Merci.
À tous mes collègues, je tiens à exprimer mes condoléances les plus sincères, et je sais que nous le faisons tous, aux familles des personnes que nous avons perdues la semaine dernière. Mes prières et mes pensées les accompagnent.
Comme vous tous, j'ai eu le privilège de travailler avec des soldats et des anciens combattants de tout le pays. J'ai entendu leurs histoires: un ancien combattant qui a vécu pendant 10 ans dans le bois; recevoir un avis de suicide d'un ancien combattant un dimanche après-midi et chercher désespérément de l'aide; se mettre à la recherche d'un ancien combattant perdu dans une tempête de neige parce qu'aucun rendez-vous n'était possible chez le psychiatre avant trois mois, malgré un diagnostic de TSPT depuis des années et des années; ne plus avoir de nouvelles d'un ancien combattant pendant des semaines et attendre qu'il émerge du fin fond de sa cave; recevoir une note d'un ancien combattant éperdu parce qu'un ami a été retrouvé mort au bord de la route et un autre mort dans sa cave, parce que les deux avaient simplement cessé de vouloir vivre, avaient cessé de se nourrir et de prendre leurs médicaments. Je partagerai ces situations, et j'adresse mes condoléances aux familles.
Voici ce que j'entends de la part des héros extraordinaires de notre pays dans leur désespoir: « Nous souffrons tous et avons besoin d'aide. Il n'y a pas que les gars qu'on a perdus outre-mer, il y a aussi ceux que nous perdons ici par le suicide. Ils auraient tout aussi bien pu disparaître là-bas. Nous l’avons tous envisagé, c'est une pensée inexorable. Quand je songe au suicide, c'est un soulagement. Ça veut dire mettre fin à la douleur, ne plus avoir à se battre contre ça. La question que nous nous posons tous est de savoir comment partir et comment laisser notre famille dans une meilleure situation. Tout le monde serait mieux sans nous. » Ceci vient d'un médecin que les anciens combattants appellent « L’ange gardien »: « Ils souffrent, leurs familles souffrent. Beaucoup d'épouses m'ont contacté. Elles ont peur de rester avec eux. Elles ont peur d'eux et pour eux. »
Je me demande si vous pourriez partager, de manière générale, les symptômes dont souffrent les gens que vous traitez. À quoi ressemble leur vie et que devrions-nous faire?