Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi d'exécution du budget, puisque cela me donne l'occasion de parler des lacunes ou des erreurs que le gouvernement a commises dans son budget. Il y en a plusieurs, et j'aimerais parler de celles qui sont liées au dossier que je défends pour le NPD, soit celui de la sécurité publique et de l'infrastructure. Bien entendu, je parlerai aussi des répercussions des décisions du gouvernement libéral sur la vie des gens de nos communautés et de ma circonscription.
Tout d'abord, j'aimerais parler du projet de loi C-51. Ce n'est pas une mesure budgétaire en soi, mais il octroie des budgets aux différents comités qui assurent la surveillance des agences de sécurité nationale. Je pense particulièrement au CSARS, qui fait la révision des activités du SCRS et, dans certaines circonstances, de celles de la GRC. Il surveille surtout celles du SCRS, qui a toujours éprouvé des difficultés quant à son budget d'exploitation.
Dans le budget de 2015-2016, avant l'arrivée au pouvoir des libéraux et lorsque les conservateurs étaient encore au pouvoir, on avait augmenté le budget du comité qui assure la surveillance des activités du SCRS, après que la population ait exprimé son opposition à l'adoption du projet de loi C-51.
Pourtant, dans le dernier budget déposé par les libéraux, au printemps dernier, on remarque qu'il y a une diminution de ce budget de 2,5 millions de dollars par année échelonnée sur les prochaines années. De la part d'un parti qui disait vouloir combler les lacunes du projet de loi C-51 et augmenter la transparence et la surveillance, c'est complètement inacceptable.
Compte tenu de l'envergure du budget d'un pays comme le Canada, ces 2,5 millions de dollars peuvent ne pas sembler très importants, mais je vais démontrer les conséquences de ce changement pour le comité qui assure la surveillance du SCRS. C'est l'équivalent de 11 postes à temps plein qui seront perdus. D'ailleurs, ce ne sont pas des réceptionnistes ou des gens qui vont aller chercher du café, ce sont des analystes de haut niveau qui analysent les activités du SCRS.
Alors, si le gouvernement avait véritablement la volonté d'augmenter la transparence et la surveillance, il ne se contenterait pas d'adopter des demi-mesures, et il ne ferait pas volte-face pour ensuite sabrer le budget d'un corps d'experts qui existe déjà pour assurer la surveillance de ces organismes.
Par ailleurs, soulignons que ces compressions budgétaires ont lieu dans un contexte où le SCRS est en train d'utiliser les pouvoirs qui lui ont été octroyés par le projet de loi C-51. Alors, d'une part, on utilise ces pouvoirs, ce qui est très inquiétant — nos collègues connaissent très bien notre position par rapport à ce projet de loi —, et d'autre part, on réduit le budget du seul comité qui existe actuellement pour assurer la surveillance des activités du SCRS, en attendant la création d'un comité de parlementaires.
Je suis certain que je pourrais anticiper la réponse du gouvernement par rapport à ce dossier. C'est d'ailleurs la réponse que le ministre m'a donnée en comité. Il a dit que nous ne devrions pas nous inquiéter, car ils allaient mettre sur pied un comité de parlementaires. C'est très bien, et c'est pourquoi nous avons appuyé le projet de loi en deuxième lecture. De plus, nous allons proposer des amendements pour combler quelques-unes de ses graves lacunes.
Cependant, soyons clairs: tous les experts que nous avons entendus en comité, dans le cadre de notre étude sur la sécurité nationale et de celle qui débute aujourd'hui sur le projet de loi C-22, nous ont dit que le comité de parlementaires ne pouvait pas exister dans un néant.
Il faut quand même que des experts indépendants assurent une surveillance et une révision en partenariat avec le comité de parlementaires. Or le gouvernement est en train de sabrer le budget d'un organisme de surveillance indépendant qui existe déjà. C'est complètement inacceptable.
Puisqu'on parle de sécurité publique, il faut également soulever la question de la capacité des corps policiers de faire leur travail. En ce qui nous concerne, au fédéral, il s'agit de la GRC. En concentrant tous nos efforts sur la prévention des actes terroristes, on néglige plusieurs autres aspects.
Lors de la dernière législature, des restrictions budgétaires ont été imposées à l'escouade Éclipse, et nous avons vu l'impact de cela dans des villes comme Montréal, avec la prolifération des gangs de rue et la radicalisation des jeunes. Il faut être honnêtes, la radicalisation n'est pas seulement une question de religion. Il ne s'agit pas non plus de profiler une seule communauté. La radicalisation prend toutes sortes de formes. Ce sont des jeunes, parfois des gangs de rue et parfois des groupes d'extrême droite. On constate bien le manque de ressources de nos corps policiers et on ne prend pas ces autres aspects au sérieux quand on se concentre sur une seule menace. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le commissaire de la GRC.
En comité, nous avons demandé au commissaire de la GRC si nous étions en train de laisser aller d'autres formes de menaces en nous attardant autant à la menace terroriste. Il a répondu que c'était tout à fait vrai. Par exemple, la GRC ne prête plus assez attention au crime organisé. Ce n'est pas de la faute des hommes et des femmes qui travaillent à la GRC, c'est dû au manque de ressources. C'est une mauvaise tendance qui a débuté sous le gouvernement précédent et qui se poursuit sous le gouvernement libéral.
Je vais aussi parler d'infrastructure. Dans ce dossier, des éléments très inquiétants ont été soulevés, notamment au cours des dernières semaines. Nous sommes en train de voir le vrai visage de ce gouvernement en ce qui concerne l'investissement en infrastructure.
En effet, lors de la dernière campagne électorale, les libéraux ont promis qu'une vision progressiste pour les infrastructures serait mise en avant. Ils ont dit qu'ils travailleraient avec les provinces et les municipalités, et que cela serait fait en investissant, en faisant des dépenses et en créant un déficit. C'est bien beau, mais nous sommes en train de nous rendre compte que le vrai plan à venir est celui de la privatisation.
L'exemple le plus flagrant de cela est l'implication de Credit Suisse dans les discussions avec le ministre des Finances. On sait que la spécialité de Credit Suisse est la privatisation des aéroports. Je demande donc au gouvernement de m'expliquer pourquoi on ne voit pas de conflit d'intérêts lorsqu'une entreprise privée dont le gagne-pain est la privatisation des aéroports travaille en étroite collaboration avec le ministre des Finances. On nous dit de ne pas nous inquiéter, qu'il n'y aura pas de privatisation.
Comme mon collègue de Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques l'a si bien dit hier, c'est le loup qui entre dans la bergerie. Il y a matière à s'inquiéter. Nous avons vu cette tendance dans le cas du CHUM à Montréal et de l'autoroute 407 en Ontario; cela semble inspirer le gouvernement actuel dans l'élaboration de son plan en infrastructure. C'est complètement inacceptable. Il faut se tenir debout et s'opposer à cette privatisation. Le problème ne se limite pas à l'arrivée d'investissements étrangers et à la perte de contrôle sur nos propres infrastructures, qui sont publiques à l'heure actuelle ni au fait que les contribuables seront redevables par la suite et prendront tous les risques pendant que les entreprises privées prendront tous les profits. C'est aussi une question du concept de l'utilisateur-payeur. Nous serons donc en train de mettre en place des postes de péage qui seront au profit des entreprises privées.
Dans le dossier du pont Champlain, mon ancien collègue, Hoang Mai de Brossard—La Prairie, les anciennes députées de Saint-Bruno—Saint-Hubert et de Saint-Lambert, mon collègue actuel de Longueuil—Saint-Hubert et moi nous sommes tenus debout contre le gouvernement précédent. C'est tout en l'honneur du gouvernement actuel d'avoir respecté cet engagement. Il n'y aura pas de péage sur le pont Champlain.
Par contre, si on décide demain de vendre ce pont à un intérêt privé, et que l'entreprise décide de mettre en place un système de péage, ce système ne profitera pas aux contribuables et aux citoyens, mais bien à l'entreprise privée. C'est complètement inacceptable.
Parce que le temps file, je termine mon discours en traitant des éléments locaux dont j'ai parlé. Le plus important pour la Ville de Chambly, c'est la question du différend entre le gouvernement fédéral et les municipalités concernant les paiements en remplacement d'impôts. C'est un dossier qui traîne depuis fort longtemps. Tel que promis lors de la dernière campagne électorale, j'ai déposé un projet de loi à cet effet à la première occasion après l'élection. Chaque année, il y a un manque à gagner pour la Ville de Chambly de 500 000 $, parce que le gouvernement libéral ne respecte pas son engagement envers cette municipalité de payer sa juste part pour le site du fort Chambly. C'est une belle occasion, parce que la candidate libérale s'est faite la grande défenseure de cet enjeu pour lequel je me bats depuis mon élection en 2011. Bien entendu, c'est une autre promesse brisée, car il n'y a rien pour cela dans le budget.
C'est une autre lutte à poursuivre. On pourrait en parler beaucoup plus longuement. Je vois toutefois que mon temps est écoulé. Je vais profiter de l'occasion pour répondre aux questions de mes collègues.