Madame la Présidente, je vais aujourd'hui parler du discours du Trône.
Le premier ministre a fermé le Parlement pendant des mois sous prétexte qu'il avait besoin de faire certains rajustements. Après avoir lu le discours du Trône, je pense que le gouvernement aurait en fait eu besoin de plus de temps encore. Les Canadiens ont bien le droit d'être déçus car le discours du Trône dénote un manque de compréhension de la situation au Canada et ne contient aucune orientation ou vision claire. Je suis vraiment très déçue. Mais là encore, ce dont le gouvernement conservateur a peut-être vraiment besoin, c'est de faire des ajustements de base plutôt que des rajustements. Il devrait par conséquent planifier soigneusement pour être en mesure d'offrir des solutions utiles ou intéressantes.
Le discours du Trône est rempli de belles paroles, mais dénué de substance. C'est du réchauffé, au moment où le pays demande une vision. Les Canadiens étaient envahis par la fierté en raison du succès que nous avons remporté aux Jeux olympiques. En tant que Canadiens, nous avons encouragé nos athlètes et savouré leur triomphe. Nous aspirons à un Canada meilleur. Nous aspirons à un Canada plus fort, ce que nous ne pouvons toutefois pas attendre du discours du Trône. En tant que pays, nous sommes déçus à l'idée d'avoir laissé passer une autre occasion.
Dans un discours où le verbe « continuer » se retrouve environ 26 fois, nous ne pouvons nous attendre qu'à du repiquage, alors que nous venons de traverser la pire récession de notre histoire. Le discours du Trône est dénué de vision et d'ambition en ce qui concerne les problèmes auxquels sont actuellement confrontés les Canadiens. On voit difficilement comment il pourrait rendre le Canada plus concurrentiel, plus prospère ou mieux préparé à créer les emplois dont nous aurons besoin à l'avenir ou à protéger les fonds de pension dont dépendra notre population vieillissante.
Le contenu du discours du Trône m'a déçue. Les emplois et la croissance sont mentionnés à la deuxième page du discours. Pourtant, les conservateurs planifient une augmentation des charges sociales qui, selon la FCEI, fera disparaître plus de 200 000 emplois.
À la page cinq, il est question d'équilibrer le budget et de geler les budgets de fonctionnement des ministères. Pourtant, les fonds prévus au titre du soutien et des conseils destinés au premier ministre et aux ministres avec portefeuille sont de près de 14 millions de dollars plus élevés que l'année dernière.
Le discours du Trône parle de rétablir l'équilibre financier en éliminant les nominations superflues aux commissions fédérales et aux sociétés d'État. Pourtant, en ce qui concerne les 245 coupes annoncées, 90 p. 100 des postes visés n'ont pas été comblés depuis longtemps. Comment une telle mesure permettra-t-elle de rétablir l'équilibre financier?
Il y est question de scruter à la loupe toutes les dépenses ministérielles pour garantir l’optimisation des ressources et l’atteinte de résultats concrets. Pourtant, plutôt que de veiller à l'optimisation vers laquelle nous devrions tendre, le gouvernement a opéré des coupes suivant son idéologie. Parallèlement à cela, il consacre des sommes record à de la publicité et à des services-conseils.
L'une des coupes opérées par le gouvernement vise des organismes confessionnels comme KAIROS, qui se consacre au développement international. KAIROS est un organisme ecclésial non gouvernemental qui représente sept des plus grandes confessions religieuses du Canada et se consacre à un ensemble de causes relevant de la justice sociale, dont les droits de la personne en Afrique, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Cet organisme reçoit des fonds de l'ACDI depuis 35 ans et incarne les valeurs canadiennes fondamentales dont nous sommes fiers. Il travaille à la réduction de la pauvreté, au respect des droits de la personne et à la durabilité environnementale. Il fait un travail de sensibilisation et de défense au Canada pour aider les citoyens à devenir plus conscients de ce qu'ils peuvent faire pour soutenir les efforts du Canada au chapitre du développement international.
J'ai rencontré des gens du conseil des Églises de St. John's et des environs et ils sont très inquiets à propos de ces compressions et des répercussions négatives qu'elles auront sur le travail visant à faire avancer les questions de justice sociale. J'ai posé des questions à ce sujet à la Chambre et j'ai l'intention de faire tout mon possible pour que ce financement soit rétabli. Je ne considère pas ces activités comme inutiles. Lorsque les conservateurs suppriment l'aide au développement étranger versée à des groupes comme KAIROS et qu'il gèle les budgets de fonctionnement de tous les ministères et que, parallèlement à cela, il gaspille de l'argent pour des publicités partisanes et embauche plus de consultants, comment pouvons-nous parler de bonne gestion budgétaire axée sur la prudence?
Une autre préoccupation, c'est que le discours du Trône ne contient pratiquement rien sur les personnes âgées et sur les pensions. Récemment, j'ai organisé une assemblée publique sur les personnes âgées et les pensions dans ma circonscription. Environ 100 citoyens, dont des représentants d'organismes y ont participé et ont exprimé leurs vues sur différents sujets. La nécessité de tenir un sommet national sur les pensions y a été évoquée. On y a aussi discuté de la nécessité de hausser les pensions de Sécurité de la vieillesse et du RPC à des niveaux acceptables. Les participants ont aussi déclaré qu'il fallait apporter immédiatement les changements nécessaires à la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.
Que contient le discours du Trône? On y lit que le gouvernement va instituer une journée des aînés et continuera de travailler à des options d'amélioration du système de revenu de retraite. C'est un peu court.
Lors d'une autre table ronde que j'ai organisée dans ma circonscription sur le système de santé, des groupes et des personnes ont parlé des modifications qu'ils aimeraient y apporter. Ils ont mentionné un programme national d'assurance-médicaments, les soins à domicile, le financement du système, les normes nationales, la responsabilisation, la santé publique et l'accès aux médecins. Ils ont parlé du moyen de payer tous les services de santé dont nous avons besoin compte tenu du vieillissement de la population et des endroits où il est possible de réaliser des économies, car ils croient qu'il est possible d'en trouver.
Le discours du Trône ne contient rien de substantiel sur les services de santé. On n'y dit seulement que les transferts au titre de la santé ne seront pas réduits. Il n'est pas nécessaire de fermer le Parlement pendant deux mois pour penser à cela.
Des mesures décisives doivent aussi être prises pour réduire la pauvreté au Canada. Nous vivons dans un pays riche où beaucoup ne participent pas à la vie de la société et n'ont pas accès à la richesse. Dans ma circonscription, j'ai rencontré la Religious Social Action Coalition of Newfoundland and Labrador, un groupe neutre qui regroupe notamment des chrétiens, des musulmans, des juifs, des hindous et d'autres encore qui se sont unis pour réclamer, conformément à leur engagement religieux, que la société élimine la pauvreté au Canada et ailleurs dans le monde.
La coalition a tenu des assemblées publiques à Terre-Neuve-et-Labrador et a rencontré des dirigeants politiques, dont notre chef, Michael Ignatieff. Je m'excuse d'avoir utilisé un nom, madame la Présidente.
Lors des dernières élections fédérales et provinciales, la coalition a demandé à un candidat de s'engager à rendre notre société plus économiquement juste. Ils soulignent que l'écart se creuse entre les plus riches et les plus pauvres de notre société. Que contient le discours du Trône sur la pauvreté? Absolument rien.
Je pourrais parler encore longtemps des insuffisances du discours du Trône. La question de l'environnement y est à peine abordée. Un groupe de ma circonscription qui représente les parties intéressées de ma collectivité sur cette question importante a créé le programme d'action des zones côtières atlantiques du Nord-Est d'Avalon. Ce groupe tente de faire renouveler le financement que lui accorde Environnement Canada depuis un certain nombre d'années.
Ce groupe mène des projets évolués de façon ouverte et transparente. À moins que son financement ne soit renouvelé dans le cadre des initiatives écosystémiques prioritaires en Atlantique que finance Environnement Canada, il ne pourra poursuivre ses activités. Le groupe à la tête de ce programme est très actif dans la collectivité, sensibilisant la population et changeant les mentalités sur les questions environnementales. Il a joué un rôle important, par exemple en sensibilisant les gens à l'importance des enjeux environnementaux, à la nécessité d'assainir le port de St. John's et aux défis avec lesquels sont aux prises les zones côtières.
J'ai écrit au ministre et j'espère que le financement de ce groupe sera renouvelé. Le discours du Trône ne fait aucunement mention de ce genre de mécanisme.
Dans son discours du Trône, le gouvernement n'a pas pris les mesures audacieuses nécessaires pour éliminer la pauvreté. Il n'a prévu aucune mesure en environnement. Il offre peu d'aide aux propriétaires de petites entreprises. Il ne s'attaque pas de façon décisive aux questions touchant les anciens combattants. En ce qui concerne les soins de santé, le discours du Trône laisse grandement à désirer. Les aînés et les régimes de pensions sont presque oubliés. L'enseignement postsecondaire est négligé. Et on n'y fait même pas mention de la stratégie nationale du logement.
Ce discours du Trône manque clairement de vision et d'ambition pour s'attaquer aux difficultés avec lesquelles la population du pays est aux prises.
Ce discours du Trône n'aurait aucune chance de remporter une médaille aux Jeux olympiques. Nous devons vraiment nous efforcer de former un gouvernement responsable, tourné vers l'avenir et qui fait preuve de compassion.