Madame la Présidente, je remercie l'honorable député de Richmond—Arthabaska de cette motion.
Je sais à quel point le député comprend, tout comme notre gouvernement, l'importance de la foresterie pour le Canada.
L'industrie forestière emploie plus de 200 000 Canadiens et contribue au PIB du Canada à la hauteur de plus 23 milliards de dollars par année. En fait, elle fournit plus d'emplois par dollar que tout autre secteur de ressources naturelles. Nous exportons une valeur de plus de 34 milliards de dollars de produits forestiers à 180 pays dans le monde.
De nos jours, les producteurs forestiers renforcent des pièces d'automobiles en composite, rendant les véhicules plus légers, réduisant leurs émissions et remplaçant le plastique fait de combustibles fossiles non renouvelables. Le travailleur forestier d'aujourd'hui peut tout aussi bien porter le sarrau blanc que la chemise à carreaux rouge. Il peut s'agir d'une chercheure en génomique, cherchant comment rendre les arbres plus résistants aux maladies, ou d'un économiste travaillant à optimiser des chaînes d'approvisionnement. Pour paraphraser une célèbre publicité d'Oldsmobile, ce n'est pas l'industrie forestière de votre père. En effet, l'industrie forestière canadienne est devenue l'un des secteurs les plus innovants de notre économie.
Il n'y a pas très longtemps, l'industrie forestière semblait en difficulté. Pour beaucoup, c'était une industrie désuète, à l'agonie. Puis, une chose remarquable s'est produite. Plutôt que de se laisser aller, l'industrie a redoublé d'effort et a entamé une transformation dont les meilleurs moments restent à venir. Les dirigeants de ce secteur sont allés rencontrer leurs détracteurs, ont écoutés leurs préoccupations et ont apporté des changements dans leurs activités. L'industrie a investi dans la recherche, créé de nouveaux produits et trouvé de nouveaux marchés à l'étranger, se dotant non seulement d'une nouvelle image, mais aussi d'une nouvelle vision de ce qu'est l'industrie forestière et de ce qu'elle pourrait être.
Aujourd'hui, l'industrie forestière est bien placée pour aider notre pays à relever certains des plus grands défis auxquels il est confronté: lutter contre les changements climatiques, stimuler l'innovation, créer des possibilités d'emplois pour les collectivités autochtones et rurales et favoriser l'essor des échanges commerciaux.
Permettez-moi de dire quelques mots sur chacun d'entre eux.
Le premier défi consiste à contrer les changements climatiques. On ne saurait trop insister sur l'importance du secteur forestier dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De fait, j'irais même jusqu'à dire que, sans le secteur forestier, il n'y a pas de solution mondiale aux changements climatiques. Pourquoi? Parce que la foresterie a cela d'unique qu'elle contribue en fait à l'absorption du carbone de l'air.
La plupart d'entre nous ont suffisamment de souvenirs de leur cours de science du secondaire pour savoir que les arbres absorbent de grandes quantités de carbone atmosphérique et le conservent pendant des décennies. Cependant, la foresterie va beaucoup plus loin que ça. Elle développe des technologies vertes, produit de l'énergie verte, réduit ses besoins en énergie et en eau ainsi que les émissions et les résidus forestiers. Alors que la quantité totale d'émissions de gaz à effet de serre au Canada a baissé de 3 % entre 2004 et 2014, celle du secteur forestier a baissé de 49 %; c'est impressionnant. Ce n'est que le début en plus. La lignine, une substance qu'on trouve dans les arbres, pourrait un jour prendre la place du pétrole brut, et les biocarburants pourraient remplacer les combustibles fossiles dans la production du plastique, des produits pharmaceutiques et des produits chimiques.
Le bois est aussi utilisé comme matériau de construction. À poids égal, le bois d'ingénierie peut être aussi solide que l'acier. Il s'agit donc d'un matériau sûr et pratique qui peut être utilisé non seulement pour construire des édifices, mais aussi des infrastructures comme des ponts. Grâce au financement du gouvernement libéral, le projet Origine a ouvert ses portes en septembre. Le projet de construction de bois en hauteur dans l’écoquartier de Pointe-aux-Lièvres, à Québec, est l'immeuble d’appartements en copropriété en bois le plus haut en Amérique du Nord.
En 2016, j'ai eu le plaisir de participer à l'inauguration d'une nouvelle résidence pour étudiants à l'Université de la Colombie-Britannique, résidence qui est maintenant le plus haut édifice en bois au monde. Cette merveille d'ingénierie et d'architecture change la donne sur le plan environnemental, car elle stocke près de 1 600 tonnes métriques de dioxyde de carbone et prévient la production de plus de 1 000 tonnes métriques de gaz à effet de serre. C'est comme si on retirait 500 voitures des routes pendant un an.
Même dans les structures plus moderne, le bois est bien meilleur pour l'environnement. En effet, l'utilisation de bois comme matériau de construction produit 86 % moins d'émissions de gaz à effet de serre que l'utilisation de matériaux de construction traditionnels comme le béton et l'acier.
Pour faire la promotion de l'usage du bois dans les projets de construction au Canada, le gouvernement fédéral a créé le programme de construction verte en bois. Nous recevons actuellement des déclarations d'intérêt pour les prochains grands projets canadiens.
Par ailleurs, le secteur de la foresterie contribue à la lutte contre les changements climatiques par ses pratiques d'aménagement durable, qui comptent parmi les meilleures au monde selon de tierces parties.
Le Canada est fier de posséder 37 % des terres forestières certifiées du monde, ce qui est de loin supérieur à n'importe quel pays. C'est important, car les acheteurs peuvent compter sur le fait que les produits du bois canadiens sont récoltés suivant des pratiques forestières durables. Tout arbre abattu sur une terre domaniale doit être remplacé. De plus, de moins en moins de terres forestières sont converties à des fins d'agriculture ou de développement municipal. En effet, la déforestation réelle est inférieure à 0,02 % par année.
Notre régime d'aménagement forestier durable est évalué au moyen d'un éventail d'indicateurs scientifiques, notamment la régénération, la perturbation des forêts, les émissions de carbone et le volume de bois récolté.
De plus, le Canada a développé un modèle du bilan de carbone qui simule la dynamique de tous les stocks de carbone forestier. Ce modèle, adopté par plus de 25 pays, est au coeur du système national de surveillance, de comptabilisation et de production de rapports qui sert à rendre des comptes à l'international.
Ainsi, l'industrie forestière joue un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques, que ce soit par la production de matériaux de construction plus verts, l'élaboration de nouvelles utilisations pour les produits du bois ou la gestion durable de ses ressources.
Deuxièmement, l'industrie forestière contribue à l'innovation. Depuis des décennies, elle consacre des efforts et des investissements à l'élaboration de produits et de procédés novateurs. On assiste à l'émergence des technologies propres et de la bioénergie, une source d'énergie renouvelable produite notamment à partir de bois, de déchets de bois et de paille.
Le gouvernement comprend que l'économie de demain sera une bioéconomie. En septembre, les ministres des Forêts ont approuvé à l'unanimité un cadre de la bioéconomie forestière qui vise à faire du Canada un chef de file mondial dans ce domaine. Ce cadre décrit une toute nouvelle vision pour l’avenir du secteur forestier et le rôle de la biomasse dans le processus de transition vers une économie durable à faible production de carbone.
La semaine dernière, à Winnipeg, j'ai eu le bonheur d'être l'hôte du forum Génération Énergie, le plus important forum sur l'énergie de l'histoire de notre pays. Je peux affirmer à la Chambre que la biomasse et la bioénergie ont occupé une place importante lors des discussions.
En juillet 2016, je suis allé à Port-Cartier, au Québec, afin d'annoncer un investissement de 44,5 millions de dollars qui vise à établir la première usine qui transformera des résidus forestiers à échelle commerciale afin de fournir une source de carburant renouvelable. Ce projet est un brillant exemple de collaboration intergouvernementale qui permet d'appuyer l'industrie et de promouvoir la bioéconomie canadienne.
De plus en plus de communautés autochtones et de collectivités éloignées se servent de la bioénergie pour produire leur électricité et mettre fin à leur dépendance aux génératrices au diesel très polluantes. Nous appuyons ces efforts au moyen d'un investissement de 55 millions de dollars pour mettre en oeuvre des technologies bioénergétiques éprouvées et appuyer la chaîne d'approvisionnement de la biomasse dans les secteurs ruraux ou éloignés. Le gouvernement collabore avec l'industrie et les provinces afin de mettre au point les produits forestiers de l'avenir en investissant dans la recherche, le développement et l'innovation, et en contribuant à la mise en marché d'innovations écologiques de pointe.
Troisièmement, l'industrie forestière est un moteur de croissance dynamique qui crée des débouchés économiques dans l'ensemble du pays, y compris dans les communautés autochtones et les collectivités éloignées. Même si ses activités ont une portée mondiale, elles demeurent un élément vital des régions rurales du Canada et une source de revenus importante pour environ une municipalité sur sept au pays.
Comme je l'ai mentionné au début de mon intervention, l'industrie forestière a su se réinventer et montrer ce qu'on peut accomplir grâce à la collaboration et à la mobilisation. Ses efforts en ce sens, elle les a déployés, plus que nulle part ailleurs, auprès des communautés autochtones, dont 70 % se trouvent dans des régions boisées. Il n'est donc pas étonnant que l'industrie forestière soit l'un des principaux employeurs chez les Autochtones; on lui doit quelque 9 700 emplois bien rémunérés dans tout le pays.
Ces emplois nous permettent d'espérer l'établissement d'une longue prospérité et de changements durables.
Aujourd'hui, les gouvernements, les communautés autochtones, les forestières et les environnementalistes travaillent tous ensemble pour conserver l'industrie forestière durable dont nous avons besoin tout en protégeant l'environnement, que nous chérissons.
Quatrièmement, et dans la même veine, l'industrie forestière crée des emplois au pays en stimulant le commerce avec l'étranger. L'exportation de produits du bois vers des marchés comme la Chine a connu une hausse spectaculaire, soit plus de 1 200 % sur les 10 dernières années.
En juin dernier, j'ai eu l'honneur de diriger une mission commerciale en Chine pour présenter l'ingéniosité et l'esprit d'innovation canadiens, ainsi que les débouchés que notre pays a à offrir. J'étais accompagné d'une délégation de plus de 50 personnes représentant les secteurs de la foresterie, de l'énergie et des technologies propres, toutes désireuses de renforcer nos liens avec nos homologues chinois. Cette mission a généré de nouvelles activités commerciales. Des entreprises canadiennes ont signé des ententes commerciales d'une valeur globale de près de 100 millions de dollars.
Un des points saillants de ce voyage a été la visite de l'écoquartier sino-canadien à faibles émissions de carbone de Tianjin. Il s'agit d'un projet de 2,5 milliards de dollars. La première phase du projet comprend plus de 1 300 habitations dont la construction fait appel au bois d'oeuvre, à l'ingéniosité et au savoir-faire canadiens. Une fois terminé, le quartier s'étendra sur près de deux kilomètres carrés.
Grâce au soutien du ministère chinois de l’Habitation et du Développement urbain-rural, ces immeubles serviront de tests et ouvriront la voie à une révision des codes du bâtiment ainsi qu'à une augmentation de l’utilisation du bois comme matériau de construction. Ce projet découle directement du protocole d'entente que nos deux pays ont signé en 2012. Lors de mon séjour en Chine, le ministre Chen Zhenggao et moi avons renouvelé ce protocole d'entente pour maintenir la dynamique qu'il a créée et renforcer le soutien aux constructions écologiques en Chine.
Pour la Chine, l'écoquartier améliorera la qualité de l'air, assainira les collectivités et réduira les coûts énergétiques. Pour les entreprises canadiennes comme Nu-Air, Soprema, et Kryton, il ouvrira de nouveaux marchés pour leurs produits et services novateurs. Le succès du projet rendra possible sa reproduction partout en Chine, ce qui créera encore plus de possibilités de collaboration et aidera la Chine à atteindre ses objectifs en matière de lutte contre les changements climatiques.
L’écoquartier de Tianjin témoigne de façon remarquable de ce qui peut être réalisé quand des partenaires internationaux unissent leurs efforts pour relever de grands défis.
Pendant mon séjour à Tianjin, j'ai aussi eu le plaisir d'annoncer l'ouverture d'un centre sino-canadien de technologie du bois, qui renforcera encore davantage les liens qui existent entre nos deux pays et rendra possible de nouveaux partenariats intéressants.
Ce sont là des mesures concrètes et pratiques prises par le gouvernement pour appuyer l'industrie forestière canadienne, une industrie qui est à la fine pointe de la technologie et à l'avant-garde de la performance environnementale.
Le marché des États-Unis demeure essentiel pour les producteurs de bois d'oeuvre du Canada, mais en continuant d'ouvrir l'accès à d'autres marchés et d'élaborer de nouveaux produits, nous contribuons à la diversification de nos échanges commerciaux et nous renforçons notre prospérité économique.
Le gouvernement croit en cette industrie. Nous sommes convaincus qu'elle a un rôle central à jouer dans certains des dossiers les plus importants de notre époque, que ce soit pour lutter contre les changements climatiques, encourager l'innovation ou créer des débouchés économiques pour les collectivités rurales et les communautés autochtones. Voilà pourquoi nous appuyons cette industrie et nous continuons de travailler sans relâche afin de parvenir à une nouvelle entente sur le bois d'oeuvre.
Le gouvernement est fortement en désaccord avec le Département du commerce des États-Unis lorsqu'il décide d'appliquer des droits punitifs injustes sur les importations de bois d'oeuvre canadien. Nous défendons vigoureusement l'industrie canadienne du bois d'oeuvre contre ces droits injustifiés et nous contesterons au besoin ces droits devant les tribunaux, qui, à notre avis, nous donneront raison comme ils l'ont fait dans le passé.
Nous continuons de croire qu'il est possible de conclure un règlement par la négociation, que ce serait souhaitable pour les deux pays et que le Canada y trouverait son compte.
La Constitution du Canada comporte des bizarreries dont l'une des plus intéressantes est l'attribution aux provinces de la compétence en matière de ressources naturelles, tandis que le commerce international relève du gouvernement fédéral. Nous devons donc collaborer et tirer parti des points forts de chacun.
En février, c'est exactement ce que nous avons fait. Nous avons créé un groupe de travail fédéral-provincial sur le bois d'oeuvre. Au sein de ce groupe, nous avons échangé de l'information avec nos collègues des provinces sur les meilleurs moyens d'aider les travailleurs et les populations touchées. Nous sommes ainsi parvenus à établir un plan d'action exhaustif.
Au total, le gouvernement prévoit 867 millions de dollars pour les mesures suivantes: des garanties de prêts pour l’industrie, par la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada; un accès au Programme de travail partagé pour aider les employeurs et les employés à protéger les emplois; du financement accordé aux provinces pour aider les travailleurs à trouver de nouveaux emplois; de nouvelles ressources pour l’Initiative de foresterie autochtone dans le but de favoriser la participation autochtone au développement économique; une prolongation du programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière et du Programme d’innovation forestière pour la création des produits de la prochaine génération; un accès au Programme de développement des marchés afin d’atteindre de nouveaux marchés et d’élargir l’utilisation de constructions en bois.
Voilà un plan exhaustif conçu pour répondre aux besoins véritables, en temps réel. C'est une démonstration claire et convaincante de notre volonté d'aider cette industrie vitale.
La motion qui a été présentée à la Chambre traduit l'importance qu'a la foresterie pour nos collectivités, notre économie et notre mode de vie.
Notre gouvernement est conscient de la contribution qu'apporte le secteur de la foresterie, et c'est pourquoi nous travaillons jour après jour à soutenir son avenir et à faire en sorte qu'il atteigne son plein potentiel.
J'invite tous les députés de la Chambre à se joindre à nous dans ces efforts.