NDDN Rapport du Comité
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CONCLUSION
Le présent rapport porte tout particulièrement sur la mission militaire du Canada en Afghanistan. Il montre que si les Forces canadiennes assument le leadership opérationnel de la campagne militaire dans le sud de l’Afghanistan et si elles font très bonne figure, la mission dans son ensemble se heurte encore à de nombreuses embûches. Bien que noble, cette mission est vraiment complexe. Il n’existe pas de solutions à court terme, ni de remèdes miracles. Les témoins entendus par le Comité sont unanimes à réclamer un engagement à long terme de la part de la communauté internationale pour les dix prochaines années peut-être — si ce n’est pour toute une génération.
Il est clair pour bon nombre d’observateurs que la mission militaire ne suffira pas à elle seule à résoudre le problème de l’Afghanistan. Donc, même s’il est entendu que les Forces canadiennes sont en Afghanistan pour défendre nos intérêts nationaux, elles sont aussi là-bas pour contribuer aux vastes efforts déployés par la communauté internationale pour aider les Afghans à reconstruire leur pays de manière qu’il ne devienne plus jamais un havre pour les terroristes. Notre mission militaire sert aussi à appuyer le travail de nos proches alliés et de nos autres nations amies au sein de l’ONU, de l’OTAN et du G‑8.
Le Comité a constaté que la FOI‑AFG est, de toutes missions canadiennes du genre, celle qui présente la plus grande efficacité au combat, la mieux entraînée, la mieux encadrée, la mieux équipée et la mieux soutenue. Elle représente l’un des trois « D » – en l’occurrence, la « défense » – de l’approche 3D adoptée par le gouvernement dans les situations complexes de conflit et d’après-conflit. Les deux autres éléments de cette approche sont la diplomatie et le développement. L’approche 3D s’inscrit elle-même dans la démarche pangouvernementale généralement privilégiée par le gouvernement pour gérer les situations de crise modernes.
Nous avons dégagé trois facteurs importants à prendre en considération au moment d’évaluer la mission. Premièrement, le Canada n’intervient pas unilatéralement en Afghanistan et ne peut tout simplement pas décider de son propre chef de « faire ceci » ou de « changer cela ». Deuxièmement, la mission en est une de renforcement des capacités, c’est-à-dire qu’elle vise à aider les Afghans à renforcer leur capacité de se prendre en mains. Nous avons aussi constaté, par ailleurs, qu’il ne sert à rien de précipiter l’envoi de fonds, de ressources humaines et d’équipement si les structures en place ne sont pas prêtes encore à les utiliser efficacement. Troisièmement, et c’est là sans doute l’élément le plus important, le Canada a pris position dans ce conflit. La mission n’a pas et n’a jamais rien eu de commun avec une mission de maintien de la paix.
Dans l’ensemble, la mission est exposée à des menaces de trois ordres. D’abord, la principale menace directe pour la sécurité nationale de l’Afghanistan et pour les troupes canadiennes réside dans la présence des talibans qui continuent à fomenter la rébellion contre le gouvernement afghan et utilisent des tactiques de guérilla contre la FOI‑AFG, notamment des attentats-suicides, des engins explosifs improvisés et des embuscades à la mitrailleuse et au fusil lance-grenades. La deuxième menace réside dans le climat malsain créé par l’effet conjugué de la corruption, du commerce illégal de la drogue et de l’influence constante exercée par les seigneurs de la guerre à l’extérieur de Kaboul. Quant à la troisième forme de menace, elle est plus près de nous. Elle réside dans notre propre impatience devant la lenteur des progrès accomplis en Afghanistan.
Le rapport reconnaît qu’il reste de nombreux défis de taille à surmonter. Ainsi, le travail d’information du gouvernement canadien et des médias pour renseigner la population canadienne en général et les parlementaires sur la mission militaire du Canada en Afghanistan a grandement laissé à désirer. Le gouvernement aurait pu faire davantage et les médias auraient pu être beaucoup plus nuancés dans leurs reportages.
À nos yeux, la mission militaire n’est pas aussi déséquilibrée que certains le prétendent. L’équilibre se mesure beaucoup mieux en fonction des résultats. Si l’on se fie aux travaux de l’Équipe provinciale de reconstruction de Kandahar pilotée par le Canada et de l’équipe consultative stratégique-Afghanistan déployée au sein des ministères du gouvernement afghan à Kaboul, la mission militaire a toujours eu un degré d’équilibre qui échappe à la plupart des Canadiens.
Le Canada pourrait faire plus pour instruire l’Armée nationale afghane, puisque la mise en place d’une Armée nationale afghane compétente, efficace et capable de protéger le pays constitue, en quelque sorte, une « stratégie de sortie » ou une condition préalable essentielle au retrait des troupes étrangères de l’Afghanistan.
Les soldats canadiens blessés au champ de bataille sont pris en charge par un système médical de calibre international qui fonctionne grâce au soutien des troupes multinationales et alliées, depuis le champ de bataille jusqu’au Canada. La capacité des Forces canadiennes de diagnostiquer et de traiter les traumatismes psychiques a beaucoup évolué au cours de la dernière décennie et les soins offerts aux soldats victimes de stress opérationnel à la suite de leur séjour en Afghanistan font l’objet d’une attention considérable. Il y aurait toutefois lieu de faire davantage pour atténuer les répercussions psychologiques sur les familles des militaires.
Les soldats canadiens en poste en Afghanistan disposent de certaines des meilleures pièces d’équipement au monde et, ce qui est sans doute plus important encore, l’amélioration du processus d’acquisition de matériel de défense a grandement accéléré la livraison de nouveau matériel opérationnel important. L’un des besoins qui reste encore à combler est l’acquisition d’hélicoptères de transport moyen-lourd afin de faciliter et d’accélérer le déploiement tactique de troupes de combat et de réduire la nécessité de recourir à des convois routiers, qui sont davantage à la merci des embuscades et des attentats au moyen d’engins explosifs improvisés. Nous encourageons le gouvernement à accélérer la livraison de ces appareils.
Le Comité estime nécessaire que les ressources destinées au développement et à la reconstruction soient acheminées plus rapidement par l’ACDI, après la fin des opérations de combat qui déplacent des civils innocents. Nous insistons aussi sur la nécessité d’accorder plus d’attention au traitement et au transfert des détenus afghans. Enfin, nous demeurons préoccupés par les répercussions des décès accidentels d’Afghans innocents qui surviennent dans le cadre des opérations militaires menées par la FIAS.
En bout de ligne, après avoir entendu une multitude de points de vues de la part d’une multitude de témoins, nous en arrivons à la conclusion que la mission militaire complexe et noble que mène actuellement le Canada en Afghanistan est loin d’être terminée. Nous savons aussi que la reconstruction de l’Afghanistan ne sera pas terminée au terme de notre mandat militaire en février 2009. La question est donc de savoir si, au moment où l’échéance tombera, nous resterons sur place pour finir le travail ou si nous rentrerons au bercail.