Bonjour, honorables députés. Je suis Sarah Davis, présidente des Compagnies Loblaw limitée. Je vous remercie de me donner l'occasion de prononcer ma déclaration liminaire et de répondre à vos questions.
Je suis ici, d'abord et avant tout, pour confirmer que Loblaw a décidé d'établir la prime temporaire, puis de cesser de la verser de façon indépendante, sans coordonner sa décision avec quelque autre compagnie que ce soit. Je tiens aussi à aborder les interprétations erronées concernant la prime salariale versée par Loblaw.
En mars, quand les complications liées à la pandémie ont commencé, nous avons mis en œuvre notre augmentation temporaire de 2 $ l'heure pour les collègues en première ligne, et ce, pour une raison simple: nous voulions reconnaître l'instabilité et l'incertitude extraordinaires qui prévalaient dans nos magasins et dans notre chaîne d'approvisionnement, ainsi que le travail acharné que cela suscitait. La prime n'a jamais été liée à la sécurité. Si nos magasins n'étaient pas sûrs, nous ne demanderions jamais à nos collègues de venir travailler, un point c'est tout. Nous avons apporté d'énormes modifications à nos activités afin de garantir leur sécurité. Nous avons fermé des rayons comme celui des fruits de mer, des charcuteries, de la boulangerie et des viandes, et dans certains cas, nous avons fermé des magasins.
Parce que nous offrons un service essentiel, notre travail était de veiller à ce que nous acheminions de la nourriture et des médicaments aux Canadiens. Nous ne pouvions pas faire cela sans nos collègues. Notre priorité absolue était d'assurer leur sécurité et, par ricochet, la sécurité de nos clients. Nos gens n'étaient pas mieux protégés avec 2 $ l'heure de plus. C'est grâce aux dizaines de millions de dollars que nous avons investis dans les mesures de protection et les nouveaux protocoles qu'ils étaient protégés. Nous avons fait ces investissements de notre plein gré et avec fierté. C'était la bonne chose à faire, et cela a fonctionné. En fait, le taux d'infection parmi nos collègues est nettement inférieur au taux dans la population canadienne. Nous avons près de 200 000 collègues qui ont des familles et qui ont leurs propres préoccupations, et je ne saurais trop insister sur notre fierté devant leur travail acharné, à servir les Canadiens dans des circonstances difficiles. C'est ce qui justifiait l'augmentation.
Je crois qu'il vaut la peine de consacrer quelques minutes à parler des effets de la COVID-19 sur nos activités commerciales ainsi que de la façon incroyable dont notre équipe a réagi.
Il y a cinq mois, nous nous sommes pour la première fois mis à travailler à un plan d'activités en cas de pandémie. Nous nous sommes penchés sur les expériences internationales et avons préparé divers scénarios au cas où le coronavirus atteindrait le sol canadien. En rétrospective, la rapidité avec laquelle nous sommes passés de la planification des activités et des scénarios à la réalité est incroyable. Nos dirigeants se rencontraient plusieurs fois par jour, communiquaient fréquemment avec les clients et les collègues et mettaient en œuvre les mesures adoptées avec célérité — une grande entreprise faisant preuve d'une agilité inégalée. Non seulement nous communiquions bien, mais nous écoutions bien également. Une grande partie de nos meilleures idées nous sont venues des discussions que nous avons eues avec nos gens et des commentaires de nos magasins et de nos centres de distribution à l'échelle nationale.
Très tôt, nous avons mis en place des mesures de sécurité visant à protéger les clients et les collègues, dont les écrans de plexiglas pour les caissiers, les nouveaux protocoles de désinfection, la restriction du nombre de clients dans les magasins, les ambassadeurs de la distanciation physique et l'accès à l'équipement de protection individuelle. Nous avons tout aussi rapidement établi des heures de magasinage réservées aux aînés, supprimé les frais associés au magasinage en ligne, et accéléré la dotation afin de répondre aux nouvelles demandes. Je ne sais pas si les gens le savent, mais Loblaw a embauché plus de 20 000 personnes afin d'offrir un bon service à la clientèle et d'assurer sa sécurité, pendant les premiers mois de la pandémie.
On dirait que ce sont de vieilles nouvelles maintenant, mais en mars et au début d'avril, nous avons eu dans nos magasins un volume inimaginable de clients. Nous sommes passés de la ruée sur les masques et le désinfectant pour les mains à l'achat en panique de papier hygiénique et de farine, tout cela pendant que nous apportions des changements et des ajustements en fonction des commentaires et des idées qui nous venaient de la première ligne. Nos équipes des magasins et des centres de distribution faisaient de longues journées de travail pour que nous soyons dans le meilleur état possible, alors que les Canadiens inquiets se préparaient à une situation incertaine et que les gouvernements déterminaient que nous étions un service essentiel. Pendant tout ce temps, nous avons tiré notre énergie des histoires de leadership fort à tous les niveaux: des magasins qui offraient du soutien à leurs voisins, des collègues qui faisaient des dons aux aînés, des pharmaciens qui travaillaient sans relâche pour les patients, nos techniciens qui bâtissaient des services de vente en ligne pour les personnes vulnérables et plus encore.
Les mots me manquent pour vous dire à quel point je suis fière de diriger cette équipe incroyable dans un domaine que j'adore. Au cours des derniers mois, nos gens en première ligne ont communiqué régulièrement avec moi pour me faire part de leurs points de vue et de leurs histoires. J'ai pensé vous donner quelques exemples.
Dans une lettre ouverte adressée aux collègues, une personne a souligné l'importance de comprendre la différence entre une prime de risque et une prime que l'entreprise verse pour dire merci aux employés de première ligne qui se rendent chaque jour au travail et servent la collectivité pendant une crise. Dans sa lettre, elle dit que « Loblaw a relevé le défi de veiller à ce que non seulement le personnel, mais aussi la clientèle soit en sécurité ». La lecture de certains commentaires négatifs à propos du retrait de la prime l'a laissée stupéfaite. Dans une autre lettre, on peut lire: « La folie a commencé le 11 mars; la démence absolue, le 12 mars. Je n'ai jamais rien vu de tel en près de 30 ans. C'était difficile et tout changeait constamment. Mais nous avions des emplois et du soutien. Je suis on ne peut plus reconnaissant de cela. »
Je suis également fière de notre industrie, qui a vraiment relevé le défi. Je sais que les Canadiens ont maintenant un grand respect pour l'industrie dans laquelle nous travaillons, ce qui nous amène à parler de reconnaissance.
Comme je l'ai mentionné, le 21 mars, nous avons établi notre prime temporaire visant à reconnaître les efforts extraordinaires de nos gens en pleine pandémie. C'était 2 $ l'heure, une hausse moyenne de 15 % avec effet rétroactif au 8 mars, date où les achats en panique ont commencé. Après trois prolongations, nous avons discuté avec notre plus important syndicat, le 8 juin, et nous avons annoncé à l'organisation et au public, le 11 juin, que la prime ne serait pas prolongée au-delà de la date finale du 13 juin et que tout se terminerait avec une prime de remerciement en juillet. Nous seuls avons établi les détails et les dates, et pris les décisions.
Après avoir pris notre décision et l'avoir communiquée à nos collègues, j'ai envoyé un courriel de courtoisie à Walmart, Save-On-Foods, Metro et Sobeys pour les informer de notre décision, sachant pertinemment qu'après avoir annoncé cela à 200 000 employés, la nouvelle deviendrait immédiatement publique.
Nous savons que la pandémie se poursuit. Nous savons aussi qu'elle entre dans une nouvelle phase, comme l'ont indiqué les gouvernements et les experts de la santé publique. Bien que nos magasins ne fonctionnent pas comme ils le faisaient avant la COVID, la situation s'est stabilisée en fonction de la routine qui est devenue notre nouvelle normalité, ce qui est très différent des niveaux d'activité que nous avions au début de la pandémie.
Avec la réouverture du pays, la plupart des autres commerces sont maintenant ouverts. Les employés sont de retour au travail dans les magasins, les cafés, les salons et autres services. Cela se fait avec prudence, et moyennant les salaires normaux. Notre approche correspond donc à celle du reste de notre industrie et du pays. Malgré cela, on avance que notre industrie — peut-être seulement notre industrie — devrait continuer de verser les primes. C'est en partie parce que les gens pensent que nous avons tiré des profits exceptionnels de la COVID-19, ce qui est une idée fausse. Concernant nos gains d'avril, nous avons annoncé des profits supérieurs en raison de la COVID et des deux semaines d'achats compulsifs sans précédent, mais nous avons également dit que nous investirions 90 millions de dollars par mois pour couvrir les coûts supplémentaires associés à la pandémie et que ces coûts absorberaient tous les profits découlant des ventes accrues et dureraient beaucoup plus longtemps. Tout simplement, nous n'avons pas placé le profit avant nos gens.
J'aimerais terminer en traitant de certaines des questions soulevées lors de la réunion du Comité qui avait lieu lundi et qui portait sur le travail dans les commerces de détail. Loblaw représente un réseau d'environ 2 500 magasins au total. Certains sont exploités par l'entreprise, mais la plupart sont indépendants et sont exploités par des propriétaires individuels. Ensemble, nous formons le plus important employeur du secteur privé au Canada, avec près de 200 000 employés.
Depuis que je suis présidente de Loblaw, ma priorité absolue est de veiller à ce que les gens aiment travailler chez nous. Notre équipe inclut des dizaines de milliers de Canadiens qui travaillent à temps plein, qui soutiennent une famille et qui font carrière dans le commerce de détail. Elle inclut aussi les dizaines de milliers de personnes qui travaillent à temps partiel, qui aiment la flexibilité que cela leur donne et qui travaillent avec nous pour améliorer leurs revenus ou pour gagner de l'argent pendant leurs études. Une grande partie de mon travail consiste à veiller à ce que nous répondions à leurs attentes, notamment leur offrir un excellent milieu de travail, des occasions de croître, et, oui, une juste rémunération.
On a cherché à faire un lien entre la discussion sur la rémunération pendant la pandémie et la discussion plus vaste sur les salaires dans le secteur de la vente au détail. Les gens demandent si les employés du secteur de la vente au détail font assez d'argent. C'est une bonne question, mais la réponse n'incombe pas à l'une ou l'autre des entreprises ou à un autre des secteurs. La question du salaire minimum est plus vaste.
Définir ce qu'est un salaire décent est un enjeu national qui comporte d'énormes nuances et incidences régionales. Comme vous et les représentants des syndicats que vous avez entendus lundi, nous croyons que le gouvernement devrait explorer ces enjeux. Étant le plus important employeur au pays, nous voulons faire partie de ces conversations, mais cela n'incombe pas qu'à nous. Nous faisons partie d'une industrie très concurrentielle qui est de plus en plus mondiale et qui englobe certains des plus gros détaillants et géants du commerce électronique au monde. Toute solution doit tenir compte des effets sur toutes les parties prenantes.
Je vais conclure en réitérant trois points. Premièrement, je suis extrêmement fière des décisions et des mesures que nous avons prises pendant cette pandémie. Nous les avons prises indépendamment et sans coordination. Deuxièmement, nous ne tirons pas profit de la COVID-19. Troisièmement, nous allons continuer de soutenir nos collègues en investissant dans des mesures de sécurité et en maintenant notre engagement à offrir de bons emplois et une rémunération progressive à long terme.
Je suis impatiente de répondre à vos questions. Je vous remercie de votre temps.