Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'Ottawa-Sud.
Je prends la parole aujourd'hui pour dire en quoi le budget du gouvernement serait avantageux pour les régions rurales du Canada.
J'ai la chance de présider un caucus rural très fort, qui s'emploie à cerner les principaux enjeux et obstacles dans les régions rurales du Canada et fait du lobbyisme pour qu'on y remédie. Notre caucus a relevé trois lacunes qui, à notre avis, sont représentatives de la réalité rurale du Canada. Elles concernent, premièrement, l'infrastructure numérique, qu'il s'agisse de la téléphonie sans fil ou de services Internet à large bande; deuxièmement, un financement spécial destiné aux petites communautés rurales et, troisièmement, un investissement et des ressources économiques pour les petites communautés rurales.
Une transformation s'opère dans notre société aujourd'hui. Elle s'apparente à la transformation à la fin des années 1800 alors que nous étions alors passés de la première à la seconde vague de la révolution industrielle. Aujourd'hui, nous passons de la troisième à la quatrième vague. Tout comme la transition à l'époque était très automatisée, celle d'aujourd'hui est une transition très automatisée, où la technologie et l'informatisation éliminent des emplois plus rapidement qu'elles n'en créent.
Le catalyseur de l'entrepreneuriat à l'époque était le rêve national, le chemin de fer. Il reliait nos villes, nos collectivités et nos provinces et il reliait notre pays à des pays du monde entier. Il a accru la productivité et la possibilité pour nos petits entrepreneurs de vendre leurs produits et services au-delà des frontières de leur ville et de leur village.
Nous avons besoin d'un catalyseur semblable aujourd'hui. Selon moi, l'infrastructure numérique et le développement économique sont ces deux catalyseurs. L'infrastructure numérique est importante, que ce soit pour permettre aux enfants des régions rurales d'avoir accès à Internet pour faire leurs devoirs, assurer la prestation de services médicaux grâce à des installations de télémédecine dans les régions éloignées, ou encore permettre aux petits entrepreneurs de mener leurs activités au-delà de leur local commercial.
J'ai parcouru ma circonscription et j'ai rencontré beaucoup de gens novateurs et créatifs. Ils sont passionnés par ce qu'ils font, mais ils ne sont pas nécessairement doués pour vendre, commercialiser et mettre en valeur leurs produits, ou pour s'occuper des finances. Voilà pourquoi nous devons être en mesure de fournir des services de facilitation, des centres d'innovation et d'incubation, et de créer des grappes pour les entrepreneurs afin qu'ils puissent surmonter les pressions liées au démarrage de leur entreprise ou acquérir la formation et les compétences qui leur manquent peut-être sur le plan de la commercialisation, de la vente ou des finances.
Le gouvernement est à l'écoute des personnes comme Adrian Ellis et des organismes comme le Réseau régional de l'Est de l'Ontario ou l'Association des municipalités rurales de la Saskatchewan. Nous avons investi 500 millions de dollars dans l'infrastructure numérique que toutes ces organisations et ces personnes réclamaient afin de leur permettre d'offrir leurs produits et services à un marché beaucoup plus vaste que s'ils avaient simplement installé une pancarte au bord de la route.
Le gouvernement est à l'écoute et obtient des résultats. Nous investissons 800 millions de dollars dans les centres d'innovation, les grappes et les centres d'incubation afin d'offrir un accès aux compétences, à la formation et aux services dont un grand nombre d'entrepreneurs en milieu rural ont un urgent besoin.
Nous offrons également un investissement de 70 millions de dollars pour la recherche et l'innovation dans le domaine agricole, ainsi qu'un fonds d'innovation pour le secteur forestier, le secteur minier et de nombreux autres secteurs dont les régions rurales du pays pourront tirer parti pour créer des emplois et stimuler la croissance.
Les régions rurales ont énormément de difficulté à financer leurs infrastructures. Le processus de demande du Fonds des petites collectivités est décourageant, et il cible actuellement les municipalités de 100 000 habitants ou moins.
Au Canada, il n'y a que 50 collectivités qui comptent plus de 100 000 habitants. Il y a près de 5 000 collectivités de moins de 100 000 habitants. Comment une collectivité de 1 000 âmes peut-elle se démarquer par rapport à une collectivité de 100 000 habitants?
L'une des difficultés du processus de demande a trait au fait que ces collectivités n'ont ni les ressources internes nécessaires pour produire ces demandes complexes, ni les ressources financières requises pour embaucher du personnel qualifié afin de produire des demandes de subvention qui leur permettent de faire valoir leurs besoins.
Encore une fois, le gouvernement est à l'écoute des maires comme Bernice Jenkins, qui disent éprouver de la difficulté à élaborer leur plan de gestion des actifs. Nous prévoyons donc un fonds de 50 millions de dollars qui vise à aider les petites municipalités à produire un plan de gestion des actifs afin qu'elles soient sur un pied d'égalité avec les autres municipalités lorsqu'elles produisent leur demande de financement, et qu'elles puissent de nouveau faire part de leurs besoins. Au bout du compte, ces subventions sont accordées selon les besoins perçus. Si une collectivité ne peut pas faire valoir ses besoins, alors ceux-ci ne seront pas perçus comme aussi prioritaires que ceux d'une collectivité qui sait les faire valoir.
Par ailleurs, il convient de souligner que le Fonds des petites collectivités fonctionne selon le principe de partage des coûts; un tiers est payé par la municipalité, un tiers est payé par la province et un tiers est payé par le gouvernement fédéral. Encore une fois, la situation est très difficile pour les petites collectivités rurales à qui on a refilé les responsabilités associées aux routes. Je pense par exemple à la mairesse d'Hastings Highlands, Vivian Bloom. Cette collectivité est responsable d'une partie de la route 62, mais elle a dû refuser une partie du financement qu'elle a reçu dans le cadre du Fonds des petites collectivités, car elle ne pouvait pas se permettre de payer le tiers des coûts.
Dans le budget, le gouvernement s'est engagé à assouplir ce critère. Encore une fois, tout dépendra de la situation financière de la municipalité et de la nécessité de mener à bien le projet. Le gouvernement pourra aider les municipalités en accordant plus de financement.
Il y a aussi un problème qui touche la majorité des collectivités, et c'est le fait qu'elles doivent être prêtes à mettre en oeuvre les projets. C'est le cas de la collectivité de Deseronto, où le maire, Norm Clark, devait agrandir l'usine de traitement des eaux; ce projet totalisait 7 millions de dollars. La collectivité devait produire un rapport à 700 000 $ simplement pour montrer qu'elle était prête à démarrer le projet. Cette somme dépassait son budget total. Encore une fois, dans le budget, le gouvernement assouplit cette exigence.
De nombreux aspects de ce budget seront avantageux pour les habitants des régions rurales du Canada, comme l'Allocation canadienne aux enfants, les allégements fiscaux consentis à la classe moyenne et l'augmentation du Supplément de revenu garanti.
Dans ma circonscription, le taux de pauvreté chez les enfants figure parmi les plus élevés de la province, tout comme le taux de chômage, et une seule région a un taux d'insécurité alimentaire plus élevé que le nôtre. Il faut mettre plus d'argent dans les poches de ceux qui en ont le plus besoin. Quelles sont les retombées, alors? Ils dépensent cet argent dans nos collectivités, ce qui profite aux petites entreprises et contribue à la création d'emplois et à la croissance.
Si nous ne sommes pas convaincus que les Canadiens sont assez débrouillards et assez vaillants pour mériter qu'on investisse en eux, si nous ne sommes pas prêts à leur démontrer notre confiance, qui le fera? Si le gouvernement canadien doute des Canadiens, qui leur fera confiance?
Le moment est venu d'investir dans notre pays. Les taux d'intérêt sont bas, tout comme le ratio dette-PIB. Nous devons investir dans les Canadiens dès aujourd'hui afin de créer des emplois qui favoriseront la croissance de nos collectivités et procureront un bon revenu aux familles canadiennes.