Monsieur le Président, j'aimerais profiter de cette occasion pour remercier le député de Courtenay—Alberni de l'intérêt soutenu qu'il porte à la lutte contre la pollution par le plastique dans les cours d'eau et les océans au Canada. Je sais que c'est une question qui lui tient à coeur parce que j'ai eu l'occasion de m'entretenir brièvement avec lui à ce sujet.
Le gouvernement et moi partageons les inquiétudes soulevées par le député au sujet des répercussions négatives que peuvent avoir les matières plastiques sur l'environnement marin, et je suis heureux d'annoncer que nous avons déjà pris plusieurs mesures importantes pour résoudre ce problème. Nous collaborons avec les provinces et les territoires, les industries, les communautés des Premières Nations et d'autres intervenants afin d'élaborer une stratégie et un plan d'action qui auront pour résultat que les matières plastiques ne se retrouveront pas dans les sites d'enfouissement et dans l'environnement en général.
Les Canadiens se servent de produits de plastique au quotidien. Depuis les années 1950, la production mondiale de plastique est celle qui connaît la plus forte croissance de tous les autres matériaux de fabrication en raison des coûts peu élevés, de la durabilité et de l'utilité de cette matière. Cependant, la production d'une quantité aussi importante de plastiques à usage unique entraîne un énorme gaspillage de ressources et d'énergie et crée des déchets qui polluent l'environnement et qui s'accumulent dans les sites d'enfouissement.
Ces dernières années, l'incidence des microplastiques et des déchets marins de plastique a capté l'attention du public et poussé des gens de partout dans le monde à intervenir. La pollution des milieux marins par les plastiques, en particulier, est une menace grave pour la santé des eaux et de l'économie. À l'heure actuelle, plus de 150 millions de tonnes de déchets de plastique se trouvent dans les océans, et environ 8 millions de tonnes supplémentaires s'y rajoutent chaque année. Comme l'a indiqué le député, cela équivaut au déversement, dans l'océan, d'un camion à ordures rempli de plastiques toutes les minutes. Si nous n'intervenons pas immédiatement, nous pouvons nous attendre à ce que ces statistiques doublent d'ici 2025.
Bien que le Canada contribue faiblement à la pollution mondiale par les plastiques, on trouve des déchets marins de plastique sur toutes les côtes canadiennes, dans l'Arctique, ainsi que dans les étendues d'eau douce, dont les Grands Lacs. Voilà pourquoi, en plus des efforts qu'il déploie en collaboration avec ses partenaires à l'échelle mondiale, le gouvernement fédéral, de concert avec un éventail de partenaires, travaille à prendre des mesures afin de protéger les littoraux, les eaux et la vie aquatique au Canada.
En particulier, nous nous attaquons à diverses sources de pollution par les plastiques et nous améliorons nos connaissances afin de mieux en comprendre l'incidence. Par exemple, depuis la fête du Canada, cette année, il est interdit de fabriquer ou d'importer tout article de toilette contenant des microbilles de plastique. Ce règlement vise à réduire la quantité de microbilles qui entrent dans les écosystèmes marins et d'eau douce.
Nous nous sommes engagés à donner l'exemple en réduisant de 75 % les déchets de plastique provenant des activités du gouvernement d'ici 2030. Nous y arriverons en augmentant le recyclage, en réduisant la quantité de déchets de plastique générés par les réunions et les activités du gouvernement et en faisant la promotion de l'achat de produits faits de plastique durable.
La science et la recherche font également partie de notre plan afin d'approfondir notre compréhension des effets de la pollution par le plastique sur l'environnement. Par exemple, nous avons consacré 1,5 million de dollars à la recherche sur les microplastiques présents dans les eaux du Canada atlantique, ma région, de la côte Ouest et de l'Arctique, notamment pour un partenariat entre le ministère des Pêches et des Océans et le programme de recherche sur la pollution océanique d'Ocean Wise.
Les chercheurs du gouvernement fédéral contribuent également à notre base de connaissances. Par exemple, ils ont récemment publié un article dans Environmental Pollution au sujet du transfert des microfibres dans les réseaux trophiques.
Le Canada souhaite bâtir sur ces bases afin de montrer au reste du monde qu'il est possible de profiter de tous les avantages socioéconomiques du plastique sans qu'il n'y ait nécessairement d'incidences négatives pour l'environnement.
Plus précisément, pour en revenir à la question du député de Red Deer—Lacombe, nous sommes ouverts aux suggestions et, d'après ce que je comprends, il serait prêt à imposer une tarification de la pollution par le plastique.
Notre approche consiste à ne pas nous occuper uniquement d'une seule catégorie de déchets de plastique, tels que les pailles ou les sacs. Nous voulons éviter les déchets de toutes sortes de plastiques et de produits contenant des plastiques, des emballages jusqu'aux matériaux de construction en passant par l'électronique et le mobilier. Il y a pas mal de choses à faire en ce qui concerne chacun de ces produits. Nous avons besoin d'une approche holistique.
Beaucoup de travail reste à faire, car le taux national de recyclage pour tous les plastiques est inférieur à 11 %, mais il y a aussi pas mal de choses sur lesquelles nous pouvons faire fond. Certaines provinces sont des leaders mondiaux de la mise en oeuvre de programmes de responsabilité élargie des producteurs. En Colombie-Britannique, par exemple, les producteurs d'emballages assument le coût total de la collecte et du recyclage de leurs produits.
L'industrie canadienne est en outre un chef de file de la production de plastiques à faibles émissions de carbone, ainsi que de l'innovation et du recyclage avancé des produits, et le gouvernement fédéral accélère l'innovation dans ce secteur. Nous avons lancé à l'industrie un défi d'une valeur de 12 millions de dollars par lequel nous invitons les entreprises à soumettre leurs solutions les plus innovantes pour gérer les déchets de plastique. Grâce à cette initiative, nous investissons dans des approches et des technologies canadiennes visant à stopper le déversement de plastiques dans les océans tout en appuyant les entreprises canadiennes afin qu'elles soient des leaders mondiaux de la gestion des déchets ici et à l'étranger.
Notre collaboration avec les provinces et les territoires sur la question des déchets de plastique consiste à: chercher des solutions pour que la conception et la production des plastiques soient plus viables; améliorer les systèmes et les infrastructures de collecte et de gestion des déchets; promouvoir les choix et les comportements éclairés parmi les consommateurs, en particulier pour les encourager à faire une utilisation responsable des plastiques jetables; améliorer les connaissances dans le domaine en consacrant des efforts accrus à la recherche et l'innovation.
Comme je l'ai dit, la collaboration est essentielle pour résoudre le problème complexe des déchets de plastique. Nous avons consulté le public, les peuples autochtones, l'industrie, les municipalités, les organismes sans but lucratif et les établissements de recherche pour pouvoir établir judicieusement notre approche à plusieurs volets.
Nous savons que les Canadiens sont prêts à s'attaquer au problème des déchets de plastique. En 2017, quelque 58 000 Canadiens ont participé au Grand nettoyage des rivages canadiens. Sur 3 000 kilomètres de rivages, ils ont ramassé un total de 88 000 kilogrammes de déchets — en grande partie des plastiques.
À l'occasion du Jour de la Terre, cette année, le gouvernement a lancé un dialogue en ligne sur les déchets de plastique pour recueillir les points de vue des Canadiens et trouver des moyens d'éliminer ces déchets et de réduire leur propagation en mer. Plus de 12 000 courriels et près de 2 000 commentaires ont pu être recueillis à l'aide d'un formulaire en ligne. Cette consultation sert à orienter notre collaboration avec les provinces et les territoires afin d'élaborer une stratégie nationale complète.
Nous collaborons aussi avec d'autres acteurs clés en vue de résoudre le problème des plastiques et des microplastiques dans l'environnement. Nous aidons les municipalités et les autres pouvoirs publics locaux à financer leurs infrastructures de gestion des déchets et des eaux usées. Grâce au Fonds municipal vert, à l'Initiative de gestion des matières résiduelles des Premières Nations et à Technologies du développement durable du Canada, nous contribuons à doter le pays des infrastructures et des technologies nécessaires pour résoudre le problème des déchets de plastique.
Nous savons que nous devons offrir aux autres pays l'expertise et les ressources que nous développons au Canada, étant donné qu'il s'agit réellement d'un problème mondial. Cette année, dans le cadre de sa présidence du G7, le Canada a saisi l'occasion pour prendre les devants dans ce dossier et il a joué un rôle de premier plan en faisant adopter la Charte sur les plastiques dans les océans. Nous avons fait en sorte que la santé des océans et la lutte contre la pollution par le plastique soient une priorité pour le G7 dans le but de stimuler l'adoption de mesures internationales concrètes quant à l'ensemble du cycle de vie du plastique afin de réduire les déchets de plastique et les déchets marins.
En particulier, dans le cadre de l'initiative du G7, le gouvernement investira 100 millions de dollars sur les quatre prochaines années pour aider les pays en développement à gérer leur plastique afin qu'il n'atteigne pas les océans. Ces fonds serviront à construire des infrastructures et à développer une capacité de gestion des déchets et ils contribueront à atteindre les objectifs de développement durable de l'ONU, plus précisément la cible 14.1, qui demande aux pays de prévenir et de réduire nettement les déchets marins d'ici 2025.
De plus, le Canada s'est joint au Partenariat mondial sur les déchets marins et à la campagne #OcéansPropres de l'ONU pour veiller à ce que les discussions et la recherche entourant la politique internationale donnent lieu à des mesures concrètes. Tout le monde a un rôle à jouer pour empêcher la pollution par le plastique et protéger les cours d'eau et l'environnement. Nous remercions le député de Courtenay—Alberni de l'initiative dont il fait preuve dans ce dossier. Cela nous donne la chance de faire connaître le travail actuel et futur du gouvernement du Canada à l'égard de cette question très importante.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'exprimer. J'ai hâte de travailler avec le député à mesure que ce dossier progresse.