Monsieur le Président, comme la plupart de mes collègues, j'aimerais commencer en remerciant les électeurs de la circonscription que j'ai l'honneur de représenter à la Chambre des communes du Parlement canadien depuis 1995. Le 14 octobre, les électeurs d'Ottawa—Vanier m'ont accordé un sixième mandat et je leur en suis très reconnaissant. De même, je suis reconnaissant aux quelques centaines d'individus qui se sont impliqués dans les diverses campagnes des candidats, tous partis confondus, qui briguaient le poste de représentant de la circonscription. L'implication de ces plusieurs centaines d'individus fait en sorte que notre démocratie ne s'en porte que mieux. Je leur lève mon chapeau d'avoir sacrifié de leur temps, d'avoir fourni de leur énergie et de leur argent pour s'assurer qu'effectivement, le processus démocratique fonctionne bien.
Durant ces quelque 37 ou 38 jours de campagne, nous avons eu la chance de débattre d'enjeux nationaux, comme il se doit, mais aussi de certains enjeux locaux. Parmi ces derniers — que j'aurai la chance de défendre durant cette 40e législature —, je voudrais en mentionner un en particulier. J'ai d'ailleurs déposé des pétitions à ce sujet depuis que les travaux ont repris, et j'ai déposé la cinquième aujourd'hui. Il s'agit de la construction possible d'un ou de deux nouveaux ponts dans la région de la capitale nationale. Ainsi, on pourrait retirer la circulation des camions lourds du centre-ville de la capitale nationale pour l'acheminer vers des communautés établies et développées. La solution prônée par les consultants ou les experts-conseils et retenue par la Commission de la capitale nationale (CCN) — du moins, jusqu'à preuve du contraire — s'avérerait un désastre parce qu'on ne ferait que transférer le problème à des communautés bien établies et bien développées. Une solution beaucoup plus intéressante s'offre à la CCN, et j'espère que la sagesse des gens qui la conseillent fera en sorte qu'on retiendra une meilleure solution. On aura la chance de revenir sur cette question.
Il a aussi été grandement question du comportement des députés à la Chambre des communes. C'est pour cela que le premier jour de cette 40e législature, j'ai laissé mon nom sur la liste des candidats à la présidence. En effet, je croyais qu'il était important de faire valoir l'appétit démontré par l'électorat pour un meilleur comportement de notre part à tous. Naturellement, c'est une responsabilité partagée entre nous tous et quiconque occupe le siège de la présidence. Je suis fort aise de voir que tous les candidats à ce poste et tous les chefs de partis ayant félicité le gagnant ont repris le même message et que notre Président a reconnu qu'il avait lui-même une part de responsabilité.
Finalement, et on aura la chance d'en reparler, j'ai mis de l'avant le besoin de planifier, d'ores et déjà, les événements pour célébrer et souligner le 150e anniversaire du pays qui aura lieu en 2017. Je sais que nous entrons dans une période creuse, une période d'instabilité et de difficultés politiques, mais il y aura un lendemain plus reluisant, et il nous appartient de commencer dès à présent à planifier cette grande célébration du 150e anniversaire de la fédération canadienne. On y reviendra.
Dans le discours du Trône, il y a du bon — il faut le reconnaître —, il y a du moins bon — j'espère que les députés d'en face le reconnaîtront — et il manque aussi des éléments. Mentionnons l'oubli total des personnes âgées et du combat contre la pauvreté. Je sais, madame la Présidente, que vous y êtes sensible: la dualité linguistique canadienne était également absente. Si le discours du Trône est le reflet de la volonté d'un gouvernement, les associations de partout au pays ont constaté le manque de volonté du gouvernement par rapport à cette question.
Le gouvernement s'est racheté un peu vendredi dernier, je dois l'admettre, lorsqu'il a rejeté une décision du CRTC du mois d'août dernier. À ce moment-là, le CRTC n'accordait pas de licence francophone, mais deux licences anglophones aux radios communautaires de notre région. J'ai déjà félicité le ministre responsable qui a pris cette décision, le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles. Il a renvoyé le tout au CRTC pour que ce dernier fasse ses devoirs un peu mieux et tienne compte de la Loi sur les langues officielles telle que nous l'avions amendée en 2005.
On verra ce qui se fera.
Dans ce qu'il y a de bon, je mentionne rapidement la quête de reconnaissance des crédits obtenus à l'étranger pour les nouveaux arrivants, la réduction des barrières interprovinciales — ayant été le seul ministre responsable du Commerce intérieur, je peux dire qu'il y a matière à travailler de ce côté, et je souhaite bon courage et bonne chance au gouvernement —, l'aide à certaines industries, l'investissement dans la recherche, le bannissement de l'exportation d'eau en vrac et, naturellement, le fait de s'occuper beaucoup plus de la sécurité alimentaire. Je pense que tous les partis pourraient appuyer ces éléments.
Il y a aussi de moins bonnes choses. J'avoue appréhender beaucoup le projet de loi que le gouvernement prévoit pour le système de la justice. On verra bien ce qu'il nous réserve. Du côté de l'environnement, la feuille de route n'est pas reluisante, et les participations avec le secteur privé dans certaines initiatives peuvent préoccuper certains d'entre nous.
On a surtout parlé de l'économie. Je considère que le gouvernement a la responsabilité de stimuler l'économie, surtout en prévision de la récession qui s'annonce — si elle n'est pas déjà là — et des déficits qui, malheureusement, arriveront beaucoup trop tôt par rapport à ce que cela aurait pu être, comme mes collègues l'ont dit. Néanmoins, je crois qu'il faut dépasser cela.
Nous allons devoir considérer d'autres aspects que la seule nécessité de stimuler l'économie. Nous devrons au moins nous pencher sur le processus d'accumulation de la dette. À l'heure actuelle, le Canada et d'autres pays règlent le problème de la dette en l'augmentant. Il arrivera bien un moment où tout l'édifice s'écroulera.
Nous devons débattre tous ensemble pour déterminer quelles sont les limites d'une croissance viable et d'une dette viable et quels sont les moyens à prendre pour épargner. À l'heure actuelle, les Canadiens n'épargnent pas du tout. L'Institut Vanier, si je ne me trompe, a établi que la famille type dépense 131 p. 100 de son revenu disponible. Si la famille doit dépenser 131 p. 100 de son revenu disponible pour maintenir son niveau de vie, cela signifie qu'elle continuera à s'endetter. Un tel comportement n'est pas viable.
La dernière fois que les Canadiens ont été plongés dans une récession, au début des années 1990, leur taux d'épargne était de l'ordre d'environ 10 p. 100. Aujourd'hui, c'est à peine si l'épargne atteint 1 p. 100.
Comment nous sortir de cette impasse? Les gouvernements doivent offrir des incitatifs, se montrer encourageants et faire preuve de leadership. C'est pour cela que nous sommes réticents à l'idée d'enregistrer un déficit. C'est un gouvernement libéral qui nous a sortis du déficit dans les années 1990, ce qui n'a pas été sans mal. Cette fois-ci, il vaudrait mieux prévoir tout de suite une stratégie de relance. Ce sont toutes des questions qu'il faut se poser.
Il y a un autre aspect du discours du Trône qui a une grande importance pour ma région. Permettez-moi de lire un passage plutôt anodin qui se trouve à la page 11 de la version française:
Corriger les procédures d’approvisionnement figure au sommet des priorités. Une fois les procédures simplifiées et rationalisées, les entreprises pourront plus facilement fournir des produits et des services au gouvernement, et les Canadiens et les Canadiennes obtiendront de meilleurs résultats.
Je m'élève contre cette idée. Dans le domaine de l'approvisionnement en technologies de l'information, par exemple, il est sérieusement question de regrouper tous les contrats afin de n'accorder que quelques énormes contrats, voire un seul, de plus d'un milliard de dollars sur 20 ans. Une telle mesure écarterait du processus 5 000 petites et moyennes entreprises de la région de la capitale nationale, sans parler des entreprises du reste du Canada. C'est une mauvaise idée. Rien n'a été soumis à l'attention de la Chambre pour la justifier. Je sais bien que ce sont les grandes sociétés qui réclament cela. C'est évident.
Si le seuil auquel les entreprises peuvent soumissionner est d'un milliard de dollars ou plus, alors les petites entreprises seront exclues et notre économie en souffrira. On sait bien que ce sont les petites et moyennes entreprises qui soutiennent notre économie. Nous devrions veiller à bien les traiter. Je promets aux électeurs que je ne lâcherai pas le morceau, car je crois que ce n'est pas la bonne approche.