Madame la Présidente, je tiens à remercier mon ami et collègue de Thornhill de partager son temps de parole avec moi aujourd'hui.
J'ai l'honneur de prendre la parole aujourd'hui à la Chambre pour parler du projet de loi C-18, Loi modifiant la Loi sur le parc urbain national de la Rouge, la Loi sur l'Agence Parcs Canada et la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Le parc urbain national de la Rouge est le premier de la sorte au Canada. Nous vivons dans un pays qui se distingue par sa diversité culturelle et son environnement diversifié.
Il est important que tous les Canadiens aient la possibilité de découvrir la beauté du riche environnement naturel du pays et de profiter de tout ce qu'il a à leur offrir. D'ailleurs, c'est pour cela que ce parc a été créé: pour rapprocher les Canadiens de la nature, de la culture locale et de l'agriculture.
J'aimerais commencer par parler de l'histoire du parc urbain national de la Rouge, car c'est essentiel pour comprendre le contexte entourant le projet de loi C-18.
Comme l'a déjà souligné mon collègue d'York—Simcoe, la création du parc urbain national de la Rouge remonte à l'époque du gouvernement Mulroney, quand des députés et des membres de la collectivité ayant reconnu le paysage environnemental exceptionnel de la vallée de la Rouge ont décidé qu'ils voulaient le protéger pour les générations futures. Toutefois, ce n'est qu'en 2011, sous le gouvernement conservateur précédent, qu'on a commencé à prendre des mesures concrètes afin d'assurer la création du parc.
En effet, dans le discours du Trône de 2011, le gouvernement conservateur précédent a prévu 143,7 millions de dollars sur 10 ans pour la création du parc urbain national de la Rouge. À partir de là, une mesure législative a été rédigée pour enchâsser la protection du parc dans la loi. En mai 2015, les conservateurs ont adopté le projet de loi C-40, Loi concernant le parc urbain national de la Rouge.
À cette époque, je dois avouer que j'ai été choquée par la vive opposition à cette initiative de la part de mes collègues libéraux et néo-démocrates ainsi que par la grande ingérence politique du gouvernement libéral ontarien, au détriment de la protection de la vallée de la Rouge.
C'est ce qui m'amène tout naturellement à parler de quelques-unes des réserves que continue de susciter le projet de loi C-18. À mon avis, et de l'avis de bon nombre de mes collègues, le projet de loi C-18 sert de paravent politique aux libéraux fédéraux, qui veulent ainsi gommer le fait que les libéraux ontariens de Kathleen Wynne ont refusé de transférer la portion provinciale des terres visées avant les élections de 2015.
Les libéraux n'ont pas cessé de faire de la petite politique avec le parc urbain national de la Rouge. En fait, le ministre de l'Infrastructure de l'Ontario, Bob Chiarelli, a secrètement exigé 100 millions de dollars pour que son gouvernement accepte de transférer les terres en question. Les députés se doutent bien que le principe même de la chose a hérissé le gouvernement conservateur et qu'il a refusé.
Après cet épisode, le ministre provincial Duguid a rédigé une lettre dans laquelle il affirme que le gouvernement de l'Ontario refusera de transférer ces mêmes terres tant qu'il ne sera pas inscrit noir sur blanc dans la Loi sur le parc urbain national de la Rouge que la gestion du parc doit être axée d'abord et avant tout sur son intégrité écologique.
Cela m'amène à mon deuxième point, l'utilisation de l'expression « intégrité écologique ». Stricto sensu, l'intégrité écologique suppose qu'on laisse les forêts brûler, les inondations recouvrir les terres et la faune et la flore survivre sans intervention humaine aucune.
Le parc de la Rouge est bordé de quartiers domiciliaires; il est traversé par des routes, des lignes électriques et un pipeline, sans compter les terres agricoles en exploitation, un ancien site d'enfouissement et un ancien parc à ferrailles. Bref, les mesures que nous prenons, quelles qu'elles soient, ne respecteront jamais l'intégrité écologique qu'en mots seulement.
En axant la gestion du parc sur son intégrité écologique, nous ouvrons également la porte à l'ingérence dans les activités des agriculteurs présents dans le parc, voire à leur expulsion pure et simple.
Soyons clairs: ce parc comporte des caractéristiques uniques. Tous les députés qui ont pris la parole au sujet du projet de loi l'ont reconnu. Il n'existe aucun autre parc semblable au Canada. En fait, une caractéristique majeure du parc, à mon avis, est qu'il renferme des terres agricoles. Je viens de la région du Canada la plus diversifiée sur le plan agricole et je crois qu'il est extrêmement important pour tous les Canadiens de comprendre l'apport essentiel des agriculteurs à notre quotidien.
Malheureusement, ce n'est pas tout le monde qui n'a qu'à mettre le nez dehors pour voir les agriculteurs à l'oeuvre. Le fait d'inclure les fermes dans le parc sensibilisera les Canadiens au travail des agriculteurs et, espérons-le, les rendra plus reconnaissants du travail qu'ils font pour nous.
Ouvrir la possibilité d'exproprier les agriculteurs du parc urbain national de la Rouge nuirait au parc dans son ensemble et aux gens qui le visitent.
Ce qui importe toutefois d'abord et avant tout, c'est d'assurer la sécurité des Canadiens vivant à proximité du parc; à cette fin, nous ne pouvons pas et nous ne devons pas appliquer le principe d'intégrité écologique à un parc urbain national.
Comme je l'ai dit précédemment, la définition du terme « intégrité écologique » implique notamment de laisser libre cours aux feux de forêt et aux inondations. Permettre cela dans ce cas-ci mettrait en péril la vie des résidants de la région. Qu'est-ce que cela accomplirait, au juste, au détriment de la sécurité des Canadiens?
Bref, même Parcs Canada rejette ce principe, car il s'agit d'une approche irréaliste pour un parc urbain.
Comme le savent les députés, le gouvernement doit accorder la plus haute importance à la sécurité des Canadiens. Je suis extrêmement déçue de constater un tel manque de respect de la part du gouvernement libéral à l'égard des Canadiens qui vivent dans la région.
Le projet de loi C-18, soit dit en passant, ne prévoit pas le transfert des terres à vocation de parc qui ont été expropriées par les libéraux fédéraux au début des années 1970 afin d'y aménager un aéroport qui n'a jamais vu le jour. Il ne prévoit pas non plus le financement supplémentaire de 26,8 millions de dollars réparti sur six ans, suivi de 3 millions de dollars par année, annoncé en 2015 par le gouvernement conservateur précédent. Je dois admettre que je suis très déçue que les libéraux n'honorent pas non plus cette promesse.
Bien que le parc urbain national de la Rouge ne soit pas particulièrement près de ma circonscription, Haldimand—Norfolk, mes concitoyens et moi sommes très familiarisés avec les notions de faune, de flore et de conservation. Nous sommes l'une des premières régions à avoir mis sur pied le programme des Services de diversification des modes d'occupation des sols (ALUS), qui a récemment obtenu une certification nationale. Notre région est un haut lieu de la biodiversité dans la zone biologique carolinienne. Cette zone contient des terres agricoles exploitées, des forêts et des zones humides et constitue l'habitat de près de 25 % des espèces en péril. De plus, elle compte une faune et une flore importantes et, qu'on le croie ou non, environ 400 espèces d'oiseaux différentes.
En avril 1986, l'UNESCO a désigné le secteur de Long Point en tant que réserve mondiale de la biosphère, le troisième secteur à recevoir une telle désignation au Canada à l'époque. Aujourd'hui, il fait partie des 16 réserves de la biosphère au Canada et est un exemple concret de l'écosystème côtier des Grands Lacs, en plus d'offrir un intéressant mélange d'habitats naturels.
Je suis fière du travail accompli par les habitants de notre région ainsi que par Études d'oiseaux Canada, la Long Point World Biosphere Reserve, la Long Point Region Conservation Authority et d'autres organismes pour promouvoir la durabilité environnementale de notre région afin que des gens de partout au Canada, voire du monde entier, puissent en bénéficier.
J'espère que les mêmes pratiques et principes seront adoptés pour le parc urbain national de la Rouge.
Pour conclure, j'aimerais préciser que j'appuie le projet du parc urbain national de la Rouge et que je voterai en faveur du projet de loi. Cependant, à titre d'opposition officielle de Sa Majesté, nous avons le devoir de soulever ces préoccupations. J'espère que le gouvernement libéral ne se contentera pas de les examiner; je souhaite qu'il prenne les mesures qui s'imposent.