Madame la Présidente, l'année dernière, les Québécois ont consommé 10,6 milliards de litres de pétrole. Il s'agit d'une hausse constante qui ne cesse depuis des années. De ces 10,6 milliards de litres de pétrole consommés au Québec, 62 % provenaient des États-Unis et 38 % provenaient du Canada.
Si certains trouvent drôle qu'on encourage ainsi les Américains de Donald Trump, nous, les conservateurs, estimons qu'on serait beaucoup mieux servis avec l'autosuffisance énergétique canadienne. Pour cela, il doit y avoir des projets. Cette semaine, le Canada a une fois de plus encaissé un contrecoup, sous le gouvernement des quatre dernières années.
L'entreprise Teck Resources travaillait depuis neuf ans sur un projet d'exploitation de pétrole, pour que le Canada arrête d'acheter du pétrole des États-Unis et qu'il soit autosuffisant. Ce projet aurait créé 10 000 emplois, soit 7 000 pour les besoins opérationnels et près de 3 000 pour la construction du projet minier. Les investissements nécessaires s'élevaient à 20 milliards de dollars et ils auraient été fructueux pour l'économie canadienne. On parle de 70 milliards de dollars en retombées économiques pour les différents paliers de gouvernement.
Malheureusement, ce projet est mort. Il est mort en raison de l'inertie du gouvernement. Ce dernier a tout fait pour mettre des bâtons dans les roues du projet.
Comme je l'ai dit, pendant neuf ans, les gens ont dépensé 1 milliard de dollars pour préparer le projet. Ils y croyaient. Ils ont rassemblé les meilleurs spécialistes du monde pour trouver les meilleures façons de produire le pétrole avec la plus faible consommation d'énergie et la meilleure empreinte environnementale qui soit. D'ailleurs, l'énergie albertaine a réduit de 33 % sa production de pollution au cours des dernières années.
Tout était prêt. En juillet dernier, le dossier, prêt à être adopté, a été déposé sur le bureau du premier ministre du Canada. Il s'agissait de la dernière étape à franchir. En neuf ans, toutes les étapes — provinciales, fédérales, régionales, environnementales et économiques — ont été franchies. Une des étapes les plus importantes franchies est d'avoir reçu l'appui des 14 Premières Nations directement touchées par le projet.
Le gouvernement actuel ne cesse de se gargariser de la réconciliation nationale. Au lieu d'assister à la construction de ponts, nous observons que des barricades sont dressées partout au Canada. La vraie réconciliation, c'est de travailler main dans la main sur des projets prospères, ce n'est pas de donner l'argent des gens.
Comme le disait Félix Leclerc, « la meilleure façon de tuer un homme, c'est de le payer à ne rien faire ». Malheureusement, les Premières Nations ont été victimes de cette approche misérable alors que ces projets leur permettaient de travailler main dans la main avec les non-Autochtones et d'être un partenaire entier de la prospérité.
En juillet dernier, le premier ministre avait sur son bureau le dossier de l'adoption potentielle d'un projet bon pour l'économie canadienne et pour tous les Canadiens. À la veille des élections, alors qu'il craignait peut-être les impacts politiques — pour ne pas le traiter de peureux —, le premier ministre a laissé traîner le dossier sur son bureau. La poussière s'est accumulée et les élections ont été déclenchées.
Au retour des élections, il se demandait quoi faire avec le projet. Il s'est demandé quels bâtons il pourrait mettre dans les roues du projet. Il en a trouvé deux. Alors que tout avait été fait selon les règles de l'art, le gouvernement libéral, qui voulait vraiment s'assurer que le projet n'est pas adopté, a inventé deux nouvelles demandes pour voir comment l'industrie allait réagir. Il a été surpris, puisque l'entreprise a coché les deux cases relatives à ces nouvelles demandes. Bref, tout était prêt.
Nous étions à quatre jours de l'échéance de l'adoption du projet. Toutefois, Teck Resources a constaté que le gouvernement a laissé des députés importants affirmer publiquement que le projet n'était pas bon. Des gens de Kingston et de la région de Montréal se sont publiquement prononcés contre le projet.
Chacun a droit à son opinion. Toutefois, on sait très bien que lorsque des députés se permettent de contredire brutalement le gouvernement, alors qu'il se dit en réflexion et que d'autres n'ont de cesse de dire qu'ils sont contre, le signal est envoyé qu'on ne veut rien savoir.
Ce n'est pas sans rappeler que l'on connait très bien des gens qui se sont prononcés contre le projet. Ce n'est pas sans rappeler que des élus de Kingston ont payé pour faire de la publicité contre ce projet. La compagnie de guerre lasse a décidé d'abandonner le projet. Contrairement à ce qui a été dit tantôt, je vais citer la phrase au complet. Dans la lettre signée par le président de Teck, on peut lire ceci:
[…] nous avons, comme d'autres joueurs de l'industrie, continué d'optimiser le projet pour confirmer davantage qu'il est commercialement viable.
Cela est contraire à tout ce que les gens de l'autre côté disent, comme quoi ils ont fermé boutique parce que le projet n'était pas rentable. Ce n'est pas vrai.
J'aimerais aussi signaler que le prix du pétrole est beau aujourd'hui. On sait très bien que cela ne fait que monter et descendre continuellement. C'est un projet de 30 ou 40 ans, pas un projet de 30 ou 40 jours. C'est cela, l'affaire.
De guerre lasse, après avoir dépensé 1 milliard de dollars, après avoir travaillé pendant 9 ans, après avoir préparé le travail pour 10 000 personnes, après avoir préparé des investissements de 20 milliards de dollars, après avoir préparé des retombées économiques pour les gouvernements de 70 milliards de dollars, après avoir réussi à travailler ensemble avec 14 Premières Nations, voilà que ce projet meurt.
Malheureusement, on ne peut pas être surpris avec ce gouvernement. Depuis que les libéraux sont en poste, ce sont 200 000 emplois dans le secteur énergétique qui ont été perdus. C'est comme si, demain matin, toutes les entreprises d'automobiles et toutes les entreprises d'aviation fermaient boutique au Canada. Ce serait la catastrophe nationale en Ontario et au Québec, à juste titre d'ailleurs. Depuis quatre ans, 200 000 emplois ont été perdus. Je tiens à tenir responsable ce gouvernement. Le chef de gouvernement dit sans rire:
Nous devons éliminer progressivement cette industrie.
La mise à mort de cette industrie n'est pas assez rapide. Les gens qui travaillent pour les pipelines représentent une menace pour la sécurité sociale là où ils vont. C'est ce que le premier ministre dit. Il n'y a rien de plus insultant que d'insulter les travailleurs canadiens. Ils ont dit qu'ils avaient hâte et que cela n'allait pas assez vite. Quel mépris envers ces travailleurs canadiens. Quel mépris pour cette industrie fondamentale pour notre pays. C'est le premier ministre du Canada qui agit comme cela, surtout pas pour le bien de tout le monde.
Le Financial Post aujourd'hui a écrit que c'est 150 milliards de dollars perdus en investissement depuis que ces gens-là sont au pouvoir. Pendant ce temps-là, la production aux États-Unis a plus que doublé depuis 12 ans, et ce, sous Barack Obama. Le grand ami du premier ministre, lui, n'a pas eu peur de développer tout le potentiel énergétique de son pays. Il a pris conscience qu'être autonome en matière d'énergie, c'est bon et qu'il n'y a pas de honte à produire du gaz de schiste ou du pétrole de schiste. Il s'agit de 670 000 puits de gaz de schiste et de pétrole de schiste produits aux États-Unis sous Barack Obama. J'ai hâte de voir les Québécois qui aiment tant Barack Obama prendre conscience de cette réalité. C'est cela, un chef d'État qui a à cœur l'économie de son pays, pas un chef d'État qui méprise son économie.
On entend parfois qu'on n’aime pas le pétrole au Québec. Puis-je rappeler qu'au Québec on a consommé 10 milliards de litres de pétrole l'année passée et que 62 % venaient des États-Unis? Dois-je rappeler qu'au Québec 400 entreprises sont directement touchées par ce projet qui vient d'être abandonné? Dois-je rappeler qu'au Québec 50 000 personnes travaillent dans l'industrie pétrochimique? Dois-je rappeler qu'au Québec on connaît cela, les pipelines? Ce n'est pas Jason Kenney qui a inventé cela, on en a depuis 1942.
Il y a 2 000 kilomètres de pipelines au Québec. On a fabriqué un pipeline de 248 kilomètres en 2012, entre Lévis et Montréal, qui traverse 26 cours d'eau et 630 terres agricoles. Cela marche tellement bien que personne ne le sait et personne n'en parle. C'est cela, la réalité du Québec. Il y a neuf pipelines sous le fleuve Saint-Laurent et, à ce que je sache, il n'y a pas un poisson avec un œil dans le front. Oui, cela se fait bien et correctement.
Le projet Frontier de Teck meurt aujourd'hui et ce n'est vraiment pas une belle journée pour le Canada ni pour le Québec.