Madame la Présidente, je vous remercie. J'ai effectivement mentionné le nom du premier ministre et je m'en excuse. Dans l'élan de mon discours, je me suis laissé un peu emporter, mais cela ne se reproduira plus.
Je peux quand même parler d'anciens premiers ministres, particulièrement de l'ancien premier ministre libéral Paul Martin. Il était réputé indécis à l'échelle internationale, mais il avait trouvé le moyen d'adopter davantage de mesures législatives, alors qu'il tentait de maintenir à flot son gouvernement minoritaire en difficulté. En effet, 36 projets de loi sont devenus lois durant ses neuf premiers mois au gouvernement.
Je peux en citer un autre. Durant les neuf premiers mois en fonction du premier ministre libéral Jean Chrétien, 34 projets de loi ont obtenu la sanction royale en 1994 et 38 autres l'ont obtenue à l'élection de 1997. Pour l'actuel premier ministre, c'est un pauvre 10 petits projets de loi.
C'est dans cet esprit-là que nous abordons aujourd'hui l'étude du projet de loi C-29. Comme c'est un projet de loi de mise en oeuvre du budget, on s'attend à y retrouver les promesses du gouvernement. On devrait donc s'attendre à y trouver des investissements massifs en infrastructure, un modeste déficit, des réductions d'impôt pour les PME, la livraison du courrier à domicile, une entente sur le lait diafiltré, une entente sur le bois d'oeuvre et bien d'autres choses. Malheureusement, il n'y a rien de tout cela dans le projet de loi C-29.
Personne ne pourrait me dire d'où viennent ces promesses. Depuis le début, l'opposition nous les rappelle et répète toujours la même chose. J'ai pris le temps de vérifier cela et je suis retourné un an en arrière, pour voir quelles étaient ces fameuses promesses libérales. J'en ai trouvé beaucoup. Je ne comprends pas qu'on n'ait pas réussi à faire plus de projets de loi, compte tenu de l'ensemble des promesses faites par le Parti libéral, lors de la dernière campagne.
Premièrement, parlons des modestes déficits. À la page 12 du plan ou néant libéral. on lit:
Nous investirons immédiatement dans les projets dont notre pays a besoin et dans les personnes qui peuvent bâtir ces projets.
Ils disent bien « immédiatement » et non pas dans 10 ans ou dans 5 ans.
Nous enregistrerons un modeste déficit à court terme de moins de 10 milliards de dollars au cours des deux prochains exercices financiers pour faire des investissements sans précédent dans les infrastructures et la classe moyenne.
À la fin des deux prochains exercices financiers, le déficit chutera et notre plan d'investissement permettra au Canada de revenir à l'équilibre budgétaire en 2019.
C'est une promesse non tenue par le gouvernement libéral. Il y a une autre promesse sur les modestes déficits. Celle-là vaut la peine d'être lue. À la page 81, on lit:
Nous serons honnêtes au sujet de la situation financière du Canada et fonderons nos prévisions sur les récents rapports du directeur parlementaire du budget (DPB) et non pas sur les chiffres désuets du budget d'avril.
Si pour les libéraux, le directeur parlementaire du budget est si important, pourquoi ont-ils refusé, au moins une cinquantaine de fois, que l'on dépose les rapports du directeur parlementaire du budget, ici même, devant les parlementaires?
Encore une fois, on dit une chose et on fait complètement le contraire, une fois qu'on a le pouvoir. Sur cette même page, il y a une autre promesse intéressante:
Nous enregistrerons des déficits modestes pendant trois ans pour pouvoir investir dans la croissance de la classe moyenne et offrir un plan crédible d'équilibre budgétaire en 2019.
C'est encore une fois une promesse qui n'a pas été tenue par les libéraux.
Si je veux faire un résumé concernant les déficits, je vais citer quelqu'un qui n'est pas un député de l'opposition. Un représentant de la Banque TD a affirmé:
Le déficit du gouvernement fédéral dépassera d'environ 5 milliards de dollars la prévision qu'a faite Ottawa dans son budget de mars [...]
C'est ce que la Banque TD a prédit. C'est une situation qu'elle a attribuée à la morosité de l'économie. Selon la Banque:
Sur l'ensemble des cinq prochains exercices, le déficit cumulatif devrait dépasser de 16,5 milliards les prévisions du plus récent budget fédéral.
Les prévisions du plus récent budget fédéral n'étaient pas de 10 milliards de dollars. Ce n'était pas un modeste déficit de 10 milliards de dollars par année, mais de 30 milliards de dollars par année. La Banque TD nous dit que ce sera encore plus imposant:
Ce plus important déficit va absorber le coussin annuel de 6 milliards que le gouvernement a mis de côté en cas d'événements imprévisibles [...]
Cela pourrait même aller au-delà de cela. Au sujet des modestes déficits promis par les libéraux, je dois malheureusement dire qu'ils n'ont pas tenu parole.
Ainsi, dans le cadre de la mise en oeuvre du budget, malheureusement, cela force les partis de l'opposition à être plutôt réticents à accorder leur confiance aux autres mesures contenues dans le projet de loi C-29.
Toutefois, continuons, parce qu'il y avait d'autres promesses dans le plan libéral, ou dans le « néant libéral », devrais-je dire. On y disait ceci: « Au fur et à mesure que nous réduirons le taux d'imposition des petites entreprises de 11 à 9 pour cent [...] ». Or non seulement on n'a pas réduit le taux d'imposition des petites entreprises à 9 %, mais on a imposé des taxes sur le carbone qui vont nuire grandement aux petites et moyennes entreprises du Canada. C'est une autre promesse non tenue.
En ce qui concerne les producteurs agricoles, on trouve cette petite phrase à la page 17: « Nous aiderons le secteur agricole canadien à être plus fort, plus innovant et plus sécuritaire. » Comment fera-t-on pour aider le secteur agricole à être plus fort? On va « défendre les intérêts du Canada lors des négociations commerciales, y compris au niveau de la gestion de l'offre. »
Le problème du lait diafiltré était un dossier urgent et il fallait trouver une solution. Celle-ci était simple, mais elle reposait dans les mains des ministres. Malheureusement, malgré les nombreuses promesses du gouvernement libéral et le fait que des producteurs de partout au Québec et au Canada sont venus ici même, à Ottawa, pour pratiquement le supplier d'agir dans le dossier du lait diafiltré, il n'y a même pas une seule mesure dans le budget concernant le lait diafiltré. C'est une autre promesse non tenue de la part du gouvernement libéral.
Dans le dossier du bois d'oeuvre, un dossier qui touche directement toutes les régions du Canada qui ont des arbres, ces magnifiques oeuvres de la nature qui poussent et qui nous permettent de développer notre économie, on devait conclure une entente. On a eu un an pour essayer de s'entendre avec les Américains. Malheureusement, dans le projet de loi C-29, il n'y a absolument rien qui prévoit la mise en oeuvre d'une nouvelle entente sur le bois d'oeuvre.
Pourtant, dans le programme libéral, on mentionnait ceci: « La réussite économique du Canada repose sur des relations commerciales étroites avec ses plus proches voisins: les États-Unis et le Mexique. »
De plus, la phrase suivante vaut vraiment la peine d'être mentionnée: « Contrairement à l'approche des conservateurs qui manque de vision, nous souhaitons rebâtir les ponts, ce qui entraînera une intensification des échanges commerciaux, une forte croissance et la création d'emplois. »
Voici une dernière petite phrase: « Enfin, comme nous croyons en la valeur de nos relations avec les États-Unis, nous créerons un comité ministériel ayant pour mandat de superviser et de gérer nos relations avec ce voisin. »
On n'a donc obtenu aucun résultat dans les deux dossiers où les Américains sont concernés, ceux du bois d'oeuvre et du lait diafiltré. Où est ce comité? Que fait ce comité? Ce comité existe-t-il? Malheureusement, je dois dire encore une fois que c'est une promesse non tenue de la part des libéraux.
J'ai encore plusieurs pages de promesses non tenues à mentionner. Parlons un peu de Postes Canada. À la page 36 du « néant libéral », on peut lire ce qui suit: « En mettant un terme à la distribution du courrier à domicile, Stephen Harper demande aux Canadiennes et aux Canadiens de payer plus pour une offre de services moindre. C'est tout simplement inacceptable. »
Un an plus tard, absolument rien n'a changé en ce qui concerne la livraison du courrier. Les décisions qui avaient été prises par la Société canadienne des postes, un organisme indépendant, sont encore les mêmes, et la livraison du courrier à domicile n'a été rétablie nulle part. Encore une fois, ce sont de faux prétextes et une autre promesse non tenue.
Voici ce qu'on dit sur l'Irak: « Nous mettrons fin à la mission de combat du Canada en Irak. » On a retiré nos CF-18 et on a envoyé nos soldats au front, où ils sont encore plus en danger. Nous avions justement décidé d'envoyer des avions pour éviter des pertes de soldats canadiens. Toutefois, on a décidé de retirer les avions, uniquement par idéologie, et d'envoyer nos soldats au front à la place, afin d'accompagner les combattants là-bas pour faire leur part. Oui, le Canada doit intervenir, mais peut-on avoir l'heure juste? Peut-on savoir exactement ce qu'on fait en Irak? Cette phrase est donc une autre promesse non tenue de la part du gouvernement libéral.
La semaine dernière, ici, à la Chambre, j'ai vu des choses qui m'ont plutôt impressionné. Des députés libéraux ont déposé des projets de loi très intéressants qui n'ont pas obtenu l'aval des membres du Cabinet ministériel.
Le projet de loi sur les déductions d'impôt pour les cours de secourisme me touche personnellement. On a vu les membres du Cabinet ne pas voter en faveur d'un projet de loi de l'un de leurs propres députés. Pourtant, à la page 32 du programme libéral, on trouve ce qui suit:
Nous ferons du vote libre une norme à la Chambre des communes.
Nous servirons de porte-voix aux Canadiennes et aux Canadiens en limitant le nombre de fois où les députés libéraux devront suivre une ligne de parti.
Je suis persuadé que les membres du Cabinet n'ont pas lu ces lignes, car ils ont voté contre le projet de loi de l'un de leurs propres collègues. Cela ne s'est pas produit une fois ou deux fois, mais bien trois fois. C'est important de mentionner que la promesse sur le vote libre est, encore une fois, une promesse non tenue.
L'Allocation canadienne pour enfant n'engendrera aucun nouveau coût administratif. Elle remplace et se fonde sur la structure et le succès de la Prestation fiscale canadienne pour enfants.
Dans le projet de loi C-29, les libéraux confirment qu'ils vont indexer à l'inflation l'Allocation canadienne pour enfants à partir de janvier 2020. Le directeur parlementaire du budget a estimé que l'indexation de l'Allocation canadienne pour enfants coûterait 42,5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Le secrétaire parlementaire a dit qu'ils iront de l'avant avec la mesure malgré la pression financière qu'elle exerce sur les finances publiques. Le gouvernement n'a pas prévu cette indexation au budget. Le directeur parlementaire du budget a fait la démonstration que cela coûtera des milliards de dollars de plus par année. Où les libéraux vont-ils trouver cet argent? Les libéraux nous l'ont montré depuis le début. Ils vont le trouver dans les poches des citoyens canadiens et des citoyennes canadiennes.
Lorsqu'il a déposé le projet de loi C-29, le ministre des Finances a parlé d'avenir. Il a dit que le projet de loi visait à aider les Canadiens. Il parlait d'un plan à long terme, et ce sera très malheureux pour les gens à court terme. En effet, à court terme, cela coûtera très cher aux citoyens canadiens.
Parlons un peu de la vision du ministre des Finances. J'ai été estomaqué de lire ses commentaires dans le Edmonton SUN en fin de semaine. L'article parle du ministre des Finances. Celui-ci demande ce que les jeunes et les gens feront de tout le temps qu'ils vont gagner grâce à l'informatique. Comme chacun le sait, aujourd'hui, l'informatique nous permet de faire beaucoup plus de choses qu'avant, et en beaucoup moins de temps. À l'époque, on pensait que cela permettrait aux jeunes d'avoir plus de temps de loisir. La réalité nous a rattrapés, et ce n'est pas le cas. On a posé des questions au ministre des Finances. Je lirai maintenant une brève déclaration du ministre des Finances, mais avant, je dois dire que tous les jeunes devraient prendre le temps de la lire.
L'autre jour, le ministre des Finances […] a dit aux membres de la génération du millénaire, la génération la plus dépendante de la haute technologie et des médias sociaux, qu'ils feraient mieux de s'habituer à une série d'emplois sans avenir et à un recyclage permanent, accompagnés de périodes de chômage, ainsi qu'à une vie où la sécurité d'emploi n'est qu'une chimère.
C'est incroyable! Quel message envoie-t-on à nos jeunes?
Il a appelé cela un « roulement des emplois », c'est-à-dire une situation où une personne ne cesse de perdre son emploi, d'en chercher un autre et de voir son curriculum vitae être rejeté, ce qui la force à vivre au jour le jour […]
Le plan libéral pour les jeunes, c'est de leur apprendre à se faire congédier, à se faire réembaucher, à se faire congédier, à se faire réembaucher, et ainsi de suite. Est-ce cela le plan libéral qui permettra de créer des emplois? On va créer un emploi qu'on va compter, et on va compter un emploi. Cela n'en crée aucun. Cela ne donne absolument aucun résultat.
L'article relève les propos du ministre des Finances. Quel espoir donne-t-on aux jeunes?
Le ministre des Finances dit ce qui suit:
« Nous devons penser à la façon dont nous devons former et recycler les personnes qui passeront d'un emploi à l'autre. […] Nous devons le faire parce que cela deviendra la réalité. Nous devons l'accepter. »
Non, nous n'avons pas à accepter cela. Nos jeunes ont le droit d'avoir des emplois sûrs. Nos jeunes ont le droit de travailler. Tout comme nous, ils ont le droit d'avoir une carrière, de réussir et d'espérer faire mieux que de passer d'un emploi à un autre. Le plan des libéraux, selon lequel on embauche et on congédie, nous n'en voulons pas.
Les prévisions économiques sont sombres malgré les grandes promesses du gouvernement libéral. La Banque du Canada, la Banque de Montréal et la Banque TD, toutes confirment que la situation économique ne s'est pas améliorée sous les libéraux malgré leurs grandes promesses.
Je vais voter contre le projet de loi C-29, et j'espère que les parlementaires vont voter en faveur de l'amendement qui a été déposé par notre porte-parole en matière de finances, le député de Louis-Saint-Laurent, qui fait en sorte que cette motion soit modifiée considérablement afin qu'elle soit nettement plus acceptable pour les contribuables canadiens.