Monsieur le Président, c'est ma première intervention, sauf pour ce qui est des questions et des observations. C'est à mon tour de répondre au discours du Trône, mais, avant de commencer, j'aimerais remercier les habitants de Coast of Bays—Central—Notre Dame de m'avoir accordé l'honneur de les représenter à la Chambre. J'aimerais également remercier les anciens électeurs de Bonavista—Gander—Grand Falls—Windsor de m'avoir fait confiance ces 11 dernières années et demie.
Je m'en voudrais de ne pas féliciter une personne en particulier qui sera ici cette semaine, c'est-à-dire M. Dwight Ball, qui a récemment remporté ses élections et qui est maintenant le premier ministre désigné de Terre-Neuve-et-Labrador. Je lui offre mes meilleurs voeux, ainsi qu'à son nouveau Cabinet et au nouveau gouvernement. Je suis impatient de collaborer avec eux.
Ces derniers temps, lors de mes tournées, principalement dans la région centrale de Terre-Neuve, et, de toute évidence, au cours des trois derniers mois pendant la campagne électorale, les discussions étaient surtout axées sur l'ouverture. À Terre-Neuve-et-Labrador, le même thème revenait, celui de reprendre les affaires, de recommencer à diriger, de recommencer à écouter et de recommencer à investir des fonds et à offrir aux gens de l'espoir et de la transparence afin qu'ils puissent reprendre leur vie normale et qu'eux, leurs enfants et leurs petits-enfants puissent réussir dans la vie.
À Terre-Neuve-et-Labrador, l'hostilité était palpable et remontait à une campagne du milieu des années 2000 qui prônait l'élection de n'importe quel parti, sauf celui des conservateurs. On s'attendrait à ce qu'une telle démarche soit le fait d'un gouvernement libéral ou néo-démocrate, mais, en fait, ce fut le Parti conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador qui a ainsi livré la guerre aux conservateurs d'Ottawa. Voilà qui donne une idée de la situation. Maintenant que j'y repense, il s'agissait plutôt du Parti progressiste-conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador.
Durant le débat sur l'Adresse en réponse au discours du Trône, les députés ont abordé de nombreux thèmes intéressants à bien des égards pour les gens de ma circonscription et moi. Comme bien des gens le savent, l'industrie des pêches, qu'il s'agisse de la morue, du crabe, de la crevette, du maquereau ou d'autres espèces de la région, est depuis longtemps l'une des principales sources d'exportation chez nous, notamment au centre de Terre-Neuve. Avec les mines et la forêt, cette formidable industrie d'exportation soutient les 140 collectivités de ma circonscription depuis plus de 500 ans. Toutefois, un autre produit d'exportation est récemment venu détrôner les produits de la mer, j'ai nommé les travailleurs spécialisés.
Les plus vastes licenciements de toute l'histoire du Canada sont survenus en 1992, au moment de la fermeture de la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador. Des millions de gens ont alors perdu leur emploi. Il s'est agi de les rééduquer, de bâtir des collèges, de trouver de l'argent pour investir dans les compétences afin que les gens puissent faire la transition vers un autre emploi et afin que les collectivités puissent survivre.
Cela a suscité beaucoup de controverses à l'époque. On disait qu'un village d'une vingtaine de personnes ne pouvait pas accueillir cinq charpentiers ou cinq salons, que ce n'était pas possible. À l'époque, les collèges s'agrandissaient et s'adaptaient au marché mondial et pas seulement au marché canadien. Et c'est là que se trouvait la clé.
Grâce aux compétences qu'ils ont acquises, des gens de ma circonscription se rendent désormais pendant des semaines dans des endroits comme le Nigeria, la Russie, la Norvège, l'Afrique du Nord et, bien sûr, l'Alberta et la Saskatchewan. Si je parle de tout cela, c'est parce que la seule raison pour laquelle les gens ont pu survivre et prospérer pendant la récession de 2008, c'est que la province a pu exporter ses gens, leurs métiers, leurs compétences et leurs talents.
La seule raison pour laquelle c'est arrivé, c'est parce que, entre 1992 et 1996, nous avons été en mesure de débattre de ce qui était le mieux, pas seulement pour ceux qui avaient perdu leur emploi dans le secteur des pêches, mais pour tous ceux qui les ont suivis. Leurs enfants et leurs petits-enfants profitent aujourd'hui des investissements qui ont été faits alors.
Ce qui m'amène à notre sujet d'aujourd'hui concernant les infrastructures. C'est pour une très bonne raison que nous multiplions les investissements dans ce secteur. Et ce n'est pas seulement dans les routes, les ponts et les connexions Internet que nous investissons, nous investissons aussi dans l'avenir de nos jeunes afin qu'ils puissent disposer des installations, des emplois et des compétences qui en découlent.
Le discours du Trône contient tant d'éléments, dont le bien-être des Canadiens et la mise en place d'un nouvel accord sur la santé, dont je suis si fier pour toutes sortes de raisons.
J'ai parlé plus tôt de la campagne prônant l'élection de n'importe quel parti sauf le Parti conservateur; elle avait créé beaucoup de remous, pas seulement dans ma province mais aussi dans les autres. Un premier ministre canadien qui daigne s'entretenir avec les premiers ministres provinciaux — inconcevable! L'absence totale de communication entre les deux ordres de gouvernement a semblé être un principe sacro-saint pendant un certain temps. Nous en étions presque arrivés à accepter qu'il était inconcevable que les trois dirigeants territoriaux, les dix premiers ministres provinciaux et le premier ministre du Canada puissent se réunir dans une même pièce. De telles réunions étaient pourtant chose courante par le passé. Je m'en souviens comme si c'était hier: ces discussions avaient lieu sous l'ancien premier ministre Trudeau et d'autres, même sous Brian Mulroney, un vrai conservateur, mais elles ont disparu et tout le monde a arrêté de parler. C'est pour cela que les conservateurs se mettent en colère lorsqu'on soulève la question du dialogue avec les provinces. Ils savent pertinemment qu'ils ont échoué à cet égard. Cela dit, ils ne voulaient même pas essayer.
Je reviendrai à la question de l'accord sur la santé et des compressions qui y ont été apportées. L'accord qui était en vigueur a expiré en 2010. Dans bien des cas, les délais d'attente ont diminué lorsque nous avons conclu l'accord en 2005. Nous envisageons également de bonifier le régime de soins à domicile, comme nous l'avons annoncé dans notre plateforme; c'est une autre mesure dont je me réjouis.
J'aimerais parler d'une autre question qui touche le Canada atlantique: l'assurance-emploi. Mais la question prend une autre dimension lorsqu'on tient compte du travail saisonnier. Il y a des travailleurs saisonniers pas seulement dans les provinces de l'Atlantique, mais bien dans l'ensemble du pays, dans les secteurs de la construction, de la foresterie, de l'agriculture et de la pêche. Nous savons qu'en réponse à la demande, de nombreuses régions se prévalent du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Malheureusement, le programme d'assurance-emploi n'aidait pas.
Ce qui m'a dérangé le plus au cours de la dernière session, c'est que les prestataires de l'assurance-emploi étaient traités comme des gens qui essaient d'exploiter le système au maximum. Or, l'assurance-emploi représente un mode de vie, car ces gens veulent prospérer dans leur collectivité, et l'assurance-emploi permet à des industries de prospérer. Ce ne sont pas seulement les prestataires qui ont le plus besoin de l'assurance-emploi: les entreprises aussi en ont besoin, car il leur faut des travailleurs. Mais de cela, il n'en a jamais été question.
Pendant la dernière session, j'étais le porte-parole en matière de réforme démocratique et je suis très fier de ce qui s'est dit jusqu'à maintenant au sujet de nos institutions démocratiques. Ce qui me rend si fier, c'est que nous avons pris un engagement concernant le système uninominal majoritaire à un tour, car il ne fonctionne pas pour la plupart des Canadiens. Nous avons décidé qu'il était temps pour nous d'engager un dialogue national.
Nous savons que la question a été débattue en Colombie-Britannique, en Ontario et à l'Île-du-Prince-Édouard. Ce fut un excellent exercice pour bien des gens, car ils ont dû s'éduquer à propos de notre système et de la façon d'élire des représentants de manière véritablement démocratique et responsable. De nombreuses idées n'ont pas fait long feu, et aucune modification fondamentale n'a été apportée. Pourquoi donc ne pourrions-nous pas, en tant que gouvernement fédéral, ouvrir ce débat d'un océan à l'autre? Il est grand temps de le faire. Nous savons que le statu quo est une possibilité et qu'un certain parti favorise un type précis de représentation proportionnelle.
Nous avons décidé de tenir ce débat ouvert avec des gens qui n'ont jamais discuté de la question auparavant. À Terre-Neuve-et-Labrador, nous n'avons jamais eu de dialogue provincial sur le type de système que nous aimerions adopter si nous choisissions de faire une transition. Par conséquent, ce que j'aime de cette idée, c'est que nous mettrons en branle un processus qui permettra aux Canadiens de participer au débat. Qu'il se tienne avec les premiers ministres provinciaux ou des groupes tels que le Mouvement pour la représentation équitable au Canada, au moins, il s'agira d'un débat sérieux.
La première chose que j'ai apprise lorsque je suis arrivé ici, en 2004, a été d'écouter beaucoup plus que de parler. Alors je vais maintenant me taire.