propose:
Que, de l’avis de la Chambre, dans les douze mois suivant l’adoption de cette motion: a) le gouvernement devrait suivre l’exemple d’autres services de police canadiens et agir afin de sauver des centaines de vies chaque année en dotant tous les véhicules de la GRC de défibrillateurs externes automatiques (DEA); b) le Comité permanent de la sécurité publique et nationale devrait entreprendre une étude afin de déterminer la disponibilité des DEA dans les véhicules des premiers intervenants partout au Canada et faire des recommandations à la Chambre à cet égard, et ce, tout en respectant les compétences des autres paliers de gouvernement.
— Monsieur le Président, je remercie mes collègues députés qui sont ici à la Chambre.
Ce n'est peut-être pas une pratique courante, mais je souhaite dédier cette allocution à un ami, Stéphane Campagna, qui a été sauvé par trois amis qui ont réussi rapidement, grâce à un défibrillateur cardiaque, à lui sauver la vie dans un aréna pendant une partie de hockey. Ce n'est pas tous les jours que nous avons l'occasion de présenter une motion à la Chambre des communes, encore moins une motion qui permettrait de sauver des vies. C'est donc avec grande émotion mais avec beaucoup de fierté que je me prononce aujourd'hui sur cet enjeu si fondamental et vital.
Lors de ces moments, notre travail en tant que parlementaires et élus revêt une importance capitale. Si la Chambre se prononce en faveur de cette motion, l'ensemble des députés pourront fièrement déclarer que leur travail permet de façon très concrète de sauver des vies. C'est très émouvant de constater que nous pouvons avoir un impact aussi clair sur la vie de nos concitoyens et concitoyennes. C'est très inspirant de savoir que notre engagement politique peut mener à des réalisations aussi concrètes. C'est en gardant cela en tête que j'invite tous mes collègues, au-delà de la partisanerie, à voter pour cette motion.
Comme le dirait si bien Gaby Gravel, que les gens connaissent au Québec, c'est un pensez-y bien. Plusieurs d'entre nous connaissent malheureusement un proche, un ami, un collègue ou un membre de sa famille qui a subi un arrêt cardiaque. Environ 40 000 arrêts cardiaques soudains se produisent chaque année au pays. C'est un arrêt cardiaque à chaque douze minutes. Cela veut dire que, au courant de mon allocution, deux Canadiens seront victimes d'un arrêt cardiaque. C'est dans ces moments que chaque seconde compte.
Pour chaque minute écoulée, les chances de survie d'une victime d'arrêt cardiaque diminuent de 7 % à 10 %. Le problème, c'est que ces malaises surviennent presque toujours à l'extérieur de l'hôpital, très souvent dans les résidences, loin des défibrillateurs cardiaques.
C'est malheureusement le cas de M. Michel Picard, un résident de Victoriaville. Le 30 décembre dernier, dans sa résidence du rang Allard, la rue juste à côté d'où je demeure, alors qu'il célébrait les Fêtes avec sa famille, il s'est écroulé sans crier gare. Michel Picard avait subi une arythmie mortelle, et les secours ont tout de suite été contactés. Avant que les intervenants d'urgence ne prennent la relève, le gendre de M. Picard, Steve Houle, a courageusement prodigué les premiers soins en donnant un massage cardiaque.
Six minutes plus tard, deux ambulanciers paramédicaux d'Urgence Bois-Francs étaient sur place. Les intervenants disposaient heureusement d'un défibrillateur cardiaque dans leur véhicule. C'est seulement après le troisième choc que la victime a repris conscience. M. Picard est aujourd'hui ce qu'on appelle un miraculé. Il ne conserve aucune séquelle de son accident. Cette histoire qui s'est déroulée dans ma région témoigne non seulement du courage des proches de M. Picard, qui ont agi rapidement et exactement comme il le fallait, mais illustre aussi l'importance pour les premiers répondants de disposer d'un défibrillateur dans leur véhicule.
Lorsque le coeur ne bat plus, pendant les secondes ou minutes qui s'écoulent, le patient n'a aucune circulation sanguine ni oxygénation. Dans ces conditions, le cerveau ne peut survivre très longtemps. Comme l'explique bien Alain Vadeboncoeur, chef de la médecine d'urgence à l'Institut de cardiologie de Montréal, les cellules très fragiles du cerveau ont besoin de glucose et d'oxygène, sans quoi la mort cérébrale est irréversible. Souvent, au bout de 10 minutes, en cas d'arrêt cardiaque par mort subite, il est tout simplement trop tard.
Toutefois, un choc de défibrillateur administré rapidement permet de stopper l'arythmie et le coeur retrouve son état normal. C'est ce qui a sauvé M. Picard et des milliers de personnes au pays. Le défibrillateur constitue le seul moyen pour faire en sorte que le coeur reprenne son activité. Sans pouls à l'arrivée à l'urgence, les chances de survie sont malheureusement presque nulles.
Actuellement, moins de 5 % des victimes qui vivent une attaque cardiaque à l'extérieur de l'hôpital survivent. Les défibrillateurs, quant à eux, permettent d'augmenter de 75 % les chances de survie du patient. Voilà comment, en tant que parlementaires, nous pourrions faire une différence. Voilà où nous aurions un véritable pouvoir d'agir, de prévenir, de guérir et de sauver des vies.
En investissant dans la prévention, nous pourrions augmenter les chances de survie des victimes d'arrêt cardiaque qui ne se trouvent pas à l'hôpital ou dans un endroit public où on trouve un défibrillateur.
Dans le cas d'un arrêt cardiaque, la notion de temps est fondamentale. Chaque minute, chaque seconde en perte de conscience a un impact sur les chances de survie de la personne. Dans ce contexte, si tous les véhicules d'urgence étaient équipés d'un défibrillateur cardiaque, cela offrirait un temps de réponse nettement plus rapide, avec comme conséquence directe de sauver des vies.
Nous savons que des dizaines de corps policiers canadiens utilisent déjà les défibrillateurs, mais cette couverture n'est pas complète. Or équiper tous les véhicules de patrouille avec des défibrillateurs permettrait de sauver des centaines de vies chaque année. Un véritable investissement à long terme qui permettrait de sauver des vies humaines et qui coûterait un montant vraiment dérisoire par rapport à chacune des vies.
À cet égard, il y a beaucoup d'espoir. Les résultats rapportés par les villes, les MRC et les provinces, qui sont les plus avancées en la matière, sont très encourageants. Les intervenants de première ligne qui ont accès à un défibrillateur disent que les résultats sont remarquables.
Le problème, c'est que si certaines régions sont très avancées en la matière, d'autres n'ont pas encore légiféré. La couverture est incomplète. Or tous les Canadiens, peu importe l'endroit où ils ont choisi de vivre et d'élever leurs familles, devraient être rassurés en sachant que tous les premiers répondants et premiers intervenants ont accès à un défibrillateur en cas d'urgence.
C'est un enjeu qui me tient particulièrement à coeur. À titre de maire de Victoriaville, dans mon ancienne vie avant ma vie parlementaire, mon équipe et moi avons équipé tous les véhicules des premiers répondants de défibrillateurs cardiaques. Nous nous sommes aussi assurés que tous les édifices municipaux, les arénas ou les installations sportives par exemple, sont dotés d'un défibrillateur, pour intervenir rapidement en cas d'urgence.
Les milieux économiques et institutionnels se sont aussi mobilisés pour équiper leurs bâtiments. La Sûreté du Québec a décidé de lancer un projet pilote pour équiper tous ses véhicules. Il y en a aussi chez les pompiers et dans notre système d'intervention. C'est d'ailleurs ce qui a sauvé la vie de M. Stéphane Campagna. Alors qu'il jouait au hockey avec des amis de Victoriaville, il a été victime d'un arrêt cardiaque à l'aréna. Un défibrillateur se trouvait dans l'aréna, grâce à une contribution des gens du milieu d'affaires qui avaient été proactifs, avant même qu'on bouge à la municipalité. C'est grâce à cet outil et au sang froid de Marcel Duquette, Jean-François Gagné et Francis Garneau que M. Campagna a été réanimé. Les trois hommes qui oeuvrent au sein d'Urgence Bois-Francs lui sont venus en aide rapidement et lui ont sauvé la vie, parce qu'il y avait un défibrillateur cardiaque sur place.
On ne le répétera jamais assez, cet exemple illustre une nouvelle fois l'importance capitale de cet outil. Il est simple à utiliser. Personne n'a besoin de formation pour le manipuler et, comme le dit si bien Marcel Duquette, un des trois intervenants ambulanciers qui a sauvé la vie à Stéphane Campagna, plus il y aura des défibrillateurs sur le territoire, plus on va pouvoir sauver des vies tous ensemble.
C'était le mandat que je m'étais donné comme maire à l'époque. Maintenant, la Ville de Victoriaville et la MRC d'Arthabaska sont parmi les plus proactives à ce sujet. Il est donc tout naturel pour moi de poursuivre cet engagement personnel et de partager avec mes collègues ce projet qui me tient tant à coeur.
En tant qu'élu fédéral, j'aimerais poursuivre cette mission pour aider les Canadiens partout au pays et multiplier les retombées positives et les vies sauvées. J'espère pouvoir compter sur l'aide des députés pour relever ce défi. Je propose donc de mandater le gouvernement afin d'examiner ce qui se fait ailleurs au pays. Je propose aussi de remettre au Comité permanent de la sécurité publique et nationale la responsabilité d'entreprendre une étude, afin de faire des recommandations à la Chambre à cet égard. Bref, je propose à mes collègues de légiférer, afin que des millions de Canadiens sachent qu'ils ont accès en cas d'urgence à cette technologie qui pourrait changer le cours de leur vie, si par malheur une malchance avait lieu à l'endroit où ils se trouvent.
En fait, je propose à mes collègues d'agir ensemble pour sauver des centaines de vies et faire des milliers de miraculés. Je les invite donc à adopter cette motion importante:
Que, de l’avis de la Chambre, dans les douze mois suivant l’adoption de cette motion: a) le gouvernement devrait suivre l’exemple d’autres services de police canadiens et agir afin de sauver des centaines de vies chaque année en dotant tous les véhicules de la GRC de défibrillateurs externes automatiques (DEA); b) le Comité permanent de la sécurité publique et nationale devrait entreprendre une étude afin de déterminer la disponibilité des DEA dans les véhicules des premiers intervenants partout au Canada et faire des recommandations à la Chambre à cet égard, et ce, [je tiens à le souligner, puisqu'on est au fédéral] en respectant les compétences des autres paliers de gouvernement [municipal, provincial ou fédéral].
Aujourd'hui, si nous appuyons ensemble cette motion, cela voudra dire que nous allons sauver des vies et que nous allons donner des outils à nos intervenants de première ligne. Tout ce que cela prend, c'est du courage politique.
En terminant, je veux remercier tous les intervenants et tous les instigateurs qui n'ont pas attendu qu'il y ait un projet de loi ou même un budget pour agir. J'espère que nous tous ensemble, les parlementaires de la Chambre, nous pourrons faire en sorte d'équiper l'ensemble de nos véhicules d'urgence de défibrillateurs. Imaginons le nombre de vies que nous pourrions sauver si tous les ambulanciers, tous les pompiers, tous les policiers et tous les intervenants d'urgence dont se dotent nos municipalités étaient équipés de défibrillateurs, en plus de nos arénas, de nos centres sportifs, de nos écoles et de nos édifices commerciaux? Les gens d'affaires pourraient aussi équiper leurs édifices, leurs magasins et leurs commerces. Imaginons le nombre de familles qui seraient plus heureuses.
Je souhaite de tout coeur que cette motion soit adoptée. Je vais y travailler très fort en espérant obtenir le soutien de mes confrères et de mes consoeurs de tous les partis politiques.