Merci, monsieur le président.
J'aimerais soumettre respectueusement à l'ensemble de mes collègues quelques réflexions qui me viennent à la suite des discussions que nous avons depuis le début de la réunion.
Il me semble que ma collègue Mme Chow a très bien exposé le problème. On peut s'imaginer que tous les yeux de la population de Lac-Mégantic sont rivés sur nous alors que nous discutons de cette question, or ce n'est qu'une partie de la vérité. En réalité, c'est l'ensemble des citoyens vivant dans des municipalités où le tissu urbain est traversé par un chemin de fer qui vivent maintenant dans l'inquiétude à cause des événements de Lac-Mégantic. En même temps que la courageuse population de Lac-Mégantic retrousse ses manches et fait des pieds et des mains pour rebondir, je crois que l'ensemble des citoyens attend des politiciennes et des politiciens de ce pays qu'ils accompagnent cette population dans ce processus.
Cela dit, nous sommes relativement d'accord que nous n'allons pas précipiter les conclusions de l'enquête qui se fait présentement sur le terrain. Il n'a jamais été question d'enlever des ressources et des crédits qui ont été accordés à l'enquête sur les événements de Lac-Mégantic, dans le but de permettre au comité de mener une étude plus globale sur la sécurité dans les transports.
Quoi qu'il en soit, il semble y avoir un certain nombre d'incohérences ou d'éléments qu'il nous faut prévoir. Par exemple, prenons les mesures qui ont été remises en place vers 14 h 30 cet après-midi, avec un délai de six mois. Or nous savons tous que dans six mois, nous n'aurons probablement pas encore reçu le rapport sur les événements de Lac-Mégantic. Une fois ce délai de six mois écoulé, nous nous retrouverons devant les mêmes questions que celles que la population se pose présentement et qui créent chez elle un sentiment d'insécurité croissant. Et si ce n'est pas l'appareil gouvernemental ou ce comité qui tentera d'amoindrir ce sentiment d'insécurité, je me demande bien qui le fera. N'est-ce pas là notre véritable mandat? Je pense qu'il y a eu suffisamment de rapports sur des incidents ferroviaires avant celui de Lac-Mégantic pour que nous commencions déjà à nous interroger et à chercher des réponses à bon nombre de questions qui ont été soulevées depuis les événements de Lac-Mégantic.
Le rapport suivant les événements de Lac-Mégantic apportera-t-il davantage d'information et de nouveaux éclairages? Nous en tiendrons compte à ce moment, d'où la deuxième partie de la proposition. La proposition, telle qu'elle est présentée dans sa version primaire, se concentre uniquement sur Lac-Mégantic et laisse entendre que nous attendions le rapport, puisque nous ne pouvons rien faire maintenant. Cette proposition envoie comme message que l'ensemble de la population va demeurer dans l'insécurité et continuer à vivre avec ses questions, auxquelles nous répondrons peut-être plus tard si nous avons toute l'information.
Cependant, quand nous aurons toute l'information sur les événements de Lac-Mégantic, cela nous permettra-t-il pour autant de calmer toutes les inquiétudes des autres municipalités? Ces dernières se demandent, par exemple, comment s'y prendre pour savoir quels produits transitent sur leur territoire. Elles veulent savoir quelles mesures d'urgence leur maire peut mettre en place, alors qu'on ne sait même pas quels produits transitent sur le territoire ni qui sont les premiers répondants. Finalement, il y a moult questions dont nous pourrions déjà commencer à débattre afin de chercher ensemble des solutions.
J'osais espérer — et je l'espère encore — qu'à cette réunion, nous n'allions pas nous retrancher derrière une stratégie de politique partisane. J'espère que nous serons à l'écoute des angoisses et des inquiétudes que vivent les gens non seulement de Lac-Mégantic, mais de bon nombre de municipalités au Québec qui, après ces événements, demandent à leurs politiciens et politiciennes un éclairage non pas dans deux ans, mais maintenant.
Certains pensent même que les événements de Lac-Mégantic auraient peut-être pu être évités. Je ne le sais pas. Peut-être que le rapport nous le dira. Il est trop tôt pour tirer des conclusions là-dessus.
Par contre, il est clair que nous avons la responsabilité de tout mettre en oeuvre pour éviter un autre incident du genre, qu'il soit pire, équivalent ou moins grave, et cela exige que nous nous mettions au travail maintenant. De plus, comme c'est la période estivale et que la Chambre ne siège pas, nous disposons de plus de temps. Les gens s'attendent donc à ce que nous nous attaquions à ces questions en priorité. C'est notre rôle. J'espère que nous discuterons très rapidement d'un calendrier de travail, plutôt que de virgules dans une motion dont le cadre, je le répète, s'étend bien au-delà des événements de Lac-Mégantic, à mon avis.
À qui pouvons-nous faire confiance si nous voulons dormir en paix et avoir le sentiment ferme que nous sommes maintenant en sécurité, peu importe la municipalité dans laquelle nous résidons au Canada?
Merci.