Madame la Présidente, je vais profiter du moment pendant lequel j'ai la parole à la Chambre pour exprimer mon dégoût et ma profonde indignation envers l'autocollant qui a été produit par la pétrolière X-Site Energy Services. Cet autocollant montre explicitement une représentation de la jeune écologiste Greta Thunberg qui subit une agression sexuelle.
Ce geste dépasse toutes les bornes et cela mérite probablement une enquête. Il y a des limites à contester des gens avec lesquels on n'est pas d'accord. Cet autocollant est manifestement une incitation à l'agression et au viol d'une jeune fille. Je demande au gouvernement et à l'ensemble des parlementaires de la Chambre de dénoncer haut et fort de telles publications et de tels agissements.
Je veux revenir sur la motion que nous débattons. C'est un débat extrêmement important et je remercie mes collègues de l'opposition officielle d'avoir déposé cette motion. Cela nous rappelle ce à quoi les parlementaires servent ici en tant que représentants des citoyens et des citoyennes qui nous ont donné le mandat de venir à la Chambre pour parler, suggérer des choses, proposer des projets de loi et bâtir, comme le disait mon collègue de Terre-Neuve, une société plus juste et un monde meilleur.
Les libéraux nous ont dit ad nauseam en 2015 qu'ils voulaient faire de la politique autrement, qu'ils voulaient respecter le travail des députés, qu'ils voulaient respecter l'institution parlementaire qu'est la Chambre des communes.
Malheureusement, ce qu'on a vu est un gouvernement libéral qui a imposé plus de bâillons que les conservateurs de Stephen Harper. Encore une fois, pour les libéraux, c'est dire une chose et faire son contraire. Cette arrogance a une limite, et cette limite a été posée le 21 octobre dernier quand les Québécois et les Canadiens ont donné à l'ensemble des parlementaires le mandat de travailler ensemble pour faire avancer le pays.
Les libéraux se sont certes encore retrouvés au pouvoir — avec moins de votes que l'opposition officielle, rappelons-le —, et ils doivent maintenant travailler avec différents partis à la Chambre pour faire avancer des dossiers et trouver des solutions. Aujourd'hui et pour la deuxième fois depuis le début de la 43e législature, une leçon d'humilité est envoyée aux libéraux pour leur dire qu'il n'est pas possible de faire tout ce qu'ils veulent à la Chambre et qu'ils doivent respecter les parlementaires et l'institution.
Il faut savoir à quoi servent ces journées de l'opposition, qui donnent la parole et une voix à des partis politiques qui sont légitimement représentatifs de la volonté populaire et du mandat qu'ils ont reçu de leurs citoyens.
Les journées de l'opposition permettent de soumettre à la Chambre, ici au Parlement, des enjeux et des sujets dont parfois le gouvernement en place n'aimerait pas trop parler, mais qui sont importants pour les gens que nous représentons et pour les citoyens et les citoyennes d'un peu partout au pays. Cela fait avancer le débat parce que ce n'est pas juste le programme politique du gouvernement qui est toujours mis à l'ordre du jour et qui est toujours discuté. Cela crée une plus grande diversité, de même qu'une meilleure représentativité des préoccupations et des besoins des citoyens et des citoyennes de ce pays.
Je vais donner quelques exemples récents, et parfois plus anciens, de motions qui ont été déposées par le NPD et que je considère porter sur des enjeux cruciaux. Ce mois-ci, mon collègue de New Westminster—Burnaby a mis en avant l'idée qu'on devrait avoir des soins dentaires dans ce pays. Nous avons très bien expliqué à l'ensemble de la population comment nous pourrions le faire, et ce, sans que cela ne nous coûte rien de plus.
En effet, les libéraux ont encore concocté un genre de plan de baisse d'impôt qui profite principalement aux personnes les plus riches et les plus fortunées de notre société. Une baisse d'impôt qui, pour les plus démunis ou les travailleurs à faible revenu, représente des miettes.
Or le maximum possible qu'on peut aller chercher par année est un rabais de 600 $. C'est ce que prévoit ce plan. Ceux qui auront accès à ce cadeau de 600$ sont les gens qui gagnent plus de 143 000 $ par année. Je ne pense pas que ce soit exactement ceux qui en ont le plus besoin, alors qu'il y a des gens qui vivent dans la pauvreté et qui ont de la misère à joindre les deux bouts.
Au NPD, nous disons que tous ceux qui gagnent plus de 90 000 $ par année ne devraient plus avoir accès à des baisses d'impôt au-delà de ce seuil.
Prenons tout cet argent que nous allons économiser et investissons-le dans un nouveau service public, un nouveau programme social qui permettrait à tout le monde de recevoir des soins dentaires. En mettant en place la mesure fiscale proposée par le NPD, on économiserait à peu près 1,6 milliard de dollars, ce qui permettrait de donner des soins à 4,3 millions de Canadiens et de Canadiennes qui, bien souvent, n'osent même pas aller chez le dentiste parce qu'ils n'ont pas l'argent pour payer ses services.
C'est le genre de préoccupation qu'un parti d'opposition peut soulever ici pour forcer un débat et voir quelles positions le gouvernement et les autres partis vont prendre. Les jours de l'opposition servent à cela. Je suis content que l'on puisse débattre la nécessité d'en avoir davantage à la Chambre, pour soulever davantage de points de vue et de préoccupations qui ne sont pas nécessairement prioritaires pour le gouvernement en place.
Au mois de juin dernier, à la fin de la 42e législature, un de mes collègues de la Colombie-Britannique a présenté une motion pour parler du fait que les Québécois et les Canadiens sont ceux qui, dans le monde et au sein de l'OCDE, paient le plus cher leurs services de télécommunication cellulaire.
Au NPD, nous avons proposé des mécanismes qui visaient à permettre aux gens d'économiser et d'avoir accès à des services Internet et à des services de téléphonie cellulaire abordables. C'était vraiment pour leur faire économiser de l'argent, parce que les profits des grandes compagnies de télécommunications canadiennes sont absolument indécents.
Évidemment, ces questions ne sont pas toujours celles dont veut parler le gouvernement en place, mais nous, dans l'opposition, sommes capables de soulever ces préoccupations, de provoquer un débat, et d'obliger tout le monde à prendre position et à voter, puis à rendre des comptes aux citoyens et aux citoyennes et à leur expliquer pourquoi ils ont accepté ou refusé telle ou telle proposition.
C'est pour cela que je pense que la motion déposée aujourd'hui par l'opposition officielle est tellement intéressante: elle nous permet de donner tous ces exemples.
Le chef du NPD, le député de Burnaby-Sud, a déposé au mois de mai dernier une motion qui était une déclaration sur l'urgence climatique. Voilà bien un sujet sur lequel on doit constamment revenir et rappeler à l'ordre le gouvernement libéral, lequel est incapable d'atteindre les cibles qu'avait fixées le précédent gouvernement conservateur. Pourtant, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat nous dit, preuves scientifiques à l'appui, qu'il nous reste 10 ans pour renverser la vapeur, pour agir et pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de façon drastique.
Malheureusement, non seulement ne va-t-on pas atteindre les cibles des conservateurs, mais année après année, on s'en éloigne. Selon les rapports des divers commissaires à l'environnement et au développement durable. En 2018, on allait rater les cibles de 66 mégatonnes. En 2019, on nous apprend qu'on va rater les cibles de 79 mégatonnes. D'un côté, le gouvernement libéral s'est traîné les pieds pendant trois ans et demi avant de fixer un prix sur la pollution, ce qui n'a donc eu aucun effet jusqu'à présent.
De l'autre côté, le gouvernement libéral a acheté le pipeline Trans Mountain avec l'argent des contribuables. Ce projet n'a aucun sens du point de vue environnemental, pas plus que du point de vue économique et financier. On le voit déjà aujourd'hui avec l'explosion des coûts de ce pipeline. Cela nous a coûté 4,5 milliards de dollars juste pour acheter le vieux tuyau de 65 ans. Cela devait nous coûter 7,4 milliards de dollars pour construire un nouveau tuyau à côté, mais ce montant est désormais de 12 milliards de dollars.
Le gouvernement libéral est incapable de dire jusqu'où tout cela va aller. Y a-t-il une foutue limite à partir de laquelle on va arrêter de gaspiller notre argent et d'investir dans quelque chose qui n'a pas d'avenir? Il s'agit non seulement d'une source énergétique dépassée, mais aussi du premier pétrole qu'abandonneront l'ensemble des marchés dans le monde.
Pour aider les provinces de l'ouest comme l'Alberta à assurer une transition énergétique juste, dans le respect des travailleurs et des travailleuses, on pourrait prendre cet argent et l'investir massivement dans les énergies renouvelables. L'Alberta a un potentiel incroyable d'énergie solaire et éolienne qui n'est pas encore exploité. Tournons-nous vers ces ressources énergétiques pour être capables d'effectuer cette transition.
Voilà à quoi servent ces motions de l'opposition et voilà pourquoi il est pertinent d'en avoir davantage.