Monsieur le Président, c'est un honneur de pouvoir m'exprimer cet après-midi au sujet du projet de loi de mon collègue de Terrebonne. Il s'agit d'un projet de loi noble sur la question du financement des partis politiques.
Notre rôle ici est de bien représenter la population et nos circonscriptions. Est-ce qu'il y a des citoyens qui ont plus de droits que d'autres en démocratie? Non. Le principe de base, le principe fondamental, est que chacun a une voix égale. Malheureusement, on observe qu'une corrélation s'est avérée entre le financement des partis politiques et les résultats qu'ils obtiennent. Il s'agit d'une déformation, cela donne un plus à l'argent.
Les gens les plus fortunés peuvent décider de financer les partis politiques, notamment ceux qui peuvent aspirer au pouvoir, les deux grands partis. Il y a eu ce genre de cas dans les derniers mois et les dernières années, dont l'accès à des repas ou à des soirées de financement à 1 500 $. Évidemment, ces gens s'attendent à un retour d'ascenseur. Cette façon de fonctionner biaise notre démocratie, elle la détourne. Avec un tel système, un citoyen a plus de pouvoir pour s'exprimer que d'autres citoyens à cause de l'argent.
L'idée de mon collègue est de réduire cet apport en réinstaurant un financement public. Il est bien question de réinstaurer le financement public, comme l'a dit mon collègue de Trois-Rivières dans son discours. C'était le cas auparavant, mais ce type de financement a été aboli sous le régime de M. Harper.
Le financement public avait été mis en place sous le régime de Jean Chrétien. Il faisait suite au scandale des commandites. Les petits amis finançaient le parti et ils obtenaient par retour d'ascenseur des contrats; c'est cela le scandale des commandites. M. Chrétien s'est dit qu'il devait sauver la face, donc il a instauré un peu plus de démocratie. Malheureusement, c'est souvent comme cela qu'on avance dans notre société: à la suite d'un scandale, on instaure une mesure plus progressiste ou on améliore la démocratie.
Ce que propose mon collègue, c'est de ramener sur la table le principe du financement populaire par nombre de votes reçus pour les partis existants. Le principe est formidable. Ce n'est pas la fin du monde ni la panacée, mais c'est un retour dans la bonne direction.
Comme le disaient mon collègue de Trois-Rivières et mes autres collègues, on est à l'étape du principe. À la Chambre, personne ne peut justifier un vote contre ce projet de loi en deuxième lecture pour des questions de détails. Nous sommes tous ouverts à l'idée que le projet de loi soit bonifié en comité, comme nous l'avons dit et répété dans les discours aujourd'hui. C'est cela le principe.
Nous, les députés, avons un rôle de législateur, c'est-à-dire d'adopter de bonnes lois qui améliorent la démocratie et qui correspondent à ce que demandent les gens que nous représentons. C'est de cela qu'il est question et c'est vers cela qu'il faut aller. Je ne peux pas imaginer que quelqu'un de bonne foi voterait contre ce principe aujourd'hui. Si des conservateurs et des libéraux votaient contre ce projet de loi, je ne pourrais que déduire qu'ils le font par intérêt électoraliste. On dénonce le cynisme en politique et le fait qu'on fait moyennement confiance aux politiciens. S'il fallait que des députés votent contre ce projet de loi en prétextant des microdétails qui seraient débattus et bonifiés en comité, je n'aurai pas confiance en ces députés puisqu'ils seraient d'abord intéressés par le pouvoir. Un vote contre le projet de loi démontrerait qu'ils veulent gagner les prochaines élections et s'assurer que leur parti sera fort grâce aux intérêts financiers des riches et des puissants.
Les paradis fiscaux sont un exemple. Dans les beaux discours, on est contre. La ministre dit que la trappe se referme alors que rien n'est fait concrètement. On continue de légaliser de plus en plus de paradis fiscaux. Est-ce que ce sont des gens de la classe moyenne et, comme les libéraux le disent, ceux qui travaillent très fort pour la rejoindre qui profitent de cela? Pas du tout.
Si le milieu des affaires et les banques à Toronto et à Bay Street disent à leurs amis de continuer ainsi et qu'en échange les hommes et les femmes d'affaires vont se regrouper et continuer de leur donner 1 500 $, cela ne fonctionne pas.
Ce n'est pas de la démocratie. C'est contraire à la démocratie. C'est la dictature de l'argent et il faut que cela change.
Mon collègue dépose un projet de loi qui repose sur un principe concret et qui est un pas dans la bonne direction. À mon avis, c'est un principe démocratique fondamental. Tout le monde devrait être pour cela. Si on est contre cela, je ne pourrai que constater qu'il y a de la mauvaise foi.
Je terminerai en disant que nous avons dénoncé les soupers à 1 500 $, ainsi que le financement du premier ministre par des donateurs qui venaient de Toronto et de la communauté de Vancouver en échange d'une banque de leur communauté culturelle qui avait été autorisée. Nous avons dénoncé cela. Ce n'est pas un système que nous voulons. Nous voulons des principes plus objectifs.
Mes collègues et moi faisons présentement partie d'un groupe de parlementaires indépendants. Si ce projet de loi était adopté demain, cela ne nous rapporterait pas une cenne. Si nous nous levons debout aujourd'hui, c'est pour une question de principe, parce que nous croyons à une meilleure démocratie. Nous venons défendre des valeurs ici, pas seulement des intérêts personnels, comme je pourrais supposer que c'est le cas pour mes collègues d'en face et mes collègues d'à côté. J'incite tout le monde à voter pour le projet de loi de mon collègue. Comme je l'ai dit, nous sommes à l'étape du principe. Il sera bonifié en comité.