TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le lundi 1er décembre 1997
[Traduction]
Le président (M. Dennis J. Mills (Broadview—Greenwood, Lib.)): Chers collègues, il y a un vote à 17 h 30. Nous avons maintenant le quorum. Avec votre permission, j'aimerais que l'on commence, si tout le monde veut bien. Je ne crois pas que M. Abbott sera des nôtres aujourd'hui.
Nous accueillons aujourd'hui M. Norman Moyer et M. Dan Smith, du ministère du Patrimoine canadien, qui sont responsables du sport. Comment comptez-vous procéder aujourd'hui, monsieur Moyer? Vous allez nous parler de votre document pendant quelques minutes, ce qui laissera amplement de temps à mes collègues qui auront des questions à vous poser?
M. Norman Moyer (sous-ministre adjoint, Citoyenneté et Culture canadienne, ministère du Patrimoine canadien): Nous pouvons vous donner lecture de notre document en 20 ou 25 minutes. Mais si vos collègues veulent des éclaircissements, monsieur le président, qu'ils n'hésitent pas à nous interrompre.
Le président: Si vous voulez poser des questions à M. Moyer dans le courant de son exposé, vous n'avez qu'à me faire signe.
Je tiens aussi à souligner que le conseiller spécial de la ministre du Patrimoine canadien en matière sportive, John Cannis, est des nôtres aujourd'hui. Il participera à nos délibérations afin de renseigner la ministre régulièrement sur tout ce que nous faisons ici, et afin de voir à ce que nous respections le mandat de la ministre.
Il est bon de vous revoir, Elsie; bienvenue.
Mme Elsie Wayne (Saint John, PC): Merci beaucoup, monsieur le président.
Le président: On va s'amuser.
D'accord, allez-y.
[Français]
M. Norman Moyer: Notre objectif aujourd'hui est de vous informer de la structure et du rôle de notre section au sein du ministère du Patrimoine canadien.
[Traduction]
Pour ce faire, nous allons nous servir du document que voici, qui vous donne un aperçu des grandes lignes de notre travail. Vous allez voir qu'au début de notre document, on trace un bref portrait de l'état du sport amateur au Canada et du rôle que le sport amateur joue dans notre pays.
• 1605
Je suis le sous-ministre adjoint responsable de Sport Canada,
entre autres choses. Mon titre exact est «Citoyenneté et identité
canadienne». Dan Smith est le directeur général de Sport Canada.
Après que nous vous aurons donné cette vue globale, nous serons heureux de répondre aux questions que vous avez relativement à la structure du sport. J'ai la certitude que vous allez nous poser aujourd'hui des questions auxquelles nous ne pourrons pas vous donner de réponses complètes ou pour lesquelles nous ne sommes pas tout à fait prêts. Nous serons heureux de vous répondre plus tard si nous n'avons pas les réponses précises à vos questions.
La première image de ce document vous montre dans une certaine mesure l'idée que les Canadiens se font du sport. Le sport est considéré comme un élément très important de la scène culturelle canadienne: c'est ce que pensent 90 p. 100 des Canadiens. Près de 10 millions de Canadiens participent régulièrement à des activités sportives organisées, qu'il s'agisse de sports d'équipe ou individuels.
Près de 87 p. 100 des Canadiens continuent de penser que le gouvernement doit contribuer au financement du sport amateur. Les Canadiens veulent que le Canada réussisse bien. Ils croient que notre présence dans le sport international de haut niveau ajoute beaucoup à notre image à l'étranger.
Vous allez voir sur la prochaine diapositive comment nous avons contribué à combler les attentes des Canadiens. Notre performance aux Jeux Olympiques d'hiver et d'été s'est améliorée considérablement si l'on en juge d'après le nombre de médailles que le Canada a remportées.
On l'a vu aussi dans la réaction des Canadiens. Nous savons qu'à l'orée de cette nouvelle période pré-olympique, les Canadiens vont se mettre à compter les médailles et à comparer nos performances passées.
Cela se voit aussi à la façon dont les autres pays ont réagi. Quand nos athlètes ont une mauvaise année, les citoyens deviennent vigilants. Les Canadiens surveilleront pour voir si nous faisons aussi bien, ou moins bien, ou mieux que par le passé.
J'aimerais maintenant demander à Dan Smith de vous expliquer un peu comment fonctionne le système sportif au Canada, puis nous reviendrons avec d'autres diapositives.
M. Dan Smith (directeur général, Sport Canada, ministère du Patrimoine canadien): Je vais vous expliquer un peu en quoi consiste le système de sport amateur au Canada, en partant du niveau communautaire. Au niveau communautaire ou local, le sport est organisé par plusieurs organisations sportives locales, ainsi que par les municipalités et les clubs sportifs locaux. Il y a aussi du sport dans les écoles, élémentaires, secondaires, ainsi que dans les établissements postsecondaires. À ce niveau, ce sont surtout les gouvernements municipaux qui financent le sport et les loisirs.
Si on passe au niveau provincial, nous avons à ce niveau et au niveau territorial plusieurs organisations sportives qui sont affiliées à des organisations nationales. Dans certaines provinces, il y a des fédérations sportives provinciales qui regroupent tous les sports individuels. De même, les gouvernements provinciaux et territoriaux financent activement la programmation sportive à ce niveau.
Au niveau national, nous avons des organisations sportives nationales comme l'Association canadienne de hockey, Ringuette Canada, Biathlon Canada, et d'autres qui sont chargés de l'organisation de leur sport à l'échelle du pays. Nous avons aussi plusieurs organisations multisports et de service, comme l'Association canadienne des entraîneurs, la Canadian Intercollegiate Athletic Union, entre autres.
Nous avons maintenant un nouveau programme de centres sportifs nationaux. On est en train de créer un réseau, et nous en reparlerons un peu plus longuement plus tard. C'est surtout à ce niveau que le gouvernement du Canada vient en aide aux programmes des équipes nationales et à nos athlètes qui se présentent aux compétitions internationales.
Au niveau international, il y a les fédérations internationales, par exemple, la Fédération internationale de hockey sur glace et d'autres qui sont responsables de la gestion de leur sport au niveau international. Plusieurs organismes gouvernementaux et non gouvernementaux sont également présents ici.
M. Norman Moyer: Notre activité dans le sport repose sur deux grands instruments juridiques. Il y a eu d'abord la Loi sur le conditionnement physique et le sport amateur de 1961. Le gouvernement intervient de manière structurée dans le sport depuis cette époque. En 1996, on a modifié la gestion du sport à l'intérieur du gouvernement du Canada et l'on a séparé le conditionnement physique du sport amateur. Le ministère de la Santé a pris en charge l'élément conditionnement physique, et l'on a donné au ministère du Patrimoine canadien le mandat du sport, particulièrement le sport amateur.
• 1610
La mission de Sport Canada est axée sur la performance de haut
calibre. Nous avons pour tâche de soutenir cet élément du système
sportif qui produit les athlètes les plus performants, qui vont à
l'étranger ou qui représentent le Canada dans des épreuves
internationales dans les domaines où nous avons les plus grandes
chances de succès. En outre, nous collaborons avec l'ensemble du
système sportif au Canada pour nous assurer que le système sportif
lui-même demeure sain et contribue à l'enrichissement de la société
canadienne dans les nombreux domaines où le sport a sa place.
Les principaux secteurs d'intervention de Sport Canada sont ceux que vous retrouvez à la page intitulée «Orientations stratégiques de Sport Canada».
Tout d'abord, nous tâchons de soutenir le développement et le rendement des athlètes du Canada eux-mêmes. Nous voulons aider les athlètes à trouver le temps qui leur faut pour s'entraîner, à trouver les entraîneurs dont ils ont besoin pour réussir, et ensuite à se présenter aux compétitions pour qu'ils obtiennent l'expérience dont ils ont besoin pour bien réussir dans de telles situations. Ce faisant, nous soutenons aussi directement les entraîneurs et le système des entraîneurs. Si nous voulons des athlètes performants, il faut qu'ils aient les entraîneurs, l'entraînement, les installations, le soutien médical et autres qui leur faut.
Nous nous intéressons également au développement du système sportif. Nous travaillons ici avec nos partenaires, par exemple les organisations sportives nationales et les organisations multisports. Nous travaillons en très étroite collaboration avec les gouvernements provinciaux; il y a d'importantes structures sportives fédérales-provinciales dans notre pays avec lesquelles nous collaborons de manière soutenue. Et nous travaillons avec des gens qui sont en marge du système. Nous travaillons avec les médias, nous travaillons avec des gens qui s'intéressent au sport de manière générale, et nous travaillons avec des particuliers.
Il nous incombe également de nous assurer que le sport conserve sa place dans le mandat général du ministère et du gouvernement. Je vais donc vous dire, dans mon aperçu sur le sport, comment cette partie de notre travail relativement à l'identité canadienne valorise le sport et rejoint le patrimoine et l'identité du Canada.
Enfin, nous voulons nous assurer que le système sportif nous permet d'atteindre ces objectifs que sont l'accès et l'équité, qui sont tellement importants dans l'ensemble de notre société. Nous accordons une attention particulière à la présence féminine dans le sport. Nous avons, et bon nombre d'entre vous le savent si vous connaissez la participation des personnes handicapées aux sports—un programme paralympique actif, et les Canadiens réussissent très bien aux sports paralympiques.
Nous travaillons également avec les peuples autochtones et nous prêtons attention au fait que le sport aide les communautés autochtones à participer davantage à la société. Nous nous occupons également des activités sportives des minorités visibles.
L'intervention fédérale en matière sportive porte essentiellement, presque exclusivement, sur le sport amateur. Ce que nous voulons faire, c'est articuler une politique qui permettra au sport de se développer. Évidemment, nous subventionnons le sport—et nous demeurons un élément subventionnaire très important du sport—mais de plus en plus, nous travaillons de concert avec des organisations sportives pour trouver des sources de financement ailleurs.
En matière de sport professionnel, nous n'avons aucune responsabilité directe. Étant donné que le système sportif repose sur tout un réseau de contacts, nous avons nous aussi des contacts avec la Ligue nationale de hockey et la Ligue canadienne de football, mais ce ne sont pas des secteurs où nous avons des traditions d'aide financière ou avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration tous les jours.
Notre premier partenariat se situe au niveau des organisations sportives nationales elles-mêmes. Ce sont ces groupes qui décident comment ces disciplines sportives seront gérées et développées au Canada. Nous avons avec ces organisations des rapports opérationnels concrets, mais le premier défi que nous avons eu dans ce domaine consistait à décider combien de ces organisations nous avions les moyens d'aider.
• 1615
L'une des choses que nous avons faites au cours des dernières
années a été la mise en place d'un cadre de financement et de
responsabilité en matière de sport. Ce système nous permet de
décider sur quels sports nous allons nous concentrer et,
essentiellement, l'attention que nous portons est fonction des
résultats que ces sports obtiennent à l'échelle internationale.
Donc, si ces organisations ont pu produire des champions, si elles
produisent des équipes fortes, si elles ont du succès, nous
travaillons avec elles. C'est ce qui fait que nous soutenons
aujourd'hui 38 organisations nationales, comparativement aux 58 que
nous avions avant l'avènement de cette stratégie.
Nous travaillons également avec neuf organisations distinctes qui sont au service des athlètes ayant un handicap, et nous avons lancé un projet pilote qui nous permet de travailler dans quatre autres domaines sportifs qui ne connaissent pas de grands succès à l'échelle internationale, soit parce qu'il s'agit de sports où il n'y a pas de compétitions internationales ou parce qu'ils ne se sont pas développés jusque-là.
En marge de ces organisations sportives nationales et de notre objectif premier, nous collaborons avec des organisations multisports qui aident le système sportif de diverses manières, par exemple les associations d'entraîneurs, qui forment des entraîneurs et enrichissent leurs méthodes. Le Centre canadien pour l'éthique dans le sport s'est occupé de plusieurs dossiers comme le harcèlement dans le sport, et il aide le milieu sportif à faire face à des problèmes comme celui-là. Le Centre de documentation pour le sport réunit des informations sur le système sportif et est l'un des meilleurs au monde dans ce domaine. L'Association olympique canadienne joue un rôle très visible et est un de nos grands partenaires, tout comme le Comité paralympique du Canada.
Le programme qui nous permet d'entrer en contact avec les athlètes et de les aider directement s'appelle le programme d'aide aux athlètes. Dans le cadre de ce programme, on verse des bourses directement aux athlètes; il s'agit d'un soutien financier non imposable qui les aide à payer les dépenses que leur impose leur activité sportive. À l'heure actuelle, environ 900 athlètes reçoivent cette aide dans environ 45 sports. Ces athlètes, s'ils sont au niveau très junior, touchent environ 185 $ par mois, et s'il s'agit d'athlètes de calibre mondial—qu'on appelle les athlètes à carte A—ils touchent environ 810 $ par mois.
Nous mettons également en place, partout au pays, une série de centres nationaux de sport. Il s'agit de centres qui offriront aux athlètes, dans un même endroit, le genre d'aide dont ils ont besoin, que ce soit au niveau de l'entraînement, de la formation, des conseils médicaux ou de conseils personnels de nature générale sur leur carrière comme athlètes. Nous travaillons déjà ensemble dans plusieurs centres au pays dont le nombre augmente. Il y a des centres à Calgary, Victoria, Montréal et Winnipeg. La planification est presque terminée pour des centres à Toronto, Vancouver et un dans la région de l'Atlantique.
Les centres qui existent offrent déjà ces services. Si vous avez vu le dernier numéro de Maclean's, vous avez pu y lire un article sur le centre sportif de Calgary, dont un centre national de sport est une grande composante. Le gouvernement fédéral accorde un appui financier à ces centres, à l'instar d'autres paliers de gouvernement et d'organismes locaux.
Les Jeux du Canada représentent un élément clé du réseau sportif au Canada et des activités sportives. En effet, ceux-ci offrent l'occasion à des athlètes canadiens de se réunir à tous les quatre ans, l'été et l'hiver. Les Jeux du Canada ont en fait lieu à tous les deux ans, mais alternent entre les jeux d'hiver et les jeux d'été, et donc pour les athlètes, les jeux dans leur discipline reviennent à tous les quatre ans.
Ces jeux ont commencé en 1967. Ils constituent un élément très populaire du système sportif canadien. Pour de nombreux athlètes, ils représentent l'apogée de leur carrière. Pour tous les athlètes, ces jeux constituent une occasion excitante de participer.
Plus de 40 000 jeunes Canadiens ont participé aux Jeux du Canada depuis 1967. Si l'on tient compte des membres de la famille de ces athlètes qui s'y intéressent de près—j'étais à Brandon au Manitoba cet été où j'ai vu de nombreuses familles venir assister à l'événement—c'est une réunion remarquable. Typique également des Jeux du Canada est le fait qu'ils ont lieu dans de petits centres. En l'an 2001, nous serons à London, Ontario, la plus grande localité depuis longtemps pour la tenue des Jeux du Canada, qui fonctionnent très bien loin des grands centres. C'est excitant de voir comment ça fonctionne.
• 1620
À titre anecdotique, en 1999, les Jeux auront lieu dans la
plus petite localité où ils se sont jamais tenus, c'est-à-dire à
Corner Brook. Nous verrons donc les deux extrêmes.
Sport Canada est également chargé d'appuyer la tenue de grands jeux internationaux. À l'heure actuelle, nous participons vivement à l'organisation des Jeux panaméricains qui se tiendront à Winnipeg en 1999. C'est exactement le genre de jeux multisports internationaux que nous appuyons. Nous participons également à des championnats mondiaux où les événements sportifs sont unidisciplinaires.
Nous prenons également part à des événements internationaux qui offrent ce que nous appelons «un centre d'intérêt stratégique». Les Jeux autochtones de l'Amérique du Nord qui ont eu lieu l'été dernier apparaissent comme une façon très importante d'aider à ouvrir aux Autochtones l'accès au système sportif. Nous travaillons avec les Jeux olympiques spéciaux. Nous travaillons avec les Jeux de la Francophonie.
Le sport, comme tous les autres secteurs des systèmes de soutien du gouvernement fédéral, a été durement frappé par l'examen des programmes. Le gouvernement fédéral a maintenu son engagement à l'égard du système sportif, mais le financement disponible a été réduit d'environ 30 à 35 p. 100 au cours des quatre années de réduction des dépenses de programme. Ces coupures représentent une réduction très marquée et perceptible du financement accordé aux intervenants du système sportif.
Pendant ces réductions budgétaires, seules les allocations aux athlètes ont augmenté. En fait, on a réduit encore davantage d'autres secteurs de financement pour réaliser cette augmentation.
Toutes ces réductions au sein du système sportif n'ont pas été mauvaises, loin de là. Il y a eu une époque dans le système sportif comme dans bien d'autres secteurs où la composante bureaucratique était lourde. On a réduit cette composante dans les organismes sportifs nationaux tout comme d'ailleurs chez les gouvernements partout au pays. Maintenant que nous songeons à peut-être réinvestir dans le système sportif, nous partons d'une base beaucoup plus rationnelle.
Ici vous pouvez voir où va l'argent de Sport Canada. Cette année, notre budget est d'environ 47 millions de dollars. Vous avez ici la ventilation qui permet de constater que notre budget est en grande partie versé aux organismes sportifs nationaux, le solde étant consacré aux fonctions que je viens de vous présenter.
Les deux dernières pages de cette liasse vous donnent la liste des principales études sur les sports réalisées ces dernières années. Vous pouvez constater que beaucoup de travail s'est fait dans ce domaine. Vos attachés de recherche ont probablement trouvé toutes ces études, mais si vous voulez vous y intéresser plus avant et déterminer ce que cela pourrait signifier pour vous, plutôt que de vous les expliquer, je vais vous laisser les examiner et si vous avez des questions, nous serons heureux d'y répondre.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Moyer.
Madame Tremblay, au cours des trois dernières réunions, nous avons tenu une période de questions sans cérémonie, mais par respect pour vous qui avez présenté cette motion, peut-être aujourd'hui aimeriez-vous commencer et poser la première question.
Voulez-vous que je vous donne la parole plus tard? Dans ce cas, je vais passer directement à M. Denis Coderre.
[Français]
M. Denis Coderre (Bourassa, Lib.): Dans un premier temps, peut-être pourrais-je dire en blague que si vous avez de l'influence au niveau des Jeux olympiques, j'aimerais que vous appeliez l'équipe de hockey pour que Mark Messier, Claude Lemieux et Mark Recchi fassent partie de l'équipe de hockey qui représente le Canada et comblent les trois places qui restent. Ce serait peut-être intéressant.
Je vous remercie beaucoup de votre présence. Plusieurs questions nous viennent évidemment en tête et peut-être pourrions-nous vous demander d'éclaircir certains points.
Dans un premier temps, on a l'impression que les athlètes et les entraîneurs sont laissés à eux-mêmes. Lorsqu'on se penche sur les allocations qui s'élèvent de 185 $ à 810 $, on a carrément l'impression que c'est presque des salaires de crève-faim. En ajoutant des prestations d'aide sociale à ce maigre salaire, nous pourrions peut-être aider nos athlètes, mais ce n'est certainement pas ce qu'on aimerait faire.
• 1625
Dans un premier temps, pensez-vous que le
gouvernement devrait investir davantage au niveau de
nos athlètes? Pourriez-vous nous expliquer quels sont
les critères qui régissent ces allocations?
Malheureusement, on a trop souvent le pressentiment que
bien que le gouvernement—puisque ce n'est qu'une
perception, elle peut être fausse—soit très fier de
ses athlètes qui remportent des médailles, ces derniers
sont laissés à eux-mêmes lorsqu'ils travaillent pendant
de nombreuses années pour atteindre cette
excellence. Quels sont les critères? Est-ce que le
gouvernement fait assez ou qu'est-ce qu'il devrait
faire de plus pour éviter que ses athlètes aillent dans
d'autres pays, sous d'autres drapeaux, pour prendre
part à des compétitions de tennis ou de patinage
artistique, et viennent par la suite dire qu'ils
étaient Canadiens, mais qu'ils sont là on behalf of
Great Britain et ainsi de suite?
M. Norman Moyer: J'aimerais demander à Dan Smith de parler des critères, et ensuite nous explorerons un peu, dans les limites du possible, la deuxième question.
[Traduction]
M. Dan Smith: Dans le cas du Programme d'aide aux athlètes brevetés A et B, les critères sont fondés sur les performances internationales. Si, comme athlète, vous vous êtes classé parmi les quatre premiers au monde, vous êtes admissible à une carte A. Si vous vous classez parmi les huit premiers au monde, vous êtes admissible à une carte B. Ces deux niveaux supérieurs reposent sur des niveaux de performance internationaux. Dans le cas de toutes les autres cartes—que ce soit la carte C et la carte de développement—les organisations sportives nationales et Sport Canada s'entendent pour établir les critères. Essentiellement, il s'agit d'identifier les athlètes qui possèdent le potentiel pour faire partie d'équipes nationales et d'exceller au niveau international afin de les aider à atteindre le niveau B. Voilà donc les critères. Dans les sports d'équipe, il existe certaines cartes pour donner un appui aux athlètes au niveau des équipes junior et au niveau des équipes de réserve.
Quant aux niveaux de financement que touchent les athlètes, je pense qu'il faut noter qu'outre l'aide directe, que nous leur versons, nous accordons un financement considérable aux organisations sportives nationales afin de défrayer certains coûts des camps d'entraînement et de rembourser les frais de scolarité—les athlètes touchent un supplément qui compense les frais de scolarité—; dans de nombreux cas, la rémunération des entraîneurs à l'échelle nationale est assurée grâce aux contributions du gouvernement fédéral. Il existe donc d'autres moyens d'aider les athlètes.
Récemment, nous avons effectué un sondage sur le statut des athlètes. Il s'agissait essentiellement de tenter d'examiner la situation socio-économique des athlètes afin de déterminer leurs besoins et les ressources dont ils disposent. Il ressort de ce sondage que les athlètes ont besoin d'environ 24 000 $ par année afin de défrayer complètement le coût de la vie, leurs coûts de formation et leurs dépenses—c'est un peu un niveau de base. En moyenne, à l'heure actuelle, les athlètes déclarent recevoir toutes sources combinées, environ 20 millions de dollars—excusez-moi, 20 000 $—ce serait bien si c'était 20 millions de dollars—ce qui signifie qu'il leur manque environ 4 000 $ et qu'ils doivent l'obtenir de leurs parents ou d'autres sources.
[Français]
M. Denis Coderre: Oui, mais cela ressemble pas mal au seuil de la pauvreté. J'ai connu un athlète du nom de Philippe Chartrand, qui était un gymnaste extraordinaire et qui travaille maintenant pour le Cirque du Soleil. Il y avait des difficultés certaines et on avait l'impression, en parlant à plusieurs athlètes, qu'on pourrait peut-être niveler vers le bas et accorder un montant acceptable. Mais quand on vise l'excellence, ce n'est pas l'acceptable qui compte; il faut aller beaucoup plus loin à ce niveau-là. Est-ce que le gouvernement devrait investir davantage en élargissant les critères et en étant beaucoup plus généreux à la fois pour les athlètes et pour les entraîneurs? Comme je le soulignais plus tôt, il y a un exode de nos athlètes et entraîneurs.
M. Norman Moyer: La question n'est pas tellement de savoir si le gouvernement devrait investir davantage; c'est évident qu'avec plus d'argent, on pourrait en faire plus. Les athlètes qui peuvent atteindre un certain niveau de performance dans certains sports ont accès à d'autres fonds du secteur privé et, de plus en plus, il y a des commandites pour ces athlètes.
Ce que nous devons déterminer, c'est si nous aiderons un plus grand nombre d'athlètes à entrer dans le système au niveau débutant et à avancer dans le système, ou si nous investirons davantage au niveau des athlètes qui ont déjà atteint un niveau supérieur.
• 1630
On a parlé aux athlètes de la possibilité d'accorder un
montant unique qui serait versé à tous les athlètes, ce
qu'on appelle un flat count, mais
cette proposition n'a pas beaucoup
reçu d'appui de la part des athlètes.
Les athlètes sont très compétitifs et croient
à des récompenses pour ceux d'entre eux qui avancent.
Ils estiment que ceux qui sont les meilleurs devraient avoir plus.
M. Denis Coderre: Est-ce que pour ces 38 organismes et fédérations, Sport Canada ne représente qu'une source de financement? Lorsqu'on choisit les athlètes qui feront partie des équipes canadiennes aux Jeux olympiques, certaines provinces, parfois avec raison, ont l'impression que le choix est un peu arbitraire. Dans certains sports, on a le pressentiment que le Québec ou les Maritimes sont désavantagés par rapport à l'Ouest ou surtout l'Ontario. Si votre rôle ne se limite pas au financement, ne devriez-vous pas vous assurer qu'il y a une équité au niveau de la représentativité, à compétence égale évidemment? Ne devrait-on pas s'assurer que les athlètes provenant de régions autres que l'Ontario ou l'Ouest soient plus nombreux?
M. Norman Moyer: Je vais commencer à répondre et ajouter certains éléments manquants.
Notre philosophie vise à créer une égalité de chances et à aider chaque région à acquérir l'équipement, les infrastructures et les entraîneurs nécessaires pour bien former des athlètes. Mais le choix des athlètes qui nous représenteront aux Jeux olympiques devrait être basé sur la performance; ça ne devrait pas être un choix arbitraire ou équilibré par des facteurs qualitatifs. C'est à ce niveau que nous essayons actuellement d'intervenir. Je suis conscient que les gens pourront bien nous dire que les équipements disponibles à Corner Brook, à Deer Lake ou dans les régions loin des centres ne sont pas équivalents. Et ça, c'est un problème réel.
M. Dan Smith: Notre objectif est de donner des chances égales à tous les athlètes canadiens par l'entremise des centres nationaux, comme nous l'avons expliqué. S'il nous était possible d'établir de tels centres dans toutes les régions du Canada, je pense que nous donnerions des chances égales à tous les athlètes. Mais, comme le disait M. Moyer, la chose la plus importante, c'est que les athlètes de l'équipe canadienne soient les meilleurs.
Le président: Merci. Madame Tremblay.
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski—Mitis, BQ): Merci pour les documents que vous avez préparés et pour votre présentation.
Je voudrais approfondir la question des critères. Je ne suis pas très satisfaite de la réponse, parce que «chat échaudé craint l'eau froide». On a vu qu'on a jugé que Mario Lemieux n'était pas assez bon pour faire partie de l'équipe de hockey junior. Pierre Harvey s'est fait refuser parce que, même s'il figurait parmi les meilleurs Européens, il n'était pas venu faire une ou deux courses ici qui lui auraient valu le titre de meilleur Canadien. On n'a pas voulu faire le transfert de ses performances en Europe, alors qu'il était dans les 10 premiers.
On a vu des patineurs et des danseurs, dont les Duchesnay, devenir Français parce qu'ils n'avaient pas été sélectionnés. On a vu la difficulté qu'a connue Sylvie Fréchette; si elle n'allait pas s'entraîner dans l'Ouest canadien, même si elle avait gagné une médaille d'or, on ne lui donnerait aucune chance d'aller aux Olympiques.
Je regarde tout cela avec étonnement. Je fais une analyse des gens qui sont allés au Jeux de la Francophonie et je m'aperçois d'abord que c'est rare de trouver des francophones là. Il y avait un volet artistique extrêmement important et il n'y avait aucun artiste du Québec, alors qu'on s'en allait aux Jeux de la Francophonie.
Il y a tellement d'exemples. Que vous le vouliez ou non, que ça vous plaise ou pas, on sent une espèce de persécution systématique. On a vraiment l'impression que ça joue en défaveur des athlètes de certaines provinces. Je pense que les critères manquent de transparence et je me demande comment vous pourriez bien faire pour nous assurer qu'ils sont vraiment respectés. Ne faudrait-il pas demander à des gens tout à fait neutres, du public ordinaire, des gens de bonne foi de regarder les choses? Êtes-vous capables de penser à un autre système ou est-ce qu'on est capables de faire ça avec plus de transparence?
• 1635
C'est bien beau, le gros spectacle qu'on a eu samedi
soir. Magnifique! C'est une bonne idée de prendre des
enfants d'ailleurs et de leur demander de parader pour
tous les jeunes athlètes sélectionnés pour le hockey.
Mais on voit qu'il y a eu des surprises au sujet de
certains athlètes qui ont été choisis pour faire partie
de l'équipe, tandis que d'autres n'y sont pas. Je
ne suis pas tout à fait d'accord sur les choix qui ont
été faits. Il me semble qu'il y a quelque chose à
faire. Pensez-vous pouvoir améliorer cela?
M. Norman Moyer: Nous ne discuterons pas de façon approfondie des techniques utilisées pour choisir les membres de notre équipe de hockey national, mais pour les autres sports, je crois que Dan pourrait un peu mieux décrire la procédure actuelle. Je crois qu'il y a énormément de transparence dans tout le système, mais s'il y a des façons de l'améliorer, nous sommes ouverts à de nouvelles idées.
[Traduction]
M. Dan Smith: Il y a une grande différence entre les sports d'équipe et les sports individuels et je vais donc peut-être commencer par les sports individuels.
Dans le cas de la composition de l'équipe olympique canadienne, au début du cycle olympique de quatre ans, les représentants de l'Association olympique canadienne rencontrent ceux des organisations sportives nationales afin d'établir un ensemble de normes. Ensemble, ils déterminent les exigences. En général, ils recherchent des athlètes capables de terminer parmi les 16 premiers et la moitié supérieure aux Jeux olympiques. On utilise cette norme générale, mais chaque sport s'entend avec l'Association olympique canadienne pour déterminer un ensemble de critères de qualifications.
Dans le cas des événements de la Coupe du monde de ski acrobatique, la sélection de l'équipe débouchera sur la Coupe du monde qui se tiendra au Mont Tremblant pendant la première semaine de janvier. En fonction des points accumulés lors des premiers événements de la Coupe du monde de ski acrobatique, on va constituer des équipes pour l'épreuve de bosses, les acrobaties et chacune des autres épreuves.
Dans d'autres disciplines à relais, les entraîneurs peuvent intervenir dans la fixation des normes. Mais ils doivent fixer ces normes au début du cycle pour les communiquer aux athlètes. C'est désormais l'une des exigences du Programme d'aide aux athlètes. Ils doivent recevoir l'information à l'avance de façon à connaître les normes qui leur sont imposées.
C'est dans les sports d'équipe que les choix sont les plus difficiles, car les sélectionneurs ne disposent pas toujours d'un ensemble de critères objectifs, comme le meilleur temps dans une course ou la meilleure place au classement d'une compétition particulière. Il faut essayer de constituer la meilleure équipe possible, réunissant tous les ingrédients nécessaires—et on a vu ce que cela donne lors de la sélection de l'équipe de hockey. Que les gens soient d'accord ou non, les directeurs généraux et les entraîneurs essayent de trouver une bonne combinaison d'athlètes, susceptibles, à leur avis, de réunir les aptitudes et les talents nécessaires pour affronter leurs concurrents étrangers. C'est sans doute là qu'intervient le plus haut degré de subjectivité dans les sports d'équipe.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay: Puisque vous abordez la question de l'équipe qu'on a sélectionnée, je dois vous dire que je trouve assez scandaleux que les Jeux olympiques, qui à l'origine regroupaient des athlètes amateurs, soient en train d'être corrompus d'une certaine façon par des gens qui gagnent des millions par année. Ils arrêtent de jouer pendant quelques semaines pour aller jouer au hockey là-bas.
On a eu le basket-ball, et bientôt on aura le foot-ball et le base-ball. Que sont les Jeux olympiques dans le fond? Quelle est cette idée d'envoyer aux Jeux olympiques ces professionnels super-payés? Je ne peux pas me mettre cela dans la tête. Comment en est-on arrivés à cela? Je vous le dis, moi je lis cela comme de la corruption. C'est parce qu'on veut du fric, on veut faire ceci et on veut faire cela, et c'est toujours le fric qui est derrière cela.
On sait très bien qu'un des gros événements des Jeux olympiques va mettre dans l'ombre beaucoup de sports. On va attacher beaucoup d'importance à ce fameux tournoi de hockey, où le ridicule veut que Jagr joue pour son pays et qu'un autre joue pour la Russie alors qu'ils sont tous dans la Ligue nationale. C'est une comédie que je trouve fort désagréable et qui, à mon avis, discrédite d'une certaine façon les Jeux olympiques.
M. Norman Moyer: Toute cette évolution vers des Jeux olympiques où les sports professionnels sont représentés émane essentiellement des décisions du Comité olympique international. C'est une évolution qui est hautement contestée.
Mme Suzanne Tremblay: C'est contesté? Non?
M. Norman Moyer: Parfois. À certains moments, c'est très populaire. Je crois que beaucoup de Canadiens appuyaient la participation de nos meilleurs joueurs. Mais ce n'est pas une décision sur laquelle Sport Canada peut exercer son influence.
Mme Suzanne Tremblay: Votre représentant qui siège au Comité olympique ne pourrait-il pas intervenir? Ne pourrait-on pas tenir un référendum ou un sondage pour déterminer ce qu'on veut à ce sujet? Ne pourrait-on pas poser deux questions en même temps? Je me suis échappée. Je voulais dire un sondage et non un référendum. Il me semble que ça n'a pas de bon sens. J'ai l'impression que c'est juste fait pour amasser du fric.
Je vous poserai une dernière question. Lors de votre présentation, j'ai constaté que tout commençait dans les communautés de base et je me demandais s'il existait quelque part dans votre ministère un quelconque inventaire permettant de savoir si, en général, les communautés disposent des installations sportives nécessaires au Canada, de façon à ce que les centres que vous établissez un peu partout puissent être nourris—si je puis utiliser cette expression—par la clientèle qui vient de cette région-là. C'est bien beau de construire un beau centre régional, mais si les jeunes n'ont pas de patinoire, ils n'arriveront jamais à monter au centre.
M. Norman Moyer: Sport Canada n'a pas de tels inventaires. C'est aux autorités locales et provinciales qu'incombe la responsabilité de coordonner les ressources au niveau des municipalités. Notre contribution se situe au niveau des centres nationaux.
Mme Suzanne Tremblay: Mais il y a quand même une coordination avec les provinces, puisque vous allez dans la talle du sport, ce qui fait aussi partie de leurs responsabilités. Vous établissez vos centres, mais ne parlez jamais aux provinces?
M. Norman Moyer: Oui, on leur en parle, mais ce sont eux qui ont les bases de données.
Mme Suzanne Tremblay: Parfait, merci.
[Traduction]
Le président: Madame Wayne.
Mme Elsie Wayne (Saint John, PC): Je voudrais dire à Mme Tremblay ce que signifie véritablement le sport au Canada. Est-ce que vous m'y autorisez?
Le président: Certainement.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay: J'espère que vous l'expliquerez pour tout le monde, et pas juste pour moi.
[Traduction]
Mme Elsie Wayne: Pour tout le monde.
Nous avons accueilli les Jeux d'été du Canada de 1985 à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Pour cela, nous avions 4 000 bénévoles. Mais comme tout le monde ne s'intéresse pas au sport, nous avons décidé d'y ajouter un volet culturel. Nous avons fait construire une scène près de la mer. Nous avons fait venir un groupe culturel de chacune des provinces canadiennes, des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon. Pendant le déroulement des Jeux, on a organisé tous les jours la soirée d'une province différente. Il y a eu la soirée du Québec, et tout le monde était là. Puis ce fut la soirée de l'Ontario...
[Français]
Mme Suzanne Tremblay: Là vous parlez des Jeux du Canada.
[Traduction]
Mme Elsie Wayne: Et c'était absolument magnifique.
Cela s'est poursuivi et cela continue encore, car nous avons constaté que le Canada d'un océan à l'autre... Souvent, les gens ne comprennent pas la particularité des autres provinces. Cela nous a permis de mieux nous connaître.
Un événement sportif a donc un double avantage pour le patrimoine et pour le pays. C'était tout à fait extraordinaire.
Et il est important que nos jeunes aient l'occasion de faire de la compétition. On commence au niveau municipal, on atteint le niveau national, puis on passe au niveau international.
Grâce à ces Jeux d'été du Canada, nous avons accueilli des événements sportifs internationaux, notamment de l'athlétisme et des compétitions internationales de natation à la piscine olympique dont nous disposons désormais. C'est tout à fait extraordinaire.
Je suis cependant d'accord avec Mme Tremblay sur un point. Lorsque j'entends parler de ce que gagnent certains jeunes gens en jouant au hockey, je trouve cela assez choquant. Mais nous ne payons jamais de montants comparables. C'est le secteur privé qui les paye, et non pas nous. Il faut donc veiller à ce que cela soit bien compris à cette table. Si c'est ce que veut le secteur privé, on ne peut que le déplorer.
À Saint John, nous avons l'équipe de la Ligue américaine de hockey des Flames de Calgary, la meilleure petite équipe de la Ligue américaine qui soit au Canada, et je les ai fait venir ici.
• 1645
Le sport est très important pour nos jeunes, car il les tient
occupés.
Le président: Votre ville en a-t-elle retiré des avantages?
Mme Elsie Wayne: L'expérience a vraiment été merveilleuse. Nous avons été la première ville à accueillir les Jeux du Canada et à faire 2,5 millions de dollars, si je ne m'abuse, de profits. Avec cette somme, nous sommes allés dans tout le Canada et nous avons invité tous les jeunes qui avaient besoin d'un commanditaire à s'adresser au comité des Jeux du Canada de Saint John. Certains jeunes continuent de s'adresser à nous. Nous avons investi cet argent. Nous accordons une aide financière à de jeunes athlètes et à leurs entraîneurs.
L'expérience a été tellement merveilleuse que les gens ne l'ont jamais oubliée. Nos jeunes en ont tellement profité. Ils viennent de toutes les régions du Canada. Ils viennent du Québec pour participer à nos compétitions de nage et d'athlétisme. Ils viennent de toutes les provinces.
Le président: Vous seriez donc favorable à ce qu'on organise davantage d'événements sportifs de ce genre.
Mme Elsie Wayne: Certainement. C'est fantastique pour les jeunes. Ils ont besoin de toute l'aide que nous pouvons leur offrir.
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Le président: Je vous remercie, madame Wayne. Monsieur Cannis.
M. John Cannis (Scarborough-Centre, Lib.): Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis si heureux de ce que vient de nous annoncer Mme Wayne.
Messieurs, je veux vous remercier de votre exposé. J'aimerais vous poser quelques questions. J'aimerais savoir si nous avons comparé l'aide financière que nous accordons à nos athlètes à celle qui est accordée aux athlètes étrangers. Si nous l'avons fait, j'aimerais que vous nous disiez quelques mots là-dessus.
Corrigez-moi si j'ai tort, mais je crois que nous avons commencé à appuyer financièrement notre équipe féminine de hockey. Si ce n'est pas le cas, je voudrais bien savoir pourquoi, parce qu'elles sont des championnes mondiales. Vous avez parlé des compétitions internationales qui ont lieu à différents niveaux. Je sais combien certains athlètes ont dû faire des pieds et des mains pour participer à ces compétitions et qu'ils ont même dû payer eux-mêmes leurs frais d'entraînement et de sélection. Ils ont pourtant fait l'honneur de notre pays en remportant plus d'un championnat mondial. Je serais déçu d'apprendre que nous ne leur accordons pas une aide financière. Je crois comprendre qu'elles vont représenter le Canada aux Jeux olympiques d'hiver.
L'une des pages de votre document mentionne les centres nationaux de sport. Je ne suis ni pour ni contre les centres qu'on a choisis, soit Calgary, Victoria, Montréal et Winnipeg, mais je ne sais pas sur quels critères on s'est fondé. Sauf le respect que je vous dois, on tient habituellement compte du fait que les villes de Vancouver et de Toronto ont une population importante. Nous en sommes au début de l'étape de planification. Pourquoi a-t-on choisi ces centres si nous avons des athlètes de haut calibre à Vancouver, à Toronto et dans la région de l'Atlantique? Comment aidons-nous ces athlètes? Doivent-ils déménager à Montréal ou à Calgary, par exemple, et quitter pendant de longues périodes leur famille et leur école pour pouvoir s'entraîner?
Vous avez aussi parlé d'un système de cartes. Nous avons tous lu dernièrement des articles à ce sujet qui se rapportent à certains athlètes qui nous représentent sur la scène internationale. Je suis pleinement d'accord pour que nous aidions nos athlètes talentueux à devenir des athlètes de réputation mondiale.
Je trouve assez ironique—et j'ai entendu des électeurs et d'autres personnes le dire—que notre pays ait fait de son mieux, comme on nous l'a dit il y a un instant, pour aider les jeunes athlètes talentueux à atteindre un certain niveau, de manière à ce qu'ils puissent nous représenter lors d'événements sportifs internationaux qui, je suis heureux de le souligner, sont très lucratifs.
Le secteur ou le ministère a-t-il songé à demander une contribution de ces athlètes. On pourrait leur dire qu'on les a aidés au début de leur carrière et leur demander s'ils ont vraiment besoin de ce 810 $ lorsque de jeunes athlètes prometteurs à Saskatoon ont le talent et la compétence voulus... ils seraient peut-être prêts à renoncer à cette somme sachant que tous les paliers de gouvernement et que les écoles ont beaucoup réduit l'aide financière qu'ils accordent aux athlètes? Vous avez fait remarquer que les carrières des athlètes commencent dans les cours d'école et se poursuivent tout au long de leurs études. Comment en arriver à un juste équilibre?
Pour dire les choses crûment, les gens ne sont pas très heureux d'entendre dire que des athlètes de haut niveau comme Donovan Bailey ou Elvis Stojko—ils ne sont peut-être pas très nombreux, mais ils font couler beaucoup d'encre—peuvent gagner des centaines de milliers de dollars ou même 1 million de dollars en un après-midi en participant à une course ou en faisant une annonce publicitaire pour McCain. Comment en arriver à un juste équilibre?
• 1650
En tant qu'organisme sportif, avez-vous songé à des façons
dont nous pourrions commercialiser nos aptitudes et nos techniques
de manière à générer des revenus? Si nous disposions de plus de
fonds, nous pourrions faire davantage. Je crois que c'est vous qui
l'avez dit, monsieur Moyer, et je suis d'accord avec vous. Nous
pourrions peut-être établir des partenariats à cette fin. Je fais
maintenant allusion à ce que Mme Tremblay a dit plus tôt...
Le président: Monsieur Cannis, je crois que vous allez devoir poser des questions plus précises parce que comme je l'ai dit au début, nous devons quitter la salle à 17 h 20 et quatre autres députés veulent encore poser des questions.
M. John Cannis: J'ai terminé, monsieur le président.
M. Norman Moyer: Je vais essayer de répondre à deux de vos questions et je demanderai ensuite à Dan de répondre aux autres.
Nous appuyons certainement notre équipe féminine de hockey. Nous sommes heureux de voir qu'elle a pris autant d'essor. Je parie que les femmes joueront mieux au hockey à Nagano que les hommes.
Mme Elsie Wayne: Bravo, bravo!
M. Norman Moyer: Le jeu sera au moins plus excitant.
Quant à savoir pourquoi on a choisi certaines villes plutôt que d'autres comme centres de sport, c'est en fonction d'un certain nombre de raisons. Des jeux internationaux d'envergure ont eu lieu à Calgary et à Victoria et ces villes ont donc hérité d'installations sportives intéressantes. L'intérêt pour les sports a aussi été stimulé par la tenue dans ces villes de ces événements sportifs. Nous aurions aimé que le sport se développe aussi rapidement à Toronto que dans ces villes. Toronto a de bonnes installations sportives. Le gouvernement de l'Ontario n'a cependant pas jusqu'à récemment attaché une grande priorité au développement des sports. Nous avons maintenant établi un bon dialogue avec la province dans le domaine sportif, mais le dossier n'a pas progressé aussi rapidement que nous l'aurions souhaité.
Les athlètes reçoivent une aide financière pour s'installer dans ces centres lorsqu'ils doivent s'entraîner. Il n'existera jamais un centre sportif de calibre mondial dans chaque collectivité au Canada. Ils sont tout simplement trop coûteux. Il faudra donc amener les athlètes dans ces centres.
Je vais demander à Dan de vous parler des comparaisons internationales. Nous avons effectué certaines comparaisons avec d'autres pays. Le système des cartes—pourquoi rémunérons-nous autant des athlètes qui gagnent déjà tant d'argent—est une question qui se pose continuellement. Ils ont droit à cet argent. Le système qui existe est objectif et transparent comme le souhaite Mme Tremblay. Ces athlètes sont parmi les quatre meilleurs au monde et il nous est donc difficile d'arrêter complètement de les subventionner. D'une certaine façon, ils aident le sport. À l'occasion, Elvis Stojko ou Donovan Bailey viennent prêter leur concours gratuitement à certains événements sportifs. Ils attirent des Canadiens.
Très peu de Canadiens reçoivent des redevances si élevées qu'ils n'ont pas vraiment besoin de l'aide que nous leur accordons. Nous ne pouvons peut-être pas trouver de solution miracle à ce problème. Ils font leur part pour aider le système sportif. Je crois que nous pouvons nous réjouir lorsque nous avons un champion au Canada.
Dan, pourriez-vous dire quelques mots au sujet des comparaisons internationales pendant que je réfléchis à la réponse à la dernière question.
Le président: Monsieur Smith, peut-être vaudrait-il mieux que vous prépariez un document sur les comparaisons internationales à l'intention du comité. Nous devrions sans doute avoir de l'information sur cette question pour nos dossiers.
M. Dan Smith: Nous avons des chiffres ici qui montrent que certains de nos rivaux sur la scène internationale, c'est-à-dire les pays auxquels nous aimons nous comparer et que nous voudrions dépasser en performance, des pays comme l'Allemagne et l'Australie, fournissent à leurs athlètes de haut calibre environ le double de l'aide financière que le Canada donne à ses propres athlètes. Dans d'autres pays, l'écart est encore plus grand. Au Royaume-Uni, à cause de la loterie nationale, on fournit probablement dix fois plus d'appui financier que le Canada aux athlètes de haut calibre.
Par ailleurs, une chose qu'il importe de noter, c'est que cet appui financier comprend l'aide à tous les niveaux du sport parce que ces autres pays n'ont pas le même système fédéral que nous et que ces montants comprennent aussi bien l'aide pour les installations locales que le soutien aux athlètes de haut calibre. Cela représente aussi une aide importante pour les athlètes de haut calibre. La France se situe aussi dans ce groupe de pays. D'autres pays comme la Finlande, la Suède et le Danemark fournissent des montants qui se rapprochent davantage des nôtres. Nous pourrions vous donner plus de détails là-dessus.
Il est presque impossible de comparer le Canada aux États-Unis parce que le système américain n'est pas financé entièrement par le gouvernement. Il est financé essentiellement par l'entremise du système d'enseignement et du secteur privé.
Le président: Voulez-vous une réponse finale à votre dernière question?
M. Norman Moyer: La possibilité de collaborer avec des partenaires du secteur privé pour produire des recettes est une chose que nous examinons aussi. Il y a quelque temps, la ministre a créé un comité consultatif présidé par Adam Zimmerman qui s'est penché longuement sur cette question. Nous n'avons toujours pas trouvé de solution miracle, mais les organismes sportifs sont beaucoup plus disposés à chercher des commanditaires et beaucoup plus capables de les obtenir qu'auparavant, de les conserver et de leur en donner pour leur argent. Je pense donc qu'il y a de l'espoir dans ce domaine.
Le président: Monsieur O'Brien.
M. Pat O'Brien (London—Fanshawe, Lib.): Merci, monsieur le président. Je voudrais faire deux brèves observations et poser une question.
Je voudrais bien que les autres députés soient ici, mais j'aurai la chance de dire la même chose une autre fois. Je ne pense pas vraiment que la représentation des provinces ou les considérations linguistiques doivent guider le choix de notre équipe de hockey canadienne. Si l'on commence à essayer de le faire, cela pourrait aller très loin; on peut dire, par exemple, que deux des trois gardiens de but étaient des francophones. Peu importe qui ils sont. Ce sont deux des meilleurs gardiens de but du monde et c'est pour cela qu'ils font partie de l'équipe. Je ne suis donc pas du tout d'accord pour qu'on tienne compte de la représentation d'une province en particulier ou de facteurs linguistiques... Quelqu'un d'autre pourrait demander: «Pourquoi un seul Irlandais?» Brendan Shanahan est un excellent joueur de hockey, mais après tout, 25 ou 40 p. 100 de la population sont d'origine celte...
Le président: Il aurait dû y avoir plus d'Irlandais.
Des voix: Oh, oh!
M. Pat O'Brien: Il aurait dû y avoir plus d'Irlandais! Exactement. Je pense donc qu'on insiste trop...
Une voix: Il y aurait plus de bagarre.
M. Pat O'Brien: C'est exact, il y aurait plus de bagarre.
Une voix: Ce sont des paroles de défi, n'est-ce pas?
M. Pat O'Brien: Oui.
Pour ce qui est de professionnaliser les Olympiques, nous savons tous que c'est arrivé à cause des pays communistes, surtout la Russie. Ils étaient plus professionnels que nos joueurs de la ligne nationale de hockey parce que c'était vraiment un emploi à plein temps pour eux. L'équipe canadienne était composée de véritables amateurs.
Après ces commentaires, ma seule question vise à savoir à combien de sports olympiques les Canadiens participent sans aide financière du gouvernement fédéral? Pouvez-vous nous le dire de mémoire?
M. Norman Moyer: Nous savons quels sports olympiques nous ne finançons pas. Je ne suis pas certain que nous ayons des représentants dans chacun de ces sports.
M. Pat O'Brien: Merci.
Le président: Pourriez-vous obtenir ces renseignements et nous les faire parvenir? Identifiez ceux que nous...
M. Pat O'Brien: Oui, et avec quelques mots d'explication, à moins que vous puissiez nous donner l'explication tout de suite.
M. Norman Moyer: À quel sujet?
M. Pat O'Brien: Pourquoi enverrions-nous des participants à un sport olympique quelconque sans leur offrir de financement?
M. Norman Moyer: Le cadre de financement et de responsabilité en matière de sport donne les critères qui nous permettent de décider quels sports nous allons financer. On examine essentiellement quel succès nous avons eu dans ces sports à l'échelle internationale. Donc, même s'il y a des gens qui participent à ces sports à l'échelle internationale, si nous n'avons pas eu dans l'ensemble beaucoup de succès dans ces sports et que la situation ne semble pas s'améliorer, ce sont des sports que nous ne finançons pas.
Le président: Je pense qu'il serait utile aux membres du comité de savoir quels sont les sports que nous ne finançons pas directement.
M. Norman Moyer: Nous vous donnerons la liste complète des 38 sports que nous finançons et des autres que nous ne finançons pas.
Le président: Monsieur Proud.
M. George Proud (Hillsborough, Lib.): Merci, monsieur le président. Je voudrais dire un mot et peut-être poser une question à propos de ce que nous pouvons considérer comme un sport professionnel.
Au cours des années, j'ai suivi certains événements sportifs et je m'en suis un peu occupé. Comme je suis d'une région peu peuplée, une chose que j'ai constatée, même si la situation s'améliore grâce à des efforts soutenus, c'est que nous avons vraiment manqué de bons entraîneurs au cours des années. La situation s'améliore avec le temps. Je suis originaire de l'Île-du-Prince-Édouard et nous avons certainement produit des athlètes professionnels dans divers domaines, mais il me semble que tout s'arrête pour nous une fois que nous arrivons à la frontière du Québec et de l'Ontario, au niveau des écoles secondaires et des universités. On suppose tout de suite que ces provinces ont plus de joueurs et des joueurs de plus haut calibre, mais il me semble qu'il faut continuer de faire le nécessaire pour que les participants aux divers sports qui ont le talent voulu aient la chance de continuer à compétitionner.
Je voudrais bien que nous puissions continuer à produire des participants. Comme je l'ai déjà dit, nous avons déjà produit des joueurs de hockey, des boxeurs et d'autres athlètes dans les provinces Maritimes, mais nous avons souffert à cause du manque d'entraîneurs compétents. On devrait trouver de l'argent pour améliorer la situation, et je ne parle pas uniquement de l'aide fournie par le gouvernement fédéral, mais aussi par les provinces et les municipalités.
Il y a une autre chose que je voulais examiner. Au bas de la page, on parle des ligues de sport professionnelles comme celles de hockey et de football, mais il y a une industrie au Canada qui a de graves ennuis à l'heure actuelle, en l'occurrence l'industrie des courses de chevaux. C'est une industrie qui crée des emplois, mais elle a des problèmes, j'imagine, parce que les gens peuvent toujours trouver autre chose pour dépenser leur argent.
• 1700
Ce que je voudrais savoir, c'est si les représentants de
l'industrie des courses, surtout des courses sous harnais, plus que
des courses de pur-sang, ont communiqué avec vous. Je ne voudrais
pas que cette industrie disparaisse s'il y a moyen de l'aider de
façon monétaire ou autrement, que ce soit au niveau provincial,
fédéral ou municipal, pour aider l'industrie... L'industrie doit
certainement se réinventer, mais il doit y avoir moyen de l'aider
à survivre.
Merci.
Mme Elsie Wayne: À titre de colonel honoraire du Derby du Kentucky, puisque c'est ce que je suis, je dois vous dire, George, que je suis tout à fait de votre avis. Tout à fait.
Vous aussi? Je vous en félicite.
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Il y a trop de colonels.
Une voix: Nous allons finir par transformer Sport Canada en agence spéciale.
M. Norman Moyer: L'industrie des courses de chevaux ne fait pas partie du mandat de Sport Canada et je dois dire que les représentants de l'industrie n'ont pas communiqué avec nous non plus.
Il importe de souligner que nous sommes chargés de nous occuper du sport amateur et que nous faisons de notre mieux pour nous en tenir à ce mandat. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine et cela constitue un rôle tout à fait logique pour le gouvernement. Nous essayons de ne pas nous mêler du sport professionnel. Nous savons qu'il y a de graves problèmes dans ce domaine, mais ce n'est pas une question qui relève particulièrement de notre organisme.
Pour ce qui est de l'aide pour les entraîneurs, nous croyons effectivement qu'il est très important de nous en occuper et de fournir plus d'appui dans ce domaine. C'est une question sur laquelle nous voulons nous pencher. Dan me disait qu'il existe un programme auquel nous participons maintenant par l'entremise de l'Association canadienne des entraîneurs dans la région de l'Atlantique. Dan pourra vous expliquer un peu mieux ce que nous faisons pour les entraîneurs dans la région de l'Atlantique.
M. Dan Smith: Compte tenu du fait qu'il n'y a pas autant d'entraîneurs compétents qu'on puisse le souhaiter au Canada et qu'il serait utile de leur fournir plus d'appui, l'Association canadienne des entraîneurs a conclu une entente avec les quatre provinces de l'Atlantique pour créer ce qu'on a appelé le bureau local des entraîneurs de l'Atlantique.
Grâce aux fonds qu'elle reçoit de Sport Canada, l'Association canadienne des entraîneurs finance le coordonnateur du bureau et les quatre provinces lui fournissent un appui opérationnel. Le coordonnateur travaille de très près avec chacun des ministères provinciaux chargés du sport, de même qu'avec ceux qui donnent les cours pour le Programme national de certification des entraîneurs afin d'améliorer la coordination et de fournir plus d'aide. C'est un début, même s'il y a encore beaucoup à faire.
Une chose qu'il faut noter, c'est que le Programme national de certification des entraîneurs du Canada a une renommée mondiale et fait l'envie de bien d'autres pays du monde. Des pays comme l'Australie et certains autres pays du Commonwealth ont pris pour modèle notre programme ou ont même conclu des ententes qui leur permettent essentiellement de reprendre le programme canadien tel quel. Le Canada est certainement un chef de file dans ce domaine, mais nous devons continuer de nous améliorer.
Le président: À ce sujet, avons-nous des centres d'excellence dans la région de l'Atlantique, et je veux parler de centres d'excellence reconnus comme celui de Calgary?
Mme Elsie Wayne: Nous en avons un à Saint John qui vient d'ouvrir dans la gare. Vous aviez fermé la gare, Dennis. Nous avons installé le Centre dans la gare. C'est juste à Harbour Station et c'est un centre d'excellence pour le hockey.
M. Dan Smith: Oui, il y a déjà quelques centres d'excellence unisport et nous comptons aussi créer un centre quelconque dans la région de l'Atlantique dans le cadre de notre réseau national des centres de sport.
Mme Elsie Wayne: Nous aimerions bien que ce soit chez nous.
Le président: Nous avons besoin de plus de centres de ce genre.
Albina, ou plutôt Mme Guarnieri, je m'excuse.
Mme Albina Guarnieri (Mississauga-Est, Lib.): Nous sommes très sans façon à ce comité.
Je serai très brève parce que je sais que mes collègues ont beaucoup d'autres questions à poser. Je pense que nous sommes tous d'accord avec les éloquentes paroles d'Elsie à propos de la façon dont le sport nous a inspirés et a constitué un facteur d'unité au Canada. Je peux vous affirmer que, quand j'ai eu le privilège de siéger au Comité du patrimoine, Mme Tremblay a défendu les athlètes d'un océan à l'autre. D'après moi, c'est une chose qu'il fallait signaler.
Je voudrais passer à une question beaucoup plus terre-à-terre. Le ministère a-t-il déjà fait des études pour déterminer les retombées économiques du sport en général, par exemple, comment le sport contribue à revitaliser le centre des villes? Avez-vous de telles études à l'heure actuelle?
M. Dan Smith: Pour l'instant, nous avons très peu de données sur les retombées économiques du sport. Nous avons certains chiffres que nous avons obtenus de Statistique Canada. Ils remontent à 1992-1993. D'après Statistique Canada, on évaluait à 9,6 milliards de dollars les retombées de la participation à un sport ou aux loisirs dans l'industrie. D'après le même rapport de Statistique Canada, environ 214 000 emplois sont directement liés au sport, notamment pour l'entraînement, l'administration, etc.
À part cela, l'une des choses que nous exigeons d'une ville qui veut être l'hôte des jeux avant que nous acceptions de lui donner notre appui, c'est qu'elle prouve quelles retombées économiques cela aurait. Une ville qui présente une demande doit avoir dit d'avance quelles retombées économiques elle attend des jeux. On fait ensuite une analyse des retombées réelles après les jeux. Nous sommes en train de le faire maintenant. Nous espérons avoir bientôt quelques données là-dessus.
Je sais que dans le cas des Jeux autochtones de l'Amérique du Nord et des Jeux du Canada, les universités avaient offert de faire des études d'impact. Nous espérons obtenir des données au sujet de ces deux événements sans doute d'ici les six ou sept prochains mois.
Mme Albina Guarnieri: Cela serait utile. Une bonne partie de l'information que vous obtenez provient de Statistique Canada et c'est un véritable méli-mélo.
Je ne veux pas vous mettre sur la sellette, mais est-ce que vous croyez qu'il vaudrait la peine de tenter de réunir tous ces renseignements pour avoir une idée plus globale de la richesse économique générée par le sport au Canada?
Vous n'êtes pas obligés d'être d'accord. C'est plutôt une question de pure forme. Vous pouvez répondre, si vous le voulez, mais je ne vous demande pas de vous engager à faire quoi que ce soit. Ce n'est pas une question piège.
Le président: Il n'y a rien de mal à leur demander de s'engager à faire une telle chose. Notre comité est là pour cela. Je me demande pourquoi Sport Canada ne voudrait pas s'engager à comprendre l'impact économique.
Ce que je ne comprends pas ici, c'est que tous les autres organismes gouvernementaux, que ce soit dans le domaine de la haute technologie, dans le secteur pétrolier et dans celui du tourisme, doivent justifier leur existence en établissant un lien entre ce qu'ils font et la création d'emplois. J'aimerais savoir pourquoi les sports au Canada n'ont jamais eu de structure officielle. Cela fait partie de l'évolution de notre comité. Je pense que vous réussiriez beaucoup mieux à obtenir ce dont vous avez besoin si vous pouviez justifier votre existence en établissant davantage un lien entre ce que vous faites et l'économie.
M. Dan Smith: Ce que nous tentons de faire valoir depuis longtemps, c'est que le sport est une entité valable comme telle pour les avantages qu'en retirent les particuliers qui y participent, qu'il s'agisse des athlètes, des entraîneurs ou des bénévoles. Tous ceux qui participent au sport en retirent une expérience extraordinaire. Bon nombre des personnes assises ici autour de cette table, en sont certainement le produit.
Par ailleurs, cependant, nous avons également fait valoir que le sport permet de retirer un certain nombre d'autres avantages, soit par rapport à la santé, à sa contribution à l'identité canadienne, à l'intégration des jeunes, au développement économique et à l'impact économique, au fait qu'il nous définit comme Canadiens et par rapport aux valeurs que nous partageons en tant que Canadiens. Je crois que ce sont là tous des avantages très importants que nous retirons du sport. Il est certain que si nous avions une meilleure idée de l'impact économique, en plus de l'impact culturel, social et individuel, cela nous aiderait certainement à mieux faire valoir notre point de vue.
Mme Albina Guarnieri: J'ai une dernière petite question que j'ai promise à Mme Tremblay de poser pour elle. Cela ne fait pas partie du mandat de notre comité comme tel, mais elle voulait que je vous demande de vous demander de nous donner votre point de vue sur un autre de nos sports nationaux, la crosse, et sur le financement de ce sport. Vous n'êtes peut-être pas prêts à répondre à une question à ce sujet.
M. Norman Moyer: Je ne suis pas sûr de très bien comprendre la question. Parlez-vous de financer ce sport à même notre budget?
Mme Albina Guarnieri: Vous vous rappellerez que nous avons besoin...
M. Norman Moyer: La crosse est l'un des quatre sports canadiens pour lesquels nous venons tout juste de lancer un projet pilote de financement. Nous travaillons avec l'association pour voir comment ils vont utiliser ces fonds et nous leur apportons une aide financière pour deux ans dans le cadre de ce projet pilote. Étant donné qu'il s'agit d'un projet pilote, cet effort vise en partie à évaluer l'effet que cela peut avoir sur...
Le président: Quelle est la valeur de ces projets pilotes en dollars?
M. Norman Moyer: Cela représente 200 000 $. Cela varie selon ce qu'ils nous proposent, mais c'est à peu près ce montant.
M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): J'aurais une petite question à vous poser par curiosité.
Je regardais vos tableaux et la façon dont vous partagez le gâteau. Si je fais un petit calcul mental, vous avez à peu près 55 millions de dollars dans votre budget.
M. Norman Moyer: Quarante-huit millions de dollars.
M. Carmen Provenzano: Très bien, et c'est pour 1997-1998. C'est votre budget annuel? Est-ce votre budget total?
M. Norman Moyer: C'est notre budget total.
M. Carmen Provenzano: Je me demande s'il y a une grande différence entre vos dépenses réelles et vos prévisions budgétaires.
Je pose cette question car j'ai remarqué par exemple que pour le Programme d'aide aux athlètes, vous aviez budgété environ 7,3 millions de dollars. Aux termes du programme, vos athlètes reçoivent entre 185 $ et 900 $. Si vous prenez ce montant de 7,3 millions de dollars et que vous le divisez par 900 $—en supposant que tous les athlètes recevront le maximum—je me demande... De toute évidence vous n'allez pas accorder le montant maximum à tous les athlètes, alors vous budgétez pour le maximum. Avez-vous une certaine souplesse dans votre budget pour utiliser autrement les montants qui n'ont pas été dépensés, ou est-ce que vous devez l'utiliser au risque de le perdre?
M. Norman Moyer: Dans l'ensemble, les sommes prévues dans le budget peuvent être déplacées.
L'an dernier, tout l'argent a été dépensé. Il y a peut-être déjà eu des années où un petit montant n'aurait pas été dépensé. Nous nous attendons à tout dépenser cette année. Nous pouvons déplacer les fonds.
Il y a certains blocs de fonds qui ne sont pas faciles à déplacer. Habituellement, les fonds affectés aux principaux jeux doivent être dépensés pour ces jeux, mais même là, d'une année à l'autre, nous pouvons avoir un peu de souplesse à cet égard.
Mme Elsie Wayne: Au sujet de l'Allemagne, lorsque j'étais maire, j'ai rencontré des gens là-bas qui m'ont dit que là-bas ils prenaient les enfants quand ils étaient encore tout petits—presque des bébés—je parle ici du patinage artistique—et qu'on les sortait de leurs familles. Nous ne faisons pas cela ici, n'est-ce pas?
M. Dan Smith: Oui.
Mme Elsie Wayne: Oh, nous le faisons. Le faisons-nous de la même façon?
M. Norman Moyer: Eh bien, nous ne les enlevons pas à leur famille.
M. Dan Smith: Non.
Mme Elsie Wayne: Ils ne rentrent pas chez eux tous les soirs en Allemagne. C'est ce que je veux savoir: qu'est-ce que nous faisons ici au Canada?
M. Dan Smith: Le genre de système que vous décrivez pour l'Allemagne était en place essentiellement en Allemagne de l'Est où ils mettaient les athlètes dans ce qu'ils appelaient des écoles de sport. Ils les plaçaient dans un endroit où il y avait des installations de première classe où on leur offrait un entraînement de première classe et ils devaient quitter leur famille à un très jeune âge.
Ça ne se fait pas au Canada de façon régulière, mais il peut arriver que des parents choisissent, pour un enfant de 13 ou 14 ans qui fait du patinage artistique, de faire travailler cet enfant avec un entraîneur qui se trouve dans une collectivité avoisinante ou dans une autre province.
Mme Elsie Wayne: Je peux comprendre cela, oui.
M. Dan Smith: Cela arrive de temps à autre.
Mme Elsie Wayne: Je parlais d'enfants de cinq et six ans.
M. Dan Smith: Non, nous ne faisons pas cela.
[Français]
Le président: Monsieur Coderre.
M. Denis Coderre: Je me pencherai sur l'ensemble des budgets de dépenses et soulèverai peut-être un peu le rôle même de Sport Canada. En 1997-1998, les ressources votées ou dépenses s'élèvent à 52 196 millions de dollars; en 1998-1999, elles sont réduites à 47 065 millions de dollars; en 1999-2000, elles sont de l'ordre de 48 825 millions de dollars.
Je pense, comme le président, qu'on n'a carrément plus le choix: il faut considérer le sport non pas comme un luxe ou un loisir, mais comme une industrie. Et quand on parle d'industrie, on doit parler de création d'emplois et non seulement de l'aspect culturel. Peu importe le sport visé, on doit l'examiner au niveau de ses infrastructures et de ses impacts.
• 1715
Par ma question, je ferai le résumé
de notre rencontre d'aujourd'hui.
De la façon dont vous me décrivez Sport Canada
actuellement, il a l'air plus d'une grosse fondation où on
finance certains sports ou certains athlètes à partir
de certains critères et où, selon son interprétation, qu'on
soit de l'opposition ou du gouvernement, on pense qu'il y
a de la transparence ou pas. Mais chose certaine,
il faut dépasser l'aspect culturel de
l'affaire. L'idéologie de la chose, c'est d'aller
beaucoup plus loin.
Est-ce que vous croyez qu'en mettant Sport Canada dans le melting pot de Patrimoine Canada, on a perdu l'essence même de Sport Canada? Devrions-nous revenir à un ministère du Sport Canada, où on ferait également entrer en jeu la question de l'industrie et l'aspect économique de la chose, où on pourrait même parler de financer de l'infrastructure et à qui on donnerait finalement un mandat ayant beaucoup plus de dents et beaucoup plus de force, un mandat qui ne le limiterait pas au financement de certains athlètes? On a l'impression qu'il y a beaucoup de gens de part et d'autre qui sont insatisfaits.
[Traduction]
Le président: Excusez-moi, monsieur Moyer. Pendant que vous réfléchissez à la façon dont vous allez répondre à cette question, j'aimerais dire quelque chose aux membres du comité.
Les attachés de recherche ont distribué un questionnaire. Il nous faut un consensus, si tout le monde se sent à l'aise avec ce questionnaire. Si c'est le cas, ce sera un point de départ.
Allez-y, monsieur Moyer.
[Français]
M. Norman Moyer: J'allais dire que je connais intimement la réponse de la ministre à cette question-là. Elle croit fermement que Sport Canada est bien situé à l'intérieur de son ministère. Il y a des grands avantages d'ailleurs à le lier aux éléments de Patrimoine Canada. Je sais qu'il est important de regarder l'impact économique, mais le sport est beaucoup plus que cela. Le sport est très lié aux valeurs qu'on veut inculquer dans notre société et à l'identité des Canadiens et Canadiennes. Cela peut très bien servir une ministre et un ministère tel que le nôtre.
Quant à accorder plus d'argent à Sport Canada et viser d'autres objectifs, la seule chose que je puis dire, c'est que le gouvernement s'est engagé durant les élections, et Mme Copps a répété cette intention à maintes reprises, à investir plus d'argent dans le système des sports. Je sais qu'elle souhaite faire des déclarations bientôt et que c'est clairement une priorité pour le gouvernement.
M. Denis Coderre: Donc, vous êtes satisfait de la façon dont ça fonctionne présentement, mais vous voulez plus d'argent?
M. Norman Moyer: Qui n'en voudrait pas?
[Traduction]
Le président: J'aimerais faire une dernière observation à ce sujet au nom du comité. Dans le plan d'affaires pour les sports au Canada de janvier à décembre 1996, qui se trouve dans vos notes d'information, sous la rubrique «Règlements et lois de nature financière», vous dites ce qui suit au point 2:
Je comprends que vous n'ayez pas suffisamment de temps à l'heure actuelle pour parler de cette possibilité qu'étudie le ministère à l'heure actuelle, mais je me demandais si vous pourriez prendre le temps de le faire peut-être la prochaine fois que vous reviendrez devant notre comité. En fait, ce serait bien si nous pouvions vous consacrer une petite partie de notre séance la semaine prochaine, lorsque nous recevrons le chef de la mission olympique. Peut-être juste avant Noël, avant les Jeux olympiques, nous pourrions avoir un entretien préliminaire pour examiner ce qu'il faudrait faire pour obtenir la coopération des provinces au sujet d'une loterie nationale qui pourrait financer le sport amateur au Canada. Est-ce que cela vous convient, monsieur Moyer?
M. Norman Moyer: Oui. Ce serait peut-être difficile la semaine prochaine, mais nous pourrons voir ensemble exactement à quel moment nous pourrons le faire.
Le président: Très bien, parfait.
Est-ce que tout le monde se sent à l'aise avec le questionnaire?
Des voix: Oui.
Le président: Très bien, merci.
La séance est levée.