Madame la présidente, je vais tenter de faire un peu une image. Je dirais que le ministère des Pêches et des Océans est, selon moi, un immense bateau, à la limite un beau navire, un beau grand paquebot. Toujours pour faire une image, c'est comme si le gouvernail était brisé et, malheureusement, différentes situations nous le prouvent. Il y a le dossier du homard de l'an dernier et le plan annoncé en juin 2009 pour des problèmes vécus à partir de 2008. On sait finalement que 8,5 millions de dollars ont été dépensés sur 15 millions de dollars, mais on l'a su seulement en février 2010. On voit que ces dates témoignent qu'il existe un problème quelque part.
La ministre et le ministère reconnaissent qu'il y a un problème par rapport au dossier de la morue et par rapport notamment au phoque gris. Pourtant, rien ne se passe depuis trois ans. Le seul bénéficiaire est le phoque gris. Il s'engraisse ces temps-ci au détriment d'une flottille, au détriment de communautés quant au dossier de la morue.
Il y a aussi un autre dossier, soit celui de la crevette. Comme par hasard, un quota apparaît pour les gens de l'Île-du-Prince-Édouard alors qu'il n'y a aucune industrie de crevettes à l'Île-du-Prince-Édouard. Comme par hasard, la ministre vient aussi de l'Île-du-Prince-Édouard. Le gouvernail est brisé là aussi.
J'en rajouterai malheureusement dans le dossier du crabe et c'est ce qui nous préoccupe aujourd'hui. Dans ce dossier, lorsqu'on nous répond que c'est par souci de conservation qu'on a pris la décision cette année, je demanderais qu'on prenne en considération les chiffres que je vais donner. Selon un article qui a été publié dans un journal du Québec, Le Soleil, on nous parle de taux de capture autorisés par le ministère des Pêches et des Océans. Ceux-ci étaient en 2006 de 41,1 p. 100; en 2007, de 37 p. 100; en 2008, de 41,2 p. 100 et en 2009, soit l'an dernier, de 46,7 p. 100. Donc, on s'aperçoit que finalement, au fil des années, l'enjeu de la conservation n'a pas été nécessairement la bougie d'allumage du ministère des Pêches et des Océans. Cela a été à géométrie variable, et j'oserais dire à géographie variable.
On s'est aperçu finalement que cette année, c'est une coupe de 63 p. 100. Il est utile d'illustrer cette situation pour les gens du Québec. En valeur au débarquement, pour le Québec, c'était environ 50 millions de dollars en 2008. Si je regarde les chiffres d'avant, c'était encore beaucoup plus que cela. Si on coupe de 63 p. 100, cela veut dire 30 millions de dollars de moins en valeur au débarquement. Or, comme on sait très bien que ces montants s'ajoutent et se gonflent davantage à cause du travail qui est fait en usine et le reste, on s'aperçoit que l'impact est majeur.
Lorsqu'on nous parle de conservation de la ressource — c'est pour cela que je réitère les chiffres qui nous sont mentionnés —, ce n'est pas à cause d'une situation arrivée par hasard et tout d'un coup. On le savait déjà d'une certaine façon depuis que je suis en politique. Mon père était pêcheur et j'en ai su déjà un peu à cet égard. On sait très bien que la ressource fluctue, que le poisson voyage et que pour les crustacés, notamment le crabe des neiges, il y a effectivement ce qu'on appelle des cycles. Certains sont élevés, d'autres sont très bas. Depuis déjà plusieurs années, les gens se posaient des questions. On s'aperçoit qu'avec ces chiffres-là, on avait un taux de capture d'à peu près 50 p. 100 de la biomasse. Cela faisait déjà très mal et on savait qu'on était déjà dans un cycle où la ressource était basse.
Donc, en termes de conservation, on a fait fi de ces chiffres, on a oublié complètement les demandes faites par plusieurs scientifiques on s'est concentré sur une chose. Si la ressource est capturée de façon abondante, cela fera travailler beaucoup de gens. C'est malheureux qu'on soit arrivé à la situation de 2010 où il y a eu une coupe de 63 p. 100. Cependant, cette coupe aurait pu être évitée, elle était évitable et c'est aussi en même temps le malheur dans tout cela. Toutefois, on ne peut pas nécessairement refaire le passé, même si j'aimerais bien. Là, on se retrouve dans la situation où la ministre et le ministère n'avaient comme plus le choix. On a cette coupe de 63 p. 100.
Or, après cette coupe, après cette annonce, il y a comme un degré de responsabilité qui incombe à la personne ou au groupe qui prend une décision de ce type parce que je suis sûr et certain que les gens du ministère savaient qu'il y aurait un impact par rapport à la mesure prise relative à cette coupe de 63 p. 100.
Presque tout le monde s'attendait à une coupe de 40 ou 50 p. 100. C'est ce qu'on entendait dire à gauche et à droite. J'ai questionné la ministre des semaines avant que la décision ne soit rendue. Je lançais des chiffres comme 40 et 50 p. 100. C'est ce qu'on entendait. On avait de la difficulté à croire que les coupes pouvaient atteindre 63 p. 100. Maintenant, on vit avec cette décision. Ces 63 p. 100 ont des répercussions majeures partout. Je rappelle qu'il y avait déjà un effet important sur le prix. La coupe de captures ajoutée à cela rend cet impact encore plus dur.
Le pire du pire, c'est ce qu'on entend de la part de la ministre et du ministère. Elle semble dire que faire face aux répercussions ne relève pas de sa responsabilité. Ce serait aux provinces de s'en occuper. Ce serait au Québec de s'en occuper. Ce serait à d'autres de s'en occuper. Je ne le crois pas. Il y a une question de dignité, de rigueur et de responsabilité.
Je n'attaque pas du tout la personne de la ministre des Pêches et des Océans. Je suis certain qu'elle est très responsable et très sensible, mais il y a un problème majeur qui fait en sorte que des gens d'un peu partout se posent de sérieuses questions. Non seulement se posent-ils de sérieuses questions, mais ils ont aussi une réponse. Ils sont d'avis qu'on se fout complètement de l'impact que cela a dans les communautés, chez les aides-pêcheurs et dans les usines.
On nous dit qu'on a regroupé les permis pour les bateaux pour faire en sorte que les pêcheurs et les entreprises subissent moins de répercussions. Soit, c'est une mesure. Toutefois, cela a aussi un impact. Si on demande de regrouper les permis, cela signifie moins d'employés et moins d'aides-pêcheurs sur ces bateaux. Cela a donc un impact.
Il est malheureux de constater que cette décision sur la responsabilité nous a été imposée. Tout le monde s'entend pour dire qu'on n'avait pas le choix. Je crois qu'on aurait pu agir avant, mais ce qui est fait est fait. La responsabilité incombe aux personnes qui prennent une décision comme celle-là. Elles devraient décider d'accompagner les gens, les aides-pêcheurs, les pêcheurs et les ouvriers d'usines, les municipalités, les provinces et le Québec. Sinon, on va gérer les pêcheries en vase clos.
Toutefois, cela ne fonctionne pas comme cela. Cela ne se gère pas en vase clos. Une formule dit que lorsque le poisson sort de l'eau, la tête est provinciale et la queue est fédérale. C'est un peu bizarre, mais cela témoigne de la répartition des responsabilités. Cela fait en sorte qu'un jeu se fait entre les deux. Or une part de responsabilité revient à chacun, qu'on le veuille ou non. Quand une décision est prise au sein du ministère des Pêches et des Océans, elle a un effet partout. Malheureusement, le gouvernail est brisé au sein de ce ministère. Je le constate de plus en plus.
Je prends pour exemple un communiqué daté du mois de mai de l'année dernière. On annonçait qu'il allait y avoir des travaux à Port-Daniel. C'est un endroit que je connais très bien puisque c'est de là que je viens. On annonçait des travaux qui devaient se faire l'an dernier. Un an plus tard, les travaux ne sont toujours pas réalisés.
Qui plus est, on annonce qu'on fera des travaux à Carleton en 2010. Aujourd'hui, on apprend qu'il y a un désaccord entre Transports Canada et le ministère des Pêches et des Océans. Ils ne réussissent pas s'entendre. Il y a une impasse en ce qui a trait aux négociations de rétrocession.
On voit qu'il y a absence de gouvernail parce qu'il est brisé. C'est très sérieux. On doit absolument agir de façon responsable à cet égard. Je crois que les gens nous écoutent en grand nombre ce soir, mis à part les gens qui écoutent la partie de hockey et qui s'en soucient. Mais des gens vivent cette situation et cette crise. Pour cette raison, je crois qu'il faut agir de façon responsable. C'est pourquoi j'en appelle à la ministre et au gouvernement. Je leur demande de prendre leurs responsabilités en ce qui a trait à cette situation.