Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Dauphin—Swan River—Neepawa.
À titre de députée de Renfrew—Nipissing—Pembroke, je suis heureuse de représenter les milliers de Canadiens, tant dans ma circonscription de l’Est ontarien que dans le Nord de l’Ontario, qui gagnent leur vie dans le secteur de l’exploitation forestière. Des nombreuses causes auxquelles je me suis consacrée pour les Canadiens comme députée, la défense de l’industrie forestière a été l’une de mes premières responsabilités lorsque j’ai été élue il y a six élections. À titre de membre du groupe de travail sur le bois d’œuvre mis sur pied par mon parti, je regrette de devoir parler encore de quelques-unes des mêmes préoccupations qu'il y a 16 ans à propos du bois d’œuvre.
C’est le gouvernement conservateur qui a négocié une entente à la fin d’avril 2006, trois mois après son arrivée au pouvoir, pour régler le dernier différend sur le bois d’œuvre. Je faisais partie du gouvernement qui a signé l’entente courante qui a pris fin le 12 octobre 2015. Je reconnais qu’elle a été critiquée, comme j’ai moi-même critiqué l’entente précédente qui avait été négociée par le gouvernement Chrétien.
Le gouvernement conservateur avait reconnu que s’empêtrer dans la recherche d’une entente qui satisferait tout le monde ne mènerait nulle part, ce qui était inacceptable, comme il est inacceptable aujourd’hui de ne pas avoir d’accord. Trop de Canadiens risquent de perdre leur emploi. L’industrie du bois d’œuvre dans ma circonscription se compose de petites entreprises, souvent familiales, et de personnes qui vivent de la forêt.
Lorsque j’ai été élue pour la première fois, la politique sur le bois d’œuvre de l’ancien gouvernement Chrétien créait beaucoup de chômage dans ma circonscription. Des producteurs de bois d’œuvre inquiets téléphonaient régulièrement à mon bureau dans l’espoir d’apprendre que le différend sur le bois d’oeuvre serait réglé. Il semble que l’histoire soit sur le point de se répéter si rien n'est fait dès maintenant.
La sylviculture contribue pour 20 milliards de dollars au PIB du Canada. Le secteur forestier génère approximativement 370 000 emplois directs et indirects au Canada. L’hiver s’en vient. Les familles dont le principal soutien travaille dans l’industrie forestière se demandent comment elles vont passer l’hiver en attendant que le gouvernement bouge.
Les choses ont changé depuis la signature de la dernière entente par le gouvernement conservateur. Le Parti libéral rend la vie en milieu rural au Canada beaucoup plus difficile, et la population de régions comme l’Est de l’Ontario qui vit de ces emplois en pâtit. Les frais d’hydroélectricité qui explosent, la décision d’interdire de se réchauffer avec le bois de chauffage et l’imposition d’une taxe sur le carbone qui ajouterait 10 ¢ le litre au seul moyen de transport des Canadiens des régions rurales annoncent des temps durs. S’ils en arrachent quand ils ont un emploi, imaginons la misère quand ils seront au chômage, avec toutes ces nouvelles taxes des libéraux.
Pas facile de travailler dans les régions rurales. Ben Hokum & Son Limited à Killaloe, Murray Brothers à Madawaska, McRae Lumber à Whitney, Lavern Heideman & Sons à Eganville, Gulick Forest Products Ltd., Randy Commanda Forestry à Pikwakanagan, Thomas J. Neuman Ltd., Pastway Planing à Palmer Rapids, et Bell Lumber à Renfrew; voilà juste quelques-unes des entreprises de ma circonscription qui vont souffrir sans une nouvelle entente sur le bois d’œuvre. Il faut absolument une entente pour l’industrie forestière canadienne, pour les travailleurs de cette industrie, et pour les entreprises qui embauchent tous ces gens et qui ont besoin de savoir que leurs affaires vont fonctionner pour investir et créer des emplois.
L’accord de neuf ans qui régissait les droits imposés et qui précisait les lignes directrices sur le commerce du bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis est arrivé à son terme. L’année de statu quo, négociée par le gouvernement conservateur lorsqu’il détenait le pouvoir, est également derrière nous. Pourtant, aucune solution de libre-échange ni aucun accord ne pointent à l’horizon.
Les producteurs des États-Unis allèguent que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux subventionnent l’industrie forestière canadienne. Aux États-Unis, c’est le marché qui détermine les prix. Selon les États-Unis, cette situation est inéquitable par rapport à l'approche adoptée par le Canada dans la gestion de ses forêts. Ils estiment que le bois d’œuvre canadien devrait être assujetti à des droits pour contrebalancer ces subventions alléguées. Dans le passé, les États-Unis ont lancé des enquêtes visant l'imposition de droits antidumping et de droits compensateurs sur le bois d’œuvre canadien. Le Canada est parvenu à se défendre contre ces mesures.
Au Canada, 94 % des forêts poussent sur les terres du domaine public. En vertu de la loi, toutes les forêts exploitées sur les terres du domaine public doivent être replantées. Il faut planter de nouvelles pousses pour remplacer chaque arbre coupé. Avec ses 161 millions d’hectares, soit 43 % du territoire, le Canada possède la plus importante superficie au monde de forêts nationales évaluées de façon indépendante, certifiées et administrées de manière viable.
Les entreprises forestières canadiennes collaborent avec des groupes environnementaux comme Canards Illimités Canada, Pollution Probe, Nature Canada et le Fonds mondial pour la nature, le favori du premier secrétaire du premier ministre.
Les collectivités autochtones de ma circonscription profitent des emplois en forêt. Approximativement 70 % des collectivités autochtones sont situées dans des zones forestières. Les entreprises forestières comptent parmi les principales sources d’emploi pour les Autochtones. Les incendies et les insectes causent beaucoup plus de ravages aux forêts que la récolte durable pratiquée au Canada. Les usines canadiennes de transformation du bois sont plus propres et plus écologiques.
Les Canadiens ont besoin d'une solution durable pour assurer le traitement équitable de l’industrie canadienne du bois d'oeuvre. Pour l’industrie forestière de l’Ontario, le commerce du bois avec les États-Unis est crucial. Alors que près de 95 % des exportations de produits forestiers de l’Ontario vont aux États-Unis, la province n’occupe que 3,34 % du marché des États-Unis. Les marchés accessibles aux producteurs de l’Ontario sont le marché intérieur et le marché des États-Unis.
Les emplois disparaissent à un rythme alarmant dans les régions rurales de l’Ontario. Il est impératif de conserver les emplois de l’industrie du bois d'oeuvre pour maintenir notre mode de vie. L’industrie forestière n’est pas une mince affaire en Ontario; elle exporte des produits dont la valeur dépasse 3,6 milliards de dollars par année et elle emploie plus de 43 000 travailleurs, dont bon nombre travaillent dans l’est de la province.
Les salaires représentent près de 2 milliards de dollars dans l’économie ontarienne. Dans la vallée de l’Outaouais, l’industrie forestière fournit des milliers d’emplois. Dans ma circonscription, Renfrew—Nipissing—Pembroke, la production de bois brut est plus de 10 fois supérieure à la moyenne provinciale. Je pourrais vous nommer plus de 100 entreprises forestières établies dans le comté de Renfrew. L’industrie forestière canadienne est un secteur industriel majeur, représentant 12 % du PIB manufacturier du Canada.
L’incidence sur nos relations commerciales avec les États-Unis constitue également un point important à souligner dans ce débat sur le bois d’œuvre. Le marché des États-Unis est le principal marché des produits à valeur ajoutée transformés en Ontario. Plus de la moitié des produits forestiers de l’Ontario sont exportés. Les députés comprendront pourquoi, de ce côté-ci de la Chambre, nous utilisons le terme « crise » pour qualifier l’état actuel de l’industrie canadienne du bois d’œuvre. Le principal marché d'exportation pour ces produits demeure les États-Unis. Les exportations de l’Ontario ont plus que doublé depuis 1991.
Aux États-Unis, la valeur annuelle de l'industrie de la construction s'élève à près de 700 milliards de dollars américains. C'est surtout sur ce marché que continueront d'être écoulés les produits du bois canadiens. Il est donc essentiel que le gouvernement respecte les relations commerciales particulières que nous avons entretenues par le passé avec les États-Unis et qu'il s'attelle à régler en priorité ce différend commercial. Il est temps de voir si les flagorneries du premier ministre à l'endroit du président américain porteront leurs fruits. Ce qui est clair cependant, c'est que l'élection présidentielle aux États-Unis n'annonce rien de bon pour les Canadiens. Lorsqu'un nouveau président aura été élu, il faudra reprendre les négociations à zéro.
De toute évidence, il faut éviter une crise dans le secteur du bois d'oeuvre. Tout le monde savait que l'accord sur le bois d'oeuvre arrivait à échéance la semaine dernière. Si le gouvernement actuel s'intéressait le moindrement à ce dossier, il saurait que le secteur américain du bois d'oeuvre va exercer des pressions pour que des mesures punitives soient imposées. Les scieries ontariennes, qui ont continué d'investir dans leurs activités, sont déçues du manque d'appui du gouvernement à l'égard de leur industrie. Elles doivent avoir accès au marché américain. Elles s'attendent à ce que les gouvernements du Canada et de l'Ontario adoptent une position plus ferme pour que l'Ontario obtienne sa juste part d'emplois.
Il est temps de défendre les emplois canadiens.