Monsieur le Président, dans un premier temps, vous me permettrez, à la suite de l'élection, de remercier l'ensemble de la population de Sherbrooke qui m'a fait confiance pour une cinquième fois d'affilée. C'est grâce à une confiance mutuelle que les citoyens et la population de Sherbrooke m'ont réélu. Permettez-moi aussi de féliciter l'ensemble de mes collègues du Bloc québécois. Je suis persuadé qu'ils entretiennent aussi cette relation de confiance avec leurs concitoyens parce qu'ils sont les seuls à représenter vraiment les besoins et les aspirations du Québec. Je félicite aussi l'ensemble des autres députés et, monsieur le Président, je vous félicite également de votre élection, à la suite de laquelle on comprend que le décorum va exister dans cette Chambre. D'ailleurs, pendant les débats d'hier, on a vu que la vice-présidente des comités pléniers a fait en sorte que le décorum soit respecté.
Cela étant dit, une campagne électorale vient de prendre fin, et pas grand-chose n'a changé. On a confirmé dans ses fonctions un gouvernement qui, avec un discours qui laissait présager que ce serait du pareil au même — c'est-à-dire un gouvernement minoritaire —, cherchait à obtenir une majorité sous de fausses représentations.
À la lumière du discours du Trône qui nous est présenté, on a l'impression que beaucoup de gens du gouvernement n'ont pas fait campagne dans les règles de l'art. On fait évidemment campagne pour voir renouvelé son mandat. Mais on fait aussi campagne pour rencontrer les citoyens et les citoyennes, les entreprises, les institutions, et les organisations communautaires, sociales et économiques. On le fait pour prendre le pouls, savoir ce que les gens veulent et reconnaître leurs besoins, mais surtout pour pouvoir y apporter des solutions.
Le meilleur moyen dont dispose un gouvernement qui ne veut pas apporter de solutions, c'est de ne pas reconnaître les besoins. C'est plus facile de dire que les besoins immédiats sont la haute finance et les répercussions automatiques sur l'économie, d'adopter ce discours et d'oublier l'ensemble des autres besoins de la population et des réalités que vivent les citoyens et les citoyennes. Et c'est ainsi que le gouvernement a décidé de s'occuper de l'économie.
À la lecture du discours du Trône, on constate également que le premier ministre est demeuré complètement insensible aux effets de la crise sur la population et l'économie. Le premier ministre n'a tiré aucune leçon du résultat des élections au Québec. Et comme le dit si bien mon chef, ce discours du Trône est à l'image du dernier congrès conservateur: idéologique. J'ouvre ici une parenthèse. L'idéologie conservatrice prend effectivement racine dans les sables bitumineux de l'Ouest. À toutes fins pratiques, elle n'a de préoccupation que pour cette industrie.
C'est très décevant. Le premier ministre ne s'est pas montré à la hauteur de la situation. On nous promettait un discours du Trône axé sur l'économie et exempt des irritants habituels, mais on a eu le contraire. Pour ce qui est du secteur forestier, il promet de continuer comme si de rien n'était, alors que la situation est désastreuse. On n'y trouve aucun engagement à bonifier l'assurance-emploi ou à créer un programme de soutien aux travailleurs âgés. Il n'y a même pas une ligne sur l'aide que nous pouvons offrir aux retraités affectés par la crise financière, ce qui démontre une grande insensibilité.
En multipliant les irritants, le premier ministre fait la démonstration qu'il n'a toujours rien compris au Québec. Il maintient les coupes en culture et dans les organismes de développement économique. Il persiste dans sa volonté d'imposer une loi répressive contre les jeunes contrevenants et de démanteler le registre des armes à feu.
Il persiste à vouloir créer une commission fédérale des valeurs mobilières. Il ne mentionne même pas le mot « Kyoto ». Il persiste à vouloir réduire le pouvoir politique du Québec. Il promet de multiplier les intrusions dans les compétences du Québec, comme en santé et en éducation. Il n'y a rien sur le déséquilibre fiscal, mais il sert des contre-vérités sur le transfert pour l'éducation et veut plafonner la péréquation. Il désire soutenir le secteur de l'énergie nucléaire et poursuivre les achats militaires sans aucune balise. Il refait encore les mêmes promesses à propos du pouvoir fédéral de dépenser avec une formule déjà rejetée par le Québec. Ce discours du Trône ne tient pas compte du tout de la nation québécoise, ni des intérêts, ni des valeurs du Québec.
L'esprit d'ouverture auquel on s'attendait est absent. Le pire, c'est cette totale insensibilité face aux effets de la crise sur les gens et l'économie. C'est simple. Nous sommes contre ce discours du Trône.
Cet énoncé d'intentions demeure flou quant à la volonté du gouvernement de soutenir l'économie. Entre autres, le discours du Trône ignore à peu près complètement les problèmes immenses des secteurs manufacturier et forestier, alors que des communautés entières sont touchées et attendent désespérément que le fédéral assume son rôle pour participer à la relance et offrir un soutien aux travailleurs qui ont été dépouillés de leur emploi.
On s'attendait à ce que le gouvernement agisse. En déclenchant des élections, il a reporté sa responsabilité. On savait pourtant ce qui risquait de se produire au niveau économique. Le gouvernement a pratiquement abdiqué ou, plutôt, a peut-être démontré son incapacité. Oui, le gouvernement devrait agir et, surtout, il a les moyens d'agir. Il ne manque plus que la bonne volonté.
Le Bloc québécois a proposé cette semaine un plan en trois volets pour relancer l'économie et venir en aide aux gens, à la population.
Le gouvernement a une très grande marge de manœuvre: il pourrait avoir plus de 27,7 milliards de dollars en deux ans. Tout en gardant une réserve, on pourrait investir plus de 23 milliards de dollars. Il est facile d'aller chercher 6 milliards de dollars dans les dépenses bureaucratiques, de même que de mettre fin aux paradis fiscaux. D'ailleurs, pourquoi appelle-t-on cela « paradis fiscaux »? En réalité, c'est l'enfer pour les contribuables québécois et canadiens. On les prive indirectement de services. À mes yeux, il s'agit plutôt d'un détournement fiscal, et le gouvernement devrait y remédier le plus rapidement possible.
Bien sûr, il y a toujours les privilèges accordés aux pétrolières, ce qui pourrait représenter 5,9 milliards de dollars sur deux ans. Il y a aussi l'utilisation possible du surplus de la SCHL.
D'autres façons qui ne coûtent rien existent aussi pour remédier à la situation, pour encourager les entreprises de chez nous et mieux soutenir nos gens. Bien sûr, il y a les achats préférentiels. Des règlements pourraient être élaborés pour utiliser les produits forestiers dans les constructions fédérales. Il y aurait aussi, entre autres, l'abolition du délai de carence au niveau de l'assurance-emploi.
Je suis conscient des besoins et des aspirations de la population de Sherbrooke, et il est évident que lors de ma dernière campagne électorale, des éléments importants que je connaissais déjà m'ont été répétés en ce qui concerne la condition sociale et économique des gens. On peut parler bien sûr de l'assurance-emploi, un dossier qui n'est toujours pas réglé. Le gouvernement doit faire en sorte que les gens puissent au moins vivre convenablement et raisonnablement. Il y a également le dossier du logement social. Dans la communauté sherbrookoise, plus de 1 350 ménages et familles ont des besoins extrêmes à cet égard.
Vous me faites signe que je dois terminer mon intervention. C'est dommage, car j'aurais pu continuer puisque, encore une fois, le gouvernement n'est vraiment pas à la hauteur.