Monsieur le Président, je vous remercie de me donner la chance de répondre au premier discours du Trône du gouvernement. J'aimerais aussi vous adresser mes félicitations pour votre élection. Par votre intermédiaire, j'aimerais également féliciter tous les députés de la Chambre des communes.
Je me réjouis à la perspective de travailler avec tous les députés, un groupe aussi diversifié que le Canada, en cette 42e législature.
Dans son discours de la semaine dernière, Son Excellence a présenté le programme du gouvernement pour la prochaine session. C'est un programme endossé par les Canadiens qui, le 19 octobre, ont clairement demandé à notre gouvernement d'apporter un réel changement. Les Canadiens ont élu le présent gouvernement pour qu'il fasse différentes choses et fasse les choses différemment. Un grand nombre de ces changements sont déjà en voie d'être réalisés.
Notre premier projet de loi important, sur les baisses d'impôt de la classe moyenne, sera présenté à la Chambre mercredi.
Par ailleurs, cette semaine, les premiers avions transportant des réfugiés syriens de camps en Jordanie et en Turquie se poseront en sol canadien.
Le formulaire long obligatoire du recensement a été rétabli et il sera mis en oeuvre dès l'année prochaine. D'autre part, les scientifiques fédéraux sont à nouveau libres de parler de leurs travaux. En outre, pour la première fois de l'histoire du Canada, le Cabinet du gouvernement se compose d'un nombre égal de femmes et d'hommes.
D'autres changements mentionnés dans le discours du Trône commenceront à prendre forme au cours des semaines et mois à venir, quand la Chambre reprendra ses travaux et quand les comités reprendront leur important travail.
Aujourd'hui, j'aimerais en dire plus sur le mandat plus vaste du gouvernement qui est de faire les cinq choses qu'attendent de nous les Canadiens et sur les mesures que nous prendrons pour répondre à ces attentes.
Premièrement, nous ferons des investissements pour favoriser la croissance économique, créer une classe moyenne forte et aider les gens qui travaillent fort à y accéder. C'est ce pour quoi les Canadiens ont voté et c'est ce que nous leur donnerons.
Nous ferons prospérer notre économie en faisant de nouveaux investissements dans les transports en commun, l'infrastructure verte, l'infrastructure sociale, la création d'emplois et la croissance économique maintenant et en la rendant plus productive à long terme.
Nous renforcerons la classe moyenne en laissant plus d'argent dans les poches des Canadiens. Comme je l'ai dit, cela commencera par la mesure législative qui sera présentée mercredi et qui prévoit un allégement fiscal pour la classe moyenne.
Nous croyons, comme le croient les Canadiens, que chacun mérite d'avoir une vraie chance, une chance équitable, de réussir. Nous aiderons davantage ceux qui en ont besoin en donnant moins à ceux qui n'en ont pas besoin. C'est le principe à la base de la réduction d'impôts pour la classe moyenne et de la nouvelle allocation canadienne pour enfants, qui sera introduite dans notre premier budget.
Cette nouvelle allocation donnera à 9 familles sur 10 plus d'argent qu'elles n'en reçoivent en ce moment. Voilà un vrai changement qui devient possible lorsqu'un gouvernement met les intérêts des Canadiens au coeur de ses préoccupations et de son plan.
Deuxièmement, nous avons pris l'engagement d'apporter un vrai changement dans le fonctionnement du gouvernement, ce qui implique que nous devons resserrer nos exigences relativement à l'ouverture et la transparence. La Chambre a besoin d'un tel changement pour gagner de nouveau la confiance des Canadiens.
En tout cas, il est très clair que nous ne pourrons pas surmonter les difficultés actuelles à moins de pouvoir compter sur la participation des Canadiens, qu'il s'agisse de stimuler la croissance économique, de lutter contre le réchauffement climatique ou d'assurer la sécurité des citoyens et des collectivités du Canada.
Les gens veulent un gouvernement honnête, ouvert, transparent et responsable qui axe constamment tous ses efforts sur les gens qu'il doit servir, puisque c'est sa raison d'être. C'est ainsi que le gouvernement agira.
Les Canadiens veulent un gouvernement qui se comporte honorablement et qui traite tout le monde avec respect, que ce soit aux Communes ou ailleurs. C'est ainsi que le gouvernement agira.
Les Canadiens sont fatigués du cynisme et de la méfiance qui caractérisent depuis beaucoup trop longtemps la politique fédérale. Ils sont prêts à faire de nouveau confiance au gouvernement, mais cette volonté a un prix. Si nous voulons que les Canadiens fassent confiance à leur gouvernement, le gouvernement doit faire confiance aux Canadiens.
Tous les jours, nous allons travailler avec acharnement pour gagner et conserver la confiance des Canadiens. Ce Parlement appartient aux Canadiens et il doit continuellement démontrer que la voix de tous les Canadiens est importante.
Troisièmement, nous allons continuer à prouver aux Canadiens et au reste du monde qu'un environnement sain et une économie forte vont de pair. C'est vrai lorsqu'il s'agit d'investir dans la technologie propre et de la soutenir, ce que notre gouvernement est déterminé à faire. C'est également vrai pour ce qui est des changements climatiques. En effet, l'évolution du climat mondial n'est pas seulement un défi important et immédiat, c'est aussi une occasion historique. Nous avons une occasion de bâtir une économie véritablement durable, une économie reposant sur une technologie propre, une infrastructure verte et des emplois verts.
Les pays qui comprennent cet enjeu pourront récolter des milliards de dollars de retombées économiques et des centaines de milliers de bons emplois. Comme je l'ai dit à nos partenaires étrangers et canadiens à Paris, la semaine dernière, bâtir une économie propre est un facteur de croissance économique, et non un obstacle à la croissance. Et notre volonté de tirer le meilleur parti qui soit d'une situation difficile ne doit pas s'arrêter au Canada. Comme nous le savons, les effets atmosphériques des émissions de carbone sont les mêmes, peu importe d'où proviennent ces émissions. Voilà pourquoi nous consacrerons 2,65 milliards de dollars sur les cinq prochaines années à aider les pays en développement pour qu'ils connaissent une croissance plus verte et plus durable.
Au pays, nous protégerons l'environnement avec de nouveaux mécanismes d'évaluation environnementale, nous respecterons la science et les scientifiques, nous consulterons davantage le public et nous favoriserons le dialogue avec les peuples autochtones, dans un respect accru.
Les Canadiens sont intelligents et ont un bon sens pratique. Ils ne s'attendent pas à nous voir résoudre tous les problèmes du monde. Ils veulent simplement que le Canada mette la main à la pâte et donne l'exemple en matière de protection de l'environnement et de croissance économique. C'est exactement ce que le gouvernement fera.
Quatrièmement, nous continuerons d'oeuvrer avec les Canadiens pour bâtir un pays plus pacifique et plus prospère, qui est fort non pas en dépit de nos différences, mais grâce à elles. Les réussites culturelles, politiques et économiques du Canada sont la preuve que la diversité et l'intégration sont des atouts, mais il nous reste encore beaucoup de travail à faire.
La vie au Canada n'a pas été facile, équitable ni juste pour les peuples autochtones, et elle ne l'est toujours pas aujourd'hui. Notre histoire montre aussi que ceux qui ont choisi de venir au Canada et d'y faire leur vie sont trop souvent traités avec indifférence, ou pire encore. Il arrive parfois que des Canadiens qui sont nés ici soient la cible de propos et de gestes haineux seulement parce qu'ils ont une apparence différente, qu'ils parlent une langue différente, qu'ils choisissent de porter des vêtements différents ou qu'ils pratiquent une religion différente. Aussi pénible cela soit-il, nous devons reconnaître ces faits, car l'ignorance est une mauvaise conseillère.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les Canadiens sont bons et honnêtes. L'intolérance a peu de chance de gagner contre la chaleur et l'accueil des Canadiens, parce qu'aucune crainte ne peut anéantir l'idée que la situation nous concerne tous. Aucun acte d'agression ne nous fera oublier que, peu importe d'où nous venons, nous savons au plus profond de nous-mêmes que nos luttes et nos rêves nous unissent.
Tous les efforts visant à nous refermer sur nous-mêmes seront vains parce que, lorsque les Canadiens ont le choix, comme ils l'avaient lors de cette dernière élection, ils rejettent toujours les tentatives visant à les opposer les uns aux autres.
Comme on m'a entendu le dire auparavant, la réussite d'un Canada diversifié et inclusif ne s'est pas produite par accident ou par hasard, et elle ne se poursuivra pas sans effort. N'en ayons aucun doute, le Canada et les Canadiens en valent la peine, et sur ce point, le gouvernement demeurera inébranlable.
Cinquièmement, nous ferons tout en notre pouvoir pour que les Canadiens soient en sécurité chez eux en faisant rayonner les valeurs du Canada dans le monde. Il faut d'abord comprendre que le Canada est un pays sûr et pacifique, un pays où il est possible et nécessaire de trouver un juste équilibre entre notre sécurité collective et nos droits et libertés.
En partie pour assurer la sécurité des Canadiens, il s'agit aussi d'exporter les idées et les institutions qui nous servent si bien chez nous. Nous pouvons montrer à d'autres pays et à leurs citoyens comment gouverner dans le respect de la diversité avec ouverture et transparence, dans la paix et la prospérité. Nous pouvons et nous allons continuer à coopérer avec nos alliés pour lutter contre le terrorisme, et parce que nous savons comment être un partenaire efficace dans les opérations internationales de paix, nous pouvons contribuer davantage aux efforts qui visent à faire régner davantage la paix et la sécurité dans le monde. Nous le pouvons et nous le ferons.
Il y a à peine plus d'un mois que le gouvernement est arrivé au pouvoir. Pendant cette période, nous avons amorcé des pourparlers bilatéraux avec les dirigeants de tous les pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies: les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France et la Chine. Nous avons également représenté le Canada à l'occasion de quatre grands sommets internationaux. Nous avons rencontré les dirigeants des pays du G20 en Turquie, les dirigeants des pays membres de l'APEC aux Philippines, et les chefs de gouvernement du Commonwealth à Malte.
La semaine dernière, les premiers ministres de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Saskatchewan, de l'Ontario et du Québec se sont joints à notre gouvernement pour participer aux pourparlers internationaux sur les changements climatiques, à Paris, au côté du chef national de l'Assemblée des Premières Nations, des chefs des partis néo-démocrate et vert, ainsi que du porte-parole conservateur en matière d'environnement. Autrement dit, nous avons été occupés et nous avons été occupés tous ensemble.
Personnellement, j'adore les longues heures, les nuits sans sommeil et les horaires difficiles. Je sais que c'est aussi le cas de tous mes collègues de la Chambre, parce que c'est pour ce dur travail que nous avons été envoyés ici.
Cela me fait penser à ce mot qu'a eu Nelson Mandela: « Après avoir gravi une haute montagne, on trouve seulement qu’il y a encore beaucoup de montagnes à gravir. »
Je suis convaincu que nous verrons beaucoup de ces montagnes au cours des prochaines années, mais je sais que la réussite ou l'échec de notre gouvernement ne se mesurera pas au seul nombre de voix favorables et défavorables. Nous aurons réussi quand nous aurons mis sur pied une économie au service de la classe moyenne, lorsque l'ouverture et la transparence deviendront le propre de l'État, lorsque nous aurons réalisé l'équilibre entre un environnement sain et une économie robuste pour tous les Canadiens. Nous réussirons en affirmant que la diversité renforce notre pays et que nos positions assureront plus de sécurité et plus d'occasions favorables pour le Canada et le reste du monde.
Voilà les choses qui comptent le plus pour les Canadiens. C'est le vrai changement qu'ils souhaitent et qu'ils méritent.
Lorsqu'on leur a posé la question, les Canadiens n'ont pas voulu se contenter de ce qui était assez bien. Ils ont rejeté l'idée qu'il n'était pas possible de faire mieux. En effet, ils savent, inspirés par la même confiance et la même ambition qui nous ont toujours définis, qu'au Canada, il est toujours possible de faire mieux.