Madame la Présidente, avant de commencer mon discours, j'aimerais souligner que j'ai cultivé et ensemencé les terres de mes ancêtres pendant 40 ans. Alors, j'en ai traversé aussi des crises.
Je remercie les députés de Durham et de Mégantic—L'Érable de l'intérêt qu'ils portent à cette importante question pour nos producteurs de canola et notre économie. Le gouvernement a bien compris les inquiétudes des producteurs et de leurs familles face aux perturbations actuelles des marchés internationaux, d'autant plus qu'elles coïncident avec la saison des semences. C'est pourquoi nous venons d'annoncer, ce matin, deux mesures importantes que nous avons prises pour les soutenir dans ces moments difficiles.
En ce qui concerne la première mesure, nous avons fait des modifications au Programme de paiements anticipés et aux limites s'appliquant aux prêts pour l'année 2019. Pour tous les produits agricoles, les avances disponibles passeront de 400 000 $ à des montants pouvant aller jusqu'à 1 million de dollars. La première tranche de 100 000 $ de ces prêts restera sans intérêt pour les produits, et pour le canola spécifiquement, les avances seront admissibles à une première tranche pouvant aller jusqu'à 500 000 $ sans intérêt.
Pour ce qui est de la deuxième mesure, nous nous sommes entendus avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour reporter de deux mois la date limite d'inscription sans pénalité au programme Agri-stabilité pour l'année 2019, soit du 30 avril au 2 juillet 2019. C'est un programme fédéral-provincial qui vise à stabiliser le revenu des producteurs au cas où ils subiraient une baisse importante de leur marge de production. En donnant aux producteurs agricoles plus de temps pour s'inscrire au programme et en tirer profit, nous leur offrons un autre moyen efficace de gérer les risques liés à l'instabilité des marchés.
Le canola est un emblème d'innovation agricole et de prospérité pour le Canada. Aujourd'hui, l'industrie du canola rapporte près de 27 milliards de dollars à l'économie canadienne, un montant qui a triplé au cours des 10 dernières années.
Le Canada est le plus important producteur et exportateur de canola au monde. C'est grâce au travail acharné de l'industrie canadienne du canola, aux producteurs et aux autres intervenants de la chaîne de valeur que le canola canadien est reconnu mondialement pour sa grande qualité. Nous pouvons en être fiers.
Par ailleurs, nous savons que des marchés stables pour notre canola signifient plus d'argent dans les poches de nos producteurs et de bons emplois pour la classe moyenne. C'est pourquoi le différend commercial avec la Chine au sujet du canola est une priorité absolue pour le Canada. Nous prenons cette question très au sérieux et nous travaillons sans relâche pour reprendre les échanges commerciaux de canola avec la Chine.
Le Canada entretient des relations profondes et de longue date avec la Chine. Nous travaillons sur tous les fronts et avons recours à tous les moyens disponibles sur place en Chine et ici, au Canada. Nous collaborons aussi de près avec l'industrie et les provinces. Il est important d'aborder ce dossier en nous appuyant sur des principes scientifiques.
Les représentants canadiens ont inspecté les expéditions de graines de canola avant leur exportation vers la Chine en suivant les procédures et les méthodes d'analyse appropriées, et ils ont certifié les expéditions conformément aux exigences d'importation des autorités chinoises.
Les données sur les échantillons à l'exportation et les enquêtes de l'Agence canadienne d'inspection des aliments appuient la position du Canada selon laquelle ces éléments ravageurs n’étaient pas présents dans les expéditions canadiennes de canola. Nous maintenons notre solide système d'inspection en place et nous continuerons de défendre les intérêts de l'industrie canadienne de canola. Notre objectif est de trouver une solution fondée sur des principes scientifiques le plus rapidement possible. Une collaboration étroite et un dialogue constant sont absolument essentiels pour faire avancer ce dossier.
Il y a quelques semaines, la ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et le ministre de la Diversification du commerce international se sont rendus en Saskatchewan pour rencontrer leurs homologues provinciaux et les dirigeants du secteur agricole. Nous avons mis en place un groupe de travail incluant le Conseil canadien du canola, l'Association canadienne des producteurs de canola, Richardson International, Viterra ainsi que des représentants du gouvernement fédéral, de l'Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan.
Le groupe assurera une approche coordonnée et collaborative en vue de résoudre le problème. Entretemps, il examinera d'autres marchés potentiels à court et à moyen termes. Nous continuons de diversifier nos échanges commerciaux sur le marché mondial pour offrir à nos producteurs un plus grand nombre de marchés pour leur canola et pour les aider à atténuer les risques de fermeture des marchés chinois.
L'an dernier, le commerce des produits agricoles et alimentaires canadiens a atteint un montant record de 66,2 milliards de dollars. Une part record de ce montant provenait de partenaires autres que nos partenaires commerciaux traditionnels.
La diversification de nos relations commerciales est d'une importance capitale, et le Canada a une stratégie en ce sens.
Dans le cadre du Partenariat canadien pour l'agriculture, nous investirons près de 300 millions de dollars sur cinq ans pour aider l'industrie à intensifier le commerce et à élargir l'accès aux marchés.
Au cours des 18 derniers mois, nous avons signé deux accords commerciaux avec certains de nos principaux marchés dans le monde, soit l'Union européenne et les pays de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, le PTPGP. Ce dernier montre déjà des signes de succès encourageants.
Par exemple, les exportations canadiennes de bœuf au Japon, dans les deux premiers mois de 2019, ont doublé. De plus, nos exportations de porc ont augmenté de 14 %. Nous nous attendons à voir ces chiffres augmenter alors que de plus en plus d'exportateurs canadiens profiteront des débouchés offerts par le PTPGP.
Dans le cadre du PTPGP, lorsque les droits de douane seront totalement éliminés au Japon et au Vietnam, l'industrie prévoit que les exportations d'huile et de tourteau de canola canadien pourraient atteindre 780 millions de dollars par année. Nous sommes optimistes quant au grand potentiel qu'offre cet accord.
De plus, l'Accord Canada—États-Unis—Mexique protégera notre commerce de 31 milliards de dollars en produits agricoles et agroalimentaires avec les États-Unis et le Mexique, dont près de 5 milliards de dollars uniquement pour le canola.
Grâce à tous nos accords commerciaux, les producteurs de canola du Canada vont tirer profit d'un avantage concurrentiel dans deux tiers du marché mondial. Les conservateurs ont eu 10 ans pour agir, mais ils n'ont jamais réussi à faire de vraies avancées. Nous continuons aussi nos efforts afin de diversifier encore davantage les marchés pour notre canola.
Le ministre de la Diversification du commerce international partira bientôt en mission commerciale au Japon et en Corée du Sud pour promouvoir notre canola, et la ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire participera la semaine prochaine à la rencontre des ministres de l'Agriculture du G20, au Japon.
Nous appuyons fermement nos producteurs de canola sur toutes les tribunes. Nous savons aussi qu'ils se préoccupent de plus en plus des questions touchant les semis, l'entreposage et les prix. Comme les producteurs le savent, le gouvernement a deux programmes pour les aider à gérer les risques et les flux de trésorerie. Les deux annonces que nous avons faites aujourd'hui en sont des exemples.
Par ailleurs, l'industrie canadienne du canola a des plans ambitieux de croissance et d'innovation, que nous appuyons activement. L'industrie continue à développer de nouvelles variétés de canola. Leur qualité sera encore meilleure et leur empreinte environnementale sera encore plus faible. Nous contribuons donc à stimuler l'innovation au sein de l'industrie canadienne du canola grâce à un investissement fédéral de 12 millions de dollars dans une grappe de recherche sur le canola.
En comptant l'investissement fait par les producteurs de canola eux-mêmes, l'investissement total s'élèvera à plus de 20 millions de dollars.
L'industrie canadienne du canola offre un potentiel énorme. Or, pour réaliser ce plein potentiel, nous devons régler les différends commerciaux avec la Chine en défendant bec et ongles les intérêts de nos producteurs. Nous n'abandonnerons pas tant que la situation ne sera pas réglée.
L'opposition s'occupe de cette question depuis cette semaine seulement, tandis que notre gouvernement travaille très fort pour prendre des mesures concrètes. Le gouvernement collabore avec les groupes de travail, mène des efforts de diversification des marchés et continue de faire de cet enjeu une priorité.
Dès le début, nous avons travaillé en partenariat avec l'industrie et nos partenaires provinciaux pour trouver des solutions concrètes et pratiques qui viennent en aide à nos agriculteurs maintenant. Nous allons tout mettre en œuvre pour résoudre ce différend commercial. Maintenant que les députés d'en face ont soudainement décidé de s'intéresser à cette question, nous espérons pouvoir compter sur leur appui en quête d'une solution.
Nous sommes solidaires des producteurs de canola et des familles agricoles à l'échelle du pays. Nous savons que le Canada possède le meilleur canola au monde et nous sommes déterminés à régler cette question.
Les producteurs vivent présentement des moments difficiles, mais ce n'est qu'en menant un dialogue franc et ouvert et en défendant les valeurs et les intérêts canadiens que nous allons passer au travers. La vie de certaines personnes est en jeu. Le Canada devrait emprunter une seule et même approche à l'égard de ces enjeux, et non pas se servir de ces enjeux pour essayer de faire des gains politiques. Nous devons cela à nos producteurs et à leur famille.
En terminant, j'aimerais rapporter ce que le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a dit ce matin. Il a dit apprécier l'effort déployé par le gouvernement fédéral, qui démontre qu'il appuie les agriculteurs de l'Ouest canadien et de partout au Canada. Il apprécie aussi le fait que le gouvernement ait mis en avant un plan de soutien à ces producteurs, alors qu'ils ensemencent leur champ ce printemps.