Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de Barrie—Springwater—Oro-Medonte.
Je suis reconnaissant de pouvoir prendre la parole à la Chambre au sujet du projet de loi C-74, soit le projet de loi d'exécution du budget. Ce projet de loi est préoccupant à plusieurs égards, notamment parce qu'il s'agit d'un projet de loi omnibus que nous ne sommes pas en mesure d'étudier convenablement, puisque les libéraux ne cessent de couper court au débat.
Les libéraux ont promis de ne pas recourir à l'attribution de temps ni de présenter des projets de loi omnibus comme ils le font. Malheureusement, nous avons découvert que le respect des engagements n'est pas le fort du gouvernement. Pour ne citer que quelques exemples, les députés se souviennent-ils de la promesse de réformer le système électoral, de mettre fin au système uninominal majoritaire à un tour, de ne pas présenter de projet de loi omnibus ou de présenter des budgets équilibrés?
Pendant sa campagne, le premier ministre s'est engagé à faire un déficit allant jusqu'à 10 milliards de dollars pendant son mandat, et il a promis d'équilibrer le budget avant 2019. Nous savons maintenant que c'était on ne peut plus faux. Le budget de cette année s'élève à plus de 18 milliards de dollars jusqu'à présent, et les libéraux ont alourdi la dette nationale de plus de 60 milliards de dollars en seulement trois ans. Les chiffres révèlent que l'équilibre budgétaire ne sera pas rétabli avant 2045, et le gouvernement a maintenant nationalisé un oléoduc en dépensant des fonds publics, alors que des investissements privés auraient suffi. N'oublions pas qu'il n'y a rien de prévu dans ce budget en cas d'échec des négociations sur l'ALENA.
Les libéraux ne cessent d'augmenter leurs dépenses irresponsables. Au football, on signalerait une faute pour empilage.
En Saskatchewan, pendant le gala de charité télévisé des clubs Kinsmen et Kinettes, la tradition veut que, tout au long de l'événement, l'animateur présente le total des fonds recueillis en scandant: « Où allons-nous? » L'auditoire répond alors: « Plus haut. » Soulignons cependant que, dans ce cas, ce sont des fonds privés, et non des fonds publics, qui sont recueillis, tandis que les libéraux gaspillent l'argent des contribuables comme si de rien n'était.
Cela veut dire que ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui devront payer pour les dépenses irresponsables du gouvernement. Les libéraux n'arrivent pas à comprendre que leurs dépenses se font au détriment des personnes qu'ils disent vouloir aider, c'est-à-dire la classe moyenne et ceux qui veulent en faire partie.
Le projet de loi omnibus contient de nombreuses dispositions, mais la plus importante pour les habitants de ma circonscription et toute la population de la Saskatchewan est la taxe sur le carbone. Pourtant, bien que le gouvernement ait les chiffres en mains, il refuse d'informer les Canadiens de ce que cette taxe leur coûtera.
Comme de nombreux députés le savent, l'industrie pétrolière et gazière a été durement touchée ces dernières années. À Estevan, où j'habite, j'ai vu l'exode de mes propres yeux. Beaucoup d'entreprises ont été obligées de fermer leurs portes et ce n'était pas toutes des entreprises qui dépendaient directement de l'industrie de l'énergie. En raison de l'effet d'entraînement, des entreprises dans le secteur des services ont également été touchées. Des restaurants et des hôtels ont dû fermer leurs portes parce qu'il n'y avait plus de marché. Les temps étaient et sont toujours difficiles. La situation s'est améliorée, mais elle est loin d'être de retour à ce qu'elle était auparavant, bien que les libéraux semblent penser que la période difficile est terminée.
Des Canadiens qui ont acheté une maison n'ont maintenant plus d'emploi, ou un emploi dont la rémunération est beaucoup moins élevée, et ils n'ont pas les moyens de payer leur hypothèque. Il n'existe pas d'emplois dans le secteur de l'innovation et des infrastructures et ils n'ont rien à quoi s'agripper, sans oublier que tout le monde dans la collectivité se trouve dans le même bateau et que les gens ne sont pas enclins à acheter une maison ou à faire confiance au marché immobilier en général.
Maintenant, voici la taxe sur le carbone qui fait son apparition.
Je suis fier de venir de la Saskatchewan, la province qui jusqu'à maintenant tient tête au gouvernement fédéral par rapport à cette taxe sur le carbone imposée. Le gouvernement provincial comprend ce que les libéraux fédéraux n'arrivent pas à saisir: les habitants de la Saskatchewan n'ont tout simplement pas les moyens de payer une autre taxe, et c'est d'autant plus vrai depuis que le gouvernement libéral a accru le fardeau fiscal de tous les Canadiens.
Le budget verse 1,4 milliard de dollars aux provinces qui ont accepté de suivre le programme sur les changements climatiques du gouvernement. Parmi les quatre provinces des Maritimes qui ont adhéré au programme, pas une seule n'est dotée d'un plan de tarification du carbone. L'une d'entre elles a une taxe qu'elle renommera.
La Saskatchewan est dotée d'un plan, mais on lui refuse les fonds. Nous avons appris à plusieurs occasions que ceux qui n'adoptent pas les valeurs et les idéaux des libéraux doivent en payer le prix.
Lorsque le gouvernement de la Saskatchewan a présenté son plan de réduction des émissions, la ministre fédérale de l'Environnement l'a immédiatement rejeté. Elle ne fait aucun compromis: on doit adopter son approche ou en payer le prix.
La stratégie de lutte contre les changements climatiques de la Saskatchewan était bien réfléchie; elle prenait en compte tous les aspects de la province. Toutefois, elle n'était pas considérée comme satisfaisante par les libéraux d'Ottawa. Il semble qu'on n'ait accordé aucune importance au travail qui est déjà en cours dans ma province pour réduire les émissions.
Personnellement, je suis convaincu que les agriculteurs de ma circonscription comprennent mieux les changements climatiques que la majorité des Canadiens. Ces hommes et ces femmes prennent soin de leurs terres depuis des générations. Ils ont consacré temps, argent et énergie à trouver les meilleurs procédés agricoles, ceux qui donnent le meilleur rendement au meilleur prix, comme la culture sans labour, l'ensemencement au moyen de semoirs pneumatiques et la rotation des cultures, qui permet d'engraisser le sol et d'en retirer l'azote et le gaz carbonique. Pourtant, le budget ne fait aucunement mention des agriculteurs; pas un mot.
Les agriculteurs sont les chantres de l'innovation. Ils innovent depuis des siècles. Les sécheresses, les inondations, les sauterelles, tous ces fléaux s'abattent régulièrement sur eux, et c'est grâce aux techniques qui leur sont transmises de génération en génération qu'ils peuvent y survivre. Les agriculteurs respectent la terre, parce que c'est leur gagne-pain, alors on peut raisonnablement en déduire qu'ils sont prêts à tout pour que leur métier se fasse dans une perspective responsable et durable.
Au lieu d'aider les agriculteurs et les éleveurs, les libéraux leur compliquent la vie et font augmenter leurs coûts avec une taxe sur le carbone. Ils devront désormais payer plus cher pour l'essence, l'un des principaux postes budgétaires dans une ferme; pour l'équipement, parce que les coûts de transport vont augmenter, et ce n'est pas comme s'il y avait un concessionnaire à tous les coins de rue dans les régions rurales de la Saskatchewan; et pour la main-d'oeuvre. Je m'en voudrais également de ne pas rappeler que le gouvernement libéral a déjà laissé entendre que les agriculteurs et les chefs de petite entreprise fraudaient le fisc.
Quoi qu'en disent les libéraux, pas un seul des producteurs agricoles de ma circonscription n'est en faveur de la taxe sur le carbone. Une fois de plus, le gouvernement fédéral laisse tomber les gens de la classe moyenne. J'imagine que le gouvernement se soucie d'eux seulement quand ils font un don au Parti libéral, parce que, chose certaine, les électeurs de ma circonscription sont loin de se sentir appréciés par le premier ministre et ses députés.
Dans le débat sur la tarification du carbone entourant le projet de loi C-74, on n'accorde presque aucune considération aux efforts de réduction d'émissions qui sont déjà en cours en Saskatchewan, ce qui est contrariant. Les générateurs de la centrale au charbon de Boundary Dam, à Estevan, utilisent une technologie sans précédent dans le monde qui permet non seulement de réduire les émissions, mais aussi de récupérer certains sous-produits dont profitent d'autres industries, comme le soufre, l'acide sulfurique et de la cendre volante pour le ciment.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner le captage et la séquestration du carbone dans le sol. Les députés n'en ont peut-être pas entendu parler, car le ministre n'en fait pas la promotion, si ce n'est pour mentionner qu'il s'est déjà penché sur le sujet. Le ministre de la Sécurité publique a déclaré qu'il a entamé il y a 25 ans une étude sur le captage et la séquestration du carbone. Mais où est-il aujourd'hui et qu'en est-il de la promotion de cette technologie à Boundary Dam? C'est le gouvernement conservateur de Stephen Harper qui y a investi 250 millions de dollars et qui a fait la promotion de cette nouvelle technologie.
Le captage et la séquestration du carbone permettent de capter les émissions des centrales au charbon et de les stocker à des kilomètres sous terre. Depuis le début de sa mise en exploitation, l'installation de captage et de séquestration du carbone à Boundary Dam a retiré de l'environnement plus de deux millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut au retrait de 500 000 voitures de la route.
Comme je l'ai dit, il s'agit d'une technologie sans précédent dans le monde. Des gouvernements partout dans le monde envoient régulièrement des représentants à Boundary Dam pour voir s'ils pourraient eux aussi utiliser cette technologie pour réduire leurs émissions. C'est une technologie verte novatrice qui n'est pourtant presque pas reconnue par le gouvernement.
Les États de l'Ouest américain ont signé un protocole d'entente pour mener une étude plus approfondie sur le captage et la séquestration du carbone. Taïwan s'intéresse à cette technologie puisqu'elle est en train de fermer ses cinq centrales nucléaires. Malgré tout cela, le budget prévoit le versement de 500 millions de dollars à une banque d'infrastructure étrangère pour la construction de pipelines et de centrales au charbon en Chine qui n'utiliseront pas cette technologie. C'est là que le ministre de la Sécurité publique pourrait décider de garder cet argent au Canada.
Il est vraiment frustrant que la ministre de l'Environnement ne reconnaisse jamais le mérite de la Saskatchewan et de la technologie de captage et de séquestration du carbone à Estevan. Le ministre de la Sécurité publique, le seul ministre de la Saskatchewan, ne défend pas les initiatives de réduction des émissions de sa propre province. C'est honteux, surtout puisque ce sont les bonnes gens de cette province qui paieront le prix au bout du compte.
À cause de la taxe sur le carbone prévue dans le projet de loi C-74, il y aura une hausse générale du coût de la vie. Je le répète: les libéraux savent combien la taxe coûtera, mais ils refusent de le dire aux Canadiens. Les Canadiens en ont assez de se faire dire qu'ils doivent payer plus d'argent, alors que le gouvernement fédéral continue de dépenser sans compter et d'alourdir sans cesse la dette nationale.