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FINA Rapport du Comité

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Le budget de 2015 : Rapport supplémentaire du NPD sur les consultations prébudgétaires

Choisir un Canada plus équitable et plus prospère

1. Introduction

Alors que le Canada commence à tourner la page sur le pire ralentissement de l’économie depuis la grande Dépression, les Canadiennes et les Canadiens se retrouvent à la croisée des chemins. Ils doivent choisir entre un gouvernement conservateur qui entend épuiser la capacité financière de l’État au moyen de cadeaux irréfléchis pour les Canadiens les plus fortunés et un gouvernement néo‑démocrate qui instaurera à Ottawa une démarche équilibrée, factuelle et viable, au plan environnemental comme au plan budgétaire. Les Canadiens veulent un gouvernement qui prendra au sérieux les défis qui marquent leur quotidien. Ils veulent un gouvernement qui contribue activement à rendre la vie plus abordable, à renforcer leur sécurité financière lors de la retraite et à créer de bons emplois, particulièrement dans les nombreuses régions éprouvées du pays. Les néo-démocrates sont résolus à relever ces défis.

Le rapport majoritaire sur les consultations prébudgétaires est un document imparfait, mais il renferme tout de même de nombreux éléments importants mis de l’avant par les douzaines de témoins qui ont témoigné devant le Comité permanent des finances. Malheureusement, beaucoup des recommandations du rapport majoritaire relèvent de l’auto-félicitation et échouent à répondre aux défis auxquels nous faisons face. Nous constatons que peu d’entre elles prévoient des mesures qui correspondent à ce que réclament les Canadiens pour bâtir un Canada plus équitable, plus vert et plus prospère. C’est pourquoi les députés du Nouveau Parti démocratique siégeant au Comité ont choisi de déposer respectueusement le présent rapport supplémentaire.

2. Le climat incertain de l’économie mondiale et l’économie canadienne

  • La faiblesse persistante de l’économie européenne et l’essoufflement de la croissance dans les grands pays en développement comme la Chine, étouffent la demande mondiale et continuent de présenter un risque significatif pour l’économie canadienne et sa fragile reprise.
  • Le recul marqué des cours du pétrole pourrait nettement peser sur les recettes provinciales et fédérales.  Le budget de 2015 devra en tenir compte.
  • La légère accélération de la reprise aux États‑Unis est une occasion de relancer l’économie canadienne. Comme la plupart des exportations canadiennes sont destinées aux États‑Unis, cette amélioration au sud de la frontière devrait permettre à nos exportations d’enfin se remettre de la récession. 

3. Défis économiques intérieurs

  • Même si le taux de chômage au Canada a diminué au cours des derniers mois, plus de 1,2 million de Canadiens sont toujours sans travail, soit 200 000 de plus qu’avant la récession.  
  • Le taux de chômage demeure particulièrement élevé chez les jeunes, où il est près du double de la moyenne nationale.
  • Des régions entières du pays ont été laissées pour compte par une reprise relativement modeste de l’économie nationale. Depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs en 2006, près de 375 000 emplois ont été supprimés partout au pays dans le secteur manufacturier, ce qui a eu des effets particulièrement dévastateurs pour les villes qui forment le centre industriel de notre économie.
  • Même si les données récentes sont plus encourageantes, dans l’ensemble, l’emploi n’a progressé que d’un maigre 1 % par rapport à l’an dernier. Pire encore, 56 % des emplois créés au cours de cette période sont à temps partiel.
  • Même si la situation budgétaire du gouvernement fédéral est maintenant viable, cela s’est fait sur le dos des administrations provinciales et municipales, dont la situation budgétaire est maintenant intenable.

4. La réponse déficiente du gouvernement

  • Le gouvernement conservateur a choisi de privilégier l’idéologie plutôt qu’une politique factuelle. Qu’il s’agisse de l’abolition du questionnaire de recensement détaillé ou du refus habituel de communiquer des renseignements au directeur parlementaire du budget (DPB), le gouvernement a décidé de limiter le rôle des faits dans le processus décisionnel.
  • La décision d’instaurer un mécanisme injuste de fractionnement du revenu qui profitera surtout aux familles canadiennes les plus riches et réduira l’accès au marché du travail à des milliers de Canadiens résulte clairement de ce processus décisionnel idéologique. En évinçant des milliers de femmes du marché du travail, cette politique ne fera qu’exacerber les problèmes auxquels le pays est confronté, alors que nous cherchons à stimuler notre économie tout en soutenant une population vieillissante.
  • Le crédit pour l’emploi visant les petites entreprises -un mécanisme inadéquat et dont on ignore le coût - illustre lui aussi la préférence des conservateurs pour l’idéologie au détriment des faits. Il semble que les spécialistes du ministère fédéral des Finances n’ont pas examiné ou chiffré les répercussions de cet allègement fiscal. Par conséquent, selon le DPB, cette mesure, dont le coût totalise 550 millions de dollars, créera à peine 800 emplois. Nous craignons aussi que le coût de cette mesure mal ficelée ne soit imputé au Compte de l’assurance‑emploi, ce qui monopolisera des fonds qui devraient servir uniquement à financer les prestations d’assurance‑emploi.
  • Le régime d’assurance‑emploi est nettement moins accessible sous les conservateurs, accentuant une tendance déjà amorcée sous l’ancien gouvernement libéral. En janvier 2006, 45,7 % des chômeurs canadiens ont bénéficié de prestations d’assurance‑emploi. En septembre 2014, cette proportion est tombée à 38 %, ce qui signifie que moins de quatre Canadiens sur dix peuvent obtenir des prestations d’assurance‑emploi quand ils en ont le plus besoin.
  • Les conservateurs misent sur l’excédent du Compte de l’assurance‑emploi pour financer le retour à l’équilibre budgétaire tout en continuant de limiter l’accès à l’assurance‑emploi en instaurant des réformes régressives.
  • Les conservateurs ont hypothéqué la relance de l’économie canadienne en opérant des compressions se chiffrant par milliards de dollars qui, directement ou indirectement, ont fait disparaître des dizaines de milliers d’emplois. Parallèlement à la croissance plus lente de l’économie, cela a eu un impact direct et significatif sur les services fournis à la population canadienne, comme dans le cas des fortes compressions visant les programmes de contrôle de la salubrité des aliments et la supervision du transport ferroviaire, sans oublier la fermeture des bureaux de services pour les anciens combattants.
  • Les compressions opérées par le gouvernement conservateur n’ont pas tenu compte du succès ou de l’échec des programmes en cause, comme le confirme le directeur parlementaire du budget. Cela démontre encore une fois comment l’approche idéologique des conservateurs et la promotion de leurs propres intérêts politiques ont la primauté sur l’élaboration de politiques mûries.
  • Et au‑delà des importantes compressions des budgets ministériels annoncées par les conservateurs – et à propos desquelles ils refusent toujours de fournir des renseignements détaillés – des milliards de dollars affectés à des dépenses prévues et dont le Parlement a approuvé l’affectation demeurent inutilisés chaque année.

5. Mesures concrètes pour faire progresser le Canada

En Comité, les témoins ont mis en lumière les importants défis auxquels le Canada est confronté et la nécessité de voir le gouvernement accroître ses efforts pour trouver des solutions aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux. De nombreux témoins ont pressé le gouvernement d’utiliser les surplus prévus pour investir dans des programmes qui rendront l’économie canadienne plus concurrentielle et équitable, plutôt que d’offrir des cadeaux fiscaux aux plus aisés.

Les néo‑démocrates estiment que le gouvernement a un rôle important et essentiel à jouer pour assurer la prestation de services aux Canadiens et veiller à ce que les conditions propices à la croissance économique dans le secteur privé soient présentes. Nous étoffons ci‑dessous certaines mesures que le gouvernement devrait adopter à cette fin :

5a. Services de garde d’enfants

  • Le gouvernement devrait travailler avec les provinces et les territoires pour instaurer un programme universel et abordable de garde d’enfants d’envergure nationale afin d’offrir des places de qualité en garderie pour les enfants d’âge préscolaire à un tarif d’au plus 15 $ par jour.

5b. Sécurité de la retraite

  • Le gouvernement devrait accroître la sécurité de la retraite pour tous les Canadiens en travaillant avec les provinces afin de bonifier les prestations du Régime de pensions du Canada et du Régime de rentes du Québec, en annulant les compressions de 10,8 milliards de dollars qu’il compte appliquer au programme de sécurité de la vieillesse et en ramenant l’âge d’admissibilité à 65 ans.

5c. Inégalité des revenus

  • Le gouvernement devrait rétablir le salaire minimum fédéral dans les secteurs relevant de sa compétence et le porter graduellement à 15 $ l’heure.
  • Le gouvernement devrait songer à bonifier la Prestation fiscale pour le revenu de travail, comme le recommande l’étude du Comité permanent des finances de la Chambre des communes sur l’inégalité des revenus, afin de lutter contre la pauvreté et d’atténuer l’inégalité des revenus.

5d. Environnement

  • Le gouvernement devrait intégrer le principe du « pollueur-payeur » dans la loi et fixer un prix pour les émissions de carbone, afin d’encourager les investissements dans les énergies vertes et de favoriser l’atteinte de nos obligations internationales en matière climatique.
  • Le gouvernement devrait annoncer un échéancier clair pour l’élimination des subventions existantes pour les combustibles fossiles.
  • Le gouvernement devrait rétablir les investissements dans l’amélioration écoénergétique résidentielle afin d’aider les Canadiens à réduire leur consommation d’énergie et leur facture d’énergie.
  • Le gouvernement devrait renforcer le processus d’examen des grands projets de ressources naturelles en garantissant la prise en compte généralisée des répercussions environnementales, en s’acquittant de son devoir de consulter les Premières Nations et de tenir compte de leurs intérêts, et en éliminant les obstacles arbitraires à la participation du public.
  • Le gouvernement devrait profiter des occasions qui se présentent en ce moment pour faire du Canada un chef de file mondial de l’exploitation et de l’exportation d’énergie propre en appuyant l’investissement dans ce secteur naissant.

5e. Fiscalité

  • Le gouvernement fédéral devrait intensifier les efforts visant à recouvrer les milliards de dollars de revenus dont il estime être privé en raison de l’évasion fiscale et de l’évitement de l’impôt dû aux paradis fiscaux et au magasinage de conventions, en plus d’annuler la réduction du nombre de vérificateurs principaux affectés au Programme international d’audit et au Programme de planification fiscale abusive de l’Agence du revenu du Canada.
  • Le gouvernement fédéral devrait amorcer un examen exhaustif des lois fiscales du Canada pour en simplifier l’administration et l’observation dans le but de rendre notre régime fiscal plus équitable et plus efficient.

5f. Politique factuelle

  • Le gouvernement devrait rétablir le questionnaire de recensement détaillé et annuler les compressions dévastatrices qu’il a opérées à Statistique Canada.

5g. Réfugiés

  • Le gouvernement devrait annuler les compressions au chapitre de la couverture des soins de santé pour les demandeurs du statut de réfugié, que la Cour fédérale a qualifiées de « cruelles et inusitées », et il devrait renoncer aux modifications proposées visant à restreindre l’accès des demandeurs du statut de réfugié à l’aide sociale.

5h. Soins de santé

  • Le gouvernement devrait prendre des mesures concrètes pour rendre les médicaments plus abordables et plus accessibles.
  • Le gouvernement devrait annuler immédiatement les compressions de 36 milliards de dollars dans les transferts en matière de santé aux provinces et rétablir le facteur de progression du transfert canadien en matière de santé de 6 %. 
  • Le gouvernement devrait instaurer une stratégie sur la santé mentale et la démence en collaboration avec les provinces, les territoires et les spécialistes de la santé.

5i. Éducation

  • Le gouvernement fédéral devrait améliorer l’accès et rendre plus abordable l’éducation postsecondaire au Canada.

5j. Premières Nations

  • Le gouvernement devrait assurer le financement stable et prévisible de l’efficace Stratégie de formation pour les compétences et l’emploi destinée aux Autochtones et d’autres programmes connexes pour aider les Premières Nations et les autres groupes autochtones à combler les pénuries de main‑d’œuvre qualifiée.

5k. Assurance‑emploi

  • Le gouvernement devrait mettre les fonds de l’assurance‑emploi à l’abri d’autres abus et corriger les problèmes du programme d’assurance‑emploi pour que ce dernier aide les chômeurs canadiens, notamment en rendant les prestations plus accessibles et en éliminant l’arriéré significatif des appels en la matière au Tribunal de la sécurité sociale.

5l. Pratiques budgétaires responsables

  • Le gouvernement devrait mettre sur pied un groupe de travail fédéral‑provincial‑territorial permanent afin d’étudier les enjeux intergouvernementaux susceptibles d’affecter la viabilité économique du gouvernement, y compris – mais sans s’y limiter – la formule de péréquation, les transferts et les pensions.   
  • Le gouvernement devrait rendre le processus budgétaire plus transparent comme le recommande le directeur parlementaire du budget, et il devrait adopter une loi pour faire de ce dernier un agent du Parlement pleinement indépendant.

5m. Emploi chez les jeunes

  • Le gouvernement fédéral devrait prendre des mesures concrètes pour atténuer le taux très élevé de chômage chez les jeunes, comme des mesures pour inciter les entreprises à embaucher et à former les personnes de 18 à 25 ans.
  • Le gouvernement fédéral devrait protéger les stagiaires travaillant dans des industries relevant de sa compétence en modifiant le Code canadien du travail afin d’étendre la portée de mesures essentielles de protection en milieu de travail et de prévenir les abus liés aux stages non rémunérés.

5n. Infrastructure

  • Le gouvernement devrait annuler la compression des fonds pour l’infrastructure et accroître les investissements, simplifier les processus de demande pour mettre un financement prévisible et à long terme à la disposition des collectivités de toute taille, et ce, sans imposer de délais indus ou de fardeau administratif.
  • Le gouvernement devrait travailler avec les provinces, les territoires et les municipalités pour élaborer et mettre en œuvre une stratégie nationale en matière de transport en commun comprenant un financement prévisible, viable et à long terme pour l’infrastructure de transport en commun.

5o. Logement abordable

  • Le gouvernement devrait agir immédiatement pour enrayer la crise de logement abordable qui frappe les municipalités canadiennes en renouvelant les ententes sur le logement social et en travaillant à l’élaboration et à l’exécution d’une stratégie nationale sur le logement, comme le propose le projet de loi C‑400.

5p. Anciens combattants

  • Le gouvernement devrait veiller à ce que les anciens combattants du Canada reçoivent le soutien dont ils ont besoin, notamment en annulant dès maintenant les compressions visant Anciens Combattants Canada et en rouvrant les bureaux de services aux anciens combattants qu’il a fermés.

5q. Vie abordable

  • Le gouvernement devrait adopter une réglementation sévère pour contrer les pratiques abusives des banques, des prêteurs et des compagnies de cartes de crédit, ainsi que des mesures faisant en sorte que tous les Canadiens aient accès à au moins une carte de crédit dont le taux d’intérêt serait limité au taux d’escompte majoré de 5 % et limiter les frais d’utilisation des guichets automatiques à 0,50 $ par transaction.
  • Le gouvernement devrait mettre fin aux pratiques abusives des prêteurs sur gages.

5r. Droits des travailleurs

  • Le gouvernement devrait prendre des mesures concrètes par l’entremise du Code canadien du travail et de la législation sur les relations de travail dans le secteur public afin de protéger les travailleurs contre les représailles au travail liées à la participation à des activités syndicales.
  • Le gouvernement devrait annuler les modifications néfastes qu’il a apportées aux lois sur la santé et la sécurité au travail qui limitent le droit des travailleurs de refuser d’effectuer un travail dangereux.

5s. Secteur manufacturier

  • Le gouvernement devrait appuyer le maintien et la création d’emplois manufacturiers bien rémunérés, notamment en garantissant le versement des fonds promis au Fonds de fabrication de pointe.