Madame la Présidente, je suis fier d'appuyer cet important projet de loi, surtout si on tient compte du fait que son parrain, le député de Scarborough—Guildwood, a connu du succès dans les initiatives parlementaires. On se souvient du projet de loi C-293, qui visait à ce que l'aide au développement à l'étranger serve avant tout à lutter contre la pauvreté.
Je ne peux m'empêcher de réagir un peu à ce qu'a dit le député néo-démocrate. Je comprends ses inquiétudes, mais nous essayons d'accomplir quelque chose. Le député de Scarborough—Guildwood a réussi à faire franchir toutes les étapes à des projets de loi. Nous savons tous à quel point c'est chose rare, mais il l'a fait deux fois et tente d'y parvenir pour une troisième fois.
Il ne faut pas oublier qu'il faut présenter des projets de loi qui ont une chance d'être adoptés à la Chambre. Nous voulons vraiment changer les choses, pas simplement faire valoir notre point de vue. On ne peut laisser le mieux être l'ennemi du bien. Ce projet de loi améliorera les choses.
Pourquoi le projet de loi est-il important? Je crois que nous le savons. Le Canada est dans une position unique. Soixante pour cent des sociétés d'exploration et d'exploitation minières de la planète sont inscrites à la bourse. Certaines sociétés canadiennes se comportent d'une façon dont nous n'avons pas de quoi être fiers, que ce soit en nuisant à l'environnement ou en bafouant les droits de la personne.
On a logé des plaintes auprès de plusieurs organisations internationales à l'encontre de sociétés d'exploitation minière canadiennes relativement aux impacts de leurs activités à l'étranger. Le problème existe bel et bien et les Canadiens ne peuvent pas se contenter de fermer les yeux. Nous avons une responsabilité à l'égard de nos concitoyens de la planète. Les sociétés canadiennes en particulier ont la responsabilité de redonner quelque chose en retour dans les endroits où elles font des profits.
En 2007, le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination raciale a recommandé que le Canada prenne des mesures législatives ou administratives afin d'interdire aux sociétés transnationales canadiennes de mener des activités qui ont des impacts négatifs sur les droits des Autochtones à l'extérieur du Canada. Nous avons une responsabilité à cet égard et je crois que nous voudrions tous que les choses s'améliorent.
Comme mon collègue l'a dit, en 2006, le gouvernement du Canada a participé à des tables rondes en vue de trouver des solutions à l'inconduite des sociétés d'exploitation minière. On a adopté toute une série de recommandations. Je vais vous épargner les détails, mais des intervenants de toute une gamme d'horizons, de l'industrie, du mouvement ouvrier, des universités et de la société civile, ont réussi à s'entendre sur ces recommandations, mais rien ne s'est produit.
Nous savons que le problème est réel. Nous savons qu'il y a des solutions, mais nous savons aussi que le gouvernement n'a rien fait dans ce dossier.
Mon collègue du Parti conservateur a laissé entendre que les conservateurs allaient présenter une mesure qui rendrait ce projet de loi inutile. Je propose que nous adoptions ce projet de loi et que nous rendions inutile toute mesure qu'il pourrait présenter si en fait une telle mesure voyait le jour dans ce dossier.
J'ai eu la chance de voyager avec mon collègue de Scarborough—Guildwood et de voir à quel point il a à coeur les gens des autres pays, particulièrement des pays qui n'ont pas eu la chance du Canada. Je suis allé au Kenya avec lui, avec l'ancienne députée de Halifax et notre collègue de Cumberland—Colchester—Musquodoboit Valley. Ce dernier sait qu'il y a des organismes au Canada, et ils sont nombreux, qui font avancer les choses.
Il y a de nombreux organismes canadiens qui jouent un rôle extrêmement utile dans le tiers monde. Il y a des ONG qui apportent une importante contribution. L’ACDI peut améliorer la situation. Ma soeur travaille actuellement pour EUMC, Entraide universitaire mondiale du Canada, au Sri Lanka. Elle joue un rôle utile. Au cours de notre voyage, nous avons rencontré des Canadiens qui travaillaient pour la Croix-Rouge et qui apportaient une contribution importante.
Le Canada fait beaucoup de choses très positives dans le monde, mais nous contribuons également aux problèmes que nous devons ensuite résoudre. Les Canadiens s’attendent à mieux. Selon certains sondages, 90 p. 100 des citoyens considèrent que la responsabilité sociale devrait être une des principales priorités des entreprises. Soixante-cinq pour cent des Canadiens interrogés veulent que les entreprises ne se contentent pas d’obéir aux lois et qu’elles assument l’entière responsabilité de toute conduite qui pourrait nuire à la santé sociale et environnementale.
C’est ce que veulent les Canadiens. Ils constatent un problème. Le Canadien moyen ne sait peut-être pas vraiment ce que cela veut dire sur le plan international, mais il s’attend à ce que notre pays fasse mieux. À une certaine époque, le Canada jouissait d’une excellente réputation. Notre réputation est encore solide, mais je dirais qu’elle a quelque peu souffert.
J’ai remarqué que le Canada se classait 10e dans l’Indice de compétitivité responsable 2007. De nombreux pays arrivent derrière nous, mais comme d’habitude, les pays nordiques et de nombreux pays d’Europe, ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande, nous surpassent sur le plan de la responsabilité des entreprises.
Il est possible de faire mieux. Mon collègue a mentionné que certaines entreprises font un bon travail pour nous. J’en connais une qui est établie en Nouvelle-Écosse et qui s’appelle Etruscan Resources. Elle avait une mine d’or, qui n’était pas extrêmement rentable à l’époque, au Niger, qui se situe très près du bas de l’indice de développement humain des Nations Unies. Je pense qu’à l’époque ce pays se classait 173e sur 174.
La mine en question pouvait être exploitée, mais cette entreprise a décidé qu’avant d’en profiter, elle veillerait à établir une infrastructure sociale. Elle s’est adressée à mon père, qui venait de démissionner comme premier ministre de la Nouvelle-Écosse. Il s’est fait un plaisir de l’aider et il est très fier du travail qu’il a pu accomplir. La compagnie a construit une clinique médicale qui existe encore aujourd’hui. Elle a fait venir le Rotary Club de Dartmouth. Elle a fait intervenir l’aide internationale et le gouvernement canadien y a contribué un peu. Cette entreprise a laissé derrière elle une contribution et un investissement canadien durables. Je crois qu’elle poursuit maintenant ses activités au Burkina Faso.
Ce sont des sociétés qui prennent cette responsabilité très au sérieux. J'applaudis d'ailleurs les sociétés comme Etruscan Resources. J'applaudis les gens comme Gerry McConnell, le président de cette entreprise, qui a adopté ce point de vue responsable. Je dis avec une certaine fierté que le centre de santé est nommé en l'honneur de mes parents, John et Margaret Savage, qui sont décédés. C'est là une grande source de fierté dans ma famille. Les gens de cette collectivité ont une très haute opinion du Canada, et je crois que cela est en grande partie grâce à Etruscan Resources et d'autres entreprises du genre.
Les Canadiens s'attendent à que les entreprises canadiennes fonctionnent ainsi. Si nous allons à l'étranger faire de l'argent et exploiter les mines, nous devons le faire de façon responsable. Nous devons respecter l'environnement. Nous avons tous entendu parler de sociétés qui n'ont pas été si respectueuses. Nous devons, avant tout, traiter les gens avec le même respect que nous voudrions obtenir. En tant que joueur international, je crains que nous ne soyons plus irréprochables, mais nous pouvons faire mieux. Nous devrions faire mieux. Nous devrions répondre aux attentes de la population à notre égard et les dépasser.
Nous devons reconnaître le travail que les organisations d'aide internationale accomplissent à cet égard et faire en sorte que nous demeurions responsables. J'espère que ce projet de loi obtiendra le même appui que le dernier projet de loi de mon collègue. Des organismes comme le CCIC, qui fait de l'excellent travail au Canada, Abolissons la pauvreté, Développement et paix, le Micah Challenge et le Primate's World Relief and Development Fund sont tous d'avis que nous pouvons rendre le monde meilleur. Appuyons ce projet de loi et encourageons les députés ministériels à en faire autant. Nous pouvons le faire passer à l'étape du comité. Nous pouvons l'améliorer et faire tout ce que nos collègues veulent que nous fassions. Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes ici pour rendre le monde meilleur. Nous sommes ici pour faire une différence et pas seulement pour faire valoir une opinion.
Je félicite mon collègue d'avoir présenté ce projet de loi que je suis très fier d'appuyer. J'espère d'ailleurs que tous les députés l'appuieront.