Monsieur le Président, je suis heureuse d'intervenir aujourd'hui au sujet du projet de loi C-15, Loi concernant la prestation canadienne d’urgence pour étudiants, et de partager mon temps de parole avec mon collègue le député de Timmins—Baie James.
Hier, c'était le Jour de deuil national, une occasion d'honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie ou qui ont été blessés à la suite d'un accident sur leur lieu de travail. C'était aussi l'occasion de réaffirmer collectivement notre détermination à créer des milieux de travail sûrs et sains et à prévenir les blessures, les maladies et les décès au travail. La crise de la COVID-19 représente une situation sans précédent pour de nombreux travailleurs canadiens, y compris les travailleurs de première ligne, qui sont souvent des femmes, des personnes marginalisées et des jeunes.
Selon les plus récentes données de l'Association des commissions des accidents du travail du Canada, il y a eu 1 027 accidents de travail mortels au pays en 2018. Parmi les victimes, 27 étaient âgées de 15 à 24 ans. Outre ces décès, il y a eu 264 000 réclamations pour heures de travail perdues en raison d'une blessure ou d'une maladie professionnelle. Ces chiffres incluent 33 000 réclamations provenant de jeunes travailleurs âgés de 15 à 24 ans. La triste réalité, c'est que ces chiffres ne représentent que ce qui a été signalé et accepté par les commissions des accidents du travail. Il ne fait aucun doute que le nombre total de travailleurs touchés est beaucoup plus grand et que, dans la nouvelle réalité liée à la COVID-19, ce nombre va grimper en flèche.
Le gouvernement se doit de protéger les travailleurs de première ligne et les travailleurs essentiels, de veiller à ce qu'il y ait des mesures de protection et des lois pour assurer la sécurité de tous les travailleurs et pour que ces derniers puissent rentrer chez eux indemnes après leur quart de travail. Cela s'applique encore plus aux jeunes travailleurs, qui, souvent, ont moins d'expérience et savent moins bien se défendre contre leur employeur. Ils ont besoin de pouvoir s'appuyer sur des lois solides.
À l'heure actuelle, il y a bien des jeunes qui ne peuvent se trouver un emploi ou ont été mis à pied à cause du coronavirus. Les néo-démocrates sont contents que le gouvernement s'occupe enfin d'aider les jeunes travailleurs et les étudiants. Cela dit, cette aide a beaucoup trop tardé à venir, et les étudiants n'ont pas demandé un autre système compliqué.
Les néo-démocrates demandent aux libéraux d'éliminer les restrictions et d'appliquer le programme de manière universelle depuis le lancement de la Prestation canadienne d'urgence. Nous leur demandons, encore une fois, d'étendre cette prestation aux étudiants, car la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants dont nous débattons aujourd'hui laissera encore de nombreux étudiants pour compte, dont les étudiants étrangers.
Semaine après semaine, les néo-démocrates reviennent au Parlement pour les gens que l'intervention du gouvernement en réponse à la COVID-19 laisse pour compte. C'est grâce à nos efforts si la Chambre a été convoquée de nouveau pour colmater les failles créées par le gouvernement. Les néo-démocrates ont réclamé une augmentation des prestations d'urgence et ont obtenu gain de cause. Grâce à nous, la subvention salariale est passée de 10 % à 75 %. Grâce à nous, les petites entreprises bénéficient d'une aide pour leur loyer. Maintenant, nous débattons d'un projet de loi pour aider les étudiants.
Dans la motion d'aujourd'hui, pour laquelle le gouvernement a demandé le consentement unanime, ce dernier admet qu'il faut offrir une aide supplémentaire aux étudiants ayant des enfants à charge, aux aînés et aux personnes handicapées. J'ose croire que, parmi les ministériels, il y a des députés qui se disent: « Ne serait-il pas plus simple et plus juste de rendre l'aide universelle plutôt que de créer une mosaïque de programmes? » Je sais que les citoyens de ma circonscription sont nombreux à avoir du mal à s'y retrouver dans ces programmes qui changent de jour en jour. Ils ont simplement besoin de savoir que le gouvernement les appuie.
La création de la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, un nouveau programme distinct de la Prestation canadienne d'urgence, pénalise ces derniers. J'ai du mal à comprendre pourquoi le gouvernement a décidé que quelqu'un qui a gagné plus d'argent avant la COVID-19 peut demander la Prestation canadienne d'urgence et obtenir 2 000 $, mais qu'un étudiant qui a gagné moins et qui n'est pas admissible à la Prestation canadienne d'urgence obtiendra 40 % de moins. Que l'on soit ou non inscrit dans un établissement d'enseignement supérieur, le coût du loyer ou des factures et services reste le même.
Le gouvernement a déclaré que les étudiants recevront moins d'argent au titre de la prestation qui leur est destinée qu'au titre de la Prestation canadienne d'urgence parce qu'ils bénéficieront d'autres subventions. Or, ce n'est qu'à la fin de l'été qu'ils toucheront ces subventions. En attendant, le gouvernement a élargi les programmes de prêts afin que les étudiants puissent s'endetter auprès de lui plutôt qu'auprès des banques et des sociétés de cartes de crédit. On me traitera peut-être de folle, mais ne serait-il pas plus utile pour les étudiants de ne pas avoir à s'endetter en premier lieu?
Aujourd'hui, l'étudiant moyen endetté doit 27 000 $ à la fin de ses études de premier cycle. À cause des intérêts, un étudiant qui doit emprunter pour payer ses études finira par payer plus de 10 000 $ de plus qu'un étudiant qui est en mesure d'obtenir son diplôme sans s'endetter. Ce n'est pas juste, et c'est une injustice synonyme d'échec chez les jeunes.
Je dois reconnaître que le gouvernement a proposé dès le début de renoncer aux taux d'intérêt sur les prêts étudiants pendant six mois. Je suis préoccupée par le fait que les étudiants s'endettent davantage auprès du gouvernement. En absence de soutien, à quoi ressembleront les finances des étudiants après cette pandémie? Avant la pandémie de COVID, il était prévu que le gouvernement engrange 1 milliard de dollars grâce aux intérêts sur les prêts étudiants cette année. Nous devons maintenant nous poser la question suivante: combien le gouvernement va-t-il engranger maintenant qu'un plus grand nombre d'étudiants s'endettent encore davantage? L'avenir des étudiants est-il le genre de choses dont le gouvernement veut tirer profit?
Le gouvernement devrait annuler tous les intérêts sur les prêts étudiants, car il ne devrait jamais faire de l'argent aux dépens des étudiants. Beaucoup de gens communiquent avec mon bureau pour me dire à quel point ils sont inquiets, car ils ne sont pas admissibles à la prestation d'urgence dont ils ont désespérément besoin. Beaucoup de femmes n'ont pas gagné le revenu minimal de 5 000 $ nécessaire pour toucher la prestation et le gouvernement ne reconnaît pas le travail non rémunéré que beaucoup d'entre elles assument.
Plus que jamais, les femmes doivent trouver des moyens de concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales, car la maison est devenue leur lieu de travail. Les écoles et les services de garderie sont fermés et les services sont de plus en plus surchargés. Une mère qui reçoit la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants s'est fait dire initialement par le gouvernement qu'elle devait simplement justifier ses obligations familiales et faire d'autres pirouettes pour mériter une aide inférieure à celle offerte par la Prestation canadienne d'urgence.
Voilà pourquoi les néo-démocrates insistent pour combler l'écart de 250 $. Le fait de verser plus d'argent cet été à certains étudiants plus vulnérables représente une victoire considérable. De plus, nous sommes fiers d'exhorter le gouvernement à promettre sans tarder des mesures pour améliorer l'aide aux aînés et aux personnes handicapées que la COVID-19 oblige à engager des dépenses extraordinaires.
Malgré cette victoire, il reste des failles dans le système. Par exemple, une femme qui ne reçoit plus de pension alimentaire parce que son ancien conjoint a perdu son revenu à cause de la pandémie n'est pas admissible à la PCU. Elle perd sa principale source de revenus, et le gouvernement refuse de l'aider. C'est injuste. C'est sans compter les innombrables femmes qui se voient refuser les prestations d'urgence parce qu'elles sont enceintes et qui sont obligées de présenter leur demande de congé de maternité plus tôt. Voilà un autre problème qu'on aurait pu éviter si le gouvernement avait rendu cette prestation d'urgence universelle.
Quelques bonnes mesures ont été annoncées dans le cadre du programme que les libéraux ont proposé. Les néo-démocrates accueillent favorablement la proposition du gouvernement de doubler le montant des bourses offertes aux étudiants. Les néo-démocrates réclament cette mesure depuis plus d'une dizaine d'années. Nous aimerions que cette hausse devienne permanente. Le gouvernement doit mettre de côté les prêts et offrir plus de bourses. L'accès à une aide financière pour les études postsecondaires ne devrait pas condamner à l'endettement.
Un système d'éducation public accessible offre d'excellentes perspectives à tous les groupes de la société. Il peut transformer des vies et ouvrir de nouveaux horizons pour les gens de tous les milieux. Il fait de l'éducation un don précieux que nous pouvons offrir à nos concitoyens, à nos enfants et à la prochaine génération. Or, de façon générale, les étudiants ont vu les droits de scolarité augmenter partout au pays, et ils doivent payer 4 % de plus cette année seulement.
Pour les néo-démocrates, l'accès à l'éducation ne devrait jamais dépendre du salaire de ses parents ou des dettes que l'on a. Si une personne a obtenu les notes nécessaires et qu'elle est déterminée à bien étudier, elle devrait pouvoir faire les études de son choix, peu importe son âge et l'endroit où elle vit. Le gouvernement doit collaborer avec les provinces pour s'attaquer à la hausse des frais de scolarité.
Les néo-démocrates font aussi écho à l'appel de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et du Syndicat canadien de la fonction publique, qui demandent l'adoption d'une loi sur l'éducation postsecondaire. Le gouvernement doit établir des critères et des conditions pour encadrer le financement des programmes d'éducation postsecondaire et ainsi en assurer la qualité, l'accessibilité, la gestion publique et la transparence.
En ce qui concerne la hausse des coûts pour les étudiants, je dois exprimer ma grande déception envers le gouvernement qui a complètement laissé tomber les étudiants étrangers. Il ne prévoit aucune aide pour eux. Pourtant, la contribution des étudiants étrangers au PIB du Canada s'est élevée à 21,6 milliards de dollars l'an dernier. Ils sont des membres importants de nos collectivités et ils participent aux activités de recherche et d'innovation au Canada. Le gouvernement ne peut pas et ne devrait pas laisser tomber les étudiants étrangers.
Malheureusement, même avant la COVID-19, beaucoup trop de gens n'avaient pas accès à l'éducation postsecondaire. Des personnes sont obligées d'abandonner leurs rêves parce qu'elles n'ont pas les moyens de payer les frais de scolarité qui montent en flèche, parce qu'elles n'arrivent pas à trouver de travail et parce que l'aide gouvernementale est insuffisante.
Les néo-démocrates sont résolus à corriger ces inégalités. Nous continuerons d'exercer des pressions pour rendre la Prestation canadienne d'urgence universelle afin que les aînés, les personnes handicapées, les mères, les étudiants, les travailleurs et tous les gens qui continuent d'être laissés pour compte reçoivent l'aide dont ils ont besoin. Les néo-démocrates continueront de réclamer l'élimination des frais de scolarité et l'adoption d'une loi nationale sur l'éducation postsecondaire. Nous continuerons également à réclamer que les montants consentis dans le cadre du Programme canadien de bourses aux étudiants soient doublés de façon permanente. Nous poursuivrons nos efforts pour éliminer les obstacles auxquels trop de Canadiens se heurtaient avant l'éclosion de la COVID-19 afin qu'ils n'aient plus à y faire face lorsqu'elle aura été éradiquée.