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HERI Rapport du Comité

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CHAPITRE DEUX : PRODUCTION

Le secteur de l'édition joue un rôle important au Canada puisqu'il diffuse des documents culturels canadiens à la population et au reste du monde. En général, les maisons d'édition sont de petites entreprises, fermement ancrées dans les collectivités locales et cherchant avant tout à faire entendre des voix littéraires régionales particulières. Un grand nombre de ces maisons sont célèbres dans leurs provinces, mais pratiquement inconnues ailleurs.

Dans un mémoire présenté au Comité, le ministère du Patrimoine canadien fait remarquer que :

Nos auteurs sont bien représentés dans notre marché national, avec [près de] 50 % des [titres] vendus au Canada qui sont rédigés par des auteurs canadiens; [de plus,] 80 % des ouvrages d'auteurs canadiens sont publiés par des éditeurs d'appartenance et sous contrôle canadien[s].

Le ministère a signalé que, malgré ces chiffres encourageants :

L'industrie de l'édition du livre au Canada fait face à des défis importants en raison de la taille [...] du marché de même que des changements dans les marchés national et international. [En particulier,] les firmes canadiennes éprouvent de la difficulté à demeurer compétitives dans un environnement changeant en raison [des regroupements qui se multiplient] parmi les éditeurs et les détaillants [étrangers] et le manque d'accès au capital22.

Cette situation a poussé certains observateurs à se demander quelles seront les répercussions à court et à long termes pour la santé de l'industrie canadienne du livre et de ses différents intervenants. Par exemple, certains craignent que, s'il y a centralisation accrue par une chaîne nationale, un ouvrage qui n'est pas un succès international ne tombe dans l'oubli. Comme M. Michael Harrison, président de l'Association of Canadian Publishers, l'a expliqué au Comité :

Ces dernières années, nous avons dû constamment relever des défis, comme n'importe quelle entreprise. Notre industrie est essentiellement constituée de petites entreprises. Même les plus grosses maisons de propriété canadienne sont assez petites, en tout cas quand on les compare aux maisons mondiales comme Time Warner et Random House. Nous avons également dû résister aux nouvelles entreprises fusionnées qui ont été créées, et nous avons des compétiteurs au portefeuille extrêmement bien garni qui ont les moyens de payer des avances plus élevées aux auteurs qui peuvent publier chez qui ils veulent. [...] il en résulte des pressions pour nous. Il est bien plus difficile pour nos éditeurs d'avoir accès aux auteurs qui, grâce à leur succès, assurent aux maisons d'édition les revenus importants qui leur permettent de financer le vaste éventail de titres qu'elles publient23.

Dans ces circonstances, on peut comprendre pourquoi les témoins ont demandé à plusieurs reprises, lors des audiences sur l'industrie du livre canadien, que le gouvernement fédéral agisse pour combattre l'insuffisance chronique de capitaux et le contrôle excessif des marchés. Entre autres exemples de recommandations, citons :

  • trouver une manière de limiter les remises que les maisons d'édition consentent aux détaillants pour prévenir toute domination absolue des magasins entrepôts24;
  • s'assurer que nous préservons la diversité culturelle de ce pays à la base. [...] nous voulons simplement de l'aide pour mettre en place l'infrastructure nécessaire25;
  • continue[r] de soutenir la création et l'édition nationale [et] favorise[r] la diffusion de livres en français dans les autres provinces et territoires canadiens26;

et

  • remédier à l'insuffisance chronique de capital dont souffre le secteur du livre canadien [... et] mettre en place un crédit d'impôt permettant d'attirer de nouveaux investissements privés pour répondre à la nécessité d'adopter les nouvelles technologies, [...] de s'adapter aux exigences en constante mutation de nos marchés et pour demeurer compétitifs27.

Mme Sheryl McKean, directrice exécutive de la Canadian Booksellers Association, a informé le Comité que la concentration croissante de propriété dans l'industrie du livre canadienne « interfère avec les rabais, les termes de l'échange et la distribution », mais en plus « nuit aux créateurs, aux producteurs, aux détaillants et, surtout, aux Canadiens et à notre culture »28.

Dans quelle mesure ces préoccupations se justifient-elles? Comment pouvons-nous mieux cerner et comprendre certaines des conséquences éventuelles des récentes tendances dans le domaine du livre? Et, surtout, comment les tendances du secteur touchent-elles le nombre d'ouvrages d'auteurs canadiens pouvant être mis à la disposition des lecteurs et consommateurs canadiens?

Nous nous proposons de traiter de ces questions dans le présent chapitre, en laissant de côté un instant les témoignages pour examiner les données récentes sur le livre canadien, les chiffres de vente et les recettes, ainsi que l'appui que le gouvernement du Canada fournit à ce secteur.

Bien que nous utilisions dans ce chapitre des termes plus souvent associés à la production industrielle, nous sommes pleinement conscients qu'il s'agit du travail de créateurs canadiens œuvrant dans le domaine de la littérature. Les livres, qu'ils décrivent la réalité ou soient des œuvres de fiction, sont manifestement des produits commercialisables, fruit de l'imagination ou de recherches et d'analyses approfondies de la part de leurs auteurs. Le Comité sait pertinemment bien que la viabilité du secteur de l'édition au Canada est attribuable au talent et à l'intelligence dont nos écrivains font preuve.

A. L'ÉDITION DU LIVRE AU CANADA

Le nombre de livres d'auteurs canadiens produits au cours d'une année varie selon les données que l'on consulte. Statistique Canada, le ministère du Patrimoine canadien et le Conseil des arts du Canada réunissent et publient chacun des statistiques d'une manière qui leur est propre. Les trois organismes offrent un tableau statistique « instantané » de l'édition au Canada, mais chaque tableau fournit une vision un peu différente des choses. Il est dès lors difficile, voire impossible de comparer les chiffres disponibles. Cependant, on peut en tirer certaines conclusions. Avant de passer aux méthodes de collecte des données qu'utilisent Patrimoine canadien et le Conseil des arts, nous résumerons, dans la section qui suit, les données que Statistique Canada réunit sur la publication d'ouvrages d'auteurs canadiens au Canada.

1. Données d'archives de Statistique Canada

Les données d'archives de Statistique Canada présentent l'avantage de porter sur toutes sortes d'aspects, si bien qu'il est possible de se pencher sur le volet littérature canadienne. Tous les deux ans, cet organisme publie des données obtenues auprès de petits et de grands éditeurs répartis dans l'ensemble du pays. La dernière enquête, dont les résultats seront publiés en 2000, porte sur l'édition au Canada en 1998. L'objectif de cette enquête est de fournir des statistiques sur les activités des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres, quel que soit le montant de leur chiffre d'affaires. Le secteur privé, de même que tous les ordres de gouvernement, se servent de ces statistiques pour prendre des décisions. Elles sont également à la base des décisions judicieuses qui sont prises dans le secteur de l'édition en matière de politiques et programmes29.

Malheureusement, au fil des ans, l'enquête a subi plusieurs modifications. À partir de 1990, par exemple, les éditeurs devaient avoir un certain chiffre d'affaires pour faire partie de l'enquête; cette exigence a été abandonnée en 1996. Il est donc difficile d'établir des comparaisons sur de longues périodes. Les données de Statistique Canada ont néanmoins l'avantage de porter sur un grand nombre d'aspects, si bien qu'il est possible d'apprécier l'ampleur du secteur littéraire canadien.

Le tableau 2.1 fournit des indications sur la réussite des éditeurs canadiens au cours des années 90. Comme on peut le voir, le nombre de nouveaux titres publiés par les éditeurs canadiens a progressé régulièrement entre 1991 et 1997, passant de 9 152 titres en 1991-1992 à 11 400 titres en 1996-1997. Au cours de la même période, le nombre total de livres imprimés a grimpé de 62 115 à 87 949.

 

Les recettes globales des éditeurs canadiens ont augmenté régulièrement, pour passer de 1,5 milliard de dollars en 1991-1992 à près de 2 milliards en 1996-1997. Pendant ce temps, le pourcentage de maisons rentables a considérablement fluctué, avec une chute nette entre 1994-1995 et 1996-1997, soit de 71,9 % à 50,5 %30.

Statistique Canada distingue les revenus qu'un éditeur tire de ses propres publications et ceux qu'ils tirent de ses activités de diffuseur exclusif de livres31. Lorsque l'on compare les chiffres, on s'aperçoit que la poussée des recettes provenant des contrats de diffuseurs exclusifs au cours des années 90 a dépassé celle des recettes tirées de la vente des titres publiés par les éditeurs canadiens. De même, au cours de cette période, les ventes de livres à l'étranger ont connu une hausse spectaculaire, puisqu'elles sont passées de 48 millions de dollars en 1991-1992 à 122 millions
en 1996-1997.

Il semblerait donc, tout compte fait, que le secteur canadien de l'édition a affiché une croissance modérée au cours des années 90, malgré certaines fluctuations des profits. Malheureusement, comme on ne dispose pas de renseignements complets sur les arrivées et les départs des éditeurs sur le marché, il est difficile d'établir l'incidence de la chute soudaine du nombre d'éditeurs enregistrant des profits en 1996-199732. Par ailleurs, étant donné que Statistique Canada ne recuille pas de données ventilées selon l'auteur, c'est-à-dire des données qui distinguent les auteurs canadiens des auteurs non canadiens, il est impossible de commenter l'évolution dans le temps de la publication de titres canadiens à partir de cette source.

Le gouvernement du Canada utilise des moyens directs et indirects pour appuyer l'édition de livres au Canada. Nous résumons dans la section suivante les diverses formes d'aide.

2. Soutien fourni à l'édition du livre par le gouvernement fédéral

Les données de Statistique Canada présentées dans la section précédente fournissent de précieuses indications sur l'état général de l'édition au Canada entre 1991 et 1997. Elles ne renseignent toutefois pas sur les activités des éditeurs canadiens bénéficiaires sous une forme ou sous une autre de l'appui de l'État. Elles ne nous indiquent pas non plus si ces éditeurs y ont gagné en rentabilité.

Le ministère du Patrimoine canadien et le Conseil des arts du Canada sont cependant tous deux capables de répondre à ces questions, puisqu'ils évaluent les résultats de l'appui qu'ils fournissent aux éditeurs canadiens depuis le début des années 90 ou presque. Nous fournissons ci-après un résumé de ces données.

i. Aide à l'édition fournie par le ministère du Patrimoine canadien

L'aide fédérale directe à l'édition est apportée principalement par le Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition (PADIE), du ministère du Patrimoine canadien. Selon une formule établie, le Programme offre une aide financière aux éditeurs du pays en fonction de leurs ventes de titres d'auteurs canadiens. Son principal objectif est de « renforcer la capacité du secteur de l'industrie détenu et contrôlé par des Canadiens d'éditer et de commercialiser des livres canadiens, sur le marché tant national qu'international »33. Les statistiques fournies dans le cadre du Programme portent sur les éditeurs qui ont reçu une forme d'aide fédérale. Elles ne brossent donc pas un tableau complet du secteur, mais donnent une bonne indication des activités d'édition d'un groupe particulier d'éditeurs canadiens34.

ii. Publication d'ouvrages d'auteurs canadiens

Comme l'indique le tableau 2.2, le Ministère a versé en 1992-1993, dans le cadre du PADIE, 23 millions de dollars à 178 éditeurs qui avaient publié 5 109 titres, dont 3 667 d'auteurs canadiens. En 1998-1999, il a versé 31,3 millions de dollars à 201 éditeurs, qui avaient produit 5 417 ouvrages, dont 4 278 étaient d'auteurs canadiens. Le nombre d'ouvrages d'auteurs canadiens qui ont été publiés a donc crû de 17 %. Lorsqu'elles sont ventilées par langue, ces données montrent également que les éditeurs de langue française s'en sortent généralement mieux que leurs homologues de langue anglaise, car le volume de titres qu'ils ont publiés a grimpé de 33.4 % entre 1992 et 1999.

À la lecture des pourcentages de nouveaux titres publiés par les bénéficiaires du PADIE, on aperçoit une seconde tendance positive dans le domaine de la publication d'ouvrages d'auteurs canadiens. Le tableau 2.2 révèle en effet que, globalement, la publication d'ouvrages d'auteurs canadiens a progressé d'environ 7 % entre 1992 et 1999 et que les recettes nettes ont augmenté de près de 20 % pour passer de 451 à 569 millions de dollars au cours de cette période.

Combinées, ces données révèlent donc que les éditeurs canadiens qui ont bénéficié d'un soutien dans le cadre du PADIE n'ont pas accusé de recul permanent au cours des années 90 pour ce qui est de la production d'ouvrages d'auteurs canadiens.

iii. Recettes et variations selon la région

Selon une évaluation du Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition effectuée en 1998, les éditeurs anglais et français se trouvent essentiellement dans la même situation pour ce qui est de leurs recettes, bien qu'un pourcentage plus élevé d'entreprises de langue française tombent dans la catégorie des ventes les plus fortes (c.-à-d. de plus de 3 millions de dollars). Qui plus est, lorsque l'on ventile les données par région et par importance des recettes, il est frappant de noter que la majorité des maisons (à la fois de langue française et de langue anglaise) tombent dans la fourchette de 500 000 $ à 1 000 000 $ (voir l'annexe C). En outre, les bénéficiaires du PADIE proviennent de toutes les régions, hormis les Maritimes, où il y a pénurie dans les catégories des très petites et des très grosses maisons d'édition35.

iv. Rentabilité des éditeurs

Succès sous l'angle culturel et rentabilité ne vont pas toujours de pair. Selon l'examen mené par Statistique Canada sur l'édition au pays, la moitié environ des éditeurs canadiens n'ont enregistré aucun profit en 1996-199736. Comme l'illustre le tableau 2.3, la plupart des bénéficiaires du PADIE n'étaient pas rentables avant de bénéficier du programme.

Selon le tableau 2.3, entre 1992 et 1999, la proportion d'éditeurs rentables avant de bénéficier du Programme variait entre 14 et 24 %, les pourcentages les plus élevés ayant été enregistrés au début de la décennie, avant de reculer graduellement au milieu des années 90 et de remonter légèrement vers la fin de cette période. Qui plus est, bien que davantage d'éditeurs de langue française participant au Programme aient affiché une certaine rentabilité en 1992-1993, vers la fin de la décennie, la proportion d'éditeurs rentables et non rentables avait peu changé, quelle que soit la langue de publication.

À propos du succès du PADIE, M. Michael Wernick, du ministère du Patrimoine canadien a signalé :

Pour ce qui est du volet diversité du contenu, nous pouvons nous féliciter de ce programme. Chaque année, les maisons qui en bénéficient publient des milliers et des milliers de titres. C'est donc une réussite à cet égard et le PADIE est du même calibre que bien d'autres programmes. Par contre, pour ce qui est du volet restructuration du secteur, il laisse à désirer. Le secteur a plus ou moins la même structure qu'il y a dix ans. Il y a eu peu de regroupements, peu de nouveaux venus et peu de disparitions. Et, comme nous l'avons déjà dit, le problème de l'insuffisance des capitaux n'a pas été réglé. Il semblerait que, pour le faire et pour assurer la viabilité du secteur, vous devez vous doter d'instruments conçus plus précisément pour cela. Nous avons mélangé les objectifs d'ordre culturel et d'ordre structurel en un même programme et avons mieux réussi dans un aspect que dans l'autre37.

v. Aide à l'édition fournie par le Conseil des arts du Canada

Le gouvernement du Canada appuie également l'édition au pays par l'entremise d'un de ses organes culturels, le Conseil des arts du Canada. Ce dernier est indépendant du gouvernement et fournit un soutien aux éditeurs canadiens, qui vient s'ajouter à celui que ces derniers peuvent recevoir par l'entremise du PADIE. Bien que le montant global qu'il dispense soit relativement faible (7 millions de dollars en 1999, la plus petite subvention s'élevant à 5 000 $ et la plus forte, à 121 000 $), le Conseil des arts estime que son rôle est « d'encourager la diversité des voix entendues, l'expérimentation et la prise de risque, ainsi que la recherche et le développement38 ».

Si le PADIE s'adresse à l'industrie de l'édition dans son ensemble, l'aide du Conseil ne vise que quelques titres figurant dans les catalogues des éditeurs. En effet, le Conseil estime que sans cette aide, « qui vise environ 1 600 titres littéraires ou culturels par an, il y aurait extrêmement peu de livres sérieux publiés au Canada »39.

Le Conseil fournit son aide sous forme de subventions aux nouveaux éditeurs, pour appuyer les nouvelles maisons d'édition, et de subventions globales, lesquelles s'adressent aux maisons d'édition établies. En 1999, 74 % des éditeurs bénéficiant d'une aide du Conseil des arts du Canada ont également reçu une assistance dans le cadre du PADIE40.

Comme le Conseil des arts calcule ses subventions en fonction des ouvrages, il dispose de données utiles sur le tirage et les ventes de livres canadiens (en moyenne) qu'il appuie. Cependant, l'utilité des données est limitée du fait qu'elles ne concernent que les éditeurs bénéficiant de l'un ou l'autre programme de subvention du Conseil. Ces données sont présentées à l'annexe C.

B. DIVERSES FAÇONS DE PUBLIER, DIVERSES FAÇONS DE COMPTER

L'enquête que mène Statistique Canada sur l'édition de livres au pays est une enquête tous azimuts qui couvre la quasi-totalité des activités d'édition. Les responsables du PADIE se concentrent sur certains aspects particuliers, notamment sur un nombre plus restreint de maisons d'édition appartenant à des Canadiens et sur la vente et la production de livres d'auteurs canadiens. Le Conseil des arts du Canada est encore plus sélectif, puisqu'il axe ses recherches sur un groupe encore plus faible de maisons d'édition appartenant à des Canadiens et d'ouvrages que celles-ci publient.

Idéalement, il serait possible de passer de l'une à l'autre de ces sources de renseignements, chacune éclairant les deux autres et, combinées, elles présenteraient un portrait complet du monde de l'édition au Canada. Cela n'est malheureusement pas le cas. Il n'est pas non plus possible d'examiner ces statistiques à la lumière de l'enquête de Statistique Canada sur le commerce de détail et de gros au pays. Les livres sont souvent inclus dans un certain nombre de catégories dans lesquelles entrent également les magazines, les quotidiens et les autres imprimés. Cette absence de renseignements statistiques intégrés et complets n'aide pas une industrie culturelle qui a fait l'objet d'un nombre remarquable de transitions au cours des dix dernières années.

Dans son rapport de 1999 intitulé Appartenance et identité, le Comité a recommandé que le ministère du Patrimoine canadien veille à la « cueillette de données statistiques relatives à l'activité culturelle, qui soient d'une qualité et d'une actualité équivalentes à celles des données qui concernent les autres secteurs de l'économie canadienne »41. Ce rapport renforce encore une fois l'importance d'une telle entreprise.

Un des commentaires que le Comité a entendus à maintes reprises portait sur la nécessité d'une information de meilleure qualité et plus à jour. C'est M. Michael Wernick, du ministère du Patrimoine canadien, qui a le mieux résumé le défi qui attend le secteur du livre :

La collecte de données et le fait d'avoir une sorte de [...] fenêtre sur le marché est absolument crucial. [...] c'est un domaine sur lequel il faut se pencher. [...] il est absolument crucial pour les décideurs de politiques publiques et pour le secteur lui-même. Pour prendre des décisions judicieuses, il faut disposer de données à jour, et cela demande beaucoup de travail. Je sais que le rapport que vous avez publié en juin dernier a attiré l'attention sur ce point. Nous avons constitué une petite équipe qui travaille actuellement à définir le concept et à jauger la faisabilité d'un observatoire culturel pour le Canada42.

Pour disposer de renseignements plus utiles et actuels, il ne suffit donc pas de remédier au problème de l'absence de données d'archives à jour comme celles recueillies par Statistique Canada, le ministère du Patrimoine canadien et le Conseil des arts.

L'absence de données concrètes, et essentiellement fondamentales, sur le secteur du livre canadien représente une difficulté pour le Comité. Si l'on en juge par les témoignages, il est clair que certains intéressés, en particulier les maisons d'édition et les librairies de plus petite taille, luttent pour se repositionner à une époque de concurrence intérieure et internationale accrue et de changements technologiques rapides. Donc, pour pallier le manque ou l'insuffisance en matière de statistiques et de renseignements sur le secteur du livre au Canada :

Recommandation 2.1

Le Comité recommande que le ministère du Patrimoine canadien mette au point et applique, en collaboration avec Statistique Canada et le Conseil des arts du Canada, une stratégie de collecte et de partage des données qui assurera la collecte en temps opportun de données sur le secteur du livre. Le ministère du Patrimoine canadien devrait présenter un rapport sur l'avancement de cette initiative au Comité dans les six mois qui suivront la présentation par le gouvernement d'une réponse au présent rapport.

 


22 L'industrie canadienne du livre de l'édition, mémoire présenté par le ministère du Patrimoine canadien, le 7 décembre 1999.

23 Réunion du Comité permanent du patrimoine canadien, le 2 mars 2000.

24 Mémoire de M. Rowland Lorimer, directeur, Canadian Centre for Studies in Publishing, le 22 février 2000, p. 3.

25 M. Christopher Smith, propriétaire, Collected Works; directeur intérimaire, The Independents, le 29 février 2000.

26 M. Gaëtan Lévesque, vice-président, Édition de littérature générale, Association nationale des éditeurs de livres, le 2 mars 2000.

27 Mémoire soumis par l'Association of Canadian Publishers, le 2 mars 2000, p. 5.

28 Mme Sheryl McKean, directrice exécutive, Canadian Booksellers Association, le 7 décembre 1999.

29 Éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres, 1998, Enquête de Statistique Canada.

30 Cela s'explique probablement par la réduction substantielle de l'appui que le gouvernement fédéral a apporté à l'édition du livre pour l'année financière 1995-1996, appui qui est passé de 30 à 16,6 millions de dollars.

31 « Diffuseur exclusif de livres » se dit d'une entreprise canadienne qui conclut un contrat avec un éditeur étranger de manière à pouvoir commercialiser les ouvrages de celui-ci au Canada.

32 Statistique Canada recueille des renseignements sur les arrivées et les départs des éditeurs sur le marché canadien, mais les données de 1998 ne sont pas encore disponibles.

33 Guide du demandeur (PADIE), 1999-2000.

34 Pour les fins du Programme, un ouvrage admissible est généralement écrit par un Canadien, publié par un éditeur canadien et imprimé au Canada. Voir l'annexe D où sont résumés les critères du Programme.

35 Évaluation du Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition, Direction générale des examens ministériels, 1998, p. 19.

36 Éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres, 1996-1997, Enquête de Statistique Canada, 87F0004XPB, tableau 2.

37 Comité permanent du patrimoine canadien, le 9 mai 2000 (version provisoire).

38 Lettre, de Mme Shirley Thomson, directrice du Conseil des arts du Canada, au président du Comité permanent du patrimoine canadien, le 17 janvier 2000.

39 Ibid.

40 Ibid.

41 Recommandation no 37 de Appartenance et identité, neuvième rapport du Comité permanent du patrimoine canadien, juin 1999.

42 M. Michael Wernick, sous-ministre adjoint, ministère du Patrimoine canadien, le 9 mai 2000 (version provisoire).