Monsieur le Président, je remercie mes chers collègues de m'appuyer et je les remercie de leur enthousiasme. Avant de débuter, j'aimerais mentionner que je partagerai mon temps avec le député de Berthier—Maskinongé, mon collègue ici présent, que je salue ce matin.
J'ai été très surpris par le discours du Trône, mais non pas de façon positive, parce qu'on se serait attendu à autre chose compte tenu que le gouvernement avait supposément décidé de convoquer la Chambre parce que nous faisons face à une crise importante, particulièrement dans le secteur manufacturier. Ainsi, compte tenu du fait qu'on ait convoqué la Chambre très rapidement après la campagne électorale, on se serait attendu à des mesures extrêmement concrètes dans plusieurs domaines, et ce n'est pas du tout le cas.
Même en fin de semaine, on entendait le premier ministre, au cours d'une conférence de presse, et on ne sentait pas du tout l'urgence de faire face à la crise que nous vivons à l'heure actuelle de façon dramatique, particulièrement dans ma région et au Québec. Par exemple, depuis le début de la crise dans le secteur du bois d'oeuvre, plus de la moitié des 300 usines de transformation ont fermé au Québec, et certaines de ces usines ont fermé tout récemment. Cela représente 30 000 mises à pied de travailleurs et de travailleuses au cours des derniers mois et des dernières années, et ce, uniquement au Québec.
À mon avis, en parcourant l'ensemble du Canada, en allant partout où le secteur du bois d'oeuvre est assez important, comme en Colombie-Britannique, on constaterait que la crise est extrêmement puissante et malheureuse pour l'ensemble des régions comme la mienne. On se serait attendu à ce que le premier ministre arrive avec un plan permettant à ces entreprises de faire face à la crise, mais ce n'est pas du tout ce qu'on a eu. On a plutôt eu un discours du Trône que je qualifierais de mou, de presque sans contenu.
Le ministre des Finances nous disait en fin de semaine qu'il faudrait peut-être attendre le dépôt du budget avant d'annoncer des mesures. Or, on est déjà en crise et c'est une crise majeure. Malheureusement, dans le discours du Trône, il n'y a absolument rien pour encourager les travailleurs et les travailleuses et absolument rien pour encourager les citoyens et les citoyennes de mon comté.
Il y a un autre exemple. Pas plus tard que le 21 novembre, une des plus grosses entreprises de la circonscription de Haute-Gaspésie—La Mitis—Matane—Matapédia, Uniboard — Panval —, annonçait encore une fois la cessation d'une partie de ses activités. Non seulement l'entreprise cesse de produire et réduit effectivement sa production, mais on nous dit qu'actuellement, compte tenu de la crise, il va être très très difficile de prévoir quand l'entreprise pourra recommencer la production, parce qu'elle produit effectivement des panneaux particules qui peuvent servir à fabriquer des meubles. Or, lorsque la consommation diminue, bien entendu on n'a pas le choix de réduire la production.
On parle d'une entreprise de 350 employés, dans une MRC qui compte entre 14 000 et 15 000 habitants. On peut alors imaginer l'impact d'une telle fermeture, même si on sait que ces gens pourront bénéficier de l'assurance-emploi, Mais, encore une fois, il n'y a absolument rien dans le discours du Trône au sujet de l'assurance-emploi. Cela ne contribue que pour 50 p. 100 du salaire régulier d'un employé, et cela, pendant un certain temps, en plus des 15 jours d'attente dont nous demandons l'abolition.
Le discours du Trône qui nous a été présenté est absolument vide de contenu quant aux moyens à envisager pour faire face à la crise à laquelle nous sommes confrontés. On nous annonce en plus qu'il n'y aura absolument rien au sujet de la culture, sauf peut-être un petit élément. On maintient les coupes au plan de la culture et on maintient aussi les coupes contre les organismes à but non lucratif à caractère économique. Ces organismes sont extrêmement importants pour notre région.
Au cours de la campagne électorale, j'ai donné des exemples, entre autres pour le secteur de Rimouski. Je pourrais donner l'exemple du SEREX, dans le secteur de la vallée de la Matapédia, un organisme voué à la recherche.
Pourquoi le Bloc québécois demande-t-il qu'on investisse de façon extrêmement importante dans la recherche et le développement? Pourquoi demande-t-il aux deux paliers de gouvernement d'investir davantage en recherche et développement? La réponse est pourtant simple: si on veut créer des emplois et si on veut que nos entreprises puissent se développer et être concurrentielles à l'étranger, il faut effectivement investir de façon extrêmement importante en recherche et développement pour développer de nouveaux produits et de nouvelles façons de faire.
À l'heure actuelle, les entreprises, chez nous comme un peu partout dans le reste du Canada, n'ont pas nécessairement la capacité financière d'investir en recherche et développement. Il faudrait donc, immédiatement, que les deux paliers de gouvernement le fassent, tant le gouvernement fédéral que le gouvernement du Québec.
On a appris que la part d'investissement en recherche et développement du gouvernement du Québec avait diminué au cours des dernières années. Je considère cela extrêmement malheureux parce que c'est tout le développement de nouveaux produits et de nouvelles technologies nous permettant d'être plus efficaces qui a été ralenti. Quand on fait face à une crise, les entreprises n'ont pas nécessairement les liquidités nécessaires — je pense que c'est très clair — pour investir de façon extrêmement importante en recherche et développement, alors que ce devrait être le cas. Pour faire face à la crise et réussir à s'en sortir, il faut trouver de nouvelles façons de faire pour être plus efficace et, en même temps, il faut tenter de créer de nouveaux produits.
Il y a un autre élément dont on ne parle pas dans le discours du Trône. Ou plutôt, on en parle, mais de façon négative: on ne tient absolument pas compte, mais pas du tout, du consensus québécois en ce qui concerne les jeunes contrevenants. C'est aussi le cas du registre des armes à feu. Ce que le gouvernement du Québec a demandé était très simple: qu'on lui transfère le registre des armes à feu pour qu'il le gère. À ce sujet, le gouvernement persiste et refuse tout à fait de s'entendre avec le gouvernement du Québec.
Du côté de l'environnement, c'est la même chose. On ne mentionne pas le Protocole de Kyoto. Oui, on parle d'investir dans des énergies nouvelles et dans les énergies propres, mais on parle aussi d'investir dans le nucléaire. On ne dit pas non plus qu'on va cesser d'investir dans les sables bitumineux qui sont extrêmement polluants et, à l'heure actuelle, la principale cause d'émissions de gaz à effet de serre au Canada.
Il faut comprendre que, si on veut investir dans des ressources dites vertes et dans l'énergie renouvelable, il faut peut-être ralentir un peu la production de pétrole issu des sables bitumineux. Cela permettrait d'utiliser les montants qu'on donne aux grandes pétrolières. On pourrait nous remettre ces sommes pour qu'on investisse de façon extrêmement importante dans des énergies renouvelables.
Quand je parle d'énergie renouvelable, je parle d'énergie éolienne, de panneaux solaires, de biocarburant, etc. À l'heure actuelle, il n'y a pas suffisamment d'investissements pour nous permettre de réduire de façon très importante notre dépendance au pétrole. Et pourtant, on a vu pendant la récente campagne américaine la volonté des deux partis, tant le parti républicain que le parti démocrate, d'investir de façon extrêmement importante dans des énergies renouvelables qui nous permettraient de réduire le plus possible notre dépendance au pétrole.
Pourquoi devrions-nous réduire notre dépendance au pétrole? Probablement pour deux raisons. Premièrement, le pétrole produit beaucoup de gaz à effet de serre. Deuxièmement, en étant de moins en moins dépendants du pétrole, on est effectivement de moins en moins dépendants de la situation des marchés. Or on sait ce qui s'est produit sur les marchés au cours des récents mois. Il y a eu une flambée des prix du pétrole, et cela a affecté un très grand nombre de nos entreprises. Je pense particulièrement à Uniboard, chez nous à Matane, qui tente actuellement de trouver des moyens pour être moins dépendante du pétrole. Pour cela, il faut investir, et l'entreprise, comme toutes les autres entreprises du secteur manufacturier, est malheureusement confrontée à un manque de capitaux.
Je concluerai en disant que le discours du Trône est extrêmement décevant. On réunit la Chambre rapidement après les élections mais on nous offre un discours du Trône mièvre, qui nous propose peu de choses — pour ainsi dire presque rien — pour faire face à la crise.