Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de New Westminster—Burnaby.
Aujourd'hui, nous débattons d'une motion du NPD qui porte sur quelque chose que nous réclamons depuis bien longtemps, soit que le gouvernement prenne des mesures pour offrir aux Canadiens un régime d'assurance-médicaments universel, complet et à payeur unique.
Il s'agit d'un rêve que les néo-démocrates caressent depuis longtemps. D'ailleurs, il y a 53 ans, Tommy Douglas nous a offert le régime d'assurance-maladie. Aux yeux des Canadiens, l'une des plus grandes sources de fierté de l'histoire de notre pays, c'est que les Canadiens puissent consulter des médecins et recevoir les services médicaux dont ils ont besoin. La situation est différente au sud de la frontière, où les gens aux États-Unis n'ont littéralement pas accès aux soins médicaux dont ils ont besoin; des gens meurent à cause de cela. Nous faisons l'envie du monde entier. Pour parachever le rêve de Tommy Douglas, la Fédération du commonwealth coopératif et le Nouveau Parti démocratique ont toujours eu comme vision de mettre sur pied un régime d'assurance-médicaments universel, complet et à payeur unique.
Nous savons que les libéraux disent depuis très longtemps qu’ils appuient cette idée. Pour être plus précis, ils le disent depuis 23 ans. Nous avons maintenant un gouvernement minoritaire, alors espérons — et je l’espère de tout cœur — que nous pourrons mettre en œuvre un régime d’assurance–médicaments universel, complet et à payeur unique au cours de la présente législature. C’est l’objectif de notre motion. C’est ce que nous souhaitons voir, et je suis convaincu que c’est ce que souhaitent les Canadiens.
En fait, le rapport Hoskins est issu du processus de consultation du gouvernement avec son propre conseil, et contient 60 recommandations sans équivoque qui dressent un plan concis afin d’atteindre cet objectif. Le rapport souligne un certain nombre de points qui méritent l’attention de la Chambre.
À titre d’information, quelque 7,5 millions de Canadiens n’ont pas d’assurance-médicaments adéquate. Cela veut dire qu’environ 7,5 millions de Canadiens ne peuvent pas se procurer les médicaments dont ils ont besoin. Seize pour cent de la population du Canada se passe de médicaments pour des maladies cardiaques, pour le cholestérol ou pour l’hypertension en raison du coût de ces médicaments.
Le montant des dépenses non remboursables au titre de médicaments sur ordonnance au Canada s’établissait à 7,6 milliards de dollars en 2016. C'est beaucoup d’argent qui sort de la poche des Canadiens ordinaires, de l’argent qu’ils pourraient utiliser autrement pour subvenir aux besoins de leur famille s’il y avait un régime universel d’assurance–médicaments. Le gouvernement dit constamment qu'il veut soutenir la classe moyenne; la mise en œuvre d’un régime d'assurance-médicaments universel bénéficierait à chaque Canadien, y compris à ceux de la classe moyenne.
Les personnes qui sont peut-être les plus pénalisées en raison de leur incapacité à accéder à un régime d’assurance-médicaments sont les femmes. Un moins grand nombre de femmes que d’hommes ont accès à un régime de soins de santé de leur employeur. Les femmes sont plus susceptibles de déclarer qu’elles ne prennent pas leurs médicaments sur ordonnance en raison des coûts; non pas parce qu’elles ne veulent pas les prendre, mais parce qu’elles n’en ont pas les moyens.
Les coûts liés au non-respect de l'ordonnance constituent un problème courant dans la communauté autochtone également, et il arrive souvent que les personnes de 18 à 44 ans, les personnes les moins en santé et les personnes à faible revenu ne puissent avoir accès aux médicaments dont elles ont besoin parce qu'elles n'en ont pas les moyens.
Pour moi, il ne fait aucun doute que le moment est venu d’agir. Je sais que certains députés diront que nous ne pouvons pas aller de l’avant parce que les provinces et les territoires ne sont pas d’accord et qu'ils ont notamment exprimé la nécessité pour le gouvernement de maintenir les paiements de transfert en santé. Si les libéraux veulent véritablement faire quelque chose à ce sujet et s’assurer que les négociations avec les provinces et les territoires se déroulent bien, ils devraient veiller à ce que les paiements de transfert en santé aient lieu.
Au lieu de maintenir les réductions des paiements de transfert en santé adoptées par le Parti conservateur à l’époque de M. Harper, le gouvernement pourrait plutôt dire: « Non, nous n’allons pas emprunter cette voie. Nous n’allons pas faire la même chose que le gouvernement conservateur de Harper. En fait, nous allons respecter toutes nos exigences et assumer nos responsabilités en ce qui concerne les paiements de transfert pour les soins de santé ». Ainsi, je suis certaine que les provinces et les territoires viendront s’asseoir à la table et négocieront de bonne foi avec le gouvernement canadien afin de mettre en place un régime d’assurance-médicaments universel et exhaustif à payeur unique.
Je vais partager une anecdote avec les députés.
Pendant la dernière campagne, comme tous les autres députés à la Chambre, j’ai fait du porte-à-porte. Ce que m’a raconté un électeur me choque encore aujourd’hui. Il s’agit d’un homme âgé qui vient de prendre sa retraite. Il a travaillé dur toute sa vie et a payé ses impôts et toutes ces choses. En vieillissant, il est tombé malade. Il a un certain nombre de problèmes de santé compliqués. Ses médicaments lui coûtent environ 1 000 $ par mois. C’est beaucoup d'argent pour une personne âgée disposant d’un revenu fixe.
Il m’a confié avoir quelques économies et pouvoir payer ses médicaments pour les prochains mois. Cependant, de toute évidence, il va épuiser ses économies. Que fera-t-il alors? Je pense qu’il m’a dit qu’il épuisera ses économies d’ici l’été. Il était très inquiet de ce qui allait arriver alors, étant donné qu’il ne pourra pas se procurer les médicaments essentiels dont il a besoin. Il m’a dit: « Vous devez vous battre pour la création d'un régime universel d’assurance-médicaments, non seulement pour moi, mais pour mes amis et les autres personnes se trouvant dans la même situation que moi ».
J’en ai pris bonne note. Aujourd’hui, nous en débattons. Je demande au gouvernement d’appuyer cette motion, d’aller de l’avant pour finalement la concrétiser. Fini les excuses. Fini les retards. Il faut arrêter de dire que nous ne pouvons pas faire ceci et que nous ne pouvons pas faire cela. Il faut arrêter de dire que nous soutenons un tel régime pour, des décennies plus tard, en parler encore. Je ne veux pas revenir à la Chambre des communes pour participer à nouveau à ce débat. Tout comme les Canadiens, je veux que ce régime soit mis en place.
Ce régime sauvera des vies. Nous le savons. Plus important encore, ou au moins tout aussi important pour ceux qui se soucient de l’aspect financier, ce régime permettra également de réaliser des économies. Combien de fois avons-nous l'occasion de faire une telle chose? Nous pouvons avoir le beurre et l’argent du beurre. Voilà le type de régime dont nous parlons. Le gouvernement est en situation minoritaire. Ce régime peut devenir une réalité. Et si nous réalisions ce rêve? Et si nous mettions un terme à cette notion selon laquelle le Canada est le seul pays au monde doté d’un régime d’assurance-maladie universel sans avoir également de régime d’assurance-médicaments? Et si nous réglions la question une fois pour toutes en adoptant un régime universel d’assurance-médicaments?
Le gouvernement affirme qu'il compte agir, mais je ne me contente plus de paroles désormais. Je veux qu'une mesure concrète à cet égard soit prévue dans le budget. Je veux que le gouvernement prévoie des ressources dans le budget de 2020 pour régler cette question.
Le rapport Hoskins renferme 60 recommandations. Je l'ai lu page par page hier soir afin d'en saisir la pleine portée. Le rapport énonce clairement les étapes à suivre pour mettre en œuvre le régime et indique comment les économies seront réalisées. Le gouvernement ne peut donc pas prétexter qu'il n'a pas de plan. Le gouvernement a confié un mandat au Dr Hoskins et à son équipe pour guider son propre travail, et c'est ce qu'ils ont fait. Ils ont expliqué en détail, étape par étape, comment procéder. Le gouvernement n'a donc plus d'excuses.
L'habitant de ma circonscription que j'ai rencontré durant la campagne a désespérément besoin que le gouvernement passe à l'action. Les gens dans nos collectivités ont désespérément besoin que le gouvernement passe à l'action. Pour les députés, et en particulier les libéraux, c'est le moment de faire changer les choses et de concrétiser pleinement l'héritage que nous a légué Tommy Douglas en mettant en œuvre un régime universel de soins de santé et d'assurance-médicaments.