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Merci, monsieur Benoit et membres du comité permanent pour votre aimable invitation.
Au lieu de lire un mémoire, je vais commenter un dossier de présentation que je vous ai remis à l'avance.
La mise en valeur des ressources dans le Nord pose trois grands défis. Le premier est le manque d'infrastructure, le deuxième est la réglementation et le troisième est la main-d'oeuvre. Je vais surtout parler de ce troisième défi, la formation de la main-d'oeuvre.
Nous parlons de la création d'emplois et du nombre de travailleurs nécessaires, mais en fin de compte, tout cela se rapporte aux gens, et j'aurais deux histoires à partager avec vous. Dans le Nord, nous aimons bien raconter des histoires, et je vais donc vous raconter celle de Katrina Stiopu. Kat avait environ 18 ans quand je l'ai rencontrée pour la première fois, en 2009. Elle avait dû abandonner ses études secondaires à l'âge de 16 ans pour aider sa famille, parce que sa maison avait brûlé et n'était pas assurée. Kat est une jeune femme de la Première nation des Dénés Yellowknives.
Dès qu'elle a eu 18 ans, elle s'est présentée à nos bureaux, car 18 ans est l'âge légal pour travailler dans une mine dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous l'avons soumise à une séance d'orientation professionnelle et nous avons découvert qu'en réalité elle aimait conduire des gros camions. Nous lui avons donc dispensé une formation de chauffeur de camion et maintenant, près de trois ans plus tard, elle a une nouvelle maison, une nouvelle automobile, mais surtout, une nouvelle famille.
Mike Fraser a eu une vie difficile et comme il a fait certaines choses qu'il n'aurait pas dû faire, il s'est retrouvé en prison. Pendant sa détention, il a eu quelques jours ou un ou deux ans pour réfléchir à ce qu'il allait faire du reste de sa vie. Lorsqu'il a été libéré et a terminé les séances de counseling qu'il devait suivre sur ordre du tribunal, il est venu nous voir, nous avons travaillé avec lui et nous l'avons formé comme chauffeur de classe 1. Nous l'avons également aidé à obtenir un emploi chez Robinson's Trucking. En octobre, Mike est venu me rendre visite au bureau, juste pour nous remercier de toute l'aide qu'il avait obtenue de Mine Training Society parce qu'il possède maintenant sa propre entreprise de camionnage et a décroché un contrat de longue durée pour transporter du sol contaminé à Zama. Il voulait simplement nous remercier pour l'appui qu'il a reçu de notre organisme de formation aux métiers de l'industrie minière.
Voilà les sujets que je vais aborder avec vous: un bref historique de Mine Training Society et l'aide apportée à l'établissement de trois autres organismes de formation de l'industrie minière; le profil type des ressources humaines de ce secteur; des renseignements sur le marché du travail existant; les succès remportés jusqu'ici sur le plan de la formation; nos partenariats avec l'industrie et les nations autochtones ainsi que les avantages que les organismes de formation du secteur minier apportent sur le plan de la mise en oeuvre des ressources et la formation de la main-d'oeuvre.
Je précise que je vais inclure des données concernant les organismes de formation du secteur minier du Nunavut et du Yukon. Comme nous aimons la collaboration, vous en aurez trois pour le prix d'un.
Mine Training Society a vu le jour dans les années 1990. Les Territoires du Nord-Ouest connaissaient alors un énorme essor de l'exploration minière qui a mené à l'ouverture de la première mine de diamants du Canada. La mine de diamants Ekati, qui appartient à BHP, est entrée en production en 1998.
À l'époque, le géant Con Mines, de Yellowknife, était menacé de faillite, les Territoires du Nord-Ouest étaient en pleine division politique avec la création du Nunavut en 1999 et le taux de chômage atteignait 13 p. 100.
Diavik Diamond Mines n'avait pas la chance de pouvoir profiter du même réservoir de main-d'oeuvre lorsqu'elle a commencé la construction de sa mine en 2001 et l'a mise en production en 2003. Elle avait besoin d'une solution un peu plus novatrice pour constituer ses propres effectifs. En collaboration avec le ministère de l'Éducation, Affaires indiennes et du Nord Canada ainsi que la Première nation des Dénés Yellowknives et la Chambre des mines, Diavik a constitué un comité spécial sur la formation. Ce comité a examiné de nouvelles façons d'assurer, dans la communauté, une formation répondant à ses propres besoins de main-d'oeuvre.
Ce modèle, qui a été une réussite, a servi plus tard à établir Mine Training Society et a été également reproduit dans le Nord de la Colombie-Britannique, au Yukon et au Nunavut, dans la région de Kivalliq.
Comme vous pouvez le voir dans le tableau intitulé « Profil type des RH d'une mine », les carrières dans le secteur minier ne sont plus des emplois où vous maniez la pioche et la pelle. Il faut une main-d'oeuvre qualifiée, surtout pour conduire un Cat 777 qui coûte en moyenne 2 millions de dollars et qu'on met un an et demi à remplacer. Cinquante pour cent des emplois d'une mine exigent une main-d'oeuvre qualifiée et 28 p. 100, une main-d'oeuvre semi-qualifiée. Le secteur minier n'est plus la principale source d'emplois pour la main-d'oeuvre non qualifiée, sans instruction ou sans formation.
J'ai aussi présenté un petit tableau sur le genre d'emplois qui sont exercés dans une mine. Il y a des centaines d'emplois différents dans les mines et les services miniers.
Il y a également trois tableaux qui proviennent des chambres des mines des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut et du Yukon. Ces possibilités d'emploi se basent sur ce que Tom Hoefer, le directeur général de la Chambre des mines des Territoires du Nord-Ouest appelle le scénario de la baguette magique. Il comparaîtra devant vous à la fin de la semaine.
Ces prévisions se fondent sur les projets qui doivent être entrepris — et espérons-le, ceux de mes collègues qui sont ici aujourd'hui — de même que les projets déjà commencés. Lorsque le potentiel atteindra son apogée en 2019, le Nunavut aura 5 000 emplois dans le secteur minier. Dans les Territoires du Nord-Ouest, nous aurons 2 000 emplois, mais nous aurons le problème supplémentaire que pose notre réglementation. Au Yukon, il s'agira d'environ 2 500 emplois.
J'ai choisi un moment, 2017, où plusieurs projets seront en cours. Vous remarquerez que j'ai calculé la masse salariale pour chaque projet en fonction du nombre d'employés prévu. J'ai pris le salaire moyen du secteur minier de 1 600 dollars par semaine pour calculer les frais de main-d'oeuvre des projets, ce qui donne des chiffres assez impressionnants.
En 2017, la masse salariale annuelle totale dépassera 789 millions de dollars pour ces trois territoires, rien que pour le secteur minier, si tout se passe bien sur les marchés mondiaux. Le nombre total d'employés de l'industrie minière serait de 9 500. Et comme j'aime le rappeler à tous nos partenaires, nous transformons nos stagiaires en futurs contribuables et cela pourrait donc rapporter pour plus de 157 millions de dollars en impôts sur la feuille de paie.
N'oubliez pas que pour chaque emploi créé dans les mines, trois autres emplois sont créés dans les services miniers et les services en général pour soutenir les familles des mineurs.
Notre population représente un défi. Les trois territoires du Nord, l'avenir du Canada, comptent moins du tiers de 1 p. 100 de la population du Canada, alors que nous occupons 40 p. 100 de sa superficie. Malgré sa petite population, le Nord contribue largement au PIB national. Voici la réalité du marché du travail.
Le Yukon a un taux de chômage de plus de 5 p. 100 ou juste un peu plus de 1 000 personnes qui ne travaillent pas. Les Territoires du Nord-Ouest ont un taux de chômage global de 7,4 p. 100, soit près de 2 000 personnes, et 6 100 habitants qui « ne font pas partie de la population active ». Les Territoires du Nord-Ouest établissent ces chiffres mensuellement, mais je n'ai pas pu obtenir ces données pour le Nunavut ou le Yukon. Les personnes qui « ne font pas partie de la population active » sont celles en âge de travailler qui font des études, les familles qui n'ont pas accès à des services de garderie, les personnes qui sont malades ou qui prennent soin d'un membre de leur famille qui est malade, les retraités qui pourraient encore travailler et la catégorie la plus inquiétante: celle des personnes qui veulent travailler, mais qui ne croient pas pouvoir trouver un emploi.
Ces données sont confirmées par le récent rapport du Conference Board du Canada intitulé Report on Building a Labour Force Capacity in Canada's North. Ce rapport présente une enquête sur les perspectives et les désirs des populations du Nord et révèle que 60 p. 100 des répondants qui estiment que les emplois sont difficiles à trouver dans leur communauté sont des personnes âgées de 35 ans ou plus ou qui n'ont pas obtenu le diplôme d'études secondaires.
Le Nunavut est celui des trois territoires qui a le taux de chômage le plus élevé et qui est officiellement de 17 p. 100. Le problème n'est pas le chômage ou le manque d'emplois. Le problème ou la difficulté est que les personnes désireuses d'exercer un emploi n'ont pas les compétences voulues pour répondre aux exigences des emplois dans l'industrie minière. N'oublions pas que 78 p. 100 de ces emplois s'adressent à des travailleurs qualifiés et semi-qualifiés. Moins de 5 p. 100 s'adressent à des manoeuvres.
C'est là que les organismes de formation aux métiers de l'industrie minière interviennent. Les trois organismes existants sont la Mine Training Society, dans les Territoires du Nord-Ouest, la Mine Training Association, au Yukon et la Kivalliq Mine Training Society que nous espérons voir bientôt devenir la Nunavut Mine Training Society. Ces organismes ont travaillé pour faire en sorte que les populations autochtones locales puissent bénéficier des possibilités économiques qu'offre l'emploi dans le secteur minier.
Nous avons eu beaucoup de succès jusqu'ici. Depuis 2008, nous avons surpassé les objectifs que nous avions fixés avec le programme Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones. J'ai présenté les chiffres globaux. Nous avons surpassé nos cibles de formation de 145 p. 100 et nos cibles d'emploi de 165 p. 100. N'oubliez pas que la formation donnée n'est pas pour des postes de manoeuvres. C'est pour des postes qualifiés et semi-qualifiés comme ceux de mineurs de fond, de conducteurs d'équipement lourd et de minéralurgistes, entre autres.
Dans le Nord, la formation est coûteuse. Nous avons toutefois mis au point une méthode novatrice pour la formation des mineurs de fond et nous aimerions bien la poursuivre, mais nous manquons de financement garanti. Le programme de formation des mineurs de fond offert dans le cadre d'un partenariat avec Aurora College a plusieurs composantes qui permettent aux participants autochtones de faire la transition entre les communautés isolées et les lieux de travail. Ce programme a remporté le Prix d'excellence et de collaboration du premier ministre en raison du nombre de partenaires qui ont participé à son élaboration et à sa mise en oeuvre.
La formation dure 32 semaines et commence dans la communauté où réside le participant. Pour commencer sa formation comme mineur de fond, ce dernier suit d'abord une formation en compétences relatives à l'employabilité de deux semaines, puis quatre semaines de cours sur la sécurité et l'exploitation minière qui correspondent au tronc commun de formation. Cela permet aux participants de faire un choix de carrière éclairé lorsqu'ils entrent dans le secteur minier. Ceux qui réussissent cette formation sont invités à suivre le programme de formation des mineurs de fond.
Les participants sont évalués en fonction d'un certain nombre de critères et ils reçoivent également des conseils des instructeurs. Les instructeurs enseignent le programme de formation des mineurs de fond dans les communautés. Cela permet aux stagiaires des communautés isolées d'avoir déjà un contact personnel avec quelqu'un lorsqu'ils arrivent à Yellowknife.
Pour ce programme, nous souscrivons aux principes de la roue de médecine. Nous traitons les participants comme une personne entière et pas seulement un cerveau qui fait un apprentissage. Nous soutenons les dimensions mentales, physiques, émotionnelles et spirituelles de la personne.
Ensuite, les participants suivent une formation de 12 semaines à la mine. Nous nous servons aussi de simulateurs et de la formation sur le terrain.
Pourquoi ce modèle donne-t-il de si bons résultats? C'est parce qu'il repose sur un partenariat entre des organismes qui partagent les mêmes vues. Le Conference Board du Canada a remarqué qu'aucun des secteurs, des gouvernements ou des gouvernements autochtones n'avait créé à lui seul une capacité de formation de la main-d'oeuvre. Ils ont constitué pour cela des partenariats et celui qui a remporté le plus de succès jusqu'ici est la Mine Training Society.
Je ne vais pas parler de la façon dont les trois organismes sont structurés.
Nous avons fait une évaluation quinquennale du travail que nous avons accompli depuis 2004. Nous avons obtenu des données intéressantes sur nos résultats dans quatre domaines: nos clients, l'industrie, nos communautés et les gouvernements. Nous avons constaté qu'en plus d'apporter de l'aide sur le plan de la formation professionnelle et de la participation au marché du travail, l'un des effets les plus révélateurs et intéressants se situe au niveau de la composition de la main-d'oeuvre. Sur l'ensemble de nos stagiaires, 25 p. 100 sont des femmes autochtones, ce qui est beaucoup plus que la moyenne nationale de l'emploi des femmes dans le secteur minier qui est de 5 p. 100. Nous changeons le visage de l'industrie minière et ce visage porte du mascara.
Les femmes sont une ressource sous-utilisée dans l'industrie minière et il y a certainement des problèmes à résoudre sur le plan de la garde d'enfants.
Nous travaillons avec l'industrie, mais nous avons également un impact important sur…
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Merci, monsieur le président.
Avalon Rare Metals Inc. est l'une des rares entreprises minières du Nord ayant un projet de développement avancé. Il s'appelle Nechalacho. C'est un gisement unique en son genre. C'est un des gisements de minerai de la plus haute qualité au monde qui est riche en métaux du groupe des terres rares. Il s'agit d'un nouveau groupe de matières premières d'une importance cruciale pour les nouvelles technologies, surtout les technologies propres. Ce gisement minier particulier représente, pour le Canada et les Territoires du Nord-Ouest, l'occasion de devenir une nouvelle source mondiale de ces matières premières essentielles.
Je voudrais vous parler aujourd'hui de certaines des difficultés auxquelles nous sommes confrontés sur le plan de la réglementation pour faire avancer ce projet. En général, les Territoires du Nord-Ouest ont l'un des plus bas niveaux d'investissement au monde alors que la quête de nouvelles sources de matières premières entraîne actuellement un essor de l'investissement dans le secteur minier au niveau mondial.
Quelle en est la raison? En tant que géologue, je peux vous assurer que ce n'est pas parce que nous manquons de ressources minérales dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est probablement l'un des terrains les plus riches en minéraux au monde. Il est certainement aussi bien doté que ses voisins, le Nunavut et le Yukon qui connaissent une croissance de l'investissement dans la mise en valeur des ressources minérales. La faute incombe certainement au processus de réglementation que nous qualifierons de très inefficace. D'autre part, certaines complications sont reliées aux revendications territoriales non réglées et à un processus de consultation compliqué qui n'offre aux promoteurs aucune règle d'engagement claire vis-à-vis des Premières nations.
Dans notre cas, le processus de consultation des collectivités s'est bien déroulé. Nous savions que cela pourrait poser des difficultés quand nous avons commencé à travailler dans le Nord, en 2005. En tenant nos consultations avec diligence, nous avons réussi à établir de bonnes relations de travail avec tous les dirigeants communautaires des groupes autochtones avec lesquels nous travaillons. Nous avons eu 165 réunions de consultation depuis que nous avons commencé nos activités en 2007. Elles ont généralement été appréciées. En fait, le chef de la Première nation des Dénés Yellowknives, Ted Tsetta, a déclaré publiquement à plusieurs reprises qu'en ce qui concerne les consultations, Avalon fait bien les choses.
Notre problème n'est pas là. Ce qui nous pose un problème, c'est un processus d'émission de permis inefficace relié au processus d'évaluation environnementale. Je vais vous donner quelques précisions. C'est un projet avancé. Nous avons déposé nos premières demandes de permis auprès de l'Office des terres et des eaux de la vallée du Mackenzie en avril 2010. Elles ont été immédiatement renvoyées pour une évaluation environnementale. Ce n'était pas une surprise pour nous. C'est assez habituel pour un projet de cette envergure. Néanmoins, il a fallu huit mois rien que pour terminer les réunions d'établissement de la portée des incidences et établir le cadre de référence de l'évaluation environnementale.
Ensuite, nous avons déposé notre rapport d'évaluation des promoteurs, d'environ 1 000 pages, dans les trois mois suivant la réception du cadre de référence. L'office d'examen a ensuite mis cinq mois et demi à déterminer que notre rapport était conforme au cadre de référence. Il n'avait pas à examiner les détails techniques. Il devait seulement s'assurer que le cadre de référence était respecté. Il lui a fallu cinq mois et demi. Cela devrait prendre seulement entre 30 et 45 jours.
La lenteur du temps de réponse à chacune de ces étapes retarde notre échéancier. C'est très important pour ce projet, car nous sommes dans une course contre des producteurs étrangers pour commercialiser ces minéraux. Ce sont des produits miniers non traditionnels. Nous devons développer nos marchés et trouver des clients et nous sommes en concurrence avec d'autres producteurs potentiels pour répondre aux besoins en dehors de la Chine. Si nous perdons cette course, cela risque non seulement de retarder le projet, mais même l'empêcher. Il est important de respecter ces échéances.
Nous avons beaucoup de difficulté à faire entendre le message aux responsables de l'office d'examen, à Yellowknife. Nous pouvons dire que son personnel refuse généralement de nous répondre. Il n'est pas prêt à collaborer avec nous. Toutes les communications doivent se faire par écrit; nous ne pouvons pas rencontrer simplement les responsables pour discuter et trouver une solution. Nous ne sommes pas autorisés à le faire. Ce service ne semble pas avoir la main-d'oeuvre dont il a besoin pour faire son travail rapidement. Il n'y a aucune reddition de comptes à l'égard des décisions et des délais de traitement. Aucun délai précis n'est fixé et si les dossiers ne progressent pas à un rythme raisonnable, personne a de comptes à rendre.
Enfin, nous trouvons particulièrement décourageant le manque évident d'impartialité manifesté à l'occasion des réunions publiques. Les agents de l'office d'examen font preuve de parti pris contre le développement, ce qui n'est pas approprié lorsqu'on présente ces projets dans les réunions publiques pour que les citoyens puissent examiner les possibilités qu'ils offrent.
Comme je l'ai dit, nous sommes dans une course, mais il y a là aussi un certain nombre de choses assez absurdes. Nous trouvons le processus de réglementation décourageant, mais ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup d'opposition publique organisée. Il n'y a aucune opposition publique organisée contre ce projet dans les Territoires du Nord-Ouest. Les groupes autochtones l'appuient. Le gouvernement municipal l'appuie. Le GTNO l'appuie. Les seuls qui ne l'appuient pas sont, apparemment, les membres de l'office d'examen.
De plus, nous avons bien réussi, jusqu'ici, à travailler avec les groupes autochtones, qui nous ont complimentés pour nos consultations. Nous avons un permis d'utilisation du sol. Nous faisons l'objet d'une inspection régulière visant à vérifier si nous nous conformons aux conditions de ce permis, qui sont assez rigoureuses. Nous avons été inspectés 25 fois depuis le début de nos opérations de forage sur le site et on a toujours jugé que nous nous conformions aux règlements. Nous n'avons donc rien à nous reprocher pour ce qui est de manifester notre désir de nous conformer aux règles existantes.
Aucune préoccupation environnementale importante n'a été émise à l'égard de ce projet qui aura une empreinte écologique relativement petite par rapport à un grand nombre de projets miniers de ce genre que l'on envisage d'entreprendre dans le monde.
Je voulais simplement vous faire part de notre découragement face à ce processus inefficace. Il faudrait vraiment l'examiner de près pour voir comment l'améliorer de façon à mieux servir les promoteurs et le public en général. Jusqu'ici, nous avons investi environ 45 millions de dollars dans ce projet; nous sommes déterminés à le mener à bien. Néanmoins, on me demande souvent: « Comme vous avez maintenant des intérêts importants dans les Territoires du Nord-Ouest, vu ce que vous avez investi dans ce projet, vous recherchez certainement la possibilité d'entreprendre d'autres projets dans le Nord? » J'avoue que je dois répondre par la négative. Nous irons chercher ailleurs de nouvelles possibilités si nous devons continuer à endurer un processus de réglementation aussi inefficace que c'est le cas actuellement dans les Territoires du Nord-Ouest.
Merci beaucoup.
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Je vais faire de mon mieux, mais la brièveté n'est pas ma principale qualité.
Merci de nous avoir invités à discuter avec vous, monsieur Benoit, ainsi qu'avec les autres membres de votre comité.
C'est moi qui vais prendre la parole. M. Richard Schryer, qui est notre directeur des Affaires réglementaires et environnementales, m'accompagne. C'est moi qui vais présenter notre exposé, mais il sera là pour répondre aux questions précises sur le processus d'émission des permis dans les Territoires du Nord-Ouest et dans les autres régions où nous opérons.
Avant de commencer, je voudrais parler très brièvement des témoignages de Hilary et Don. Je ne vais pas beaucoup m'étendre sur les questions de main-d'oeuvre, mais c'est certainement un problème auquel nous sommes confrontés dans les Territoires du Nord-Ouest, le manque de main-d'oeuvre qualifiée. J'appuie tout à fait ce qu'a déclaré Hilary.
J'appuie également les importantes préoccupations de Don à l'égard de la lenteur du processus d'émission des permis. Nous avons déposé nos demandes en 2007, cela fait donc environ quatre ans, et il nous reste encore un an d'attente. Nous sommes en train de construire, en Saskatchewan, une usine de traitement pour laquelle le processus d'émission de permis se sera entièrement déroulé en 13 mois. De toute évidence, il y a un écart important entre ces deux régions.
Je vais vous présenter mon entreprise. Nous allons parler un peu de nos projets et de certains des problèmes qui nous touchent, en donnant des exemples directs de certaines de nos difficultés. Je vais parler de l'infrastructure de transport et de l'infrastructure énergétique qui sont également très importantes pour la mise en valeur des ressources dans la région du monde où nous opérons.
Tout d'abord, voici une très brève présentation de Fortune Minerals Limited. Nous avons notre siège social à London, en Ontario, et nous exerçons nos activités dans les Territoires du Nord-Ouest, dans le Nord de la Colombie-Britannique ainsi qu'en Saskatchewan. Nous sommes une société de développement minier en voie de devenir une société d'exploitation minière et de raffinage intégrée verticalement. Nous avons une équipe de gestion et de direction chevronnée qui a fait ses preuves dans la construction et l'exploitation de mines.
Je vais maintenant vous décrire brièvement un de nos projets, le gisement de charbon anthraciteux du mont Klappan, dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Je sais que cette tribune s'intéresse principalement au Nord, mais c'est dans le Nord de la Colombie-Britannique et cela concerne l'infrastructure, les Premières nations et les tracasseries administratives qui sont également des questions importantes.
Il s'agit d'un gisement de calibre mondial, de 2,8 milliards de tonnes. Nous avons déjà terminé des travaux d'une valeur de 87 millions de dollars et nous venons de conclure un partenariat de coentreprise de calibre mondial avec POSCO. Cette société de Corée du Sud, qui est le troisième producteur mondial d'acier, est maintenant notre partenaire.
Ce projet génère un taux de rendement très attrayant avec une valeur nette actuelle de plus de 1 milliard de dollars, à partir d'un capital initial de 768,4 millions de dollars. Le principal problème, dont nous parlerons plus tard, est que nous construisons un prolongement du chemin de fer coûtant 317,8 millions de dollars pour relier le site au port de Prince Rupert. Nous avons des problèmes d'infrastructure à résoudre: la construction de l'infrastructure, le coût de cette infrastructure et également l'accès aux installations portuaires. J'en parlerai plus en détail tout à l'heure.
Ce projet en est au stade de l'évaluation environnementale.
En ce qui concerne notre projet de Nico, il s'agit également d'un gisement inhabituel qui contient des métaux spéciaux; c'est de l'or, du cobalt, du bismuth et du cuivre. C'est un projet très avancé pour lequel nous avons déjà réalisé des travaux d'une valeur de 95 millions de dollars et une étude de faisabilité positive indiquant une valeur nette actuelle de 361 millions de dollars.
Ce projet en est au stade de l'évaluation environnementale. Une des principales questions dont nous parlerons à propos de ce projet est ce qu'il en coûte pour travailler dans les Territoires du Nord-Ouest. Cela a obligé notre entreprise à situer son usine de transformation en aval, en Saskatchewan où les coûts sont moins élevés. C'est en raison du manque de main-d'oeuvre qualifiée dans les Territoires du Nord-Ouest pour exploiter nos installations de traitement, mais c'est surtout à cause du coût de l'énergie. Le coût de l'énergie est extrêmement important dans les Territoires du Nord-Ouest; nous utilisons de l'électricité produite par des génératrices diesel au coût d'environ 0,20 $ à 0,30 $ le kilowatt-heure contre 0,057 $ le kilowatt-heure dans le Sud.
Notre raffinerie hydrométallurgique de la Saskatchewan est un projet de 200 millions de dollars. Elle va employer 85 personnes et le principal problème est l'expédition de concentré des Territoires du Nord-Ouest jusqu'à la Saskatchewan principalement à cause des coûts d'exploitation dans les Territoires du Nord-Ouest.
La première question que nous soulevons concerne l'infrastructure de transport. Les projets de Fortune exigent des investissements importants dans une infrastructure de base hors site qui exige des immobilisations, réduit la rentabilité et nous cause plus de difficulté à attirer des investissements.
Comme je l'ai mentionné, le projet du mont Klappan exige un investissement de 317 millions de dollars pour le prolongement d'un chemin de fer. L'emprise ferroviaire a déjà été construite. Elle fournit un corridor de transport pour prolonger la voie ferrée et donner accès à ce site houiller de calibre mondial à partir du port de Prince Rupert.
Je pense que le gouvernement a un rôle à jouer en fournissant l'infrastructure de base, y compris les routes, en facilitant la construction d'autres infrastructures et en subventionnant ces projets.
Nous allons aussi exporter notre produit par le port de Prince Rupert en nous servant des terminaux charbonniers de Ridley. Ridley a prévu une expansion de 16 millions de tonnes à 24 millions de tonnes, ce qui ne suffira pas pour desservir les nouvelles mines que l'on prévoit d'exploiter dans le Nord de la Colombie-Britannique. Des mines sont également prévues au Yukon.
On demande aux nouveaux usagers de payer cette expansion, mais pas aux usagers actuels. J'estime qu'on devrait financer cette expansion avec la trésorerie et les tarifs que doivent payer tous les usagers de ces installations.
Pour notre mine de Nico, nous avons également besoin d'une route d'accès de 120 kilomètres pour expédier nos concentrés vers le sud, jusqu'à notre usine de transformation de Saskatchewan, pour donner à nos employés un moyen d'accès et pour recevoir des approvisionnements et des services. Cette route fournira une voie de transport fiable toute l'année aux communautés autochtones Tlicho voisines qui ne sont actuellement desservies que par des routes d'hiver. Cela améliorera la qualité de vie dans ces communautés et y réduira le coût de la vie. La route fournira également un accès fiable toute l'année pour promouvoir des activités économiques supplémentaires dans l'industrie minière, le tourisme et la production d'électricité, ce qui sera mon prochain thème concernant l'exploitation des ressources dans les Territoires du Nord-Ouest.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest propose de financer une bonne partie de cette route, mais le gouvernement autochtone et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest sont en conflit au sujet d'une question de compétence. C'est un des autres problèmes que nous avons: qui décide réellement dans les Territoires du Nord-Ouest? Est-ce le gouvernement fédéral, le gouvernement territorial ou les gouvernements autochtones?
En général, les routes apportent l'infrastructure de base dont les communautés ont besoin et permettent un développement économique durable et l'investissement dans les ressources naturelles. Tous les niveaux de gouvernement devraient les financer.
Nous avons parlé, un peu plus tôt, de l'énergie. Les projets de mont Klappan et de NICO exigent tous les deux de l'électricité produite par des génératrices diesel, même s'ils sont situés à proximité de barrages hydroélectriques et de nouvelles sources potentielles d'énergie. L'électricité produite au diesel coûte environ 20 ¢ à 30 ¢ le kilowatt-heure, selon le coût d'acheminement du carburant jusqu'au site. L'escalade du coût de l'énergie a obligé notre entreprise à relocaliser ses installations de traitement en aval, en Saskatchewan, où nous payons seulement 5,7 ¢ le kilowatt-heure et où nous avons accès à un réservoir de main-d'oeuvre qualifiée qui peut faire fonctionner cette raffinerie.
La mine de diamants de Diavik, dans les Territoires du Nord-Ouest vient de décider de construire une ferme éolienne de 9,2 mégawatts pour atténuer les effets de l'augmentation du coût du carburant. Il est possible d'élargir l'infrastructure hydroélectrique dans les Territoires du Nord-Ouest, y compris les installations hydroélectriques Snare et Taltson. Néanmoins, les Territoires du Nord-Ouest n'ont pas les moyens de le faire et leurs lois leur interdisent actuellement d'investir dans des nouveaux projets. Aucun plan n'est prévu pour l'aménagement d'une capacité énergétique supplémentaire qui attirera l'industrie. L'énergie est l'un des principaux coûts d'exploitation des gisements miniers dans le Nord.
L'expansion de la centrale Taltson est actuellement en suspens, principalement parce qu'un groupe autochtone n'est pas d'accord avec la route choisie et aussi parce que les tarifs d'électricité proposés ne sont pas attrayants pour les mines de diamants à cause des coûts d'immobilisation élevés que représente l'installation de lignes de transmission pour cette nouvelle source d'énergie.
Les Tlicho, la Première nation qui se trouve dans notre région minière, aimeraient construire une centrale hydroélectrique sur la rivière. Cela alimenterait en électricité non seulement notre site minier, mais également leur communauté, qui utilise du diesel.
Il est important de souligner que les gouvernements de Colombie-Britannique et du Canada financent actuellement l'extension du réseau électrique dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Je pense que c'est un bon modèle à suivre pour que le gouvernement fasse d'autres investissements dans l'infrastructure de base.
Les revendications territoriales continuent de poser un problème important dans les Territoires du Nord-Ouest et la Colombie-Britannique. Les premières nations s'opposent généralement à la mise en valeur des ressources minérales pour atteindre leurs objectifs. Elles se servent du processus d'émission de permis pour attirer l'attention sur leurs revendications territoriales.
Les revendications territoriales qui ont été réglées soulèvent des problèmes de mise en oeuvre qui n'ont pas été résolus. Par exemple, notre projet se trouve dans la région où sont établis les Tlicho qui ont réglé leurs revendications territoriales avec le gouvernement fédéral et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Néanmoins, il y a un moratoire visant les projets de mise en valeur sur les terres Tlicho en fief simple pendant que l'aménagement du territoire est en cours de préparation et cela continue d'être retardé à cause d'un manque de moyens.
Pour le moment, la première nation Tlicho a intenté une poursuite contre l'Office d'examen de la vallée du Mackenzie pour établir qui a le droit de prendre des décisions sur son territoire. Elle n'a pas les moyens de participer au processus d'émission des permis. Cela pose un problème pour les premières nations et entraîne des retards dans le processus d'émission de permis. En général, les entreprises subissent le contrecoup des problèmes de consultation et d'accommodement.
Je voudrais aborder rapidement la dernière question qui est celle des tracasseries administratives. Cela fait maintenant quatre ans que nous avons fait notre demande de permis. C'est trop long et les attentes à l'égard du travail augmentent en Colombie-Britannique et dans les Territoire du Nord-Ouest tandis que le processus est plus efficace dans d'autres provinces comme la Saskatchewan et le Québec.
La décision récemment rendue par la Cour suprême dans la cause Red Chris requiert que les processus fédéral et provinciaux soient intégrés, ce qui aggrave le manque d'efficacité. Les commissions d'examen n'administrent pas de la même façon les dossiers des projets et rehaussent constamment leurs exigences. Elles sont limitées par un manque de personnel et de financement. Les ministères du gouvernement fédéral et des Territoires du Nord-Ouest manquent de personnel et manquent souvent de connaissances à l'égard du secteur minier. L'importance des efforts déployés et des procédures à suivre pour consulter les Autochtones et engager les communautés ne sont pas clairs et représentent un fardeau de plus en plus lourd pour les promoteurs. Il faudrait définir et respecter les délais pour l'ensemble du processus d'émission de permis afin que les projets puissent être planifiés avec certitude. Tout le processus d'émission de permis doit être défini: les protocoles et les délais, les aspects socioéconomiques, les ententes environnementales, etc.
Nous donnons quelques exemples que vous pourrez lire, mais je voudrais conclure en soulignant l'importance de l'industrie minière dans les Territoires du Nord-Ouest. La majorité des projets miniers du Canada sont entrepris par des petites sociétés minières qui doivent, pour les financer, lever des fonds sur les marchés des capitaux. Le manque de certitude et les délais d'émission des permis sont les principaux obstacles aux yeux des investisseurs potentiels.
Les projets de Fortune apporteront une contribution importante à l'économie du Canada, de la Colombie-Britannique, des Territoires du Nord-Ouest et de la Saskatchewan, avec un investissement total de 1,143 milliards de dollars pour ces trois projets. Ils se traduiront également par la création de 650 emplois à temps plein. Notre scénario de référence prévoit des prix pour les ressources naturelles qui généreront des revenus totaux de 682 millions de dollars par année pour des frais d'exploitation de 440 millions de dollars par année.
Le projet Nico, dans les Territoires du Nord-Ouest, est notre projet le plus petit, mais il apportera des avantages importants aux Territoires du Nord-Ouest et à l'économie canadienne.
Nous tenons à bien préciser que certains problèmes ont des répercussions sur la mise en valeur des ressources minérales dans les Territoires du Nord-Ouest et causent beaucoup de tort aux petits promoteurs. Le gouvernement doit régler les questions touchant l'infrastructure et les premières nations et créer un contexte réglementaire clair.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président et membres du comité.
En plus de mes fonctions de président de Canadian Zinc Corporation, je suis également un administrateur et le président sortant de la chambre des mines des T.N.-O. et du Nunavut et un administrateur de l'Association minière du Canada. Ces deux organismes représentent l'industrie minière canadienne.
Canadian Zinc possède la mine Prairie Creek dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est un projet très particulier. Il est déjà construit. Cette mine existe depuis 30 ans, mais elle n'a jamais été exploitée. C'est une importante ressource canadienne. C'est un des plus riches gisements de métaux de base au monde. Lorsqu'elle produira, la mine emploiera environ 220 personnes et notre objectif est d'employer à peu près 60 p. 100 de résidents du Nord dont 25 p. 100 de membres des premières nations autochtones.
La mine a une durée de vie prévue de 20 ans. Nous avons d'excellentes relations avec les communautés locales. En 2008, nous avons signé un protocole d'entente avec les deux communautés autochtones les plus proches et en 2011, ces protocoles ont été convertis en ententes sur les répercussions et les avantages que nous avons signées avec les communautés Nahanni Butte et Fort Simpson.
En juin dernier, nous avons conclu, avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, une importante entente socioéconomique aux termes de laquelle l'entreprise et les gouvernements ont accepté de travailler ensemble pour maximiser la création d'emplois, les débouchés commerciaux et les débouchés socioéconomiques qui résulteront de l'exploitation de la mine.
Récemment, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, un ministère du gouvernement canadien, a approuvé un financement de 3 millions de dollars sur trois ans, dans le cadre du Fonds pour les compétences et les partenariats pour financer le programme « More than a Silver Lining » afin de donner aux participants autochtones une formation et des possibilités d'emploi dans divers métiers reliés à l'industrie minière. Ce programme a déjà commencé.
Néanmoins, la mine n'est pas encore en production, en grande partie à cause du régime de réglementation et de permis qui existe actuellement dans les Territoires du Nord-Ouest. Vous avez entendu mes collègues en parler tout à l'heure. Quand la construction de cette mine a commencé en 1980, tous les permis nécessaires avaient été obtenus, mais malheureusement, ils ont expiré si bien qu'en 2000 nous avons dû demander de nouveaux permis en vertu de la nouvelle Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie.
Au cours des 10 dernières années, Canadian Zinc s'est lentement et graduellement frayé un chemin dans les méandres du processus d'émission de permis de la vallée du Mackenzie. Pendant cette période, nous avons demandé et obtenu sept permis d'exploration, deux concessions d'eau, quatre permis d'utilisation du sol et un permis routier.
Divers aspects de ce projet ont fait l'objet de cinq évaluations environnementales différentes de la part de l'Office d'examen de la vallée du Mackenzie et pendant tout ce temps, nous avons subi des retards très importants dans l'émission des permis. Par exemple, nous avons demandé notre concession d'eau en mars 2001 et nous l'avons finalement obtenue quatre ans et onze mois plus tard, en février 2006. En mai 2003, nous avons demandé un permis d'utilisation du sol pour construire une route. Ce projet a été déclaré exempté d'évaluation environnementale par la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest. Le permis a été délivré quatre ans plus tard, en avril 2007. Néanmoins, nous avons dû faire des réparations sur cette route, ce qui a exigé une concession d'eau qui a été délivrée en mars 2008. Cela a porté au total à quatre ans et dix mois la période écoulée entre notre demande et la date à laquelle nous avons pu commencer les travaux.
En juin 2008, nous avons demandé des permis d'exploitation. Ces demandes font l'objet du processus d'évaluation pour la vallée du Mackenzie et nous espérons obtenir la décision de l'office d'examen avant la fin de l'année. Mais ce n'est pas tout. Il faut ensuite obtenir les permis et encore une fois, nous nous attendons à ce que le processus dure plus de quatre ans.
Je peux dire aux membres du comité que si ce n'était de la qualité de ce gisement, toute entreprise abandonnerait et partirait. Ces retards, qui ne sont pas inhabituels comme mes collègues vous l'ont dit, sont impossibles à expliquer aux investisseurs de Toronto auprès de qui nous devons lever des fonds. Ils ne comprennent pas que les Territoires du Nord-Ouest ne sont pas un lieu intéressant pour investir de l'argent.
Vous avez entendu mes collègues dire que l'industrie minière est, et a toujours été, le principal moteur économique des Territoires du Nord-Ouest. Elle rapporte plus de 2 milliards de dollars par année et représente environ 50 p. 100 du PIB des Territoires du Nord-Ouest. C'est une industrie très importante, mais elle est actuellement menacée. Les mines ont une durée de vie limitée. Les mines de diamants ne sont probablement plus à l'apogée de leur activité et l'exploration minérale n'est pas forte, en fait, elle est en déclin dans les Territoires du Nord-Ouest.
Par conséquent, pour que les Territoires du Nord-Ouest continuent de bénéficier des avantages considérables que leur apporte le secteur minier, nous devons créer un environnement propice à l'activité minière et aux investissements. Les pouvoirs publics et les gouvernements autochtones doivent créer un climat de certitude pour les investisseurs. Dans notre industrie, nous opérons sur la scène mondiale. L'argent est mobile et il va là où c'est le plus payant. Nous devons tenir compte non seulement du risque au niveau des prix, mais du risque au niveau des projets et aussi du risque social. Le Canada doit concurrencer les autres pays du monde pour obtenir l'argent des investisseurs.
Rien ne nous garantit que nous pouvons obtenir cet argent. Nous devons améliorer la certitude. Nous devons réduire et éliminer les obstacles à l'accès. Comme vous l'avez entendu dire, la propriété pose d'importants problèmes dans les Territoires du Nord-Ouest. Le gouvernement fédéral a reconnu la nécessité de réformer le régime de réglementation du Nord. Dans le discours du Trône de mars 2010, le gouvernement s'est engagé à soutenir une mise en valeur judicieuse des ressources énergétiques et minérales du Canada. Le ministre a dit que notre gouvernement simplifierait la réglementation qui complique inutilement l'approbation des projets et la remplacerait par des processus plus simples et plus clairs offrant une meilleure protection environnementale et plus de certitude à l'industrie.
En mai 2010, le ministre a annoncé un plan d'action pour améliorer les régimes de réglementation du Nord afin qu'ils soient plus efficaces et plus prévisibles et offrent plus de certitude à l'industrie, aux résidents du Nord et à tous les Canadiens. Il a dit que les investisseurs potentiels dans les projets d'exploitation des ressources du Nord ont été confrontés à des processus de réglementation complexes et chevauchants qui sont imprévisibles, coûteux et longs. Ils ont constitué des obstacles pour l'investissement économique dans le Nord et la croissance économique au Canada.
Le gouvernement a reconnu que le système actuel présente des problèmes et des difficultés et que l'investissement dans le Nord est menacé. Le plan d'action est un pas dans la bonne direction, mais à mon avis, cela doit aller plus vite et plus loin. On envisage actuellement de modifier la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. Lorsque le projet de loi sera présenté au Parlement, je demande aux membres du comité de bien vouloir prendre le temps d'adopter cette loi. C'est très urgent.
L'industrie attend avec hâte l'adoption de la Loi sur l'aménagement du territoire et l'évaluation des projets au Nunavut. Ce projet de loi a été déposé à la Chambre et est mort au Feuilleton le printemps dernier quand le Parlement a été dissous. Encore une fois, nous vous demandons de bien vouloir trouver le temps d'adopter ce projet de loi le plus tôt possible. C'est très important pour l'exploitation minière au Nunavut.
Monsieur le président, une des difficultés auxquelles se heurte la mise en valeur des ressources dans le Nord est l'absence de champion, de branche du gouvernement ayant la responsabilité de promouvoir la mise en valeur des ressources. Pendant de nombreuses années, le Nord a été la seule région sans agence responsable de l'expansion économique. En 2009, le gouvernement a annoncé la création de l'Agence canadienne de développement économique du Nord ou CanNor. Il y a, au sein de CanNor, un bureau de gestion des projets du Nord dont le rôle est d'aider l'industrie à se conformer au processus de réglementation afin d'assurer l'examen des projets dans des délais raisonnables. Là encore, il y a eu des progrès, mais malheureusement, les progrès sont lents. CanNor ne dispose pas d'un budget suffisant. Elle est simplement alimentée par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, qui continue d'être le principal organisme de réglementation dans le Nord et qui a toujours un mandat contradictoire en ce qui concerne ses responsabilités à l'égard du développement économique et des Autochtones.
Il n'y a pas de ministre du développement économique dans le Nord. Il n'y a pas de ministre pour les mines du Nord. En fait, il n'y a aucun ministre des mines au Canada. Nous pensons vraiment qu'il faudrait avoir un champion. C'est nécessaire pour assurer la mise en valeur des ressources dans le Nord.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a essayé de stimuler l'investissement et il soutient beaucoup le projet de Canadian Zinc et tous les projets miniers. Comme je l'ai mentionné, nous avons signé une entente socioéconomique avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. En raison de la probabilité d'un transfert imminent des responsabilités, la mise en valeur des ressources incombera au GTNO. Ce serait peut-être une bonne chose, mais il faudra sans doute que cela se fasse rapidement. Le GTNO appuie une approche équilibrée pour augmenter et promouvoir la croissance économique. Si le transfert des responsabilités a lieu, il permettra au GTNO de faire de la mise en valeur des ressources une priorité. Il devrait avoir la haute main sur la gestion des terres publiques, de l'eau et des ressources minérales. Également, il peut devenir le champion du développement.
Il est urgent d'agir. De véritables progrès s'imposent sur ce front. Je crains que si le climat d'investissement ne s'améliore pas dans le Nord pour l'exploration et l'exploitation minières et que s'il n'y a pas d'importantes réformes de la réglementation et du processus d'émission de permis dans les Territoires du Nord-Ouest, les investisseurs estimeront que les délais sont trop longs et la situation trop incertaine et les capitaux iront ailleurs. Comme Avalon vous l'a dit aujourd'hui — et cela vaut aussi pour nous — les ressources qui sont là, sans aucun doute, ne seront pas explorées et mises en valeur et personne n'en bénéficiera.
J'ai cherché à démontrer aujourd'hui que le projet de Canadian Zinc offre de nombreux avantages pour les communautés autochtones, pour les Territoires du Nord-Ouest et pour le Canada. Toutefois, le succès de la mise en valeur de cette mine et de toutes les mines exige le soutien actif du gouvernement, des dirigeants politiques et des élus. Nous avons besoin de leur soutien pour améliorer le régime de réglementation et d'émission des permis, pour améliorer l'infrastructure, pour éduquer et former, pour avoir des programmes sociaux et pour aider les communautés autochtones à se prévaloir des nombreuses possibilités d'emploi et d'affaires.
L'industrie minière jouera son rôle. Nous ferons notre part. Nous croyons que les pouvoirs publics — aux niveaux fédéral, territorial et autochtone — doivent jouer le principal rôle. La mise en valeur des ressources dans le Nord ne peut réussir sans la participation active de tous les niveaux de gouvernement et de tous les députés.
Nous avons besoin de champions pour apporter un soutien politique et transmettre un message très simple de soutien au développement économique et à la mise en valeur des ressources dans le Nord du Canada.
Merci.
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Deux exemples. J'aimerais savoir si l'on examine ces deux exemples.
Monsieur Kearney, vous avez mentionné le groupe de travail qui a été créé et qui est à l'oeuvre. J'espère qu'on se penche sur ce genre de choses, sur les écarts et les différences.
Je suis désolé de voler cette question à certains de mes collègues de la Saskatchewan, mais j'aimerais le savoir. Je vais poser deux questions, après quoi je céderai la parole à ceux d'entre vous qui voudront répondre.
Monsieur Bubar, vous avez dit que vous aviez obtenu l'approbation d'à peu près tous les intervenants, qu'aucun de vos projets ne s'était heurté à de l'opposition.
Monsieur Goad, vous avez déclaré, je crois, si vous me permettez de reprendre vos paroles, que les gouvernements autochtones agissaient dans leur propre intérêt, ce qui ne me semble pas aussi direct que ce qu'a dit M. Bubar. Je me demande quelles pourraient être les différences. Je vais vous laisser répondre à cette première série de questions.
Je viens de l'Alberta. C'est dans les montagnes Rocheuses que je vais pêcher et chasser, mais la plupart des routes que je croise là-bas, en dehors des routes publiques, sont fermées par une barrière parce qu'elles ont été construites par une société d'exploration pétrolière et gazière ou par une société forestière et qu'elles appartiennent à ces entreprises. C'est une question de sécurité publique, car ces routes ont été construites et conçues pour le transport des billes de bois, pour des gros véhicules de service, etc. Lorsque les concessions arrivent à expiration ou que tout le bois a été coupé, le public a accès à ces routes. Bien entendu, ces routes sont payées par l'entreprise qui rentre dans ses frais en ayant accès à la ressource.
Si vous me demandez, en tant que membre de la classe politique, de recommander que le gouvernement du Canada ou un autre niveau de gouvernement s'associe avec vous et paie pour une partie de cette infrastructure publique, il faut que cet argent vienne de quelque part. Il devra provenir de l'assiette fiscale. Cela veut dire que je vais devoir augmenter les charges sociales ou l'impôt sur les sociétés et le reste pour répondre à ces besoins.
Je vous pose donc directement la question: préféreriez-vous payer plus d'impôts pour que le gouvernement construise les routes ou avoir moins d'intervention gouvernementale et construire vos propres routes et obtenir vos permis plus rapidement?
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La Chambre des mines et l'Association minière du Canada ont toutes les deux émis des recommandations détaillées pour améliorer le processus.
J'ai bien peur d'avoir une très longue liste de suggestions. Il y a certainement d'importantes incertitudes entourant toute la question de la consultation des Autochtones. Qui est chargé de ces consultations? Qui est censé les faire et à quel niveau? Les tribunaux n'ont pas clarifié la situation en rendant diverses décisions qui ont créé plus d'incertitude.
Le gouvernement semble hésiter à chercher à mettre en place un processus de consultation universel. Il faudrait que ce soit prévu dans la loi.
À part cela, je pourrais dire qu'il faudrait éliminer le droit d'en appeler de la décision d'une commission d'examen. Cela peut sembler extrêmement contradictoire étant donné que le droit d'appel aux tribunaux est toujours une garantie. Par contre, comme ce droit existe, on a tendance à y recourir inutilement.
Des délais doivent être imposés à toutes les étapes. Comme je l'ai dit, le rôle que les ministères du gouvernement fédéral jouent dans le processus d'examen a besoin d'être largement rationalisé. Il est même douteux que ce rôle soit utile. Il devrait simplement être largement réduit.
Les délais sont très importants. Il faut les stipuler dans la loi. Il y a aussi beaucoup d'autres changements qui peuvent être apportés. Le plus important est d'établir des seuils pour les petits projets, par exemple, pour un projet d'exploration pour lequel il faut seulement forer un ou deux trous.
La raison pour laquelle l'exploration à petite échelle s'est arrêtée dans les Territoires du Nord-Ouest est qu'un prospecteur ne peut plus jalonner un claim et forer un trou parce qu'il doit se soumettre à ce processus compliqué. Même la petite société d'exploration qui veut seulement forer deux trous est forcée de se soumettre à un processus très complexe d'une durée de deux à trois ans qui ne sera probablement pas financé par les actions accréditives qui devront être dépensées dans une période de 18 mois.
C'est tout un système qui ne fonctionne pas. Il faut absolument modifier les seuils, imposer des délais et réduire la participation du gouvernement au processus d'examen.
Certains parlent d'un manque de moyens et de donner plus d'argent pour que les ministères puissent faire plus d'études, mais je ne suis pas pour cela. Je préfère leur donner moins d'argent pour qu'ils puissent faire moins de travail.