Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Calgary Shepard. J'ai hâte d'entendre ses commentaires.
J'ai écouté attentivement les interventions aujourd'hui dans cette vénérable enceinte. Je pense que tous les députés se sentent très interpellés par la motion qui a été présentée par nos collègues du NPD.
La motion dit:
Que la Chambre demande au gouvernement de modifier les réductions d’impôts proposées en s’efforçant de procurer des avantages aux personnes qui gagnent moins de 90 000 $ par année et d'utiliser ces économies pour investir dans des priorités qui apportent une aide réelle aux Canadiens, y compris l’assurance des soins dentaires des familles qui n’ont pas d’assurance et dont le revenu annuel est inférieur à 90 000 $.
Nous pouvons diviser cette motion en deux parties. Je conviens, et je pense qu'il en est ainsi pour la plupart des députés à la Chambre, que nous devons faire plus pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables dans nos collectivités. Je pense que tous les députés ont entendu des histoires déchirantes racontées par leurs concitoyens. Des habitants de ma circonscription se sont présentés à mon bureau pour me parler des difficultés qu'ils éprouvent à obtenir des soins dentaires ou médicaux, ou à obtenir un emploi. Comme nous sommes des députés à la Chambre des communes, je pense qu'il y a de nombreuses questions importantes que nous devrions soulever au nom de nos concitoyens. Ainsi, je pense que tout le monde conviendra qu'il est nécessaire d'avoir plus de ressources pour aider les personnes les plus vulnérables dans nos circonscriptions.
Je viens de la Saskatchewan. J'ai été député provincial durant deux mandats, soit pendant huit ans. J'ai tout entendu ce qu'il y a à entendre au sujet de Tommy Douglas. Je sais que mes collègues du NPD aiment le citer et raconter que c'est grâce à lui que l'assurance-maladie a vu le jour. Je considère moi aussi qu'il s'agit d'une des plus grandes avancées de l'histoire canadienne et qu'il mérite d'être applaudi, mais n'oublions pas que Tommy Douglas était aussi un véritable conservateur fiscal. Il a d'ailleurs dit bien d'autres choses que nos collègues néo-démocrates aiment moins lui attribuer, et en voici un exemple. M. Douglas a déjà dit que, si les gouvernements n'arrêtent pas de s'endetter, ce sont les prêteurs qui finiront par prendre les décisions. Autrement dit, il était d'avis que les gouvernements doivent équilibrer leurs budgets. Ce principe était très cher à M. Douglas, parce que, quand les gouvernements y dérogent, c'est à une partie de la souveraineté nationale et à leur capacité de prendre des décisions qu'ils renoncent. Tommy Douglas est peut-être le père de l'assurance-maladie, mais il était aussi un administrateur financier aguerri. Honnêtement, je n'aurais jamais pensé citer un premier ministre néo-démocrate, et j'espère que mes collègues sauront me pardonner. C'est très important de bien gérer les finances publiques, parce qu'on peut alors prendre de meilleures décisions.
M. Douglas savait aussi que le pays devait pouvoir compter sur une économie forte. Si les coffres de l'État sont vides, on ne peut pas dépenser de l'argent pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables. C'est une chose dont la motion devrait absolument tenir compte.
Des décisions très troublantes ont été prises au cours des derniers jours au sujet du secteur énergétique canadien. Je crois comprendre que l'engagement se chiffrait à 5,6 milliards de dollars advenant la mise en oeuvre complète du projet. Cependant, au cours des dernières années, on a perdu des investissements de 120 milliards de dollars dans le secteur pétrolier et gazier. Cet argent aurait pu servir à payer des programmes destinés aux membres les plus vulnérables de la société, des écoles publiques et des soins de santé publics. Je trouve pour le moins très alarmant de constater que, d'une part, des députés de l'opposition présentent une motion disant qu'il est nécessaire de dépenser de l'argent pour des programmes et que, d'autre part, les mêmes personnes tentent d'empêcher la réalisation de projets qui permettraient de financer les programmes en question. À un moment donné, il est nécessaire de payer la facture.
Il y a deux jours, Teck Frontier a annulé son projet d'une valeur de 20 milliards de dollars. Nous avons vu Enbridge annuler le projet Northern Gateway d'une valeur de 7,9 milliards de dollars. Nous avons vu la société TransCanada annuler le projet Énergie Est d'une valeur de 16 milliards de dollars. Nous avons vu Petronas annuler le projet Pacific Northwest LNG d'une valeur de 36 milliards de dollars. Nous avons vu Aurora LNG annuler son projet d'une valeur de 28 milliards de dollars. Nous avons vu Prince Rupert LNG annuler son projet d'une valeur de 16 milliards de dollars. Nous avons vu ExxonMobil annuler son projet WCC LNG d'une valeur de 25 milliards de dollars. C'est incroyable.
Quel est le point commun entre ces projets? Ils étaient proposés par des entreprises privées qui souhaitaient investir l'argent de leurs actionnaires, et non des fonds publics. Elles voulaient investir des fonds privés. Lorsque de tels projets vont de l'avant, ils permettent de financer certains programmes que nous voulons mettre en place pour les gens les plus vulnérables.
Pour que le Canada aille de l'avant, nous devons comprendre que les fonds diminuent, ce qui signifie qu'il y en a moins pour tout le monde. Les idées de programmes destinés à tout le monde commencent aussi à diminuer. Il y a moins de débouchés. Des habitants de ma circonscription sont atteints de maladies très rares et ils souhaitent qu'elles soient incluses dans le formulaire pharmaceutique. Les médicaments pour traiter ces maladies coûtent très cher.
Où trouvons-nous l'argent pour financer de tels programmes? Les fonds proviennent d'investissements privés, de sociétés pétrolières et gazières et de personnes qui investissent au Canada parce qu'elles sont convaincues que l'économie du pays sera vigoureuse. Or, la lettre que le président et chef de la direction de Teck a envoyée au sujet du projet Frontier montre que la confiance d'investir au Canada fait maintenant défaut. Cette situation devrait inquiéter tous les députés qui souhaitent présenter des motions visant à dépenser plus d'argent pour les personnes les plus vulnérables, initiatives auxquelles je souscris. Nous devons nous assurer d'avoir les ressources nécessaires pour le faire.
J'ai écouté attentivement mon collègue d'en face. Il parlait du programme de médicaments génériques. Je suis certain que, à l'époque où j'étais député provincial, le premier ministre Ghiz et le premier ministre Wall ont été chargés, à l'issue du Conseil de la fédération où se réunissent les premiers ministres, de rédiger un rapport sur le secteur de la santé qui présentait le plan en matière de médicaments génériques qui visait à rendre les médicaments plus abordables pour tous les Canadiens. Je ne crois pas que les premiers ministres Ghiz et Wall étaient des néo-démocrates.
Ces deux premiers ministres aux philosophies différentes se sont réunis. Ils ont présenté un rapport visant à permettre l'achat en gros de médicaments génériques moins chers dans l'intérêt de tous les Canadiens. On en profite encore aujourd'hui.
Il est avantageux de réunir des personnes de différentes allégeances politiques; cela permet de trouver des solutions. Je suis très heureux d'avoir pu participer au Conseil de la fédération. J'ai beaucoup appris du premier ministre Wall. La collaboration avec des partenaires est l'une des leçons que le gouvernement de la Saskatchewan a apprises. J'ai fait partie du gouvernement du Parti de la Saskatchewan. Le parti a été formé lorsque des libéraux et des conservateurs de la Saskatchewan se sont réunis pour faire en sorte que nous ayons un bon gouvernement.
J'aime travailler avec mes collègues d'en face pour trouver de bonnes idées, élaborer de bonnes politiques, établir de bons programmes et offrir un meilleur gouvernement à tous les Canadiens. Je crois que c'est la raison pour laquelle les gens nous ont élus à la Chambre.
Quand je pense à la motion, je pense à la diviser en deux parties. Je crois que tous les députés sont d'avis qu'il faut mettre en place des programmes qui donneront une meilleure qualité de vie aux membres les plus vulnérables de la société. Je pense que tous les députés en conviennent.
L'autre partie concerne l'aspect financier. Comment y arriver? Les conservateurs pensent qu'il nous faut plus d'argent et pas seulement le répartir différemment. Nous devons accroître les ressources économiques et veiller à disposer de plus d'argent et à ce que l'économie prospère pour que nous puissions offrir ces programmes à tous les Canadiens et améliorer leur qualité de vie.
J'estime que c'est un sujet dont nous devrons dorénavant discuter sérieusement ici. C'est sans doute ce que nous ferons lorsque le débat d'urgence aura commencé. Notre pays permet-il des projets? Dans la négative, nous devrons alors parler de ce que nous allons faire pour offrir des programmes. Cette discussion sera plus difficile. La somme à partager entre les programmes que nous voulons offrir aux électeurs serait beaucoup plus modeste.
Je crois que nous avons été élus pour faire avancer le pays, pour faire prospérer notre économie et pour veiller à ce que nos enfants et les prochaines générations bénéficient de plus d'avantages, aient plus de facilité à trouver d'excellents emplois et jouissent d'une meilleure qualité de vie que nous. Dorénavant, nous devrons discuter des moyens d'assurer la croissance économique. Nous devrons veiller à avoir de bonnes discussions à ce sujet pour nous assurer d'avoir de bons programmes pour les plus vulnérables de notre société et pour améliorer la qualité de vie des Canadiens.