Monsieur le Président, je partagerai aujourd'hui mon temps de parole avec la députée de Sarnia—Lambton.
Je suis heureuse de prendre la parole pour débattre de la motion du NPD. Au bénéfice des auditeurs, je vais lire le contenu de la motion afin que nous sachions de quoi il s'agit exactement.
La motion va comme suit:
Que, compte tenu du fait qu’une crise du logement fait rage au Canada et que 90 % des fonds au titre de la stratégie nationale du gouvernement en matière de logement ne seront pas débloqués avant la prochaine élection [...]
Voici l'élément clé:
[...] et que ces fonds dépendent en grande partie de la collaboration avec les gouvernements provinciaux et le secteur privé, la Chambre demande au gouvernement de: a) reconnaître le droit au logement en tant que droit de la personne; b) débloquer 50 % des fonds de la stratégie avant la prochaine élection afin d’investir dans [...] le logement pour les communautés autochtones [...] la construction de nouveaux logements abordables, de nouveaux logements sociaux et de nouvelles unités de coopératives d’habitation [...] un plan pour mettre fin à l’itinérance [...] la remise en état des logements sociaux et des vieux logements existants [...] l’expansion des suppléments au loyer [...] l’administration de programmes qui répondent aux besoins particuliers des aînés et des personnes à mobilité réduite.
D'abord, je vais parler de la première partie de cette motion, un enjeu qui revient constamment dans les débats avec le NPD. Il s'agit de la question du logement en tant que droit de la personne. Nos deux partis ont chacun leur vision et nous essayons tous de déterminer laquelle est la meilleure.
Nous, du caucus conservateur, avons pris le temps d'en discuter. Nous avons parlé de tout ce qui touche au logement. À vrai dire, ce qui me chicote, c'est quand on commence à y mêler le système judiciaire. Est-ce vraiment souhaitable? On doit tout à fait s'occuper des problème d'itinérance et de logement, mais j'ai des craintes chaque fois qu'on veut y mêler le système judiciaire. Il faut d'abord et avant tout un bon plan et un bon programme.
La deuxième partie de la motion parle de dépenser l'argent annoncé, notamment en débloquant maintenant 50 % des fonds prévus au cours de la première année du programme d'une durée de 11 ans. Comme je l'ai dit, ce programme ne sera mis en oeuvre qu'après les prochaines élections fédérales. Je rappelle que nous avons un gouvernement majoritaire depuis 2015 et que, essentiellement, ce programme est un élément de sa plateforme. Je remercie le gouvernement d'avoir présenté dès maintenant la stratégie nationale sur le logement, qui fera partie de sa plateforme de 2019. Toutefois, tant qu'il n'y a pas de mesures concrètes, ce n'est rien de plus.
J'aimerais revenir sur un autre point. On demande au gouvernement de commencer à dépenser l'argent annoncé et à agir. Malheureusement, je dois rappeler aux députés que le gouvernement actuel n'a pas construit de pipelines ni nommé de juges. Les gens qui ont regardé les nouvelles, hier, savent que les négociations commerciales vont mal. Il y a aussi des retards dans le traitement des demandes d'immigration. La liste de problèmes est longue. C'est ce que nous constatons à la Chambre. Il a même été question des 300 millions de dollars et plus que le ministère des Anciens Combattants n'a pas dépensés. Par conséquent, il est dérisoire de demander de bien faire les choses à un gouvernement qui s'avère incapable de faire les choses qu'il doit faire. Je ne sais pas si ce serait suffisant.
J’ai commencé par passer en revue ce que nous faisons, combien d’argent il reste, ce que nous avons fait pour les communautés autochtones, où vont être construits les nouveaux logements abordables, quel est l’impact de l’itinérance, à quoi ressemble le parc immobilier actuel et quels sont les besoins des personnes âgées. Tous ces éléments doivent être pris en compte, car ils sont très importants.
C’est dire que je ne cherche pas du tout à minimiser l’importance de cette question, loin de là, et le logement en fait partie. En première année de psychologie, on étudie Maslow et le principe selon lequel avoir un toit est un besoin fondamental. Toutefois, nous, les conservateurs, nous avons une philosophie différente quant à la façon de combler ce besoin.
À mon avis, une économie prospère permet de financer de meilleurs programmes. Quand j’entends le NPD dire qu’il faudrait mettre la charrue devant les bœufs, moi je dis qu’il faut mettre les bœufs devant la charrue. Il faut avoir des politiques économiques robustes et un dynamisme économique soutenu pour pouvoir financer ces programmes sociaux et s’assurer que les besoins essentiels de tous les Canadiens sont satisfaits. Le coût du logement est aussi un élément.
Par conséquent, il faut commencer par élaborer un modèle de gestion assez simple en matière de logement. C’est comme la gestion d’un magasin de détail: plus la demande augmente, plus les besoins augmentent et, éventuellement, plus le coût augmente si les stocks sont insuffisants. Si les stocks sont excédentaires, nous savons que les coûts ont tendance à diminuer. C’est un principe du marché.
Depuis que le gouvernement libéral est au pouvoir, il ne cesse de se vanter de tout ce qu’il a accompli. Cependant, si l’on se reporte aux données de la SCHL, on constate que pour un studio ou un appartement de trois chambres, la situation n’a absolument pas changé depuis 2015. Autrement dit, le pourcentage de logements disponibles n’a pas changé, alors que le gouvernement ne cesse de vanter ses réalisations dans le domaine du logement abordable. Rien n’a changé depuis trois ans, selon les données existantes.
En revanche, pour les appartements d’une chambre et de deux chambres, nous constatons que le nombre de logements disponibles diminue puisque le taux d'inoccupation se situe autour de 2,5 ou 2,7 %.
J’ai rencontré quelqu’un, à London, qui s’occupe de logements abordables. Son organisation a plus ou moins pour objectif de constituer une banque de logements. Nous savons que de nos jours, il y a toutes sortes de façons de trouver un logement. Certaines personnes consultent Kijiji, d’autres s’adressent à des organisations comme la SCHL, d’autres encore utilisent les réseaux sociaux de leur région.
Quoi qu’il en soit, dans la ville de London, l’été dernier, seulement 11 logements abordables étaient disponibles pour une population de près de 400 000 habitants. C’est là que réside le problème, au chapitre des stocks, et c’est pour cela qu’il faut démarrer des chantiers. Nous le savons.
Par ailleurs, il y a aussi d’autres facteurs qui interviennent, comme on le constate en discutant avec les représentants de l’Association canadienne de l’immeuble. Le gouvernement actuel a décidé d’imposer une simulation de crise aux demandeurs de prêt hypothécaire, non seulement aux primo-accédants, mais à tous ceux qui veulent vendre une première maison pour en acheter une plus grande. Nous avons qu’eux aussi ont les mains liées.
Quoique nous ayons des façons de voir différentes, la présidente de l’Association, Barb Sukkau, a dit que « [l]'ampleur de son impact [celui de la simulation de crise] sur les acheteurs varie en fonction de l’emplacement, des types de logements et des catégories de prix. Vu la nature locale du marché immobilier, les courtiers et agents membres de [l'Association] continuent d’être votre meilleure source d’information ». J’ai donc consulté des agents et des courtiers immobiliers pour leur demander leur avis sur la situation actuelle. Nous avons que les prix ont atteint des niveaux astronomiques. Il y a eu une demande très forte, et les prix ont explosé, grimpant parfois près de 75 % en cinq ans. Le coût d’une maison a augmenté de 75 %. C’est ce que nous avons constaté dans certaines régions.
J’habite à St. Thomas, en Ontario, et j’ai observé la progression à la hausse du coût du logement. Les Torontois, eux, voient bien que le phénomène a touché Richmond Hill, puis Guelph, puis Kitchener, puis London et maintenant Port Stanley. C’est le cycle que l’on a pu observer, mais, maintenant, il faut voir ce que l'on peut faire.
On connaît le prix moyen des logements, mais on ne peut certainement pas inclure les logements du Grand Vancouver et du Grand Toronto sans fausser le calcul. À Vancouver, une maison coûte plus de 1 million de dollars, et à Toronto, le prix dépasse aussi 750 000 $. Il faut voir ce qui est abordable.
C'est d'ailleurs un des éléments qui nous manque. Qu’est-ce qu’un logement abordable? Il n’y a pratiquement plus de barème. Peut-on dire que celui qui paie sa première maison 300 000 $ a un logement abordable? Probablement pas. Certaines familles en ont peut-être les moyens, mais beaucoup d'autres, surtout les primo-accédants et les nouveaux parents qui veulent accéder à la propriété ne peuvent pas se permettre une maison de 300 000 $.
Par conséquent, nous avons là un problème qui est lié au marché, mais qui concerne aussi le continuum du logement. Il faut en examiner les conséquences. Lorsque l'on parle de logements abordables, il faut considérer la question du logement dans sa globalité. Comment tout cela se tient-il?
Je connais une jeune femme qui a deux emplois et trois enfants en bas âge en plus d'aller à l’école. Elle a quitté son mari et elle habite actuellement dans une maison d’hébergement prolongé. Son objectif est de trouver un logement abordable, mais il n’y en a pas. C’est un problème. Elle voudrait pouvoir s’en sortir et recommencer une nouvelle vie avec ses enfants, mais elle ne peut pas parce que les chantiers ne démarrent pas.
Après trois années de régime libéral, nous constatons que rien n’a changé. Nous n’entendons parler que de gens qui essayent de se trouver un logement.
Le gouvernement devrait avoir pour priorité de redynamiser l’économie afin que les promoteurs puissent démarrer des chantiers, de façon à ce que les gens qui veulent acheter une maison puissent le faire. Nous savons que 50 % des Torontois sont des locataires. Les choses ont changé, et l’idée d’avoir sa propre maison où vivre sa retraite est maintenant un rêve pratiquement inaccessible. Les gens vivent différemment. Ils vivent d’une paie à l’autre. Nous savons que les Canadiens sont plus endettés qu’avant. Il y a toutes sortes de choses qui se passent.
Or, pour ce qui est d’avoir une économie robuste, le gouvernement rate complètement la cible, et c’est cela qui me préoccupe. Nous aurons beau avoir un marché immobilier dynamique, si les gens n’ont pas les moyens d’acheter une maison parce qu’ils n’ont pas d’emploi, nous ne serons guère avancés. À ce moment-là, c’est tout le secteur du logement qui va dérailler. Il faudra davantage de logements sociaux parce que les gens n’ont pas d’emploi, et ceux qui ont acheté des maisons très chères vont en voir la valeur diminuer, car d’autres perdent la leur.
Le gouvernement doit se ressaisir et prendre au sérieux la négociation d’accords comme l’ALENA. Il faut enrayer la fuite d'usines de transformation canadiennes vers les États-Unis. Le secteur de la fabrication représente 10 % de l'économie canadienne, ce n’est pas rien. J’habite dans une région où l’ALENA est actuellement la priorité absolue, mais ce problème n’est toujours pas réglé. Je pourrais continuer encore longtemps, car on m'a rapporté beaucoup de choses lorsque je suis allée à London. Les refuges débordent, à hauteur de 40 %: un refuge destiné à 65 personnes en accueille 85.
La politique du logement, à l'instar de toutes les politiques mises en œuvre par le gouvernement, cause des problèmes au secteur du logement dans son ensemble. Je remercie la députée d’avoir présenté la motion, mais le gouvernement doit vraiment se ressaisir et voir à ce que l’économie aille de pair avec le logement.