Monsieur le président, je prononcerai une allocution de 10 minutes, après quoi je répondrai aux questions.
J’ai aujourd’hui la vive impression de bénéficier de grands privilèges, soit celui d’avoir été élu pour représenter les résidants de Vancouver-Sud, celui d’être ministre de la Défense nationale et, enfin, celui de pouvoir aider les hommes et les femmes qui servent dans les Forces armées canadiennes dans le travail extraordinaire qu’ils accomplissent.
J’aborde les délibérations de ce soir avec humilité. Je considère que ma comparution devant la Chambre réunie en comité plénier est pour moi l’occasion non seulement d’échanger de façon productive avec des députés de tous les partis, mais aussi de renforcer l’engagement du gouvernement envers les principes d’ouverture et de transparence. L’instauration d’un dialogue ouvert avec les députés fait partie de mes priorités depuis que je suis ministre. L’accessibilité, celle qui renforce le processus démocratique, est mon objectif.
Tout de suite après mon entrée en fonction, je me suis engagé à restaurer l’accès des parlementaires aux établissements des forces armées et à faire en sorte que les députés puissent les visiter librement, sous réserve de la seule approbation du commandant de la base, parce que nous sommes heureux d’accueillir les parlementaires. Par le passé, l’approbation du ministre était nécessaire afin que chaque député puisse aller visiter une base.
Je sais que tous les parlementaires ont à cœur les intérêts de nos forces. Ils n’ont pas forcément les mêmes idées que nous sur la façon d’acquérir le matériel dont nos troupes ont besoin, ni sur l’endroit ou le moment de déployer celles-ci, mais je ne doute pas que tous les partis appuient nos hommes et nos femmes en uniforme.
C’est pour cette raison que j’ai pris l'habitude d’accueillir les députés aux séances d’information, de faire des appels de courtoisie avant toute annonce importante et d’inviter de mes collègues à m’accompagner lors de déplacements à l’étranger, comme ce fut le cas lors de mon récent voyage en Pologne et en Ukraine. Malheureusement, le moment était mal choisi pour que cela se fasse. Cela étant, j’espère avoir pavé la voie pour que les députés de l’opposition soient en mesure de critiquer notre travail de façon efficace.
C’est avec humilité que j’appréhende l’important travail que nous allons faire ce soir, mais je me présente aussi devant les députés avec la confiance de celui qui possède ses dossiers, une confiance que j’ai acquise en servant au sein des Forces armées canadiennes pendant 26 ans, et avec la conscience que tout ce que je sais et tout ce que je demande à mon ministère va dans le sens des intérêts de nos soldats et du Canada.
Nous avons beaucoup accompli au cours des six derniers mois. Nos marins, nos soldats et nos aviateurs ont pris part à certaines des initiatives les plus importantes de notre gouvernement. Récemment, les forces armées ont contribué à l’énorme effort de lutte contre l'incendie qui a dévasté Fort McMurray, en Alberta. L’assistance apportée aux premiers intervenants a notamment consisté à déployer cinq hélicoptères pour assurer l’évacuation des sinistrés et le transport de près de 125 000 livres d’aide humanitaire.
Depuis que je suis ministre de la Défense nationale, peu d’entreprises m’ont rendu aussi fier que l’effort déployé par l’ensemble du gouvernement pour accueillir 25 000 réfugiés syriens au Canada. Quelque 290 militaires ont été déployés au Liban, en Turquie et en Jordanie pour traiter les demandes, pour contribuer au dépistage médical, pour assurer un soutien logistique et pour transporter les réfugiés par la voie des airs, jusqu’au Canada, leur nouvelle terre. Les fonctionnaires de huit ministères fédéraux ont travaillé ensemble pour appuyer ce noble effort, mais en vérité, ils n’ont fait que leur travail. Ceux qui méritent toute notre reconnaissance, ce sont les Canadiens eux-mêmes qui ont accueilli ces nouveaux voisins dans un vaste élan de générosité. Ils ont été des milliers à faire don de vêtements, d’articles ménagers et de sommes d’argent pour que ces réfugiés puissent commencer leur nouvelle vie dans le confort et la dignité.
Si les Canadiens n’ont rien demandé en retour, la boucle est tout de même bouclée, parce que leur générosité a été riche de dividendes. Comme je l’ai fait remarquer la semaine dernière, nous avons entendu des récits de réfugiés syriens prenant la direction d’initiatives communautaires pour offrir des vêtements, des articles ménagers et de l’argent aux résidants de Fort McMurray afin que ceux-ci puissent, eux aussi, connaître le confort et la dignité.
Voilà l'illustration parfaite de ce qu'il y a de mieux au Canada et dont pourrait profiter le reste du monde. C’est pour cela que notre gouvernement s’est engagé à renforcer les relations et à véritablement dialoguer avec ses partenaires et ses alliés de par le monde, et je crois que nous avons déjà franchi un bon bout de chemin.
Depuis mon entrée en fonction, je voyage beaucoup, au Canada et à l’étranger, pour m’assurer que le Canada est bien présent sur la scène internationale, et ce, de la façon la plus efficace possible. On ne s’étonnera pas que le recadrage de l’opération Impact, la contribution du Canada aux efforts de la coalition visant à affaiblir et à vaincre le groupe État islamique, ait été l'une de mes priorités.
J'ai tout d'abord commencé par effectuer une analyse approfondie de la situation sur le terrain. Je me suis rendu dans la région deux fois pour consulter nos alliés, nos partenaires et nos militaires. J'ai rencontré mes homologues américain, britannique et irakien et j'ai discuté avec eux des progrès que nous avons marqués dans les secteurs qui doivent être renforcés.
Après avoir déterminé quelle était la meilleure façon pour le Canada de contribuer aux efforts, j'ai informé nos partenaires de la coalition de notre intention de réorienter nos efforts. Pour ce faire, je me suis rendu à Bruxelles, où j'ai rencontré plusieurs de mes homologues européens ainsi que le secrétaire américain à la Défense, M. Carter.
Tous ces gens ont appuyé sans hésitation le plan du Canada, qui enverra plus de militaires sur place, accroîtra sa contribution au volet renseignement de la mission et renforcera la capacité des Irakiens pour qu'ils puissent éliminer eux-mêmes l'EIIL. En fait, récemment, le président Obama a déclaré ceci:
Le Canada joue un rôle extrêmement important au sein de la coalition internationale qui lutte contre l'EIIL; il triplera l'effectif chargé de former et de conseiller les forces irakiennes, accroîtra ses efforts sur le plan du renseignement dans la région et offrira une aide humanitaire essentielle.
La réaction que nos alliés ont eue lorsque nous leur avons annoncé que nous allions réorienter nos efforts montre bien que ces derniers ont une grande confiance en la capacité des Forces armées canadiennes d'apporter une contribution utile aux efforts de la coalition internationale.
Nous serions très tentés de nous laisser immerger par le succès de nos hommes et de nos femmes en uniforme, mais ma valeur de ministre de la Défense se mesure par le degré de soutien que mon ministère fournit à nos soldats dans leur mission. Par conséquent, mon mandat est désormais très clair. Il faut apporter du soutien à nos hommes et à nos femmes.
Au cours des mois et des années à venir, mon ministère se concentrera sur trois engagements: prendre soin des membres des forces armées, leur fournir les outils qu’il leur faut pour accomplir leurs tâches et veiller à ce que leur travail reflète les ambitions de notre nation.
Dans la poursuite de ces objectifs, nous nous occupons activement d’améliorer le processus de transition entre la vie militaire et la vie civile. Nous faisons face à un problème extrêmement troublant: le taux de suicide dans les forces armées. Nous sommes fermement déterminés à offrir aux militaires l'aide et les services qui les amèneront à retrouver l'espoir.
Nous nous attaquons résolument aux problèmes d’inconduite sexuelle et de harcèlement dans les forces armées. Le chef d’état-major a lancé l’ordre d’opération Honneur pour transformer radicalement les aspects de la culture des forces qui incitent certains membres à piétiner les droits et le bien-être d’autres membres.
J’ai récemment visité plusieurs bases, dont celles d’Esquimalt, de Valcartier et d’Edmonton, et j’ai remarqué que bien des choses ont déjà changé. Nous continuerons à surveiller ces problèmes de près, car ils détruisent le moral et le bien-être de nos soldats où qu’ils se trouvent.
En ce qui concerne l’approvisionnement, nous reconnaissons qu’il nous reste bien du travail à faire. Nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux. Nous maintiendrons le niveau actuel des dépenses pour la défense et nous planifierons leur augmentation. Nous avons promis cela dans le cadre de notre plan de mise en œuvre de la stratégie nationale en matière de construction navale et nous avons lancé un processus ouvert et transparent pour remplacer nos CF-18. Nous corrigerons le manque de capacités à court terme comme nous l’avons fait avec les pétroliers temporaires.
Enfin, nous menons des consultations auprès des Canadiens sur l’élaboration d’une politique de défense qui fournisse aux Forces armées canadiennes ce qu’il leur faut pour faire face à de nouvelles menaces et à de nouveaux défis au cours des années à venir. Je me concentrerai sur le Centre de la sécurité des communications au Canada, dont je suis également responsable.
Permettez-moi de conclure en appelant tous les Canadiens à l’action, y compris les députés à la Chambre des communes. Je vous exhorte à collaborer avec nous, à participer au processus d’examen de la défense et à nous aider à établir une armée canadienne moderne qui défende notre pays tout en abordant le monde d’une manière véritablement canadienne.