Monsieur le Président, je suis heureux que mes observations aient l'air d'un discours. C'était mon intention. Je remercie le député.
La deuxième chose que je voulais dire, c'est que l'énoncé marque l'évolution d'un plan lancé par notre gouvernement il y a un an avec une mise à jour économique. S'il n'y a pas de surprises, c'est parce que nous prenons déjà les mesures appropriées. S'il n'y a pas de nouvelles propositions tape-à-l'oeil, c'est parce que les plans que nous avons déjà élaborés au cours de la dernière année commencent à porter fruit. S'il n'y a pas de nouvelles réactions de panique, c'est parce que nous nous sommes bien préparés et que la panique est inutile.
Plutôt que de reprocher au gouvernement de ne pas présenter de nouvelles mesures pour 2009, les députés devraient le féliciter d'avoir déjà mis en place des stimulants pour 2009. Par exemple, grâce aux stimulants du gouvernement, les Canadiens et les entreprises paieront 31 milliards de dollars de moins en impôts au cours de l'exercice financier qui vient. C'est près de 2 p. 100 de notre produit intérieur brut. C'est un pourcentage de notre PIB plus important que ce que représente tout ce qui a été mis en oeuvre chez nos voisins du Sud. Même M. Obama, le président élu, ne propose que des stimulants économiques temporaires de 1,1 p. 100 pour stimuler l'économie en 2009. Pas un pays, pas les États-Unis ni le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie ou l'Australie n'a proposé de mesures s'approchant de 2 p. 100 du PIB, comme notre gouvernement l'a fait.
Certaines de nos réductions d'impôt ne doivent entrer en vigueur qu'en 2009, comme un stimulant progressif. Elles incluent le relèvement du seuil d'imposition de 9 600 $ en 2008 à 10 100 $ en 2009. De même, à compter du 1er janvier 2009, les Canadiens pourront avoir un compte d'épargne libre d'impôt, qui sera souple et dont ils pourront utiliser les fonds comme bon leur semble, ce qui encouragera les investissements. Les entreprises bénéficieront également d'une réduction du taux d'imposition, qui passera de 19,5 p. 100 à 19 p. 100 le 1er janvier 2009 et à 15 p. 100 en 2012.
Voici un autre exemple de mesures de relance budgétaire déjà prévues: le financement fédéral disponible pour les projets d'infrastructure a augmenté de 40 p. 100 cette année et augmentera d'encore 40 p. 100 l'année prochaine, pour atteindre une somme record de 6 milliards de dollars pour cette année-là seulement. C'est le double du montant dépensé en 2007-2008.
Ces mesures de relance budgétaire sont permanentes, durables et structurelles, contrairement aux mesures temporaires mises en place par d'autres pays. Ensemble, ces réductions d'impôt et ces investissements dans l'infrastructure constituent des mesures de relance considérables.
Le gouvernement aurait pu attendre. Il aurait pu retarder les augmentations de la dernière année et ne pas prévoir d'augmentation pour l'année prochaine, il aurait alors pu annoncer dans son énoncé économique et financier qu'il allait doubler les dépenses d'infrastructure pour un total de quelques 10,5 milliards de dollars en un an. Cela aurait peut-être satisfait les assoiffés de sensationnalisme, mais cela n'aurait rien fait de plus pour l'économie que ce qui a été fait en étant prévoyant.
Ce n'est pas un hasard si les États-Unis viennent de déterminer qu'ils sont en récession depuis plus d'un an, alors que ce n'est que maintenant que le Canada atteint ce point. Quelqu'un ici croit-il vraiment que ce n'est que pure chance que notre réussite soit remarquée dans le monde entier? Les Canadiens ordinaires savent que c'est grâce au travail acharné de notre gouvernement.
Je comprends que certains dans le milieu des médias n'aiment pas les vieilles nouvelles. Il est normal que les gens de l'information veuillent parler d'initiatives nouvelles, mais certains députés croient-ils vraiment leur propre discours? Peuvent-ils vraiment fermer les yeux et souhaiter la disparition des mesures de relance économique que le gouvernement a déjà mises en place pour 2008 et 2009?
C'est comme si les critiques disaient: « Nous savons que vous avez planifié, que vous avez fait preuve de prévoyance et que vous avez pris, à l'avance, des mesures pour stimuler l'économie. Nous savons que l'économie canadienne est soutenue par toutes ces mesures qui continueront d'être utiles l'an prochain, mais ça nous importe peu. » C'est comme si les critiques disaient: « Comme vous n'avez pas attendu jusqu'à aujourd'hui, nous n'allons pas tenir compte du fait que vous vous êtes déjà attaqués au problème. »
C'est un peu comme quelqu'un qui aurait donné un cadeau d'anniversaire un mois à l'avance à son conjoint, sachant à quel point ce dernier a besoin de ce cadeau, et qui se fait ensuite reprocher de ne pas avoir un second cadeau à offrir le jour de l'anniversaire. Peut-on être plus injuste?
En fait, comme le plan de stimulation de l'économie est en place depuis l'an dernier, le premier ministre a déjà pu rencontrer ses homologues provinciaux pour désigner d'ici le mois prochain, soit dans quelques semaines à peine, des projets d'infrastructure précis. Les premiers ministres provinciaux se sont engagés à faire tomber les obstacles à ces projets. Voilà une planification et une prévoyance vraiment remarquables et prudentes, d'ailleurs prévues dans le discours du Trône que la Chambre a déjà approuvé. C'est précisément le genre de planification et de prévoyance dont le Canada a le plus besoin en cette période d'incertitude économique.
Examinons les diverses possibilités. Si l'énoncé économique n'est pas adopté, qu'arrivera-t-il aux plans que notre gouvernement a soigneusement élaborés? Ces plans seront-ils simplement abandonnés par le prochain gouvernement, quel qu'il soit? La mise en oeuvre de ces mesures sera-t-elle à tout le moins retardée pendant qu'un nouveau gouvernement s'efforcera d'établir un consensus? Le pays sera-t-il encore plongé dans une nouvelle campagne électorale à peine quelques semaines après que les plans judicieux du gouvernement aient reçu, lors des dernières élections, l'appui du plus grand nombre de Canadiens?
Toutes ces possibilités ne feraient que nuire davantage à notre économie. Le seul fait que nous soyons forcés de poser ces questions signifie que les députés ont engendré davantage d'incertitude et d'inquiétude au Canada. Or, une telle situation est vraiment inutile et dommageable pour l'économie et pour nos concitoyens.
Par surcroît, si l'énoncé économique est rejeté, les nombreuses mesures financières qui y sont prévues et qui sont nécessaires seront annulées ou, à tout le moins, retardées. L'allégement fiscal ponctuel accordé aux aînés détenteurs de fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) sera annulé ou retardé. Le renforcement jusqu'à 1,5 milliard de dollars de la capacité de crédit du secteur des exportations canadien, plus particulièrement dans les secteurs automobile et manufacturier, sera annulé ou retardé. L'augmentation du plafond d'emprunt afin de protéger les dépôts assurés sera annulée ou retardée.
Le crédit accru et les garanties de prêts, totalisant 1,5 milliard de dollars, pour les petites et moyennes entreprises seront annulés ou retardés. L'abolition des droits tarifaires sur la machinerie et le matériel importés afin de favoriser les dépenses d’immobilisations et l’accroissement de l’efficacité sera annulée ou retardée. Et je pourrais continuer. Ces mesures, et d'autres, contenues dans l'énoncé sont toutes des mesures que le Chambre ne devrait pas annuler ou retarder.
Qu'arrivera-t-il si nous prenons note de cet énoncé économique et financier? Le ciel nous tombera-t-il sur la tête? Bien sûr que non. Premièrement, toutes ces mesures bénéfiques seront mises en place immédiatement. Deuxièmement, le travail de planification des détails du budget pourra se poursuivre sans entraves. Les premiers ministres établiront la liste des projets d'infrastructure prioritaires d'ici le mois prochain. Les ministres des Finances d'un bout à l'autre du pays seront consultés dans une semaine ou deux. Les consultations prébudgétaires habituelles avec les intervenants auront lieu.
Troisièmement, plusieurs nouveaux éléments importants viendront compléter le tableau. Les variables économiques changent à une vitesse vertigineuse. Les députés se souviennent-ils de l'époque lointaine où l'essence coûtait 1,35 $ le litre? C'était pas plus tard qu'il y a six semaines. Dans une semaine ou deux, nous recevrons le plan de financement détaillé que le gouvernement a prudemment exigé de la part du secteur automobile, qui a une incidence sur 10 p. 100 de notre économie. Dans quelques semaines à peine, les Américains pendront des décisions sur leur plan économique pour le secteur automobile et sur leur plan de relance global.
Comme une grande partie de nos problèmes économiques viennent des États-Unis, notre plus grand partenaire commercial, les remèdes appliqués dans ce pays auront un effet bénéfique sur notre économie également. N'est-il pas simplement prudent d'avoir cette information avant de mettre la dernière touche à notre budget?
Enfin, nous aurions avantage à garder une partie de nos munitions au sec. Si ce ralentissement économique se prolonge, nous regretterons d'avoir utilisé toutes nos munitions financières dès le début.
Il ne faut pas oublier non plus que, si nous naviguons en eaux inconnues, celles-ci se révéleront peut-être moins dangereuses que nous ne le craignons. Alors agissons en conséquence.
Je suis heureux que le gouvernement ait retiré les parties de l'énoncé que l'opposition trouvait insatisfaisantes. Cela montre une volonté de travailler avec l'opposition, et j'espère sincèrement que cela favorisera la collaboration.
Toutefois, je tiens à signaler que je m'oppose énergiquement à ceux qui décrivent cette flexibilité comme un signe de faiblesse ou un manque de crédibilité. En fait, la capacité de changer de cap est un signe de force. Mon admiration pour notre premier ministre n'a fait qu'augmenter suite à cela et elle n'a jamais été aussi profonde.
Si nous voulons que nos discussions aboutissent, nous devons considérer comme une vertu la capacité de faire des compromis, comme en fait le premier ministre. Il n'est pas trop tard pour mes amis libéraux d'en face. Ils peuvent encore puiser dans leurs propres forces et faire aussi des compromis.
Je suis content de la souplesse dont a fait preuve notre gouvernement en retirant la proposition d'abolir la subvention aux partis politiques. Cela montre une volonté de collaborer avec l'opposition et j'espère que ce geste suscitera des efforts de part et d'autre.
Toutefois, je m'élève, en passant, contre ceux qui décrivent l'abolition de la subvention comme une mesure anti-démocratique. En fait, la subvention est en soi une atteinte à la démocratie.
Dans une démocratie, les chances devraient être égales pour tous et tous les citoyens devraient avoir la possibilité de se faire entendre sur la scène politique. Les partis financés par l'État sont davantage associés aux régimes totalitaires qu'aux démocraties.
Une subvention, peu importe à quel parti elle est versée, est discriminatoire à l'endroit des citoyens qui se lancent dans la course sans subvention et est, de ce fait, élitiste et non démocratique. Le fait de remplacer les dons de sociétés et de syndicats par des subventions gouvernementales consiste simplement à remplacer un système élitiste anti-démocratique par un autre.
Je rêve du jour où tous les partis politiques du Canada prendront leur envol ou disparaîtront uniquement en raison de l'appui qu'ils obtiendront des citoyens et non en raison de l'inégalité des subventions versées par l'État.
La démocratie fonctionne aussi de façon optimale lorsque les partis élus adhèrent le plus strictement possible aux politiques qu'ils ont promises aux électeurs et gardent leur chef. Un vote pour un parti ou un candidat signifie que l'électeur approuve le chef et les politiques de ce parti ou de son candidat. Le non-respect des engagements ainsi pris constitue une violation des principes de la démocratie.
Aucun partisan des libéraux n'a voté pour un gouvernement de coalition comportant des séparatistes. Aucun partisan du NPD n'a voté pour un gouvernement qui signerait une entente avec une coalition séparatiste. Je ne pense pas qu'un seul électeur de ma circonscription, Kitchener-Centre, a voté pour un gouvernement qui pourrait être tenu en otage par le droit de veto d'un parti qui insiste pour dire que le Canada ne fonctionne pas et qui n'a aucun intérêt à le faire fonctionner.
J'ai eu de nombreux amis qui, à une époque, appuyaient le Parti libéral. Je peux à peine imaginer ce qu'ils pensent en voyant un parti fédéraliste qui a déjà été fort réduit à quémander la permission des séparatistes pour gouverner. Nous savons tous que les intentions des séparatistes n'ont rien à voir avec la survie économique du Canada. Les séparatistes n'entrent même pas dans cette pièce avant que nous ayons fini de changer l'hymne national.
Bon nombre d'électeurs libéraux n'auraient jamais consenti à une telle manoeuvre. Aucun parti au pays n'a obtenu le consentement des Canadiens pour abandonner le pouvoir aux mains du chef d'un autre parti. Aucun parti au Canada n'a obtenu le consentement des Canadiens pour former un gouvernement de coalition. Un tel gouvernement n'aurait pas été élu par les Canadiens. Il aurait tout simplement usurpé le pouvoir.
Il n'y a rien d'assez grave au Canada à l'heure actuelle pour justifier que l'on viole ainsi la volonté des électeurs. Ce n'est pas le bon moment pour se lancer tête baissée dans de nouvelles expériences incertaines.
Je ne suis pas le seul à le penser. Des Canadiens de toutes les régions de notre grand pays sont consternés de voir ce que les libéraux et les néo-démocrates ont fait à la Chambre. Voici ce que disait le Record de la région de Waterloo:
La coalition fonctionnera avec l'appui du Bloc québécois, un parti voué à la destruction du Canada. Pendant les deux ans et demi que devrait durer cette expérience, ces destructeurs de la nation auraient un droit de veto sur toutes les mesures envisagées par le gouvernement. Les Canadiens qui suivront tout cela sans pouvoir faire quoi que ce soit ne peuvent s'attendre à ce que le Bloc se préoccupe d'eux ou de la prospérité du Canada.
Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les gens de Kitchener-Centre. Une entente avec les séparatistes ne peut qu'être néfaste pour le Canada. Et je cite à nouveau:
Aussi sincères que soient les convictions des néo-démocrates, leur mépris naturel des entreprises ainsi que leur penchant inné pour les grandes dépenses publiques pourraient s'avérer désastreux en période de récession.
Encore une fois, ce n'est pas moi qui le dis. Et cela ne vient pas non plus d'un journal pro-conservateur, croyez-moi. Ces mots reflètent l'opinion des gens de la circonscription de Kitchener-Centre.
Les libéraux eux-mêmes ont dit au cours de la campagne électorale qu'il ne serait pas possible de former un gouvernement de coalition avec un parti comme le NPD, dont le programme est néfaste pour l'économie.
Voici une autre citation:
Alors qu'il est dans le besoin, on demande au Canada de se contenter d'un gars dont le mandat se termine en mai. Cela n'a rien pour stimuler la confiance des Canadiens ni celle des investisseurs tant Canadiens qu'étrangers à la recherche d'un lieu sûr où faire des placements.
Ce n'est pas moi qui le dit. C'est ce que pensent des gens de ma circonscription, Kitchener-Centre. Si l'opposition est sérieuse, elle devrait avoir l'intégrité de soumettre l'entente aux électeurs. Le mieux, pour les citoyens ordinaires comme pour le Canada, serait cependant de laisser notre gouvernement gouverner en vertu du mandat renforcé qui lui a été confié aux dernières élections.
Sherri Helmka, de ma circonscription, s'exprime très succinctement et dit ceci dans une lettre publiée dans le courrier des lecteurs: « Mon message s'adresse à tous les politiciens du pays: mettez de côté vos divergences et faites face à l'incertitude propre à tous les candidats face à l'avenir. Autrement dit, faites votre travail. »
Nous pouvons faire précisément cela en prenant note de la mise à jour économique et financière à titre de document d'orientation et, ce débat terminé, en attendant que le gouvernement présente son budget détaillé dans sept semaines à peine.
Malgré les événements des dernières semaines, j'invite de nouveau tous les députés d'en face à se laisser guider à travers cette crise économique par les besoins des Canadiens ordinaires. Il n'est pas trop tard.