elles ne représentent pas un avantage pour les employeurs ou les organismes bénévoles. Je dis que cette attitude est mauvaise.

    En ce qui concerne la sécurité d'emploi, certaines personnes ont l'impression d'être surqualifiées, et j'ai apporté des tableaux que j'ai remis au greffier dans le cadre de cet exposé.

    Le tableau 1 montre la crainte de perdre son emploi au cours des 12 prochains mois pour les personnes handicapées et non handicapées au Canada en 2000. Dix pour cent des personnes handicapées disaient qu'elles risquaient très probablement de perdre leur emploi; 8,2 p. 100 disaient qu'elles craignaient plus ou moins de perdre leur emploi; 12,2 p. 100 disaient qu'elles ne craignaient pas vraiment perdre leur emploi; et 60 p. 100 disaient qu'elles n'avaient pas l'impression qu'elles perdraient leur emploi. Pour ce qui est des personnes non handicapées, 77,1 p. 100 disaient qu'il était très peu probable qu'elles perdent leur emploi.

¿  +-(0955)  

    Donc, même si les personnes handicapées ont de la difficulté à obtenir un emploi, la plupart du temps elles sont des employés loyaux à long terme. Elles ont cependant toujours l'impression que si elles ne respectent pas les échéances ou si elles ne peuvent faire concurrence à leurs collègues qui n'ont pas de handicap, leurs employeurs trouveront un échappatoire et les mettront à pied. C'est quelque chose que je voulais certainement porter à l'attention du comité.

    Tout le monde sait que l'invalidité et la pauvreté vont de pair. Les personnes handicapées sont généralement pauvres car elles ont de la difficulté à trouver un emploi rémunéré. Cela signifie que des milliers de Canadiens handicapés ne peuvent gagner suffisamment d'argent pour subvenir à leurs besoins. Par conséquent, bon nombre d'entre eux doivent faire appel à des programmes de soutien du revenu. Plutôt que d'assurer l'autosuffisance, ces programmes nuisent souvent à la transition à l'emploi.

    J'aimerais porter à votre attention les niveaux de revenu. Ces données proviennent de Statistique Canada et datent de 1991. Seulement 13 p. 100 des personnes handicapées ont un revenu total provenant de toutes sources de plus de 35 000 $ par an. Soixante-cinq pour cent des personnes handicapées ont un revenu total, toutes sources confondues de moins de 10 000 $ par an. Madame la présidente et membres du comité, je n'ai pas honte de vous dire que je me retrouve dans cette catégorie. Mon revenu annuel actuel est de 9 400 $ par an. Après avoir payé mon loyer, les aliments, les médicaments dont j'ai besoin et mes factures de services publics, souvent il me reste moins de 200 $ pour finir le mois, et je ne suis pas le seul dans cette catégorie.

À  +-(1000)  

    Parmi les adultes qui souffrent d'un handicap intellectuel, 74 p. 100 ont un revenu total de moins de 10 000 $ par an, et 58 p. 100 des personnes handicapées ont un revenu total, toutes sources confondues de moins de 15 000 $ par an. Je n'ai pas les chiffres pour ce qui est des Autochtones, mais j'imagine qu'ils seraient à peu près les mêmes ou même moins élevés. J'ai énormément de sympathie pour la communauté autochtone, car 30 p. 100 de sa population souffre d'un handicap quelconque. Je trouve cela très difficile à accepter. Cela me fait beaucoup de peine.

    Lorsque je recueillais de l'information au sujet de M. Todd Harding, je suis allé voir cinq personnes qui avaient des rapports professionnels au travail avec Todd Harding qui est agent de programme à DRHC. J'ai remis au sous-comité un exemplaire des huit questions auxquelles vous m'avez demandé de répondre. Elles Ils ont été très positives et très enthousiastes à son égard, et je vous souligne en passant que Todd fait ce travail depuis 11 ans. Je dois ajouter que ce projet a failli ne pas voir le jour tout simplement parce qu'il a eu un grave accident d'automobile l'an dernier, alors qu'un autre véhicule a frappé le sien dans le côté et il s'est donc retrouvé hors circuit pendant longtemps. Il est depuis revenu au travail avec pleine capacité et avec une passion et un amour encore plus grands pour son travail, ses collègues et les chômeurs.

    M. Todd Harding serait le premier à vous dire que l'attitude de la société est l'obstacle le plus important qui empêche les personnes handicapées de trouver un emploi valable. Oui, nous avons eu des succès. Nous avons réussi à surmonter ces obstacles. Nous avons réussi à éliminer certains de ces obstacles de façon permanente, mais j'ai bien peur qu'il y aura encore longtemps des obstacles. Il faudra continuer encore longtemps à tenter de changer l'attitude de la société à l'égard des personnes handicapées, que leur handicap soit visible ou non.

À  +-(1005)  

    C'est un sujet dont je parle moi aussi avec passion. Je pense que les collectivités ont tout à gagner à embaucher des personnes handicapées. Je sais bien que dans certains cas, les handicaps sont trop graves pour permettre à la personne d'occuper un emploi. Mais il n'en reste pas moins que certaines personnes handicapées peuvent exercer un emploi pleinement, pourvu qu'on les aide en leur fournissant par exemple des moniteurs à grand écran pour leur ordinateur, des logiciels de lecture sonore, des bureaux accessibles en fauteuil roulant ou en permettant les horaires souples. Encore une fois, toutes ces mesures diminuent le stress pour les personnes handicapées.

    Le taux de chômage officiel, d'après Statistique Canada, s'est toujours situé entre 17 et 19 p. 100 à Kamloops. Les chiffres réels seraient plutôt de l'ordre de 22 p. 100. J'ai appris tout récemment, au début de mai, que la localité de Hazelton, en Colombie-Britannique, avait un taux de chômage de 93 p. 100. Dans ces conditions, imaginez quelles sont les possibilités de trouver un emploi à temps partiel ou à temps plein pour une personne handicapée de Hazelton.

À  +-(1010)  

    Dans le cadre de ce projet, j'ai travaillé assidûment et j'ai réalisé une entrevue de trois heures avec Todd Harding. Tout au long de notre entretien, il a évoqué l'attitude de l'ensemble de la société face aux personnes handicapées.

    Vers la fin de l'entretien, Todd a déclaré que les milieux d'affaires devront bien tôt ou tard changer d'attitude face aux personnes handicapées, parce qu'elles consomment des biens et des services tout comme les autres membres de la société. Si les entreprises changent d'attitude et tiennent compte de nos besoins, nous travaillerons pour elles. Les personnes handicapées doivent être considérées tout d'abord comme des personnes. Pour peu qu'on leur offre les mêmes possibilités qu'aux autres, on verra ce dont elles sont capables.

    Pour décrire Todd aux membres du Comité, je dois absolument mentionner sa participation à l'action communautaire. Il préside le comité chargé des dossiers qui touchent les personnes handicapées pour la ville de Kamloops, et fait partie du groupe de travail du maire. Il préside ce comité depuis quatre ans.

    Il siège également au comité des possibilités et des capacités de Kamloops; celui-ci regroupe des représentants d'autres organismes qui cherchent à favoriser l'emploi de personnes handicapées. De plus, il est coprésident d'un comité consultatif national des diplômés ainsi que le représentant du Canada au sein d'un organisme dont le siège social est en Californie et qui s'occupe de fournir des chiens-guides aux aveugles.

    Au sein de son syndicat, Todd Harding est aussi le représentant des droits de la personne et de l'équité raciale en milieu de travail. Il fait aussi partie de la Kamloops Fish and Game Association. C'est un amant de plein air et je ne connais pas de personne handicapée qui s'adonne plus activement que Todd à la pêche, au ski et au canotage. Il n'y a pas de sport ou d'activité de plein air qu'il refuserait d'essayer.

À  +-(1015)  

    En guise de conclusion, j'aimerais réitérer que les personnes handicapées sont d'abord des personnes et qu'elles ne se distinguent des autres personnes que par leur personnalité et leurs capacités. Aujourd'hui plus que jamais, les personnes handicapées doivent revendiquer leur juste de place dans la société. Si on leur donne la possibilité d'occuper un emploi valorisant et si on les rémunèrent équitablement, elles peuvent se révéler de véritables atouts pour leur employeur. Les personnes handicapées peuvent apporter beaucoup à leur employeur et à leur collectivité, en faisant bénéficier les clients de leur perspective particulière. J'aimerais citer M. Robert Eichvald, agent de liaison national auprès des employeurs pour l'Institut national canadien pour les aveugles, à Toronto, qui a déclaré que « c'est en recrutant ses employés dans une population variée qu'on peut servir une clientèle variée ».

    À titre d'agent de programme à DHRC, M. Todd Harding est la preuve vivante qu'une personne handicapée, qui est tout d'abord une personne, peut réussir dans son travail. Il fait profiter ses clients, handicapés ou non, de son attitude positive, de ses excellents services et de son grand dévouement. Il est évident à mes yeux que M. Todd Harding, dans son emploi d'agent de programme, est un homme compétent, respecté et cultivé qui fait son travail avec assurance.

    J'ai évoqué tout à l'heure les obstacles à l'emploi et le piège du chômage. La plupart des Canadiens handicapés en âge de travailler sont sans emploi et se heurtent à de sérieux obstacles sur le marché du travail. Peu importe la nature de leur handicap, ils sont aux prises avec ces obstacles. L'inaccessibilité des lieus de travail est l'obstacle le plus évident. D'autres découlent cependant des attitudes et des stéréotypes de beaucoup d'employeurs qui jugent les personnes handicapées en fonction de leurs limites plutôt que de leur potentiel et de leurs capacités. Ils hésitent donc à les embaucher.

    Beaucoup de personnes handicapées n'ont pas accès aux facteurs associés à la réussite professionnelle, notamment : accès à une éducation de qualité, accès à la formation nécessaire, utilisation d'un véhicule personnel ou de moyens de transport en commun, modes de recrutement et milieux de travail favorisant l'inclusion, rémunération suffisante, sécurité d'emploi, accessibilité d'aides personnelles, counselling professionnel efficace et prise en charge des coûts associés à la déficience.

À  +-(1020)  

    Voici ce qu'a dit Fran Cutler, présidente du Conseil national de l'Institut canadien national pour les aveugles, en avril 2002 :

La révolution de la technologie de l'information permet aux aveugles et aux malvoyants de faire n'importe quel travail dans la société de l'information, mais les mentalités n'ont pas évolué au même rythme.

    Autrement dit, nous avons de plus en plus de moyens technologiques qui permettent aux personnes aveugles ou malvoyantes de contribuer à la société, mais ce sont les mentalités qui font obstacle à l'amélioration de leur sort.

À  +-(1025)  

+-

    La présidente: Pourriez-vous vous interrompre un instant, pour que je puisse demander aux membres du Comité s'ils ont des questions. Est-ce que cela vous convient?

+-

    M. Vernon Short: Absolument.

+-

    La présidente: Monsieur Elley.

+-

    M. Reed Elley (Nanaimo—Cowichan, Alliance canadienne): Je n'ai pas de questions très précises relativement à vos recherches et à votre rapport, Vern, mais je voudrais vous féliciter pour ce travail. C'est une contribution précieuse aux études sur le sujet, études que nous devons faire faire constamment pour nous aider à adopter de bons programmes et de bonnes politiques afin d'aider les personnes handicapées partout au Canada.

    J'ai cependant une petite question. Dans votre rapport, vous avez utilisé les données de Statistique Canada sur les niveaux de revenu de 1991. Y a-t-il des statistiques plus récentes?

+-

    M. Vernon Short: Je n'ai pas pu trouver de données plus à jour sur les niveaux de revenu, mais quand Statistique Canada et le Conseil canadien de développement social... je reçois de l'information mise à jour sur les personnes handicapées et j'en ai remis des exemplaires au Comité. Des données à jour ont été publiées au cours de la dernière année et comme j'ai transmis cette information au greffier, vous y aurez accès.

+-

    M. Reed Elley: Les statistiques que vous avez présentées donnent une très bonne idée du niveau de revenu des personnes handicapées partout au Canada. Ce sont des statistiques qui donnent à réfléchir et qui nous font comprendre que notre société si riche et qui se prétend si généreuse, particulièrement dans certains domaines, n'a pas réussi à assurer un meilleur niveau de revenu aux Canadiens handicapés.

    J'espère que les études récentes révéleront que la situation s'est améliorée, mais malheureusement je pense que ce ne sera pas le cas. Les personnes handicapées de tout le Canada sont encore aux prises avec la pauvreté, ce qui les défavorise énormément sur le plan social et économique.

    J'ai beaucoup aimé la façon dont vous avez présenté la situation. Il importe de savoir qu'il y a des gens comme Todd Harding qui ont réussi à surmonter les difficultés majeures dans leur vie. Il est tout particulièrement encourageant de savoir qu'un homme doté d'autant de talents et de capacité exerce un emploi qui lui permet d'aider les autres. Votre travail nous encourage, merci beaucoup.

À  +-(1030)  

+-

    La présidente: Madeleine.

[Français]

+-

    Mme Madeleine Dalphond-Guiral: Monsieur Short, merci infiniment d'être parmi nous. Dans votre exposé, la chose qui m'a particulièrement frappée, autant chez vous que chez la personne dont vous avez un petit peu mis la personnalité de l'avant, c'est la barrière extrêmement importante à laquelle doivent faire face les personnes handicapées, qui vient de la réception de l'autre. Ayant passé une grande partie de ma carrière dans le domaine de la santé, je peux facilement comprendre ce que vous dites.

    Par ailleurs, je suis tout à fait convaincue, comme vous, que nous sommes tous des personnes handicapées en devenir et que, avec l'accroissement de la longévité, cela va devenir presque la norme, au fond. Les gens qui seront en très grande forme jusqu'à leur mort seront l'exception. Devant cette réalité, quel est, d'après vous, l'un des moyens les plus importants pour sensibiliser la population d'un État développé comme le nôtre, et à quel moment cette sensibilisation devrait-elle commencer?

[Traduction]

+-

    M. Vernon Short: Je pense qu'il faut mettre en place un programme permanent pour sensibiliser les gens aux difficultés que vivent les personnes handicapées. Au cours des deux dernières années, j'ai mis au point un programme de sensibilisation que je présente dans des entreprises et des écoles. Par exemple, j'explique les termes justes pour désigner les personnes handicapées sans risquer de les blesser. Croyez-le ou non, on entend encore aujourd'hui des personnes bien portantes traiter d'arriérés mentaux les personnes atteintes de paralysie cérébrale. Vous conviendrez sans doute avec moi que de tels termes sont très offensants.

    Nous devons offrir régulièrement des programmes de sensibilisation aux grandes entreprises, aux écoles et au PME, afin de provoquer un changement des mentalités. Si nous amenons ne serait-ce qu'une seule personne à changer son attitude nous aurons réussi.

À  +-(1035)  

+-

    La présidente: J'ai une petite question. Par le travail que vous faites, est-ce que Todd ou vous-même voyez une différence entre les personnes qui sont nées handicapées et celles qui le sont devenues; je parle de différences au niveau de la motivation, de l'attitude, des attentes vis-à-vis de soi-même ou de la dépression, par exemple? À votre avis, faudrait-il une approche différente pour cette catégorie de personnes?

+-

    M. Vernon Short: Je vous dirais, d'après mon expérience, que les obstacles auxquels j'ai été confrontés à cause de mon handicap m'ont fait prendre davantage conscience de l'attitude de l'ensemble de la population. Pour répondre à votre question, je dirais que certaines personnes handicapées croient fermement qu'elles doivent travailler beaucoup plus fort que les autres pour faire reconnaître par l'ensemble de la société leurs capacités, leur passion et leurs droits.

+-

    La présidente: Vous avez apporté beaucoup au débat simplement en nous expliquant le sens de l'acronyme TAB—temporarily able bodies—en anglais, qui pourrait se traduire, en français par personne temporairement non handicapée, n'est-ce pas?

[Français]

une personne temporairement saine.

[Traduction]

    Nous sommes des personnes temporairement non handicapées parce qu'un jour ou l'autre, nous aurons un handicap. Cette expression est intéressante parce qu'elle me semble traduire une approche fondée sur l'inclusion et non sur l'opposition entre les personnes handicapées et les autres. Nous serons tous handicapés un jour ou l'autre, et il est bon de le rappeler.

    J'ai entendu un témoin signaler qu'on ferait de grandes économies si tout le monde était aveugle, puisqu'on aurait pas besoin d'éclairage électrique. Quelqu'un d'autre a expliqué qu'il coûte moins cher d'embaucher une personne en fauteuil roulant parce que les fauteuils comme ceux que nous avons ici coûtent 200 $ pièce, alors que les personnes handicapées fournissent leur propre fauteuil. En regardant les choses par l'autre bout de la lorgnette, on peut favoriser l'exclusion—

+-

    M. Vernon Short: Je trouve intéressant que vous le disiez. Hier j'ai visité le Musée des civilisations à Hull en compagnie de mon ami Jeff et j'ai trouvé ça formidable. C'était spectaculaire. Il y avait un montage où on représentait un bateau dans lequel prenaient place des gens, un corbeau et différents autres animaux. C'était une oeuvre de Bill Reid, un artiste autochtone de la Colombie-Britannique. Cela voulait dire que nous sommes tous dans le même bateau et que nous avançons tous dans la même direction.

    Je voudrais donc adresser la question suivante à votre comité : pourquoi ne tâcherions-nous pas tous d'avancer dans la même direction et ensemble—les personnes handicapées et non handicapées?

À  -(1040)  

-

    La présidente: Voilà une excellente conclusion. Nous sommes effectivement tous dans le même bateau et devons nous occuper les autres des autres, ce qui a toujours été la formule privilégiée au Canada.

    Je vous remercie d'être venue et j'espère que vous avez trouvé votre séjour agréable. On vous fera visiter la Colline, puis ce sera l'heure du déjeuner. Nous espérons bien vous voir dans la tribune du président pendant la période des questions.

    Merci beaucoup, Vern.

    Nous allons maintenant entreprendre à huis clos l'étude des demandes pour l'an prochain.