Alors, pour la troisième fois, j'espère que ma participation aujourd'hui pourra être utile.
Je commencerai par souligner que bien que je suis la ministre responsable d'EDSC et de certaines mesures de soutien d'urgence pour les étudiants, c'est la ministre de la Diversité et de l'Inclusion et de la Jeunesse qui était chargée de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, la BCBE. Nos lettres de mandat abordent toutes deux les mesures de soutien pour les jeunes Canadiens. La ministre de la Diversité, de l'Inclusion et de la Jeunesse était pour sa part chargée de diriger l'élaboration d'un programme national de premier plan de services aux jeunes au sein de Service jeunesse Canada. Cela devait permettre aux jeunes d'acquérir des compétences et une expérience en leadership tout en exerçant une réelle influence dans leur communauté.
C'est à partir de ce moment-là que les responsables d'EDSC ont fait rapport directement à la ministre Chagger en ce qui concerne Service jeunesse Canada. Bien que nous partageons les mêmes fonctionnaires, je n'ai pas participé aux dossiers de la ministre Chagger pendant la pandémie, pas plus qu'elle n'a pris part aux miens.
Au sein du Cabinet, cinq ministres ont des responsabilités qui relèvent du portefeuille d'EDSC. Des pouvoirs et des responsabilités ont été attribués et, compte tenu de la structure juridique du ministère, cela s'est traduit par la prise de décrets spécifiques et la délégation de pouvoirs à mes collègues du Cabinet.
En cette période de pandémie, le rythme et la portée de la prise de décision ont été incomparables. À titre de ministre de l'Emploi, j'ai été au cœur de notre réponse à la pandémie. Pendant des mois, le comité du Cabinet sur la COVID s'est réuni jour après jour pour planifier et mettre en œuvre la réponse d'urgence. De plus, le Cabinet se réunissait régulièrement, pendant de nombreuses heures.
Je tiens à préciser que nous nous trouvions dans des circonstances inhabituelles, qui demeurent inhabituelles. Chaque jour, nous prenions différentes décisions allant de la fermeture des frontières à la distribution d'équipement de protection individuelle, en passant par la question de savoir si nous devions envoyer nos soldats dans les établissements de soins de longue durée. Mes propres responsabilités englobaient la PCU, Emplois d'été Canada, les travailleurs étrangers temporaires, le soutien aux personnes handicapées et diverses mesures pour les étudiants.
Plus particulièrement en ce qui a trait aux jeunes et aux étudiants, nous avons entendu très clairement qu'ils s'attendaient à vivre un été sans grandes perspectives d'emplois et à ne fort possiblement pas pouvoir se permettre financièrement de retourner à l'école à l'automne. Ils avaient besoin d'un soutien au revenu, d'une augmentation des prêts et bourses et d'un emploi. Ils voulaient aussi avoir la possibilité d'aider leur communauté.
Nous voulions les aider. Nous avons commencé le 18 mars en annonçant un moratoire de six mois sur les paiements des prêts d'études canadiens. Le 8 avril, nous avons annoncé des changements au programme Emplois d'été Canada afin de permettre à plus d'employeurs d'y participer et de maximiser les possibilités tant pour les étudiants que pour les employeurs grâce à la souplesse accrue du programme. Le 22 avril, nous avons annoncé un ensemble de mesures de 9 milliards de dollars pour les étudiants, comprenant notamment un soutien direct au revenu, la création d'emplois, des occasions de bénévolat, des améliorations au programme canadien de prêts et bourses, etc.
Un certain nombre de ministres dirigeaient ces diverses initiatives. J'étais responsable du Programme canadien de prêts aux étudiants, de la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants et de l'emploi des jeunes. Le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie était responsable du soutien par l'entremise du Conseil national de recherches du Canada, de Mitacs, des bourses de recherche pour étudiants de niveau postsecondaire et des conseils de recherche. Le ministre des Services aux Autochtones s'occupait de l'aide fondée sur les distinctions destinée aux étudiants inuits, métis et des Premières Nations. Le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté était responsable des étudiants étrangers. La ministre de la Diversité et de l'Inclusion et de la Jeunesse s'occupait de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, du portail « Je veux aider » et de Service jeunesse Canada.
Après l'annonce du 22 avril, nous nous sommes retroussé les manches et nous sommes employés à mettre en œuvre les mesures dans nos portefeuilles respectifs. De nombreux détails devaient être réglés, et d'autres décisions devaient être prises. Pour ma part, je me suis concentrée sur les prêts aux étudiants et les mesures liées à l'emploi et aux prestations. Il s'agissait d'un travail considérable qui comprenait de nouvelles lois et des changements réglementaires.
Je n'ai eu aucune responsabilité dans l'élaboration détaillée de la BCBE. Bien que je connaissais les paramètres du programme, j'ai appris que l'organisme UNIS avait été recommandé pour mettre en place la BCBE le 5 mai, alors que je me préparais pour la réunion du comité du Cabinet sur la COVID prévue le jour même au cours de laquelle la proposition allait faire l'objet de discussions. J'ai compris que le but de la BCBE était de fournir aux jeunes des possibilités concrètes de servir dans leur communauté et de leur permettre d'aider le secteur sans but lucratif, qui en avait grandement besoin. J'ai vu comment le programme avait le potentiel de bien interagir avec les autres mesures que nous avions annoncées pour les étudiants.
Compte tenu de la rapidité et de la portée du programme, j'ai accepté la recommandation de faire appel à une tierce partie pour la mise en œuvre de la BCBE. À titre de ministre d'EDSC, je savais à quel point la fonction publique était sollicitée et je savais ce qu'elle pouvait absorber ou non comme charge de travail. À EDSC, il est pratique courante de financer des organisations non gouvernementales pour réaliser des programmes gouvernementaux et pour aider des personnes à accéder aux programmes du gouvernement. C'est particulièrement le cas lorsqu'un soutien global et continu est fourni directement aux gens.
Prenez par exemple le programme Emplois d'été Canada qui, selon certains, aurait pu fournir la BCBE. Emplois d'été Canada est un programme de création d'emplois très efficace. Chaque année, nous fixons des objectifs, évaluons les emplois par rapport à ces objectifs, finançons les occasions qui répondent le mieux à ces objectifs et annonçons ces emplois. EDSC ne travaille pas avec les personnes pour qu'elles postulent aux emplois ou qu'elles réussissent dans ces emplois. Ce ne sont pas les fonctionnaires qui accueillent, forment ou encadrent les jeunes qui obtiennent ces emplois.
L'organisme qui assurerait la prestation du programme de la BCBE serait chargé de sélectionner, d'accueillir, de former et d'encadrer les jeunes Canadiens pendant ces mois d'été importants. Il assurerait aussi le suivi des heures de bénévolat et distribuerait les bourses.
Je peux confirmer qu'à la suite de la réunion du comité du Cabinet sur la COVID du 5 mai, la proposition concernant la BCBE devait être à l'ordre du jour du Cabinet le 8 mai, mais elle a été retirée. Je n'ai participé à aucune discussion sur les raisons de ce retrait de l'ordre du jour et sur la demande du premier ministre de faire preuve de plus de diligence, car ce n'était pas mon dossier.
Vous pouvez comprendre qu'en raison de la confidentialité du Cabinet, je ne peux pas communiquer le contenu des discussions du Cabinet qui se sont déroulées le 22 mai à propos de la BCBE et d'UNIS. Comme vous le savez, le Cabinet a décidé d'aller de l'avant avec la recommandation de signer une entente de contribution avec UNIS pour fournir la BCBE.
Ce que je dirais, c'est qu'au moment de la discussion du Cabinet, je savais que le premier ministre et Sophie Grégoire Trudeau avaient déjà participé à des événements organisés par UNIS, et je considérais que c'était un fait bien connu. Ils ont tous deux défendu et encouragé le leadership chez les jeunes et la nécessité de leur donner des outils pour réussir pendant des années. Je n'étais pas au courant de l'association de Margaret ou d'Alexandre Trudeau avec UNIS. Je ne savais pas non plus que les filles du ministre Morneau étaient impliquées auprès d’UNIS.
Personnellement, j'ai pris la parole lors d'un événement de l'organisme UNIS, et c'était en novembre 2016, à Vancouver. J'ai parlé à des milliers de jeunes gens à propos du pouvoir de l'inclusion et des choix qu'ils peuvent faire au quotidien pour s'assurer que personne n'est mis de côté, en particulier les personnes handicapées. Je n'ai pas été rémunérée pour cette participation et je n'ai présenté aucune demande de remboursement de dépenses.
Je conclurai en répétant que la BCBE se voulait être une manière novatrice de fournir un soutien aux étudiants, aux organismes sans but lucratif et aux communautés. Plus que jamais, le Canada a besoin d'idées audacieuses et de solutions novatrices. Bien que l'organisme UNIS n'assure plus la prestation du programme, nous restons plus que jamais déterminés à aider les jeunes Canadiens.
Merci.