Monsieur le Président, il me fait plaisir de prendre la parole au sujet du projet de loi C-50 et, en même temps, de voir que le Bloc québécois, qui nous accuse d'être avec les conservateurs, appuie si fort les libéraux, les grands chefs des compressions à l'assurance-emploi. J'écoutais le député de Dartmouth—Cole Harbour dire à quel point ce projet de loi était discriminatoire, comment ce projet de loi n'était pas pour tout le monde, pour tous les travailleurs. Il se disait que comme c'était un projet de loi déposé durant une période de crise économique, comment le gouvernement pouvait-il arriver avec si peu?
Je me rappelle — je ne voudrais pas faire tout mon discours sur les libéraux — qu'en 1996, il y a eu une crise dans le secteur des pêches en Gaspésie, au Nouveau-Brunswick, partout en Atlantique. C'était la crise dans ce secteur et c'est à ce moment-là qu'on a eu les plus grosses compressions à l'assurance-emploi. C'est drôle, mais à cette époque, les libéraux n'étaient pas inquiets de la discrimination. Cela prenait 700 heures à tel endroit, 420 heures à un autre endroit. Ce sont tous des travailleurs. Tous de bons et vaillants travailleurs et travailleuses. Cependant, il y avait différentes catégories de travailleurs. Ceux qui avaient travaillé plus d'heures, dans certaines régions, n'avaient pas droit à l'assurance-emploi. C'est comique qu'à cette époque, on n'entendait pas parlé de la discrimination. Ce matin, on ne parle que de discrimination.
Posez-moi la question suivante et posez-la au NPD. Le projet de loi va-t-il assez loin? Pas du tout. Absolument pas. Ce n'est pas un projet de loi qui vient du NPD. C'est un projet de loi du gouvernement. On a étudié le projet de loi. Est-on heureux du projet de loi? Absolument pas. On n'est pas heureux. Le système d'assurance-emploi est-il égal pour tout le monde? Les libéraux ont-ils voté avec nous pour le critère d'admissibilité de 360 heures? Ils ne l'ont jamais fait quand ils étaient au pouvoir. Les libéraux ont-ils accepté d'avoir les 12 meilleures semaines quand ils étaient au pouvoir? Jamais de la vie. On a vu chez nous des gens qui ont souffert à cause des compressions à l'assurance-emploi. Qui a mis l'assurance-emploi au point où elle est aujourd'hui? Qu'ils n'essaient pas de nous faire croire que c'est à cause d'une crise économique aujourd'hui. À cette époque, on avait une crise économique chez nous et le ministre des Ressources humaines était un ministre de l'Atlantique. C'est un ministre de chez nous qui a fait des compressions à l'assurance-emploi. Si on veut parler de discrimination, il y en a eu. Il y en a toujours eu et il y en a encore aujourd'hui.
Cependant, sommes-nous capables de dire non à un certain groupe? Je sais que le Bloc québécois frappe sur la question visant à se demander si c'est 1 milliard de dollars et 190 000 personnes. Je souhaite qu'on n'aura jamais ce chiffre. Je souhaite que les gens ne perdent pas leur remploi. Je souhaite qu'ils n'auront pas besoin de demander des prestations d'assurance-emploi. Cependant, que vais-je dire aux gens de chez nous au moment où, la semaine dernière, Aliant a dit qu'elle fermait ses portes à Bathurst et à Shippagan? Que vais-je dire aux gens de chez nous quand la compagnie TNS Canadian Facts, une autre compagnie de centre d'appels, nous annonce ce matin qu'elle ferme ses portes à Bathurst. Ce sont des personnes qui y travaillent depuis longtemps et qui n'auraient pas droit à l'assurance-emploi. Avec cette mesure, au moins, les gens vont y avoir droit. Il y aura une extension de leurs prestations.
Je suis certain que le Québec ne sera pas exempt de cela. Il y a une crise économique au Québec aussi bien qu'ailleurs. Quand le député du Bloc québécois dit qu'on laisse tomber les Québécois et les Québécoises, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas un projet de loi qui vient du NPD. On ne les laisse pas tomber. Il y a un projet de loi et il y a des gens au Québec qui vont avoir la chance de recevoir des prestations. Le moins de chômeurs il y aura, le mieux ce sera, comme chez nous.
Comment pouvons-nous dire non à ces gens? Certains diront que nous nous sommes opposés à certaines mesures relatives à l'assurance-emploi à certains moments donnés. Oui, on a dit non à l'assurance-emploi pour certains changements quand c'était inclus dans les budgets, quand le gouvernement voulait geler les salaires de la fonction publique, geler les salaires de la GRC, quand ils disaient aux femmes qu'elles ne pourraient pas aller en cour si elles voulaient avoir l'équité salariale. Quand on a regardé le budget, oui, on a voté contre parce que c'était un mauvais budget qui allait faire mal à d'autres personnes. Dans ce cas-ci, oui il y a des gens qui ne recevront pas de prestations et on aimerait qu'ils en reçoivent. Oui, j'aimerais que les gens de chez nous, les travailleurs saisonniers, puissent recevoir de l'assurance-emploi. Oui, cela fait des années qu'ils travaillent.
J'en ai parlé la semaine dernière avec un dame de Prince Rupert, une représentante syndicale. Elle nous expliquait que c'est la même chose chez elle que ce qui se passe chez nous. Il y a des fermetures dans les usines de poisson et des fermetures dans le secteur de la pêche. C'est le même problème.
Combien de fois en cette Chambre avons-nous eu des projets de loi sur lesquels on a voté alors que ce n'était pas pour tous les Canadiens et Canadiennes. En ce qui a trait aux cinq semaines supplémentaires sur lesquelles on a voté il y a trois ou quatre ans, c'était seulement parce que le taux de chômage était à un certain niveau. Ce n'était pas tout le monde qui avait droit aux cinq semaines supplémentaires. Lorqu'on est allés pour les 14 meilleures semaines, ce ne sont pas tous les Canadiens et Canadiennes, tous les Québécois et Québécoises, qui les ont reçues. À cette époque, le Bloc québécois a voté en faveur de cette mesure. C'était discriminatoire, tout le monde aurait dû le savoir.
Aujourd'hui, on a un projet de loi qui pourra aider un groupe de personnes. On doit voter à ce sujet et la décision que nous devons prendre est à savoir si on le leur accordera ou non. Le Bloc québécois a décidé de voter contre le projet de loi. C'est son droit, je le respecte. Les libéraux ont décidé de ne pas le donner aux personnes qui ont travaillé à long terme pour x nombre d'années comme le prévoit le projet de loi. Ils vont s'y opposer. C'est correct. Au Nouveau Parti démocratique, nous avons décidé que même s'il y a peu d'argent, on pourra le sortir de la caisse d'assurance-emploi pour le donner à des travailleurs. Je préfère que les travailleurs et travailleuses reçoivent cet argent plutôt que de le laisser dans les fonds généraux, là où il y a un surplus de 57 milliards de dollars dans la caisse d'assurance-emploi. C'est là-dessus que portera le vote. Veut-on que cet argent sorte des fonds généraux, soit le gros vol qui a été fait à Ottawa en ce qui a trait à l'assurance-emploi, et qu'on le donne à certains travailleurs?
Le Congrès du travail du Canada a comparu devant le Comité permanent des ressources humaines, du développement social et de la condition des personnes handicapées et l'a dit très clairement. Le président, Ken Georgetti, a dit très clairement qu'il n'était pas heureux, mais qu'il voulait qu'on vote quand même en faveur du projet de loi. Il a dit que ses membres de partout en ont besoin et c'est pourquoi il ne veut pas que nous votions contre le projet de loi.
Les centrales syndicales du Québec ont également comparu. Le représentant de la FTQ a dit que plutôt que d'avoir un projet de loi, cela aurait pu être un projet pilote. Il n'était pas heureux que ce soit un projet de loi, il n'était pas en faveur. Un projet pilote aurait été aussi discriminatoire qu'un projet de loi. Je ne vois pas la différence entre les deux. On peut aller le lire dans les « bleus », le lire dans le compte rendu des délibérations. Il l'a dit très clairement. Il a dit que cela aurait dû être un projet pilote. Je lui ai dit: « Si c'est un projet pilote, cela change quoi? » Il m'a dit qu'il n'aurait pas à être ici pour venir argumenter sur quelque chose qu'on ne ferait pas. Il n'était pas vraiment contre le fait que les travailleurs le reçoivent. Quand il dit que cela pourrait être un projet pilote, cela me laisse sous-entendre que cela aurait été acceptable. Certainement, le gouvernement aurait pu arriver avec un projet pilote. Cela aurait été plus rapide, cela aurait été fait, cela aurait été terminé comme ils l'ont fait avec d'autres projets de loi. Aujourd'hui, cependant, ce n'est pas un projet pilote, c'est un projet de loi. On est pris pour dire oui ou non. Les libéraux ont pris en 1996 un surplus de 57 milliards de dollars dans la caisse d'assurance-emploi. Ce sont eux qui ont fait ce changement à l'époque d'une crise économique en Atlantique. On a eu et on a encore une crise économique en Atlantique. Quand quelqu'un nous demande si nous sommes affectés par la crise économique, on peut lui dire voyons donc, on est dedans depuis 100 ans. On sait ce que c'est. Ce n'est pas la première fois qu'on se fait taper dessus par les libéraux ou les conservateurs.
La plus grosse erreur dans le système de l'assurance-emploi est survenue en 1986 lorsque le gouvernement a décidé de prendre l'argent de l'assurance-emploi et de le mettre dans les fonds généraux. Ce fut la vache à lait du gouvernement depuis ce temps-là. Qui dépend de l'assurance-emploi? Ce ne sont pas maintenant les travailleurs et travailleuses, c'est le gouvernement, parce que ce sont de gros surplus.
Le NPD a-t-il honte de voter en faveur du projet de loi? Pas du tout. Ce n'est pas un projet de loi qui va faire mal aux gens, mais qui aidera certaines personnes aussi bien au Québec qu'au Nouveau-Brunswick, en Ontario et en Colombie-Britannique. Est-ce qu'il va assez loin? Pas du tout. Le NPD a des projets de loi prévoyant 360 heures, pour les meilleures 12 semaines, pour enlever les deux semaines de carence, pour donner 60 p. 100 du salaire des employés. Ce sont les projets de loi présentés par le NPD et on en a encore davantage. On en a 12 alors que le Bloc québécois n'en a que six. Le projet de loi C-50 va-t-il assez loin? Non. Cela aidera-t-il les travailleurs? Oui, et le NPD est fier de voter en faveur de ce projet de loi.