Monsieur le Président, je suis heureuse d'être ici pour parler du projet de loi d'exécution du budget. Mon discours d'aujourd'hui s'articulera autour du thème « promesses, priorités et plans ». Quand on élabore un budget, il faut songer aux sommes d'argent dont on aura besoin pour tenir toutes les promesses qu'on a faites. Bien sûr, les ressources financières ne sont pas illimitées. Il faut donc classer en ordre de priorité les promesses faites pour s'assurer d'honorer en premier les plus importantes.
Puis, il faut dresser des plans. En effet, nous savons tous que sans plan, on peut dépenser beaucoup d'argent sans vraiment accomplir quoi que ce soit, comme nous l'avons très souvent observé sous le gouvernement libéral.
Parlons maintenant des promesses. L'une des premières promesses du gouvernement, dont nous entendons sans cesse parler, était qu'il allait enregistrer de tout petits déficits: un modeste déficit de 10 milliards de dollars la première année, puis un retour à l'équilibre budgétaire au cours de la quatrième année. Toutefois, le déficit a été deux fois plus élevé que promis lors des deux premières années et trois fois plus élevé, dans le présent budget. Nous ne voyons pas le jour où le budget sera équilibré, mais ce ne sera sûrement pas lors de la quatrième année du mandat des libéraux. Il semble maintenant qu'il faudra peut-être attendre jusqu'en 2045. Cette promesse a volé en éclats.
En outre, bon nombre des promesses du gouvernement revêtaient une importance considérable pour les collectivités rurales partout au pays. Je pense notamment au rétablissement de la livraison du courrier à domicile, un service crucial pour les personnes habitant dans des régions très rurales, surtout les personnes âgées.
Mais il y a plus important encore: la promesse d'investissements dans l'infrastructure. Les députés se souviendront qu'on devait investir dans l'infrastructure pour créer des emplois et stimuler l'économie, et que les investissements allaient porter sur les routes et les ponts dans les municipalités. C'est un élément crucial dans des circonscriptions comme Sarnia—Lambton, où beaucoup de routes et de ponts doivent être réparés, et la municipalité n'a certainement pas les moyens de le faire. J'ai été déçue d'apprendre dans le dernier budget que le gouvernement retirait 15 milliards de dollars aux municipalités pour l'affecter à la Banque de l'infrastructure. Bien sûr, tout cela n'a rien donné encore.
Puis le gouvernement a affecté un demi-milliard de dollars de l'argent des contribuables à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures pour bâtir des routes et des ponts en Asie, ce qui n'aide en rien nos collectivités rurales. Voilà une autre promesse non tenue.
Mais l'une des promesses non tenues les plus inquiétantes est celle concernant l'ouverture, la transparence et le renforcement des normes éthiques. Chaque fois que nous posons des questions sur le budget, notamment sur la taxe sur le carbone dont il est abondamment question, le gouvernement refuse de dire quel en sera le coût pour le contribuable canadien moyen. Le contribuable canadien moyen veut savoir à quoi s'en tenir. Si ce n'est pas un chiffre qui fait peur, pourquoi ne pas en parler? Si le gouvernement ne veut pas le dire aux Canadiens, c'est bien sûr parce que les nouvelles sont mauvaises.
Et comme si ce n'était pas suffisant de ne pas dire aux contribuables ce que cette mesure va leur coûter, le gouvernement ne veut pas expliquer à quoi elle va servir. La ministre de l'Environnement s'est fait demander à maintes reprises au comité, et ici à la Chambre, quelle est la réduction des gaz à effet de serre à laquelle elle s'attend, mais elle n'a pas de réponse. On consacre énormément d'argent à cette mesure dans le budget, et les Canadiens en verseront beaucoup également en taxes, mais le gouvernement ne fait preuve ni d'ouverture ni de transparence dans ces dossiers.
Le gouvernement a promis de ne pas utiliser les projets de loi omnibus, et nous voici de nouveau avec cet énorme projet de loi d’exécution du budget. Il y a tellement de choses glissées en douce dans ce projet de loi que si nous ne prenons pas le temps d’en lire toutes les pages, nous ne savons pas ce qu’il contient. Mes collègues de gauche ont déjà parlé de la question de la marijuana médicinale et des taxes qui y sont associées. Toutefois, le projet de loi d’exécution du budget contient des dispositions qui laissent entendre que si les gens avaient un numéro d’identification de médicament, ils seraient exemptés. Il reste qu’il n’y a pas de numéro d’identification de médicament pour la marijuana médicinale en raison de la variabilité de toutes les composantes. Il ne s’agit donc que d’une autre fausse déclaration dans le projet de loi d’exécution du budget.
En ce qui concerne la partie du projet de loi portant sur les taxes sur les cigarettes, il y a une taxe croissante qui continue d’augmenter à perpétuité, sans aucun vote parlementaire et sans que les Canadiens puissent en discuter. C’est le même genre de taxe trompeuse qui a été imposée sur la bière et le vin. C’est bien que le gouvernement impose une taxe sur les vices quand il le veut, mais lorsqu’il veut cacher une taxe qui continue d’augmenter et de générer des recettes pour le gouvernement, et qu’il l’ajoute en douce à la page 324, il se peut que les Canadiens ne s’en aperçoivent jamais.
Il n’y a donc pas d’ouverture et de transparence dans les projets de loi omnibus.
Comme mes collègues le savent, je suis une ardente défenseure des soins palliatifs. J’étais donc très enthousiaste lorsque le gouvernement a dit qu’il allait consacrer 3 milliards de dollars aux soins à domicile et aux soins palliatifs dans le budget de 2016. Puis, le gouvernement a mis à jour le budget de 2017 et a dit qu’il allait dépenser 6 milliards de dollars sur 10 ans. C’était un peu plus étalé, mais au moins c’était quelque chose. J’ai été vraiment déçue de voir le mot « palliatif » retiré du budget de 2018. Il a été retiré complètement, même si le gouvernement a appuyé mon projet de loi d’initiative parlementaire, le projet de loi C-277 sur l’accès égal aux soins palliatifs pour tous les Canadiens. Sûrement, si nous voulons qu’il y ait un accès égal pour tous, nous savons que nous devrons planifier quelque chose pour appuyer cette promesse et prévoir de l’argent dans le budget. J’ai été très déçue qu’il n’y ait rien à ce sujet dans le budget.
Je passe maintenant aux priorités.
On pourrait penser que dans un pays où une personne sur six est une personne âgée, ces dernières seraient peut-être une priorité, mais non. Le gouvernement libéral a aboli le poste de ministre responsable des aînés, et le budget de 2018 ne contient à peu près rien pour aider les aînés, qui sont nombreux à vraiment avoir de la difficulté à joindre les deux bouts et à payer pour les nombreuses choses dont ils ont besoin, comme la chirurgie de la cataracte, les prothèses auditives ou les prothèses dentaires. On m’en a souvent parlé lorsque j’ai fait du porte-à-porte. Une priorité a été oubliée.
Il y a aussi le secteur agricole. L’agriculture est extrêmement importante au Canada. Tout le monde doit admettre qu'il faut bien manger. Il s’agit de l’une de nos industries les plus importantes. Que fait le gouvernement? Tout d’abord, il impose toutes sortes de contraintes bureaucratiques au secteur agricole canadien qui ne s’appliquent pas à d’autres secteurs. Il l’a privé des pesticides sans proposer de solution de rechange. Ce sont les mêmes pesticides que ceux utilisés par des pays d’où le Canada importe des aliments, ce qui nous désavantage au niveau concurrentiel. Récemment, il a décidé de ne pas autoriser la vente de nourriture prémélangée pour les animaux qui contient un antibiotique. Ce produit est utilisé de façon sécuritaire depuis plusieurs années. Encore une fois, il s’agit là d’un fardeau qui est imposé à notre industrie, mais pas aux industries de l'étranger qui exportent leurs produits vers le Canada.
Très peu de soutien est accordé à la recherche en agriculture, ainsi qu’à l’ensemble de l’industrie, et le gouvernement a totalement trahi le secteur dans le cadre de l’entente conclue aux termes du Partenariat transpacifique, selon laquelle les agriculteurs devaient recevoir une compensation pour les quotas auxquels ils ont dû renoncer. Cela ne s’est pas produit. Ils doivent toujours renoncer à leurs quotas, sans obtenir toutefois de compensation en contrepartie. Il s’agit encore une fois là d’une promesse non tenue à l’endroit du secteur agricole.
En ce qui a trait aux soins de santé, les priorités du gouvernement sont un réel fiasco. Le gouvernement prévoit 80 millions de dollars dans un budget pour aider les gens à cesser de fumer des produits du tabac, ce qui est une excellente chose. Toutefois, il consacre par la suite 800 millions de dollars dans son budget pour permettre aux gens de commencer à fumer de la marijuana, ce qui ne semble pas être un message très sensé du point de vue de la santé, particulièrement si l’on tient compte des dangers pour les enfants.
Il y a aussi cette caisse occulte de 7 milliards de dollars. Je ne suis pas certaine des priorités que cet argent servira à appuyer, particulièrement en période électorale, mais je peux deviner. Cela aussi est décevant.
Parlons maintenant des plans. Nous ne voyons pas de plans. Nous avons d’ailleurs déjà débattu de l’absence de plans concernant les changements climatiques et de réponses au sujet de la taxe sur le carbone. Qu’en est-il de l’ALENA? Les libéraux savaient depuis plus d’un an que des tarifs étaient susceptibles d’être imposés au secteur de l’acier. Il n’y a toutefois aucun plan, ni aucune somme de prévus dans le budget pour résoudre cette question.
Et que dire de ce pipeline de 4,5 milliards de dollars? Les députés peuvent entendre dans ma voix que ce pipeline de 4,5 milliards de dollars, vieux de 65 ans, me reste en travers de la gorge. Y avait-il un plan à ce sujet dans le budget? Non.
Dans l’ensemble, lorsqu'on examine ce budget, on peut voir que lorsqu’il est question de promesses, de priorités et de plans, les libéraux ont rompu leurs promesses, ont établi des priorités qui sont un réel fiasco et n’ont pas de plans pour arriver à quoi que ce soit. C'est extrêmement décevant.