Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie de cette invitation l'ensemble de mes collègues parlementaires.
Je suis ici pour parler de ce qui s'est passé au Parlement en septembre dernier, lorsque le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a prononcé son discours.
Ce fut une journée historique pour nous tous. Son discours nous a donné l'occasion de réaffirmer notre soutien indéfectible à l'Ukraine. Soyons clairs: ce jour-là, l'Ukraine luttait pour sa souveraineté contre l'incursion illégale de la Russie sur son territoire, comme c'est toujours le cas aujourd'hui. La guerre de l'Ukraine contre la Russie de Poutine représente un moment critique. Si l'Ukraine tombe, nous en souffrirons tous. Nous avons donc tous le devoir, en tant que parlementaires canadiens, de mettre de côté la partisanerie, de faire ce qu'il faut et de présenter un front uni de soutien au peuple ukrainien.
Malheureusement, le discours du président Zelensky a été entaché par un incident honteux qui a causé de la peine à de nombreux Canadiens, en particulier ceux d'origine juive et d'Europe de l'Est. Un homme a été invité à s'asseoir à la tribune et il a été reconnu par le Président comme un héros. Il a été applaudi par tous les députés de la Chambre, tous partis confondus. C'est vraiment un moment horrible pour notre Parlement et pour l'ensemble des députés. Nous ne connaissions pas le passé de cet homme pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, nous avons été appelés à lui rendre hommage, pendant que le président Zelensky était parmi nous.
Madame la présidente, votre comité examine comment ce malheureux incident s'est produit. Permettez-moi de passer en revue la chronologie de ce qui s'est passé dans les jours qui ont suivi le discours du président Zelensky.
L'allocution à la Chambre a eu lieu un vendredi. Au cours de la fin de semaine, on a appris des détails sur l'implication de cette personne dans la Seconde Guerre mondiale. Le dimanche soir, le Président Rota a publié une déclaration qu'il a écrite. Je cite:
Le vendredi 22 septembre, dans le cadre de mon allocution suivant l’adresse du président de l’Ukraine, j’ai souligné la présence d’un individu dans la tribune.
J’ai depuis reçu de nouveaux renseignements qui me font regretter ma décision d’avoir présenté cette personne.
Je tiens à préciser que personne parmi mes collègues parlementaires ou la délégation ukrainienne n’était au courant de mes intentions ou de mes remarques avant mon allocution.
Je suis le seul responsable de cette initiative, l’individu en question étant une personne de ma circonscription dont on m’avait parlé.
Je tiens tout particulièrement à offrir mes excuses les plus sincères aux communautés juives partout au Canada et autour du monde.
J’assume l’entière responsabilité de mes actes.
C'est l'explication du Président. C'était concis, et il a dit clairement qu'il était le seul à avoir pris la décision d'inviter l'individu à la Chambre.
Le lendemain matin, lundi, le Président s'est levé à la Chambre et a fait une déclaration semblable aux députés. Il a dit:
Je tiens à présenter mes excuses à la Chambre. Je suis profondément désolé que mon geste et mes propos aient blessé autant de gens.
En dépit de sa déclaration claire et de ses excuses, l'opposition s'est demandé si le gouvernement avait participé à l'invitation de la Chambre. Le Président est intervenu dans les délibérations et a dit clairement:
Je tiens à préciser que c’est moi, et moi seul, qui ai pris cette décision. Il s’agit d’un résident de ma circonscription qui souhaitait être présent ici, et je l’ai invité. C’était ma décision, et je vous présente toutes mes excuses. Je ne peux pas dire à mes collègues à quel point je le regrette. Ce ne sera peut-être pas suffisant pour certains d’entre vous, et je m’en excuse.
Madame la présidente, comme vous vous en souviendrez, malgré les explications et les excuses du Président Rota, les députés ont exprimé des préoccupations importantes au sujet de ses actions à cet égard. Le lendemain, le mardi 26 septembre, il s'est levé à la Chambre pour annoncer sa démission à titre de Président. Il a réitéré son profond regret pour son erreur. Il a dit que cela avait causé de la douleur à des personnes et à des collectivités, y compris à la communauté juive du Canada et du monde entier. Le Président Rota a dit:
J'accepte l'entière responsabilité de mes actes.
Encore une fois, ses propos étaient clairs et définitifs.
Plusieurs mois plus tard, son explication n'avait pas changé. Dans une lettre qu'il a écrite au Comité le 30 janvier, il a écrit:
Je répète que la décision d'inviter cette personne était la mienne, tout comme celle de le saluer dans mes observations.
En résumé, il est important de souligner les faits entourant ce qui s'est passé en septembre dernier.
L'ancien Président a clairement indiqué que lui seul était responsable d'avoir invité cette personne à la Chambre et d'avoir décidé de le saluer lors de son discours. Il a fait ce choix de sa propre initiative, et aucun autre parlementaire n'y a participé.
Le gouvernement n'a joué aucun rôle dans cette affaire. En effet, il ne savait pas que cette personne serait présente à la Chambre.
L'ancien Président a invité ses propres invités pour le discours. Ceux-ci ont été déterminés par lui et son bureau uniquement.
Lorsque le gouvernement a appris l'horrible incident qui s'était produit à la Chambre, le premier ministre a reconnu à quel point cet incident était particulièrement douloureux pour les Canadiens et les communautés touchés par l'holocauste. Le premier ministre a fait une déclaration publique à ce sujet à l'extérieur de la Chambre et s'est également entretenu à ce sujet avec les députés à la Chambre. Il a noté que le Président Rota avait envoyé l'invitation, qu'il avait souligné la présence de cet individu à la tribune et qu'il en avait assumé l'entière responsabilité. Le premier ministre a déclaré qu'aucun député n'était au courant des antécédents de cette personne.
Le premier ministre a souligné ceci:
[...] au nom de toutes les personnes présentes à la Chambre, je tiens à présenter mes plus sincères excuses pour ce qui s'est produit vendredi et pour la situation dans laquelle le président Zelensky et la délégation ukrainienne ont été placés. Pour nous tous qui étions présents, le fait d'avoir rendu hommage à cet individu sans savoir qui il était a été une terrible erreur et une violation de la mémoire de ceux qui ont cruellement souffert aux mains du régime nazi.
Il y a un autre point, madame la présidente, au sujet duquel j'aimerais faire quelques brèves observations.
Je suis bien sûr ici pour travailler en collaboration avec tous mes collègues afin de discuter de ce qui s'est passé à la Chambre en septembre dernier. Cependant, je m'attends à ce que certains membres du Comité aient l'intention de poser des questions sur un autre événement qui s'est également produit au cours de cette semaine.
Lorsque le président Zelensky est venu au Canada, plus de 1 000 personnes ont été invitées à un événement communautaire à Toronto. Des centaines de Canadiens ont été invités sur la recommandation de groupes communautaires. Le nom de la personne dont nous discutons dans le cadre de ces procédures a été soumis par le Congrès des Ukrainiens canadiens. Au bout du compte, la personne n'a pas assisté à l'événement. Il est important de souligner que ces deux événements — le rassemblement en soirée à Toronto et l'adresse sur le parquet de la Chambre à Ottawa — étaient deux événements complètement distincts.
Le dernier point à retenir, madame la présidente, c'est qu'après cet incident malheureux, notre gouvernement n'a laissé aucun doute quant à la position du Canada dans son soutien indéfectible à l'Ukraine. Le premier ministre a dit que notre pays était aux côtés de l'Ukraine dans sa lutte contre la brutalité, les mensonges et la violence de Vladimir Poutine. Il a rendu hommage aux sacrifices des Ukrainiens qui se battent pour leur démocratie, leur liberté, leur langue et leur culture, ainsi que pour la paix.
Le premier ministre a également prévu publiquement que cet incident serait politisé et se transformerait en fausse propagande de la part de la Russie pour affaiblir l'Ukraine. Il n'est pas surprenant que Poutine lui-même ait poursuivi ces efforts ces derniers jours dans une entrevue en Russie avec le commentateur conservateur américain d'extrême droite Tucker Carlson. Cependant, les faits disent le contraire. Les Canadiens ne se laisseront pas berner par cette propagande irresponsable et malveillante. Le Canada et l'Ukraine sont des alliés. Notre détermination à soutenir l'Ukraine en cette période cruciale n'est pas moins forte aujourd'hui qu'elle ne l'était à l'époque.
C'est ce qui s'est passé en septembre dernier. Le Président de l'époque a fait une erreur dont il était le seul responsable. Il a accepté cette responsabilité et a démissionné. Cependant, nous ne pouvons pas laisser cela définir notre relation avec l'Ukraine et nous ne le permettrons pas. Les Ukrainiens sont nos amis. En cette période périlleuse de leur histoire, ils ont besoin de notre amitié. Nous ne les décevrons pas.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.