Monsieur le Président, avant de commencer mon discours, je veux dire à quel point je suis fier aujourd'hui de me lever à la Chambre pour parler au sujet de la motion de mon collègue de la circonscription d'Edmonton—Wetaskiwin, qui traite d'un sujet très important, soit le trouble du spectre de l'autisme.
Depuis mon arrivée à la Chambre il y a un an et demi, j'apprends à le connaître et je constate à quel point il est travaillant. Dans ce dossier, il a démontré une persévérance et une détermination sans borne, afin de nous convaincre, nous membres du caucus, de mettre cette motion en avant. C'est un genre de dossier qui aurait pu être mis de côté ou reporté à plus tard. Toutefois, il est important de tenir compte des besoins enfants et des adultes qui vivent avec ce problème présentement.
Comme je le disais, j'ai l'immense plaisir de me lever à la Chambre pour offrir mon soutien aux personnes et aux familles aux prises avec le trouble du spectre de l'autisme.
Comme nous le savons tous, cette maladie touche de nombreux Canadiens partout au pays. C'est d'ailleurs la maladie neurologique qui croît le plus rapidement au Canada présentement. En fait, 1 enfant sur 68 obtiendra un diagnostic d'autisme qui peut apparaître sous différentes forme, mais qui se caractérise habituellement par des difficultés de communication, de comportement et sur le plan des interactions sociales.
Malgré le fait que je ne possède pas l'expertise de mon collègue instigateur de cette motion et père d'un enfant autiste, le député d'Edmonton—Wetaskiwin, en ce qui a trait à cette maladie, j'ai eu la chance au cours de ma vie professionnelle de côtoyer des gens touchés par l'autisme. Je peux témoigner des défis auxquels ils font face, mais également de nombreuses histoires d'entraide et d'amour.
Je dis cela parce qu'avant d'être député, j'ai été maire d'une municipalité. À ce moment-là, j'ai été très sollicité par des parents, des familles et des enfants qui demandaient du soutien par le biais de différentes organisations municipales. Avant cela, j'ai été enseignant et directeur d'écoles primaires et secondaires. J'ai côtoyé au quotidien des enfants qui vivaient avec ce diagnostic. J'ai constaté chez des parents une certaine détresse à certains moments au cours des journées, des semaines et des mois, malgré tout l'amour qu'ils avaient pour leur enfant. Ils nous envoyaient un message.
Je vais conter une petite anecdote personnelle. Lorsque j'étais directeur d'une école secondaire à Plessisville, il y avait un jeune qui était en période de classement et qui avait reçu un diagnostic du syndrome d'Asperger. Ce syndrome a une certaine ressemblance à l'autisme, mais je ne suis pas expert sur le sujet.
Le réflexe naturel des gens, à cause du manque de connaissances dans ce dossier, était de l'envoyer directement dans des groupes avec aide, des groupes pour élèves en difficulté de comportement. Une de mes amies psychologue qui avait un doctorat et qui le suivait par le biais d'un organisme communautaire de ma région, avait demandé à me rencontrer à titre personnel. Elle connaissait ce jeune et elle m'avait dit que je ne pouvais pas envoyer cet enfant dans une classe avec aide, parce que c'était un enfant différent qui avait certaines difficultés, mais qui n'avait pas de troubles de comportement. C'était un enfant qui comprenait les règles, mais qui vivait avec certaines difficultés.
C'était drôle parce que parfois je me posais une question concernant cet enfant, me demandant si ce n'était pas lui qui était « normal » par rapport aux autres.
Durant un cours, le professeur avait donné une consigne très simple: avant de poser une question, il fallait lever la main. Ce jeune respectait tout simplement la consigne qui avait été donnée par l'enseignant. Il voyait autour de lui beaucoup d'élèves qui posaient des questions sans lever la main et qui dérangeaient la classe. Il s'était énervé à un moment donné et le professeur l'avait exclu de la classe parce qu'il dérangeait. Il était arrivé à mon bureau et j'avais essayé de comprendre ce qui se passait. Le professionnel m'avait alors expliqué que cet enfant avait réagi parce que les autres ne comprenaient pas les règles de fonctionnement de la classe. J'avais trouvé assez spécial qu'on punisse un enfant qui demandait qu'on suive tout simplement les règles. Au bout du compte, c'est pour dire que c'était peut-être lui qui représentait la normalité des choses et les autres qui avaient des troubles de comportement.
Je le dis avec un petit sourire, mais en même temps cela démontre toute la méconnaissance que nous avions à ce moment-là. Depuis, beaucoup de travail a été fait chez nos professionnels pour qu'ils comprennent et soutiennent bien ces enfants dans les classes.
Des histoires comme celles-là, c'est-à-dire de jeunes qui s'intègrent à l'activité sociale et collective de leur école ou qui reçoivent de l'aide en classe, sont souvent celles que nous avons en tête lorsque nous pensons aux personnes atteintes d'autisme.
Par contre, c'est seulement une partie du problème parce que la maladie continue d'être présente après la période scolaire. Il ne faut donc pas seulement considérer la situation des enfants et des adolescents lorsque nous tentons de trouver des solutions à ce problème de santé.
Il faut comprendre que ces jeunes vieilliront avec l'autisme et auront besoin d'autres types de soutien dans leur vie adulte. C'est là que la réalité frappe et que les ressources semblent principalement manquantes. En effet, on pourrait même dire qu'il existe un fossé énorme entre les services que les jeunes reçoivent durant leur parcours scolaire et ceux qu'ils reçoivent après avoir terminé l'école, puisque la majorité des soins et services qu'ils obtenaient cessent lorsqu'ils atteignent l'âge adulte.
Cette période de transition entre la vie d'étudiant et la vie d'adulte, qui représente déjà des défis importants pour la majorité des Canadiens, devient soudainement très ardue pour ces jeunes ayant cet handicaps, si on peut appeler cela ainsi, qui voient la majorité de leurs ressources s'évaporer, ce qui cause beaucoup de stress et d'anxiété.
Le groupe de travail qui a produit le projet de partenariat canadien pour l'autisme, dont il est question aujourd'hui, décrit bien le manque de ressources pour les gens vivant avec l'autisme à l'âge adulte. Il dit que les services et les interventions nécessaires pour les adultes aux prises avec l'autisme sont généralement manquants ou inaccessibles dans toutes les régions du Canada, plus particulièrement les perspectives d'emploi adaptées à ces individus. Il ajoute que les politiques provinciales et territoriales varient de province en province ou d'un territoire à l'autre, mais que, nonobstant l'endroit, les familles et les individus aux prises avec l'autisme décrient un manque d'appui. Les problèmes s'accentuent également lorsque les individus atteignent l'âge de la retraite. Ils n'ont habituellement aucune pension ni revenu, parce qu'ils n'ont pas eu la possibilité de travailler au cours de leur vie.
On parle de cette réalité dans la motion d'aujourd'hui, lorsqu'on fait allusion aux problèmes encourus par les autistes au cours de toute leur vie. Il ne faut pas non plus oublier les parents, des gens de coeur, les frères, les soeurs et les proches qui continuent d'appuyer un être cher touché par cette maladie, sans oublier ceux qui vivent seuls.
Bien que la réalité soit différente dans ces deux situations, alors que certains vivent avec leur famille et d'autres seuls, la question du logement est primordiale. Chaque personne devrait avoir droit à un logement sécuritaire, abordable et adapté à ses besoins, qu'il s'agisse d'une maison existante, d'une résidence pour personnes avec déficiences ou d'un appartement individuel.
L'employabilité, tel qu'il a été mentionné plus tôt, est un autre aspect important. Cela peut comprendre l'adaptation des milieux de travail ou la mise sur pied d'emplois adaptés. Ultimement, il faut s'assurer qu'il existe des perspectives pour tous les adultes autistes, afin qu'ils puissent contribuer à leur façon et participer pleinement aux activités économiques de leur communauté. C'est à la base de leur santé physique et mentale.
Cette participation à la communauté doit également inclure des possibilités d'engagement social. Le système scolaire leur permet d'interagir avec d'autres collègues et amis, de s'épanouir et de bâtir des relations importantes pour le développement humain. Par contre, une fois que l'école est terminée, malheureusement, ces possibilités de développement social deviennent de plus en plus rares. Il faut remédier à cette situation immédiatement.
Tout comme nous, les gens aux prises avec l'autisme voient leurs besoins évoluer au fil des ans, et ces besoins doivent être comblés. Aujourd'hui, on doit se demander dans quelle mesure ces besoins sont atteints et prendre des mesures concrètes pour combler les lacunes observées. C'est ce que fait cette motion en proposant de financer adéquatement un partenariat canadien pour l'autisme. Nous aurons ainsi la capacité d'évaluer ce qui est fait à l'échelle du pays et de nous assurer que les personnes autistes et leur familles — je tiens à le souligner — ont ce dont elles ont besoin. Nous pourrons ainsi mettre en contact les individus touchés ainsi que leur familles, les professionnels de la santé, les gens de l'éducation, les chercheurs et les décideurs, afin de faciliter le partage d'information et les meilleures pratiques.
Ces conversations entre le fédéral, le provincial, les territoires et les municipalités sont essentielles afin de partager des solutions novatrices qui pourront profiter à tous ces individus partout au Canada. En mettant sur pied ce partenariat unique, nous nous assurerons que les personnes aux prises avec l'autisme et leurs familles peuvent vivre leur vie dignement.
En conclusion, je salue toutes ces personnes ainsi que leurs familles. Je les remercie de leur passion et de leur dévouement. Nous continuerons à nous battre pour eux afin qu'ils aient des ressources. Nous ferons en sorte que tous les parlementaires appuient la motion, et ce, sans partisanerie.