Madame la Présidente, le whip de mon parti a donné un bien meilleur discours que celui que je m'apprête à faire. Au nom des résidants de Central Okanagan—Similkameen—Nicola, j'ai l'honneur de prendre la parole après la classe de maître donnée par le député de Thornhill.
On n'a pas vu une année comme celle-ci depuis au moins 100 ans. Un virus mortel qui a changé la vie de tout le monde nous a forcés à suspendre bon nombre de nos activités économiques. Hier, le nombre de morts attribuables à la COVID-19 à l'échelle mondiale est passé à un million de personnes. Même si on a repris certaines activités, tant que cette crise ne sera pas résolue, le retour à la normale sera impossible.
En raison des effets sans précédent sur l'emploi et l'économie, le gouvernement a mis en œuvre le plus important programme d'aide sociale jamais créé, la Prestation canadienne d'urgence. Étant donné que le système en place pour assurer la relance n'était tout simplement pas en mesure de répondre adéquatement au grand nombre de demandes et que des millions de Canadiens n'étaient même pas admissibles à l'assurance-emploi, tous les partis ont uni leurs efforts pour appuyer ce programme.
Alors que nous débattons maintenant des prochaines mesures d'aide qui seront offertes pendant la pandémie de COVID-19, je tiens à dire clairement que nous n'allons pas empêcher les Canadiens d'obtenir les prestations dont ils ont besoin. Bon nombre de secteurs de l'économie sont encore paralysés par la pandémie, et la relance risque de ne pas arriver de sitôt.
Il faut un soutien pour ces personnes qui ont perdu leur emploi à cause de la pandémie. Cependant, la façon dont le gouvernement a géré cet avantage est une honte.
Le premier ministre a prorogé le Parlement pour éviter qu'on fasse la lumière sur le scandale de l'organisme UNIS. Nous le savons tous. Le jour qui a suivi la prorogation, le gouvernement a annoncé ces prestations, dont certaines nécessitent un projet de loi. Au lieu de passer le mois dernier à débattre de ces prestations et à adopter ces mesures, le premier ministre a fermé le Parlement. Maintenant que la PCU a pris fin et que plusieurs Canadiens ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi, le gouvernement fait de la politique sur le dos de la population.
Ils viennent nous voir et nous disent que l'on devrait tout adopter d'un seul coup, sans aucun débat, sinon les gens n'obtiendront pas de soutien.
Nous aurions pu en débattre il y a trois semaines, et cela aurait pu faire l'objet d'un examen parlementaire adéquat. Le gouvernement devient beaucoup trop dédaigneux de la Chambre.
Au début de la crise, nous avons tous compris l'urgence qu'il y avait à adopter rapidement les projets de loi, mais maintenant, le gouvernement s'imagine que tous les projets de loi seront adoptés de cette façon. Pourquoi tenir de véritables débats quand le gouvernement peut adopter tout ce qu'il souhaite sans attendre tout en traitant l'opposition d'insensible quand elle ne cherche qu'à effectuer le strict minimum en matière d'examen?
Le gouvernement cherche à museler le Parlement et à faire de la Chambre une assemblée de béni-oui-oui.
C'est inacceptable, et cela ne peut pas continuer.
Nous voulions étudier ce projet de loi pendant la fin de semaine, mais le gouvernement a refusé: il préfère le faire adopter le lundi sans aucun débat. Les Canadiens méritent mieux. Ils s'attendent à mieux de la part du gouvernement. Je ferai mon travail pour les gens de ma circonscription et j'assumerai la responsabilité sacrée qui m'a été confiée.
Le Parlement n'est pas une nuisance contrariante pour le gouvernement, qui croit en savoir plus que tout le monde. Il est la manifestation de la volonté démocratique, la volonté de la population canadienne, et non de celle des employés non élus du Cabinet du premier ministre.
À ceux qui se demandent pourquoi les débats et les examens ont une telle importance, je donnerai un très bon exemple. Lorsque le gouvernement a proposé la PCU la première fois, les gens perdaient toute la prestation s'ils gagnaient un seul dollar. Très souvent, les gens étaient obligés de faire des choix difficiles pour obtenir la PCU ou de refuser les clients qui permettaient à leur entreprise de rester ouverte mais sans qu'ils arrivent à payer le loyer ou l'épicerie.
L'opposition a soulevé ce point, mais la réponse du gouvernement libéral s'est fait attendre. Il a fixé un seuil de 1 000 $. C'était certainement une amélioration, mais des problèmes majeurs subsistaient. Tout au long du printemps et de l'été, nous, de l'opposition, avons souligné à maintes reprises que ce seuil découragerait les travailleurs d'accepter des quarts de travail supplémentaires. S'ils le faisaient, leur revenu dépassait le seuil de 1 000 $ et ils perdaient la totalité de la prestation. Nous avons proposé d'offrir une prime de retour au travail. Ainsi, la PCU aurait été progressivement réduite de façon à ce qu'il soit toujours plus payant de travailler. Nous en avons fait la proposition, mais le gouvernement n'en a pas tenu compte.
Le ministre a même dit que la dissuasion au travail, la PCU, constituait un problème. C'était au début de l'été et le gouvernement avait des options. Qu'a-t-il fait?
Le gouvernement a refusé de modifier le programme et a simplement accepté les problèmes de la PCU jusqu'à présent, cet automne, où il se décide enfin à apporter la modification. Peut-être que les libéraux agissaient ainsi par entêtement ou par paresse, qu'ils refusaient d'admettre que l'opposition avait raison ou qu'ils s'en fichaient. Si nous avions eu l'occasion de débattre des projets de loi et de les étudier en comité, nous en aurions cerné les lacunes et proposé des améliorations.
Cet été, le gouvernement a présenté un autre projet de loi concernant un paiement unique destiné aux personnes handicapées. Je signale que ce paiement n'a pas encore été versé. Lorsque le gouvernement a proposé le paiement, celui-ci ne visait initialement que les prestataires du crédit d'impôt pour personnes handicapées. Beaucoup de gens ont souligné que ce critère était beaucoup trop pointu et que le paiement devrait être versé aux bénéficiaires de prestations d’invalidité du Régime de pensions du Canada ainsi qu'aux anciens combattants qui reçoivent une prestation d'invalidité.
Beaucoup de députés de l'opposition, moi y compris, étaient prêts à débattre du projet de loi et à travailler pour l'améliorer. Le gouvernement a cependant refusé de tenir un débat et a exigé de faire adopter le projet de loi immédiatement ou pas du tout. Notre chef d'alors, le député de Regina—Qu'Appelle, a proposé d'en débattre pleinement, ce à quoi le gouvernement a répondu non. Par conséquent, aucune amélioration n'a pu être apportée.
C'est peu de temps après que le gouvernement a présenté un nouveau projet de loi qui apportait ces changements. Cependant, le but de cette assemblée est d'améliorer les projets de loi ou de les rejeter s'il s'agit de mauvaises idées.
Plutôt que de collaborer avec les autres partis, le gouvernement libéral a choisi un processus beaucoup plus long pour adopter un projet de loi visant à créer un programme de soutien pour les personnes handicapées, du soutien qui, comme je l'ai dit, ne s'est pas encore concrétisé.
Nous avons tous un rôle à jouer à la Chambre des communes. J'ai été élu par les électeurs de ma circonscription au même titre que le député de Papineau a été élu par les siens. Il devrait se le rappeler. Pourquoi ces prestations sont-elles nécessaires? La hausse des cas dans l'ensemble du pays nous rappelle constamment que la pandémie représente un réel danger pour notre santé et notre économie.
J'ai entendu des travailleurs dire qu'ils ne savent vraiment pas quand ils retrouveront leur emploi. Des pans d'activités entiers du secteur de l'accueil, des services alimentaires et du secteur du divertissement pourraient être fermés pendant longtemps. Les personnes touchées par ces pertes d'emploi n'ont rien fait de mal, elles sont victimes d'un terrible virus et elles ont besoin de soutien.
Je pense aux parents qui ne sont pas en mesure de travailler parce qu'ils ont des enfants qui ont des problèmes de santé et qui ne peuvent pas retourner à l'école en toute sécurité. Je pense aux gens qui développent des symptômes et qui, dans l'attente de leurs résultats, ne peuvent pas travailler pendant une semaine même s'ils le veulent.
Selon les données comparant la récession actuelle à la précédente, il y a autant de gens qui cherchent du travail maintenant qu'auparavant, et ce, en dépit des nouveaux programmes d'aide. Nous savons que les Canadiens veulent travailler. Toutefois, beaucoup d'entre eux ne le peuvent pas. C'est pour cette raison que nous ne faisons pas obstacle à ces programmes. Le système actuel n'a tout simplement pas été conçu pour ce genre de situation. Le régime d'assurance-emploi du Canada repose sur un vieux modèle désuet des années 1970.
Lors d'une séance d'information organisée l'année passée, des représentants des services informatiques du gouvernement m'ont dit qu'il faudrait une décennie pour corriger le système. Beaucoup de gens n'ont jamais cotisé à l'assurance-emploi, notamment les travailleurs autonomes ou ceux qui vivent de petits boulots.
Cependant, en période de crise, ces personnes ont besoin de soutien. Les effets de la pandémie sur les emplois des cols blancs se sont presque entièrement résorbés. Ce sont les travailleurs qui ont des emplois moins bien rémunérés qui subissent encore les plus importantes pertes d'emploi.
Des secteurs tels que ceux de l'hébergement et de la restauration tournent au ralenti, comme d'ailleurs d'autres secteurs où travaillent surtout des employés peu rémunérés. Selon Statistique Canada, le chômage est beaucoup plus élevé que la moyenne chez les Canadiens racisés. Ce sont les plus défavorisés qui portent le plus lourd fardeau et ils ont besoin d'aide.
Je comprends la nécessité de nouvelles prestations pour ceux qui en ont besoin, mais le gouvernement doit cesser ses manœuvres politiques. Le jeu des libéraux est clair comme de l'eau de roche. Ils ont prorogé le Parlement et ils ont attendu jusqu'à la dernière minute avant de présenter ce projet de loi et, maintenant, ils s'écrient que si nous ne l'adoptons pas d'un seul coup aujourd'hui, des gens n'auront plus accès aux mesures de soutien.
Nous aurions pu adopter le projet de loi le mois dernier. Le gouvernement a plutôt choisi de nous manipuler avec les prestations et de crier au scandale lorsque l'opposition ose demander que le Parlement joue le rôle d'assemblée délibérante qui est le sien. Dans l'esprit des libéraux, le Parlement est au mieux un inconvénient. Ils savent ce qui est mieux pour tout le monde et ils l'imposeront quoi qu'en dise le Parlement.
C'est la population qui m'a envoyé ici et, chaque jour, je me présente et je fais de mon mieux pour assurer le bon fonctionnement des programmes gouvernementaux. J'aimerais bien que le premier ministre et l'équipe de marketing de son cabinet le comprennent.
Des voix: Oh, oh!