Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de Winnipeg-Nord.
Monsieur le Président, permettez-moi de vous féliciter pour votre nomination au poste de président suppléant. Je sais que vous étiez candidat à la présidence et voilà maintenant que vous avez été judicieusement choisi pour ce poste-ci.
Même si j'ai pris la parole à plusieurs reprises sur différents sujets, c'est la première fois que je prononce un discours. Je commencerai par remercier les habitants de Windsor-Ouest de m'avoir réélu. C'est un honneur et un privilège de siéger à la Chambre et je les remercie de leur confiance. Je souhaite également remercier les bénévoles et les nombreuses personnes qui ont donné de leur temps pour faire de la campagne électorale un succès.
Je remercie spécialement ma famille, ma femme Terry, ma fille Alexandria et mon fils Wade. Ils me manquent, mais je sais que le travail que nous faisons à la Chambre des communes peut faire une différence pour leur avenir.
L'un des points sur lesquels je désire me concentrer dans mon discours est la mise à jour financière. Lors de la présentation de la mise à jour, il a été déconcertant de constater l'absence de mesures visant à stimuler l'économie et le manque de détermination du gouvernement à cet égard.
Le secteur de l'automobile de ma région, en particulier, est en difficulté depuis un certain nombre d'années. Nous cherchons des solutions qui permettraient, à bien des égards, de réinventer l'industrie. Il y a plus de cinq ans, nous avons conçu une stratégie de la voiture verte en collaboration avec Greenpeace et les TCA. Nous cherchions à moderniser l'industrie, à protéger les emplois, à réduire les émissions et à améliorer la conception et la construction des véhicules.
Notons que, selon certains, l'industrie de l'automobile doit être rescapée au moyen de subventions. L'histoire nous montre que ce n'est pas nécessairement vrai. Par le passé, quand on a soutenu des restructurations, par exemple dans le cas de Chrysler, les États-Unis étaient très directifs dans leur approche, comme le Canada d'ailleurs. Prenons une usine comme celle qui se trouve dans ma circonscription, Windsor-Ouest. Elle produit la fourgonnette depuis maintenant 25 ans, à la suite de cet engagement. Les contribuables ont fait crédit à l'usine, à l'époque, mais ils en ont tiré des dividendes. Ce sont des millions de dollars que les contribuables de l'Ontario — et ceux des États-Unis aussi — ont récoltés quand la société a racheté ses parts.
Il est important de le souligner parce qu'il ne s'agit pas de fournir un chèque en blanc, comme l'ont insinué ceux qui voudraient minimiser cette occasion.
Le Canada est totalement différent des États-Unis. L'an dernier, aux États-Unis, les choses ont bougé très vite. Ils ont travaillé ensemble pour préparer un projet de loi sur l'énergie qui prévoyait une aide de 25 milliards de dollars pour l'industrie automobile américaine qui devait lui permettre d'adopter de nouvelles technologies plus vertes. Il y a également eu un appui politique à l'égard de la survie de l'industrie. Tout cela s'est fait de façon très ouverte là-bas, alors qu'ici, nous avons été très passifs et nous devons reprendre le temps perdu.
Si nous comparons cette somme de 25 milliards de dollars qui a été mise de côté aux États-Unis pour les prêts et les autres mesures de recherche et de développement et que nous nous penchons sur le dernier budget présenté par le gouvernement conservateur, nous nous rendons compte que les conservateurs ont en fait retiré de l'argent à l'industrie automobile. Ils avaient mis sur pied ce programme de remise écoAUTO qui était un très mauvais programme. Par ce programme, ils subventionnaient en fait des voitures qui étaient fabriquées au Japon, en Corée et ailleurs. L'argent des contribuables canadiens était en fait versé à ces autres fabricants chaque fois que les gens achetaient ces modèles.
Plutôt que de réinvestir cet argent, le gouvernement a décidé de couper tout simplement. Il a toutefois maintenu la taxe sur l'industrie automobile, qu'il a transformée en un fonds de 50 millions de dollars par année, pour une somme de 250 millions de dollars sur cinq ans.
On peut voir la grande différence entre ce qui se passe aux États-Unis et ce qui se passe au Canada.
Nous savons que la visite des constructeurs d'automobiles à Washington a été un fiasco. Ils auraient dû s'y rendre avec un plan adéquat. Leur manque de préparation leur a valu des réprimandes. Néanmoins, on souhaite les aider parce que les intérêts des travailleurs ne peuvent pas être négligés.
Ce n'est pas la faute des travailleurs canadiens de l'industrie de l'automobile si les dirigeants de leurs entreprises n'ont pas opté plus rapidement pour des technologies plus vertes. Le manque de liquidités aux États-Unis n'est pas non plus leur faute.
Au cours de la campagne électorale, le premier ministre a affirmé clairement que le Canada n'avait pas les mêmes problèmes, ni dans le secteur de l'automobile, ni dans le secteur immobilier. La baisse du prix des maisons au même moment dans ma circonscription lui a donné tort encore une fois. Les conservateurs ont omis de dire aux Canadiens que 85 p. 100 des automobiles fabriquées au Canada sont vendues aux États-Unis. Lorsqu'il y a une crise aux États-Unis, des mesures doivent être prises au Canada, compte tenu des liens très étroits entre l'économie canadienne et l'économie et le marché des États-Unis. Les conséquences sont devenues évidentes lorsque le marché s'est affaissé.
Qu'a fait le gouvernement? Il a fourni des milliards de dollars au secteur bancaire canadien, mais n'a rien fait pour le secteur de l'automobile. Signalons au passage que les baisses de taux d'intérêt ne se sont jamais traduites par des économies pour les clients.
Permettez-moi de donner un bon exemple de ce qui pourrait être fait pour renforcer l'industrie. Il s'agit des taux d'intérêt. Rien n'a été fait à cet égard.
Le cas de ma banque mérite qu'on s'y attarde. Je suis choqué par la société TD Canada Trust actuellement. Si ce n'était des bons services fournis par le personnel de ma banque, je n'en serais plus un client. Pour un prêt automobile, son taux d'intérêt est de 4 p. 100 supérieur au taux préférentiel. Sa marge de profit sur une automobile est plus élevée parce que le financement se fait par l'intermédiaire du système. Certaines coopératives de crédit offrent des prêts automobiles au taux préférentiel ou au taux préférentiel plus 1 p. 100. Avec un tel taux, le coût est moins élevé pour le consommateur et les profits de la banque ne sont pas une priorité. La priorité devrait aller aux travailleurs et aux entreprises, qui doivent être rentables.
On n'a pas parlé de certains faits concernant les investissements dans cette industrie et leurs incidences sur l'économie canadienne. J'aimerais souligner deux choses importantes en ce qui a trait à l'innovation.
L'industrie a investi plus de 35 milliards de dollars au Canada au cours des dix dernières années, ce qui représente plus de 17 p. 100 de l'ensemble des investissements dans le secteur manufacturier. Au sein du Comité de l'industrie, nous avons fait une étude qui a révélé que le secteur pétrolier et gazier, qui semble retenir la plus grande partie de l'attention du gouvernement, a investi moins de 1 p. 100 de ses revenus dans la recherche et développement au Canada. L'argent est pour ainsi dire extirpé de ce secteur et il ne nous revient pas.
Par rapport à d'autres pays industriels, le Canada investit peu dans la recherche et développement. Il investit environ 8 p. 100, mais il devrait investir davantage. En revanche, le secteur pétrolier et gazier continue d'obtenir un soutien fantastique du gouvernement. Dans la période actuelle, nous devrions réinvestir dans les secteurs qui ont éprouvé des difficultés sans que ce ne soit nécessairement de leur faute ou de celle des travailleurs. Il est essentiel de le souligner.
Des ministres, dont le ministre de l’Industrie, ont fait plusieurs commentaires sur les travailleurs de l'automobile. Dans ses tentatives de négociation avec les TCA, le ministre de l'Industrie négociait par l'intermédiaire des médias plutôt que de s'asseoir avec les représentants des TCA et leur chef. Ces derniers ont attendu pendant plusieurs jours une réponse à leur lettre. Le ministre ne leur a pas répondu, mais dans une déclaration aux médias, il a demandé aux TCA de faire leur part.
Je voudrais que tout le monde sache que les TCA font leur part et sont disposés à continuer. Ils ont fait énormément de travail très positif qui a mené à cet investissement.
C'est un fait que dans l'industrie automobile les salaires sont 50 p. 100 supérieurs à la moyenne canadienne. Mais les travailleurs de cette industrie n'ont pas à s'en excuser. La productivité est plus élevée dans ce secteur. On parle de 300 000 $ en valeur de productivité ajoutée par travailleur, ce qui est quatre fois plus que la moyenne canadienne. Les travailleurs de l'automobile savent qu'ils doivent être productifs. Ils ont même réussi à réduire le temps de montage des véhicules qui est maintenant inférieur à celui enregistré chez certains fabricants d'automobiles étrangers, notamment Toyota. Nos travailleurs montent les véhicules plus rapidement alors que chez Toyota le temps de montage et les coûts ont augmenté.
Dans l'industrie automobile, les salaires réels sont à la baisse. Les coûts de main-d'oeuvre représentent approximativement 7 p. 100 du coût total du montage, ce qui est bas. Les salaires sont plus élevés en Allemagne et au Japon. Ce n'est pas que les travailleurs canadiens de l'auto soient dans une situation différente, mais simplement que les travailleurs allemands et japonais de l'auto sont mieux rémunérés.
Il est important de reconnaître que les trois grands de l'automobile et les syndicats des travailleurs chez ces fabricants sont déjà arrivés à la table de négociation en proposant des économies de 900 millions de dollars axées sur une restructuration et sur la modification des conventions collectives. À l'heure actuelle, ils font leur part pour l'économie. C'est le gouvernement fédéral qui n'a pas encore fait sa part. Il n'a présenté aucune stratégie nationale et aucune stratégie sectorielle pour l'industrie automobile. Le gouvernement n'a proposé qu'une réduction de l'impôt des sociétés, mesure qui n'aide en rien le secteur de l'automobile actuellement au ralenti.
Par surcroît, le gouvernement élimine progressivement la déduction pour amortissement. Il prévoit rétablir un impôt dans l'industrie automobile et c'est inacceptable. Nos travailleurs de l'automobile se classent parmi les meilleurs au monde et, alors qu'ils n'ont rien à se reprocher, ils se retrouvent au chômage. Le temps est venu de proposer une stratégie nationale pour l'automobile.