Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui, alors que nous discutons du problème le plus important auquel doivent faire face notre planète et l'humanité. La motion des conservateurs aujourd'hui dit:
Que, étant donné que, à son taux actuel, la taxe sur le carbone ne réduira pas les émissions et qu’elle fait déjà augmenter le coût de la vie pour les Canadiens, la Chambre demande au gouvernement d’abroger la taxe sur le carbone et de la remplacer par un véritable plan pour l’environnement.
Je vais parler d'un plan pour l'environnement et de la façon dont nous pouvons parvenir à ce dialogue. Toutefois, je tiens d'abord à lire une importante citation de Greta Thunberg qui, comme nous le savons tous, est une militante écologiste de premier plan à l'échelle mondiale. Elle dit: « Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout, et pourtant vous volez leur avenir sous leurs yeux. »
Je vais axer mon discours sur la motion et sur les responsabilités financières relativement à ce qui se produit à l'heure actuelle. Nous savons que, dans un rapport de 2014, le directeur parlementaire du budget estimait que le coût des urgences climatiques serait d'environ 900 millions de dollars par année pour l'économie canadienne. Or, en réalité, ce coût s'est révélé être de 1,8 milliard de dollars. Le directeur parlementaire du budget avait donc, à l'époque, beaucoup sous-estimé le véritable coût des urgences climatiques et la vitesse à laquelle les changements climatiques se manifesteraient. Il avait également prédit que, d'ici 2050, le coût s'élèverait à 40 milliards ou 50 milliards de dollars par année. Quand je songe à Greta Thunberg, je pense à mes enfants et aux enfants de notre pays. Je pense à faire en sorte que nous ne leur léguions pas un énorme déficit et que nous payions pour la pollution maintenant plutôt que de nous attendre à ce que Greta Thunberg et les autres enfants du monde héritent de cet énorme déficit économique.
Dans notre pays, les températures montent en flèche comme jamais auparavant. Le Canada est le pays qui connaît le réchauffement le plus rapide au monde; la température a augmenté de 1,7 degré depuis 1948, ce qui est notre référence. Il fait 2,3 degrés Celcius de plus dans le Grand Nord, où le réchauffement est le plus rapide au monde. Comme je l'ai dit ici, à la Chambre, nous observons des tendances météorologiques. Par exemple, l'île de Vancouver, en décembre, a connu la plus grosse tempête de vent de son histoire. En février, nous avons eu la plus grosse tempête de neige. En mars, nous avons eu la pire sécheresse. Des incendies de forêt ont commencé en mai et, à l'heure actuelle, la plupart des habitants de la côte de la Colombie-Britannique et certainement de toute l'île de Vancouver ont reçu des ordonnances de conservation de l'eau. Cela affecte notre saumon, notre économie, notre sécurité alimentaire et notre mode de vie.
Je vais parler de la motion. Les conservateurs s'opposent à la taxe sur le carbone. Ils ont soulevé la question de la taxe sur le carbone. J'ai fait une recherche à la Bibliothèque du Parlement. Il y a environ deux mois, les conservateurs avaient posé 762 questions pendant la période des questions pour s'opposer à la taxe sur le carbone. Ce sont des occasions manquées de proposer des solutions au gouvernement et de l'exhorter à prendre des mesures à l'égard d'une liste d'éléments que les conservateurs auraient pu présenter. Ils en parleront peut-être demain. Je suis extrêmement déçu que le Parti conservateur du Canada n'ait pas présenté son programme hier pour que nous puissions débattre aujourd'hui de sa proposition. Cela aurait permis un débat sain. Nous devons mettre de côté la politique partisane et tenir un débat sain sur cette crise, qui est la plus importante de l'histoire de notre planète.
Je suis extrêmement déçu. Les conservateurs font des reproches au gouvernement, disant que les libéraux n'ont pas de plan véritable, mais nous n'avons toujours pas entendu le plan des conservateurs. Cela nuit grandement à la crédibilité de la motion d'aujourd'hui, qui n'est présentée que pour faire opposition.
L’ancien Parti progressiste-conservateur était prêt à faire preuve de leadership en matière de climat, par exemple en prenant des mesures contre les pluies acides, et il s’assurait de faire payer les pollueurs. Les conservateurs d’aujourd’hui, quant à eux, n’écoutent pas certains de leurs propres dirigeants. Preston Manning est très favorable à une taxe sur le carbone ainsi qu’à une tarification de la pollution et au fait de veiller à ce que celle-ci n’ait aucune incidence sur les recettes. Au vu de l’évolution du Parti conservateur, je trouve inquiétant que celui-ci nous soumette cette motion sans nous présenter son plan.
Le Parti libéral affirme qu’il est important de concilier l’économie et l’environnement. Nous sommes entièrement d’accord.
Cependant, le gouvernement a acheté un pipeline pour 4,5 milliards de dollars et, aujourd’hui, les libéraux vont envisager de prendre une décision. Cette décision, si elle n’a pas encore été annoncée, est celle de jumeler le pipeline Trans Mountain et d’investir 15 milliards de dollars, ce qui pourrait être le plus gros achat public de l’histoire canadienne dans l’infrastructure des combustibles fossiles, et ce, à un moment où nous devons plutôt aller dans l’autre direction et investir dans l’énergie propre et le renouvellement. Je suis donc très déçu d’entendre le gouvernement dire qu’il reconnaît l’importance de concilier l’environnement et l’économie quand il pourrait plutôt investir dès maintenant 15 milliards de dollars dans l’énergie propre et l’électrification du pays. Le gouvernement a tant de possibilités et d’outils à sa disposition pour réduire les émissions et prendre de vraies mesures pour lutter contre les changements climatiques.
Quand je regarde d’autres pays dans le monde, ils ne pensent certainement pas comme le député de Central Okanagan-Similkameen-Nicola, qui est convaincu que la taxe sur le carbone ne porte pas ses fruits en Colombie-Britannique et au Québec, alors qu’en fait, ces deux provinces ont les économies qui connaissent la plus forte croissance au Canada. En Colombie-Britannique, c’est un énorme succès. Quand le député attaque l’ancien gouvernement libéral de cette province qui a mis en place cette taxe et le gouvernement néo-démocrate qui continue d’appliquer cette politique importante que soutient le Parti vert de la Colombie-Britannique, il s’en prend à tous les partis politiques de la province qui sont unis sur une chose: le besoin de tarifer la pollution et de faire en sorte que les pollueurs paient leur juste part. Ce sont les faits.
Nous ne pouvons pas laisser le soin d’agir qu’à Greta et aux autres jeunes de nos collectivités. Comme on a pu le voir, les jeunes agissent pour le climat. Ils font l’école buissonnière le vendredi et joignent leur voix à celle d’autres enfants du monde entier pour exiger que nous prenions des mesures; et par « nous », on veut dire dire ici même, à la Chambre de communes, où les dirigeants de tous les partis politiques doivent s’unir et agir. Voilà ce qu’ils demandent. Dans ma circonscription, des élèves des écoles secondaires G.P. Vanier et Mark R. Isfeld, à Courtenay, ont fait la grève pour que l’on diffuse leur important message à Ottawa, à la Chambre, et c’est ce que je fais aujourd’hui. Les enfants de l’école primaire Wood de Port Alberni font l’école buissonnière pour nous demander d’agir.
J’ai le privilège de siéger au caucus sur le climat ici, à Ottawa, qui est un caucus multipartite, avec le député néo-démocrate de Drummond, la députée de Saanich—Gulf Islands, du Parti vert, la députée de Repentigny, du Bloc québécois, et le député conservateur de Wellington—Halton Hills. C’est une occasion où nous mettons de côté la politique partisane pour travailler ensemble sur une question importante. Malheureusement, seuls 10 ou 12 d’entre nous assistent régulièrement aux réunions, et nous devons être plus nombreux. Nous devons faire en sorte que les réunions du caucus sur le climat aient lieu ici, à la Chambre des communes, afin d’avoir un vrai débat sur les mesures à prendre pour avancer au lieu de reculer.
Regardons les modèles ailleurs dans le monde. La Californie est un excellent modèle, car elle agit réellement, par exemple pour réduire les émissions des véhicules. Les Californiens ont adopté une approche à plusieurs facettes pour travailelr avec des personnes qui vivent de réels problèmes dans les collectivités et qui connaissent d’énormes difficultés économiques, et ils sont passés à un système de plafonnement et d’échange. Leur PIB a augmenté de 37 % depuis 2000 et ils ont réduit leurs émissions de 35 % par habitant. Ce n’est qu’un autre exemple d’État qui a pris les choses en mains. La Norvège a investi 1 billion de dollars dans le pétrole et gaz, alors que notre pays met 11 milliards de dollars de côté. La Norvège engrange 50 milliards de dollars rien qu’en intérêts et investit dans l’énergie propre et dans des stratégies qui réduiront les émissions. En fait, 53 % des véhicules sont électriques en Norvège. C’est donc possible. Quarante-cinq pays dans le monde ont opté pour la tarification de la pollution et une taxe sur le carbone, plus 25 autres États ou provinces de différents pays.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, nous dit que nous devons réduire les émissions de 45 % par rapport aux niveaux de 2005, et notre engagement à Paris, d’ici 2030. Nous devons prendre des mesures radicales.
Je pourrais parler toute la journée de solutions et de création d’emplois, d’énergie propre, d’investissement dans l’électrification et de la suppression des subventions aux grandes sociétés pétrolières et gazières. L'argent obtenu grâce à cette dernière mesure pourrait servir à financer tellement de possibilités et de solutions, comme l'amélioration éconergétique des immeubles. Le nombre de choses que nous pourrions faire est infini. Nous pourrions avoir tout un débat sur le sujet, et j’aimerais que nous en ayons un.
Nous vivons une crise climatique. Je terminerai en citant Greta Thunberg, qui a dit: « Je ne veux pas de votre espoir. Je ne veux pas que vous espériez. Je veux que vous paniquiez [et] que vous agissiez comme si la maison brûlait. »
Agissons donc comme si la Chambre était en train de brûler.