Monsieur le Président,
[Le député s'exprime en inuktitut.]
[Traduction]
Je suis heureux de pouvoir parler de cette motion au nom des Nunavummiuts et de tous les survivants.
Je souhaite remercier le député de Timmins—Baie James d'avoir présenté cette motion à la Chambre. Je souhaite aussi remercier le Nouveau Parti démocratique de partager son temps de parole avec moi et de me permettre de m'exprimer.
Je peux dire sans l'ombre d'un doute que des excuses papales pour le rôle qu'a joué l'Église dans la mise en oeuvre des pensionnats autochtones au Canada, et sa participation, sont totalement justifiées, et honnêtement, que le pape présente des excuses aux Autochtones du pays est la moindre des choses.
À cause des pensionnats autochtones, une génération d'enfants autochtones a été privée de son enfance, élevée non pas par des parents dans un foyer aimant, mais plutôt dans une culture de violence, une culture d'abus psychologique et sexuel. C'est cette culture étrangère et tordue qui a depuis engendré des problèmes de santé mentale, de dépendance aux drogues, et de suicides parmi les Autochtones des collectivités d'un bout à l'autre du Canada. Je le sais, car j'ai vécu l'expérience des pensionnats. Je le sais, car j'en ai moi-même conservé des séquelles. Je connais personnellement des personnes qui en souffrent encore aujourd'hui, des membres de ma famille et des amis qui vivent avec les démons de ce passé.
Dans ma circonscription, pas une seule famille n’a été épargnée par cet horrible héritage. Malheureusement, l’effet dévastateur des pensionnats ne s’est pas fait sentir seulement sur la génération qui en a vécu les horreurs, mais il touche encore les jeunes d’aujourd’hui.
La Conférence des évêques catholiques du Canada cherche à se défiler de ses responsabilités en invoquant des arguments d’ordre technique bien faibles. On laisse entendre, par exemple, que de très nombreux diocèses se sont partagé la responsabilité des pensionnats. On dit que des excuses prononcées par le pape à l’occasion d’une visite au Canada pourraient entraîner un fardeau financier pour l’Église. Vraiment! Ces arguments me renversent.
Pire encore, je lis ce matin qu’on hésite à présenter des excuses à cause de facteurs politiques susceptibles d’influer sur les liens entre le gouvernement et l’Église. On fait par exemple allusion au nouveau critère de financement du programme Emplois d’été Canada et de l’hésitation de l’Église à répondre à une demande directe du gouvernement.
Un archevêque aurait dit: « Cela place l’Église dans une position délicate. » Eh bien. J’aimerais que l’Église pense à la situation délicate dans laquelle s’est trouvée la population autochtone à cause des pensionnats. Je peux assurer l’archevêque que, quelle que soit la position délicate dans laquelle l’Église pourrait se trouver, les Autochtones ont vécu des choses bien pires à cause des pensionnats.
En tant que chef de l’Église catholique, le pape doit prendre la responsabilité de ses actes et des effets profonds qu'ils ont eus sur des générations d’Autochtones. Il doit présenter des excuses au nom de son Église et s’associer à l’esprit de réconciliation, comme l’a recommandé la Commission de vérité et réconciliation. S’excuser n’est pas seulement juste, c’est aussi un geste chrétien. Même si les excuses n’effacent pas les horreurs du passé, elles feront beaucoup pour la guérison des survivants.