Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.
J'aimerais toutefois commencer mon allocution en soulignant que c'est aujourd'hui la Journée albertaine du pétrole et du gaz. C'est en effet le 70e anniversaire du puits Leduc no 1, un des premiers puits de pétrole de l'Alberta, et du début de cette prospérité économique que l'Alberta a connue grâce à l'industrie pétrolière et gazière. Je sais qu'il y a de grandes célébrations aujourd'hui. Des députés de mon caucus prennent la parole à l'occasion de certains de ces événements. J'ai pensé porter cela à l'attention de la Chambre.
J'aimerais féliciter tous ceux qui ont travaillé très fort à l'Accord économique et commercial global ces 10 dernières années. Je sais que cela n'a pas été facile. Les députés de York—Simcoe et d'Abbotsford n'ont pas ménagé leurs efforts dans ce dossier, et j'aimerais féliciter le gouvernement actuel de l'avoir mené à terme. Cet accord, synonyme de prospérité pour tous, aura d'importantes retombées pour le Canada.
Nous avons beaucoup parlé de l'élargissement des marchés et d'autres sujets du genre, mais j'aimerais m'attarder un peu sur les rouages des accords commerciaux.
Je représente une vaste circonscription rurale du Nord de l'Alberta. Nous nous investissons principalement dans le secteur primaire, comme l'industrie forestière, l'agriculture et l'exploitation pétrolière et gazière. Les retombées économiques de ces industries sont nombreuses. Cependant, nous importons beaucoup d'équipement pour répondre à nos besoins. Je sais que les agriculteurs de ma circonscription ont particulièrement hâte de profiter des technologies de pointe que le secteur agricole européen peut leur offrir et que nous pouvons importer rapidement au Canada.
La production de chanvre est en plein essor en Alberta. On y développe de nouvelles variétés qui poussent bien dans un climat froid comme celui du Nord de l'Alberta. La fibre de chanvre a un gros potentiel économique et peut notamment être utilisée pour la prévention de l'érosion.
Cependant, nous sommes limités dans l'équipement dont nous disposons pour semer, cultiver et récolter cette plante. Les producteurs souhaitent en particulier importer de l'équipement des Pays-Bas, un pays qui a beaucoup travaillé dans ce domaine. Des agriculteurs de ma circonscription me disent que cet accord leur plaît beaucoup, et qu'il leur permettra de réduire leurs coûts d'achat d'équipement, donc d'augmenter leur marge bénéficiaire sur la production de chanvre.
Il se produisait énormément de porc dans ma région au début des années 1990. Depuis, nous avons assisté à ni plus ni moins que la disparition du marché. Dans mon voisinage, il y a de nombreuses porcheries devenus superflues et qui sont vides depuis plusieurs années. Cet accord pourrait faire renaître ce secteur.
Depuis le début des années 1990, nous n'avons pas pu reprendre suffisamment du terrain perdu dans le secteur du porc pour produire notre propre porc, même que le Canada importe maintenant du porc. Ce serait formidable de trouver un marché qui nous permettait de revigorer l'industrie du porc et voir un retour des profits sur ce produit.
Je sais que beaucoup d'agriculteurs diversifiaient leurs activités. Ils cultivaient du grain et élevaient des porcs. Quand le prix du grain était bas, ils le donnaient à manger aux cochons et gagnaient leur argent avec le porc. Si le prix du grain était bon, ils produisaient moins de porc. C'était une excellente façon de se diversifier. Nous avons perdu cela dans une certaine mesure. Ils pratiquent maintenant différentes cultures plutôt que de se diversifier entre deux types de production du secteur agricole.
Le secteur agricole en particulier se réjouit à la perspective d'avoir accès non seulement au nouveau marché, mais aussi à du nouvel équipement qu'il pourra importer et commencer à utiliser tout comme certaines techniques. L'interaction entre l'Europe et le Canada sera utile pour importer des techniques d'outre-Atlantique.
Voilà ce que cet accord apporterait au Canada. Il faudrait aussi parler des avantages qu'il procurerait à l'Union européenne. Pour ma part, je suis un ardent défenseur de la prospérité. Je crois que chacun devrait avoir la possibilité d'améliorer son niveau de vie, et que la libération des échanges commerciaux offre la meilleure façon d'améliorer la vie de tous.
La plus grand découverte du XXe siècle a probablement été l'utilisation d'hydrocarbures comme source d'énergie. Je sais que les produits dérivés du pétrole, les techniques agricoles en matière d'engrais, et surtout le tracteur, ont révolutionné l'agriculture. C'est ainsi que l'agriculture a pu prendre l'envergure commerciale qu'on lui connaît actuellement, et grâce à laquelle il est devenu possible de nourrir une population mondiale qui s'est multipliée.
Nous devons faire le nécessaire pour que nos produits se rendent jusqu'à ceux qui en ont besoin. C'est le grand défi des échanges commerciaux. Dans certaines régions du monde, le chauffage est d'une importance prioritaire pendant l'hiver. Ainsi, le gaz naturel provenant du Canada pourrait trouver un marché considérable en Europe de l'Est. Le Canada pourrait y exporter non seulement du gaz naturel, mais aussi les technologies qui lui ont permis, au cours des 100 dernières années, d'améliorer l'agriculture, la production d'hydrocarbures, la gestion des forêts, et ainsi de suite. En tirant parti de ces technologies, les pays d'Europe de l'Est pourraient réduire leur dépendance envers le gaz naturel provenant de Russie.
À l'heure actuelle, 31 % des importations de pétrole et de gaz de l'Union européenne proviennent de la Russie. Des gens m'ont dit que, chaque fois que la Russie se sent offensée par des pays de l'Europe de l'Est, elle cesse de leur fournir du gaz naturel, et les populations de ces pays ont froid. J'estime que, grâce à cet accord, nous pourrons exporter des technologies et des produits qui amélioreront la vie des gens, qui permettront aux gens de ne plus dépendre de la Russie et qui favoriseront la liberté et la prospérité dans le monde entier. C'est ce qui est le plus important. Les marchés libres favorisent la liberté. Voilà ce que j'essaie de dire.
Les industries du gaz naturel et du pétrole ont été une grande source de prospérité pour le Nord de l'Alberta, notamment parce que de nombreuses personnes ont un emploi dans ces industries. Si j'ai bien compris, il existe de nombreuses possibilités pour ce qui est d'exporter en Europe, dans les pays de l'Est, des technologies mises au point dans le Nord de l'Alberta, notamment le processus que l'on appelle fracturation hydraulique. Il y a beaucoup de gaz de schiste en Europe.
Aux Pays-Bas, d'où viennent mes grands-parents, on a beaucoup recours à la fracturation et au forage hydrauliques. Les Pays-Bas contribuent dans une large mesure à fournir du gaz naturel aux pays de l'Union européenne. Si d'autres pays d'Europe commencent à utiliser ces processus, il y aura d'importantes possibilités pour des entreprises établies au Canada d'exporter non seulement leurs produits et leurs technologies, mais également leur main-d'oeuvre.
Je veux passer à certaines questions qui ont été soulevées aujourd'hui, notamment celle des dispositions investisseurs-État, dont ont parlé les néo-démocrates. À mes yeux, cela paraît assez simple: les investisseurs veulent la stabilité. Ils veulent être assurés que, peu importe le pays où ils investissent, leurs placements ne seront pas menacés par des changements de loi soudains. Un habitant de ma circonscription est arrivé du Royaume-Uni au début des années 1970 et a travaillé très fort pour bâtir une usine de clous dans le Sud de l'Alberta.
À la vue de toutes les maisons de bois construites dans le Nord de l'Alberta, il a conclu qu'il existait un gros marché pour ses produits. Il s'est toutefois vu obligé de faire concurrence à des entreprises de l'Est du Canada, qui, contrairement à lui, jouissaient de subventions pour le transport de leurs clous. Il a donc demandé qu'on uniformise les règles du jeu afin qu'il puisse soutenir la concurrence et être en mesure de vendre ses produits en Alberta. Il a géré son usine de clous pendant quelques années, pour ensuite s'en retirer et se faire défenseur du libre marché et de la libre entreprise. Je le rencontre de temps en temps dans mon bureau de circonscription.
Il était d'abord préoccupé par ce qu'il avait entendu au sujet du cadre juridique entourant les dispositions investisseur-État prévu dans l'Accord économique et commercial global. Je lui ai dit que c'est le même principe qui s'appliquerait s'il investissait 1 million de dollars pour la construction d'une usine de clous dans un autre pays, et si, dès l'ouverture de l'usine, le gouvernement de ce pays interdisait la fabrication de clous. Je sais que l'exemple est un peu saugrenu. Je lui ai dit qu'il pourrait alors demander au gouvernement de lui rembourser tout l'argent qu'il venait de dépenser pour construire son usine, compte tenu de la décision soudaine d'interdire la fabrication de clous.
C'est essentiellement ce que cette partie de l'Accord signifie. Une personne qui investirait dans un pays en se fondant sur les lois alors en vigueur et qui verrait les lois changer au point de perturber tout son plan d'affaires pourrait alors poursuivre le gouvernement.
Mon collègue du NPD en a parlé à plusieurs reprises, mais il me semble qu'il ne pense qu'aux investissements faits au Canada, que je perçois comme une bonne chose. Si des gens sont prêts à investir au Canada, c'est parce qu'ils voient le Canada comme un pays où ils peuvent réaliser des profits et où l'argent investi ne risque pas de disparaître. La sécurité et la stabilité de notre pays leur donnent l'assurance que le Canada est un bon endroit où investir. Quant aux Canadiens, s'ils peuvent investir dans d'autres pays, réaliser des profits et les rapatrier, cela leur assure également de la stabilité. Si un investisseur canadien voulait construire une usine de clous en Ukraine, et si ce pays changeait sa loi pour interdire la fabrication de clous, l'investisseur pourrait au moins récupérer son investissement pour l'investir dans un autre pays ou le rapatrier. C'est donc un aspect très important de l'Accord.
Il est plutôt intéressant de discuter de libre-échange avec mon collègue du NPD. On dirait que les néo-démocrates défendent systématiquement l'ouverture des frontières pour les personnes, mais qu'ils changent d'idée pour les produits. Il y a toujours de menus détails dans ces dossiers. Tout le monde est favorable au libre-échange, mais personne ne souhaite un commerce entièrement libre. Tout le monde veut ouvrir les frontières, mais certaines règles doivent demeurer. Je m'attends à ce que les néo-démocrates clarifient leur position à ce sujet.
En ce qui concerne les céréales dans le Nord de l'Alberta, j'ai eu la visite de producteurs de canola à mon bureau il y a quelque temps. Je me vantais que ma circonscription était celle qui cultivait le plus de canola au pays. Ils n'ont pas confirmé l'information, mais ils ont tout de même concédé que la circonscription qui mérite ce titre se situe dans le Nord de l'Alberta. Il y a donc trois choix possibles. Je pense que c'est la mienne, mais je n'ai pas réussi à leur tirer les vers du nez. Le « can » du mot canola s'explique par le fait qu'il a été inventé au Canada. Nous l'exportons maintenant partout dans le monde. L'Accord économique et commercial global nous offrirait un nouveau marché pour cette céréale. Il serait exaltant de voir jusqu'où elle irait.
C'est incroyable de voir ce que des pays font avec certains des produits de base que nous exportons. Il s'agit d'un des grands avantages des nouveaux marchés: ils offrent la possibilité de jeter un regard neuf sur un produit et d'obtenir de nouvelles idées. Il n'est pas rare qu'un produit qui a été utilisé d'une certaine manière pendant longtemps arrive sur un nouveau marché et que ce dernier en fasse une utilisation complètement nouvelle.
C'est pourquoi je suis très intéressé de voir l'interaction qui se produira entre l'Union européenne et le Canada et les nouveautés qui en découleront. Certains de ces nouveaux aspects permettront notamment de créer de l'emploi et favoriseront l'innovation.
Une autre préoccupation que nos collègues du NPD ont soulevée à plusieurs reprises est la crainte que l'Accord augmentera considérablement le coût des médicaments. Toutefois, des gens ici même au Canada affirment que c'est plutôt l'inverse qui se produira.
Phil Upshall, le directeur général de la Société pour les troubles de l’humeur du Canada, appuie l'Accord et a déclaré que celui-ci « garantira la poursuite de l'innovation dans le domaine des médicaments et permettra d’améliorer la santé de tous les Canadiens, y compris de ceux vivant avec des problèmes de santé mentale ».
Encore une fois, il s'agit d'un exemple des nouvelles idées qui découleraient de notre relation avec l'Union européenne et pour lesquelles je suis très enthousiaste. En permettant aux gens et aux choses de facilement traverser les frontières, nous obtenons une fusion d'idées qui permettent de voir les choses de nouvelles manières, sous un nouvel angle, et de trouver de nouvelles solutions, ou même la solution, à certains des plus grands problèmes auxquels le monde est confronté.
L'une des plus grandes réalisations qui pourraient résulter de l'Accord économique et commercial global serait un remède contre le cancer. Une telle découverte serait formidable. Certains pays de l'Union européenne mènent des recherches de pointe dans le domaine médical. De plus, ici même au Canada, l'Université de l'Alberta est reconnue mondialement pour ses recherches en santé. Je suis très intéressé de voir l'interaction qui pourrait se produire entre l'Union européenne et le Canada.
Durant les quelques minutes qui me restent, je parlerai un peu de ce que l'avenir nous réserve.
Je sais que la mise en oeuvre d'accords commerciaux prend beaucoup de temps. Après avoir parlé au député d'York—Simcoe, je sais que, lorsqu'il était ministre du Commerce international, il avait entamé certaines des discussions à l'origine de l'Accord économique et commercial global et du Partenariat transpacifique, entre autres. Il y a eu beaucoup de progrès dans la négociation de l'accord avec l'Union européenne. Quant au Partenariat transpacifique, nous gardons toujours espoir de le signer et de le ratifier. Cependant, nous nous demandons ce que seront les prochaines étapes. Avons-nous encore l'intention de conclure des accords de libre-échange avec d'autres pays?
Le Japon fait partie du PTP, mais il serait intéressant de voir si nous devrions conclure un autre accord avec lui. Il serait bon de conclure un accord avec Israël, étant donné les progrès de ce pays en matière d'innovation et de technologie. Avançons-nous à cet égard? L'Inde est parmi les économies dont la croissance est la plus rapide dans le monde. Elle pourrait profiter grandement de certaines de nos technologies. Je me demande si c'est dans cette direction que nous nous dirigeons.
Je sais que cela demande beaucoup de travail et que ce n'est pas pour tout le monde, mais je souhaite convaincre le gouvernement de nous montrer qu'il peut se battre pour ces choses-là et veiller à ce que nous préparions la prochaine génération d'accords de libre-échange, car nous savons combien cela peut prendre d'efforts et de temps.
Ce fut un plaisir de prendre la parole aujourd'hui au sujet de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. Je tiens à répéter que le libre-échange peut résoudre bien des problèmes dans le monde. Le libre-échange et la liberté vont de pair. J'espère que nous pourrons résoudre certains des plus gros problèmes de l'humanité grâce aux accords de libre-échange. Selon moi, c'est la plus belle occasion devant nous.